AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  




Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

Partagez | 
 

 « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Anonymous

Invité



« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty1st Décembre 2012, 09:59

Une journée qui s’annonçait relativement agitée. Une journée où le soleil peinait à lancer ses rayons chaleureux à cause des nuages encombrants, pourtant détachés du ciel, libres et qui, malgré tout, avancent en groupe. Vous ne comprenez pas ? Quand on est libres, on veut être seul, sans attaches, dépendants. Mais les nuages, eux, se regroupent. Comme quoi, les humains ne sont pas les seuls à ne pas savoir ce qu’ils veulent. Enfin bon, parlons d’autre chose, voulez-vous ? Je disais donc, une journée aux allures agitées. Du moins, pour Aiko. Elle avait passé une mauvaise nuit, à se retourner dans son lit et à tenter de trouver le sommeil. Sommeil qui tarda à venir. Elle réfléchissait. À cela ou à ce ceci, elle-même ne savait pas trop tant elle survolait les évènements passés. Elle s’attardait sur ce point plus que sur un autre, refusait de penser à celui-ci, terrant quelques souvenirs au fond de sa mémoire. Et puis, finalement, c’était sur autre chose qu’elle décida de faire le point. Ses sentiments. Tous les sentiments qui l’agitaient depuis quelques temps déjà. Premièrement, un malaise. Elle se sentait mal à l’aise. Vis-à-vis de quoi, elle l’ignorait. Quelque chose lui manquait. Quelque chose dont elle était devenue dépendante. Elle s’obstinait à penser que c’était quelque chose, pas quelqu’un. Ce serait difficile pour cette jeune femme d’avouer être dépendante de quelqu’un. Qui qu’il puisse être. Elle ne voulait pas. Elle fut élevée de façon à être indépendante plus tard, pas le contraire. Que penserait sa mère en sachant qu’au lieu de penser à la prochaine et meilleure façon de venir en aide à sa famille, elle pensait à quelqu’un ? Même si le jour de la mort de sa jumelle, elle se montra plus compréhensive, il ne suffit que de quelques jours pour que l’esprit dominateur et persécuteur – il serait bon de le souligner – de sa génitrice reprenne le dessus sur la tristesse causée par la perte de son enfant. Autrement dit, les seuls jours de congé auxquels eut droit Aiko furent, soit dit en passant, les pires jours de sa vie, car elle dû se faire à l’absence de sa moitié, sa jumelle. D’une autre façon encore, elle n’avait pas pu profiter de ce bref moment de répit, étant elle elle-même face à une profonde mélancolie. Donc, si elle allait voir sa mère pour se plaindre d’une quelconque dépendance, elle appréhendait réellement les répercussions. Mentales et physiques. Comme quoi, à dix-huit ans, on peut toujours craindre sa mère. Après, restait à savoir qui du maître ou de l’élève était le plus fort, aujourd’hui. Sûrement la plus jeune. Ou pas. Bref. Elle ressentait donc un terrible manque. Un manque lié à l’absence d’une émotion. D’un sentiment. D’une lueur. D’action. Oui voilà, elle avait besoin d’action. Mais de quel genre d’action ? Elle ne savait pas. Et Aiko ne supportait pas ne pas savoir. Et puis, elle avait mal au ventre. Mais pas le genre de mal au ventre qui surviennent chez toute femme ou suite à une quelconque maladie. Une boule au ventre. Un stress. Une frustration. Voilà, c’était le mot juste. Elle était frustrée. Frustrée à l’idée de ne pas être capable de se contrôler. De se contrôler face à quoi ? La véritable question serait face à qui. Elle refusa d’y répondre. Pourtant, le prénom de cette personne lui brûlait la langue. Et c’est sur ce même prénom qu’elle réussit enfin à trouver le sommeil, alors que le soleil n’allait plus tarder à se lever. C’était aussi au visage qui portait ce prénom dont elle rêva. Et c’est à ces mêmes traits qu’elle pensa en ouvrant les yeux, à l’heure du réveil. Traits qu’elle ne cessait de perfectionner, car cela faisait un moment qu’elle ne les avait pas réellement eus devant les yeux. Ce qui n’empêchait nullement le fait qu’ils soient encrés dans son esprit. En elle. Elle se releva, ruminant intérieurement d’avoir si peu de contrôle sur elle-même. Étrangement, malgré les minces heures de sommeil auxquelles elle eut droit, elle n’était pas fatiguée. Bien au contraire.
Elle s’habilla hâtivement, juste après avoir profité d’un jet d’eau glaciale. Son choix vestimentaire se porta sur une jupe couleur grenas, courte – peut-être un peu trop – et à volants, un débardeur bleu foncé et des bottines de la même couleur que son haut. Un coup d’œil à l’extérieur et la voici qui juge qu’elle n’aurait pas besoin de gilet. Elle aurait, de toute façon, tout le temps de regretter. Se saisissant de la cape pourpre, elle s’immobilisa, le regard dans le vague. Ce n’était pas sa cape. Crispée, elle inspira profondément avant de se résoudre à serrer l’habit contre sa poitrine et à sortir de son appartement, se dirigeant vers le manoir. Aujourd’hui, elle espérait réellement avoir une mission. Et une plutôt difficile, parce qu’elle voulait pousser son cerveau à ne penser qu’aux obstacles, matériaux ou humains, qui se dresseraient devant elle. Et à rien d’autre. À personne d’autre.

Lorsque les pieds d’Aiko foulèrent le sol où fleurissaient ruines de bâtiments et de souvenirs, elle noua la cape – plus grande que la sienne, c’est important de le savoir – autour de son cou et s’aventura, lentement, sur le sol tantôt rocheux, tantôt poussiéreux, évitant soigneusement de se prendre le pied sur des cailloux. Les souvenirs remontaient, l’assaillaient, la troublaient, la déstabilisaient, la poussant tout de même en avant, l’obligeant à accélérer pour rapidement s’extirper d’un halo où la clairvoyance n’était plus. Des mots ici, des touchers là, des sensations un peu plus loin, juste des larmes parfois, de la joie, de la tristesse, de la colère... Tant d’émotions avaient agités le corps de la demoiselle dans cet endroit. Des fois l’indifférence, voire l’excitation quand elle savait qu’une mission l’attendait, mais aussi et surtout le désir. Même si la tristesse, par exemple, fut plus présente, le jour où elle éprouva ce désir fut tellement marquant qu’elle ne pouvait placer ce sentiment qu’en tête de liste. Un désir qu’elle n’avait jusque là jamais connu. Ce qui, bien sûr, l’amena de nouveau à penser à lui. Cette fois-ci, seul un sourire étira ses lèvres rosées. Inconsciemment, ses doigts allèrent agripper un morceau du tissu pourpre sur son dos, le serrant, s’imprégnant de tout ce qu’il contenait. Son odeur, d’abord, mais aussi du touché, car la cape était plus usée que la sienne. Elle expirait l’expérience et l’expertise. Elle reprit sa marche, d’un pas plus décidé. Décidément, elle en avait vraiment besoin de cette mission.

Elle atteint finalement l’entrée principale du manoir. Un manoir qui lui manquait presque autant que sa sœur, car après tout, elle y revoyait bien des scènes. Là aussi, grand nombre de ses souvenirs y étaient terrés. Des souvenirs attrayants pour certains, douloureux pour d’autres. Pourtant, son enfance, elle ne l’échangerait contre rien au monde. La mort de sa jumelle faisait partie d’un tout, si elle revenait en arrière pour changer ce détail, qui sait ce qui aurait bien pu arriver. Non, elle préférait garder son passé tel qu’il était. Elle se sentait bien sûr toujours aussi coupable de ne pas avoir insisté auprès de son père pour aller en mission avec lui, mais avec le temps, avec les années, avec le passage à l’Abyss long et particulièrement sombre, elle s’était faite à l’idée. Après tout, peut-être que si elle y était allée, même avec l’expérience qu’elle avait accumulée, elle aurait décédée. Il ne fallait pas aller à l’encontre de la vie. Et la mort faisait partie de la vie. Il fallait l’accepter et faire avec. Être d’accord ou pas, cela était le problème de chacun. Est-ce qu’Aiko était d’accord avec la loi de la vie ? Elle ne pouvait que l’être. Pour cela, et pour cela uniquement, elle n’avait pas le choix. Elle ne se posait même pas la question. Autant faire de la vie son alliée que son ennemie, au risque de voir sa propre mort précipitée. Et maintenant, à cette vile vie, elle y tenait. Elle y tenait tout particulièrement. Il y avait désormais assez de personnes pour l’empêcher de faire des folies et s’y risquer. Pourtant. Pourtant, elle possédait encore ce coté égoïste. Autant un jour, elle pourrait s’empêcher de faire une bêtise, pour eux, tous ces êtres chéris, autant un autre jour, elle foncerait tête baissée. Au fond, elle était un peu lunatique sur les bords. Mais le meilleur restait encore de trouver un moyen efficace d’assouvir une soif de nouveauté et de danger tout en respectant ceux auxquels on tient. Comment ? Simplement en commettant ladite bêtise avec eux. Enfin, ce n’était pas tant une bêtise qu’une folie. Le mot était plus juste. Restait seulement à trouver un bon moyen de parvenir à ses fins.

Rapidement, elle monta les marches, la tête basse, refusant que l’on puisse l’interpeler. Pas aujourd’hui. Elle n’était vraiment pas d’humeur à discuter. Elle toqua à la porte de son supérieur et attendit qu’on l’autorise à rentrer pour le faire. Elle retira sa capuche et serra les dents pour retenir un soupire d’agacement lorsque l’homme lui signala qu’elle était en retard. Mais oui, comme s’il y avait une heure fixe ! Elle fit passer ses doigts dans sa chevelure écarlate en murmurant un pardon. Nullement pensé. Mais bon. Hiérarchiquement, elle lui devait le respect, alors autant ne pas se retrouver dans sa ligne de mire en s’attirant ses foudres. Il lui dit qu’elle avait une mission, mais ça, elle l’avait déjà compris, sinon, il lui aurait simplement dit, sans même la saluer, qu’il n’y avait rien pour elle pour la journée. Enfin bon. Il lui dit aussi qu’elle allait avoir un coéquipier et que la mission consistait à calmer un contractant illégal et son Chain, les deux fauteurs de trouble causant un sacré grabuge la nuit venue. Elle l’interrogea sur le lieu et s’en alla juste après avoir récolté l’information et l’avoir salué. Et la voilà partie en direction de Réveil. Apparemment, les crises de folie avaient lieu en plein centre ville, mais les Baskerville soupçonnaient que les deux individus se trouvent dans les alentours de Réveil. Enfin, le plus important était qu’ils semblaient vouloir du tort aux à la famille déchue. Elle ne chercha pas les détails, comme d’habitude, car l’ordre était clair. Le seul problème était qu’elle allait devoir partager son plaisir avec quelqu’un d’autre. Ce n’est que lorsqu’elle se retrouva de nouveau à l’extérieur, au milieu des ruines, qu’elle se rappela ne pas avoir cherché l’identité de son coéquipier. Elle verrait, car si elle était en retard, alors il devait déjà être sur les lieux.

Aiko prit des chemins qu’elle savait déserts à pareille heure de la matinée, courant pour ne pas prendre plus de retard qu’elle en avait déjà. Pas que ça la dérangeait de faire attendre celui ou celle avec qui elle allait devoir travailler de conserve, mais sa curiosité et son excitation grandissante quant à l’idée de verser du sang avec une lame qu’elle n’avait pas utilisé depuis quelques temps prirent le dessus sur son calme habituel. Elle courait vite, cette petite, et elle s’amusait à imaginer la tête de ceux qui auraient pu voir une tâche rouge traverser les ruelles. Rapidement, elle se retrouva hors de portée de regards furtifs et curieux que l’on pourrait lui lancer. Pas le temps de remettre sa capuche, encore moins d’arranger les mèches rebelles lui barrant la route, elle distinguait déjà une silhouette, au loin. De dos.
Ils se trouvaient sur une vaste plaine, pas très verdoyante vu la saison hivernale. S’ils continuaient tout droit, ils débouleraient sûrement sur quelques bâtiments délabrés. Enfin bon.

Elle s’arrêta et, sans pour autant chercher à retrouver un souffle qui lui reviendrait un peu plus tard, plissa les yeux. Elle était trop loin pour pouvoir imaginer le visage de la personne, tout ce dont elle était certaine, c’est que c’était son camarade du jour, car une cape rouge embellissait son dos. Dos droit et finement musclé furent les deux caractéristiques qu’elle remarqua en s’approchant un peu plus. Et puis, une nouvelle fois, elle s’arrêta, cette fois-ci à moins de deux mètres de la personne. De l’homme. Bien sûr, maintenant, elle le reconnaissait. Comment ne pas le reconnaître, car même son dos fut l’objet de l’attention des doigts de la jeune femme. Un sourire grimpa à ses lèvres avant qu’elle n’ait pu l’en empêcher alors qu’elle s’approcha silencieusement, glissant soigneusement et délicatement ses mains sur ses yeux. Celui ayant hanté son esprit toute la soirée, la nuit et sa matinée aussi, était maintenant réellement présente devant ses yeux. Et il était désormais plus que certain qu’il n’allait pas quitter les songes de la rousse.

Faible. Ce mot résonna dans sa tête. Faible. La dernière fois, il lui avait dit être faible, car il revint à elle pour l’embrasser une nouvelle et dernière fois. À son tour d’être faible, aujourd’hui. De toute façon, si cela était la réelle définition de la faiblesse, alors sa soi-disant force, elle l’échangerait bien volontiers. Si faible voulait dire être à ses coté. Si faible voulait dire ne plus avoir à se malmener l’esprit et à juste profiter du moment présent. Car pour elle, il était aussi un isolant, une résistance. Il l’empêchait de penser à autre chose qu’à lui, la cloitrant dans un espace où son corps représentait la limite à ne pas dépasser. Il l’obligeait à fixer son regard et son attention sur lui. Uniquement sur lui. Depuis la dernière fois, elle échoua quant à définit la nature de leur relation. Ce détail causa plusieurs de ses insomnies récentes. Mais en ce moment, elle n’y pensait plus. Ça allait faire deux mois, elle n’avait vraiment pas le temps de s’attarder sur pareilles futilités. Même si en fait, ces futilités ont une envergure plutôt importante. Elle y repenserait quand elle serait prête, peut-être même alors qu’elle serait en sa compagnie. Mais là, tout de suite, elle voulait juste pouvoir sourire. Lui sourire. Sourire à l’objet de ses longues et interminables réflexions.

Ce fut à peine si elle lui laissa le temps de prononcer un mot, car elle se déplaça de façon à se retrouver face à lui. La tête penchée sur le coté, son sourire ainsi que son regard s’adoucirent. Ne faisant pas confiance à sa voix, ignorant si elle allait garder le même timbre du début à la fin, elle se contenta de se hisser sur la pointe de ses pieds pour capturer les lèvres du brun des siennes. Pourquoi chercher à l’embrasser sur la joue, comme il l’avait fait la dernière fois, après tout ce qu’ils avaient échangé ? Elle éloigna son visage, prononçant le prénom de ses obsessions dans un murmure, un souffle. Un espoir peut-être, car elle avait encore l’impression que tout n’était que mirage.
Finn.

Et puis, elle se redressa pour de bon, laissant ses doigts traîner sur son visage, ses joues, ses lèvres, achevant leur périple sur sa mâchoire. Elle aimait bien effleurer cette partie là de son visage. Avec un sourire enfantin, elle bascula sa tête en arrière, fermant les yeux quand elle fut éblouie par la lumière du soleil. Traître. Depuis ce main, il ne cessait de se cacher derrière les nuages et le voilà qui faisait sa divine et miraculeuse apparition, juste à temps pour aveugler la demoiselle. Demoiselle qui fut bien obligée de se redresser.

« Tu m’as manqué, Finn. Trop manqué. »

Cet aveu fusa d’entre ses lèvres avant que son cerveau ne fut certain de ce qu’il venait d’émettre comme ordre. Pour la première fois, ça ne la dérangeait pas de dire ce qu’elle pensait. Ce qu’elle pensait réellement. Usuellement, lorsque des mots étaient capables de la mettre à nu, la dévoilant comme elle était, la rendant vulnérable, elle préférait encore sceller sa bouche. Mais pas aujourd’hui. Pas avec Finn.

Mission. C’est vrai, elle était là pour la mission. Elle avait déjà oublié ce détail. Détail qui aurait dû occuper tout l’espace de ses songes. Ils n’avaient qu’à lui mettre un autre coéquipier s’ils voulaient qu’elle se consacre entièrement et seulement à sa mission, non mais !
Elle se racla la gorge et, ancrant son regard dans celui de son interlocuteur, entreprit de reprendre la parole. Plus pour faire passer à sa voix un dernier test que pour autre chose, mais ça, elle était la seule à le savoir.

« Nous sommes censés retrouver le contractant illégal et son Chain avant la tombée de la nuit, c’est bien ça ? »

Censés. Ils étaient censés. Pourquoi avait-elle dit ça ? Ce fut inconscient. Comme s’ils n’étaient pas obligés de la faire, cette fichue mission. Fichue mission. À la base, Aiko était contente à cette idée, mais maintenant, elle la qualifiait de « fichue » mission. Comme si elle avait mieux à faire. Comme si Finn était plus important que son devoir envers sa faille. Retirez tous les « comme si » et vous obtiendrez le fond de la pensée de la jeune femme.

Et puis, une nouvelle fois, son regard alla se perdre dans celui de son opposant, vert, plus profond, tantôt plus expressif que le sien, tantôt moins. Elle n’examina pas son accoutrement, ne sachant même pas s’il avait son arme à portée de main. La sienne pendait à sa taille, dans son fourreau tandis qu’une dague se cachait sous son haut, coincé entre sa peau et le tissu de sa jupe, lui apportant une sensation de fraîcheur car le métal de lame n’était ici recouvert par aucun plastique ou autre. Elle cligna des yeux, sa tête penchée une nouvelle fois sur le coté, et elle sourit doucement, allant offrir une étreinte à Finn, cachant son visage contre son épaule. C’est qu’il lui avait vraiment manqué. Trop aussi. Ça pouvait être dangereux pour elle, pour sa vulnérabilité. Mais le danger était la meilleure source de distraction pour Aiko. Et Finn était perpétuelle puits de danger, car même si quelques uns diraient qu’il était prévisible, aux yeux de la jeune femme, il ne l’était point. Elle ne savait jamais de quelle façon il réagirait. Et puis, lui au moins, savait répondre à ses répliques. Pas directement, mais pas trop indirectement – pas assez pour qu’elle ne comprenne pas. Plus que tout, il pouvait lui tenir tête. Royalement, comme lorsqu’il releva son défi. En fait, c’était simple, Finn était différent. Et c’est cette même différence qui attirait Aiko. Là encore, peut-être qu’elle l’attirait justement trop.
Gare à ne pas tomber, en sa présence du moins, dans un gouffre de vulnérabilité, chatoyant de ténèbres.
Revenir en haut Aller en bas
Finn Baskerville

Finn Baskerville
Chekeur chieur

Féminin Messages : 609
Age : 30
Personnages préférés : Break, Sharon, Jack, Gil, Elliot

Feuille de personnage
Nom & prénom: Finn Baskerville
Nom du Chain : Naaru Irwin
Groupes:


« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty2nd Décembre 2012, 06:22

Tous les débuts de journée commencent dans l’appartement de Finn.
Eh bien pas celui-ci. Et en fait, on ne commencera d’ailleurs pas au début de journée mais à la soirée de la veille.
Elle n’a pas eu grand-chose de particulier cette soirée. Rien en fait. Le contractant l’a passée enfoncé dans son canapé à lire. Ou du moins, à tenter de lire. Après trente minutes sur la même double page sans rien en retenir, force a été de constater qu’il ne pouvait tout bonnement pas lire car ses pensées étaient ailleurs et bien trop pesantes. Même la couverture rugueuse sous ses doigts lui a paru lointaine, pas tout à fait présente alors qu’il n’a cessé de faire jouer le bout des doigts de sa main droite dessus machinalement. Complètement déconnecté, voilà ce qu’il était. A penser sans penser. Même pas par refus, même pas par blocage, c’était juste un de ces trop pleins tellement pleins qu’ils vous en paraissent vide. Toujours était-il que se concentrer lui a été parfaitement impossible, alors le livre a été simplement refermé et lancé sur la table pour ne pas avoir à bouger du canapé comme la feignasse qu’il est. Même pas remis à sa place, son Chain en serait le premier étonné. Et puis le Baskerville s’est tourné pour lancer ses jambes sur le cuir usé, à moitié dans le vide car le pauvre canapé est moins long que lui, et a passé ses bras derrière sa tête pour s’adonner à une nouvelle activité : fixer le plafond. Tout aussi passionnant que de fixer un livre sans le lire, mais moins fatiguant pour les yeux. C’est drôle comme il n’avait envie de ne rien faire ce soir-là. Même pas d’aller en mission le lendemain. Oh mission. On la lui avait annoncée le jour même, en lui disant qu’il ne serait pas tout seul pour celle-ci. Et lui qui s’était attendu à un truc dangereux n’a écopé que d’une mission à la Pandora. Rayer de la carte un contractant illégal et son Chain. C’est le job de Pandora ça. Les Baskerville ne s’en chargeraient pas si le duo ne les menaçait pas d’une manière ou d’une autre. Et le jeune contractant se fiche bien de savoir en quoi ils les menacent. On lui a dit de les faire disparaître, il les fera disparaître point à la ligne. Et puisqu’il aura un co-équipier, c’est que peut-être le duo Chain/Contractant illégal est un peu costaud. Parce que sinon, il aurait pu s’en charger tout seul avec son propre Chain.

Parlons-en de celui-là. Il a disparu depuis trois jours. Fait qui n’inquiète pas outre mesure son contractant. Tel le chat domestique, le bestiaux reviendra au foyer à un moment ou à un autre. Sauf que lui ne risque pas de se faire écraser par un véhicule ou de se coincer dans un arbre en cours de route. Néanmoins pour la mission du lendemain, cela semble serré. A son humble avis – lire : à son expérience aguerrie sur le cas Nana – il n’y aura pas de Chain pour le lendemain. Pas bien grave puisque son contractant ne sera pas seul. Peut-être même que son ou sa camarade – à dire vrai il n’a pas fait attention à ce détail - aura son propre Chain. Et sinon, eh bien les moyens classiques marchent toujours. Bref, c’était la parenthèse Nana.

Cette mission donc. Aucune envie d’y aller. Pourtant il devrait, un petit pic d’adrénaline est probablement tout ce qu’il faut pour le remettre d’aplomb complètement. Non pas que le temps passant n’aurait pas eu le même effet. Mais pour un résultat immédiat, la mission n’aurait pas pu mieux tomber. Mais voilà, pas envie. Pas envie de bouger, pas envie de faire quoi que ce soit, pas envie de sortir de cet état de larvitude, pas envie de se lever pour boire alors qu’il en a besoin, pas envie de rien. Comme un ado en pleine crise.
Sauf qu’il a 20 ans. La gloire. La gloire et heureusement personne pour en témoigner. C’est mieux comme cela. Si on remonte encore un peu avant cette soirée, deux jours plus tôt à tout hasard, on pourrait peut-être mieux comprendre. Plus ou moins. Il vivait sa vie tranquillement, plutôt bien d’ailleurs après tout de quoi a-t-il à se plaindre ? Rien. Mais il y a deux jours, sorti de nulle part comme toutes ces dépressions météorologiques, un truc qui couvait peut-être depuis le début de la semaine, il a eu un vilain coup au moral. Tout seul. Nostalgie, pas la forme, les jours d’avant n’ayant pas été grandioses voilà où ça avait mené. Ça arrive. Ça arrive à tout le monde, même aux Baskerville. Ça arrive et ça passe. Allez savoir pourquoi, ce jour-là le brun décida de l’aider à passer. Peut-être que le fait qu’il n’y ait personne dans l’appartement pour le distraire avait fortement influencé sa décision. Alors voilà. Chez lui, aider à faire passer un moral dans les chaussettes est synonyme d’aller trainer dans un bar. Pas n’importe lequel parce que, bonsoir, son sens de l’orientation n’évolue pas magiquement quand il va mal. Il en connait plusieurs, et son dévolu s’est jeté sur celui où le gérant est un bon ami. Parce qu’allez, un verre et un copain qui parle facilement, ça devrait largement faire l’affaire, non ?

Ça la faisait très bien au début, l’affaire. Sauf qu’au niveau des calculs, ce n’était pas un mais trois verres. Tout à fait tenable si ce n’est pas la première fois, et ce n’était pas la première fois. Pas tout à fait lucide, mais il pouvait encore marcher droit sans problème. Mais, peu importe ce qui pouvait l’enfoncer un peu plus tôt, c’était complètement oublié. A des années lumières de son cerveau qui maintenant l’autorisait à rire à des blagues complètement stupides là où il n’aurait pas caché une mimique exaspérée en temps normal. Bref, en somme l’objectif principal était quand même atteint avec succès. Jusqu’à ce que son exubérance attire une jeune femme vers lui. La discussion au départ tout à fait anodine a fini par déraper et il n’y a pas besoin de faire de schéma sur ce qui a bien pu se passer ensuite. L’esprit embrumé du brun n’a pas cherché midi à quatorze heures de toute façon. Tant pis s’il avait prévu de rentrer chez lui à cause du boulot, ça ne fera qu’une poignée d’heures à rattraper un autre jour voilà tout !
Evidemment ce sont là des pensées qu’il regrette encore. Plus lucide, les choses se seraient déroulées autrement.

Seulement. Il y a bel et bien un lien entre cette soirée et l’autre, deux jours plus tard, à lambiner sur son canapé en regardant un plafond qui ne changera pas peu importe à quel point il le fixe. Cette fille, il ne se rappelle pas de son prénom. Il ne se rappelle qu’à peine de leurs conversations, serait bien incapable de décrire son appartement ou simplement de lui donner un âge. Il ne se souvient distinctement que d’une seule chose qui écrase toutes les autres.

Elle ressemblait à Aiko. Elle ressemblait à Aiko. Et il n’était pas assez saoul pour ne pas se souvenir que c’était très clairement la raison qui l’a poussé à accepter. La seule et unique raison. Combien de chances y’avait-il qu’une femme avec des cheveux aussi flamboyants – et encore, son esprit se borne maintenant à ajouter un « presque » devant cet adjectif peu importe ce qu’il veut en penser – que la Baskerville vienne lui adresser la parole ce soir-là ? Pas beaucoup. A priori, ce n’était pas son jour.
Et ça l’agace. Il ne sait pas pourquoi, mais ça l’agace prodigieusement. Pourquoi ? Pourquoi diable est-ce qu’il a eu besoin d’une justification ? Pourquoi d’ailleurs il est resté sagement dans son coin pendant pratiquement deux mois en premier lieu ? Non il ne part pas en chasse tous les soirs, mais deux mois ? Il en était parfaitement satisfait en plus, l’étrangeté de la situation ne lui apparaissant qu’après coup. Le pire étant peut-être que pour une raison tout à fait obscure il s’en soit voulu le lendemain. Alors qu’il n’a fait de tort à personne pourtant. Du coup il a tout violemment remisé dans un coin de son cerveau, taxant ça sur le dos de la fatigue. Pensées complètement aberrantes qui sortent d’il ne sait où et d’où il ne veut d’ailleurs pas savoir. Mais, peu importe comment il verrouille la porte mentale, il n’a de cesse d’y songer depuis deux jours. Enfin, un et demi. Avouons qu’au réveil il y a deux jours, il était surtout occupé à pester contre son lui-même de la veille et ses brillantes idées. Et maintenant, il ne peut même pas se concentrer sur un simple livre. Sa tête ressasse sans arrêt les mêmes questions auxquelles il n’a pas de réponses puisqu’il ne comprend pas lui-même ce qui a bien pu les amener là en premier lieu. Il n’a pas vu Aiko depuis deux mois – oh coïncidence tiens donc ! – et jusque-là le vivait plutôt bien.
Bon ok, il s’est surpris plus d’une fois à penser à elle sans raison apparente, et il ne peut pas s’empêcher de sourire bêtement à chaque fois qu’il passe sa cape rouge qui n’est en fait pas la sienne mais celle de la jeune femme. Et puis bon, il a peut-être trouvé une ou deux fois que le hasard commençait à se faire long. Mais voilà, il le vivait bien quand même. C’étaient des pensées vagabondes par-ci par-là, des sourires qu’elle lui amenait sans même être présente, néanmoins rien de comparable à cette foutue obsession qui dure depuis plus de 24h. Obsession est un grand mot pour désigner ces questions qui pourraient toutes se résumer en un gros « Pourquoi » général. L’homme est tout à fait confiant en sa capacité à finalement réussir à passer à autre chose si on lui laisse plusieurs jours, mais en attendant il en est quand même réduit à fixer son plafond. Et à penser à la jolie rousse qui hante ses pensées.

Machinalement l’une de ses mains remonte sur sa clavicule puis glisse à peine jusqu’au creux entre l’os et son cou. Ici, il le sait, s’il appuie, il obtiendra une douleur en réponse. Un bleu. Qui s’estompe bien entendu déjà - on est Baskerville ou on ne l’est pas - mais néanmoins toujours visible. Et heureusement tout à fait possible à dissimuler sous le col d’une chemise. Fichue preuve qu’il n’a pas tout imaginé, comme si les souvenirs n’étaient pas assez. En plus, mais ça il a bien plus de difficulté à se l’admettre, il a probablement plus pensé à Aiko qu’à la femme avec qui il était, il y a deux soirs. C’est flou. Flou mais hautement probable quand même. Enfin il ne veut pas savoir. Rien savoir. Il veut juste que cet état étrange passe. C’est bien la première fois qu’il se retrouve ainsi, le pauvre enfant est complètement perdu. Forcément s’il avait flairé qu’il y avait déjà anguille sous roche il y a deux mois, il ne se prendrait pas tout sur la figure d’un seul coup maintenant. Pas qu’il soit plus avancé, à se poser des questions qu’il ne s’était jamais posé. En tout cas une chose est assez claire : il a besoin de revoir la Baskerville. Ne serait-ce que pour faire taire ces interrogations qui n’ont pas lieu d’être. Peut-être qu’il faudrait aider un peu le hasard, sous peu.
Brr mais quelles pensées. Le voilà à songer à forcer une rencontre. Leur relation n’a jamais marché ainsi, Aiko se moquerait de lui si elle savait, il en est sûr. Décidément. Vivement que son cerveau se lasse de ces questions et que cet état passe.

Sa main quitte son cou et il dépose son bras sur ses yeux qu’il ferme, leur soustrayant la vue ô combien fascinante du plafond de l’appartement. Maintenant il ne voit que du noir et ne pense à rien. Les questions résonnent encore dans un coin de son esprit, prêtes à resurgir, mais lui ne pense pour le moment à rien. Il ne veut pas s’endormir. Parce que s’endormir fera venir le lendemain plus vite – vision complètement psychologique car le temps n’avance pas plus vite lorsque l’on dort – et il n’a pas envie d’aller en mission. En même temps, il veut être le lendemain et même le surlendemain et carrément la semaine prochaine pour mettre le plus de jours possible entre lui et l’avant-veille. Dur de ne pas savoir ce qu’on veut.

Quand il rouvre les yeux, il est un instant désorienté. Puis il reconnait son environnement, il n’a pas bougé de son canapé et le fait qu’il soit encore tout habillé lui apprend qu’il s’est endormi sans s’en rendre compte. Cela dit, la lumière a été éteinte. Un coup d’œil par la fenêtre lui apprend gentiment qu’il doit être une heure indécente du matin, une heure à laquelle même les moineaux ne sont pas encore levés. En même temps en hiver, ils ont tendance à ne pas se lever tout court. Mais bref. Le contractant n’a pas sommeil. A quelle heure a-t-il bien pu s’endormir hier ? Visiblement assez tôt. La mission qui lui revient en tête lui arrache un soupire. Bon. Au moins la journée passera avec. Et puis qu’il se réjouisse, il a la tête moins pleine que la veille ! Un petit peu. Mais c’est déjà cela. Alors il se redresse tandis que ses muscles protestent d’avoir passé la nuit sur le canapé. Ce n’est pas qu’il n’est pas confortable, mais cela reste un canapé. Trop petit pour lui en plus de s’y être étalé n’importe comment. Son corps s’en remettra dans la matinée quand même. Et en attendant, un thé ne serait pas de refus. Parfaitement, il ne boit que ça et de l’eau. Et qu’on ne pointe pas les verres d’il y a trois jours ou il mordra. Ça suffit, il a réussi à s’envoyer tout seul dans un trou où il ne comprend rien à rien. Se retrouver troublé comme cela par une femme qu’il n’a pas vu depuis deux mois…

Enfin. Il ne se presse pas pour faire puis boire sa tasse, ayant parfaitement le temps d’être à l’heure sur les lieux de la mission même en se perdant en route vu l’heure qu’il est. Pas plus qu’il ne se presse pour laver la tasse ensuite. Alors hop, sous la douche après ça. Et quand il en ressort puis traverse l’appartement jusqu’à sa chambre afin d’enfiler quelque chose de propre, il jette un œil dans celle de Naaru. Le Nana dort comme un bienheureux dans son lit. Au moins, maintenant le mystère de la lumière qui s’est éteinte toute seule est résolu. Cette pensée lui arrache un sourire. Tiens quand même, certaines des gueulantes que le Baskerville pousse ne tombent pas dans les oreilles d’un sourd.
Il referme la porte sans bruit afin d’aller s’habiller dans sa propre chambre. Pas besoin de réveiller le jeune Chain, il s’en sortira sans lui. Après tout il ne sera pas tout seul. Alors il enfile ses vêtements, prenant soin de fermer un bouton plus haut que d’habitude sa chemise. Bleue foncée qu’elle est d’ailleurs, parce que blanc c’est chiant à laver quand il y a du sang dessus. Pour ne pas pleinement dire qu’elles sont juste foutues. Bref. Le pantalon noir, l’arme à la ceinture. Il en prend soin de son katana. En même temps, sa vie en dépend, alors il a plutôt intérêt. Il considère ensuite l’option d’emmener ou non une dague. Quand Nana est là, il n’en prend pas parce que le Chain gère tout ce qui est métallique, son sabre suffit alors. Mais puisqu’il n’y aura pas de Nana, la prudence serait d’en prendre une. La dague est donc embarquée, cachée dans le dos. Il n’en aura peut-être pas besoin, mais sait-on jamais.
Et puis la cape. Il bloque toute pensée parasite en l’attrapant, se contentant de sourire quand il constate une énième fois qu’elle est trop courte. Pas de beaucoup puisque la Baskerville à qui l’étoffe appartient n’a pas un si grand écart de taille avec lui, mais un peu quand même. Et Aiko doit donc se promener avec une cape trop grande pour elle. L’idée l’amuse sans fin pour une raison assez obscure. Enfin, avec tout ça il est prêt à partir. Il est toujours tôt, bien sûr. Alors il plie la cape qu’il tenait devant lui. Histoire d’aller errer un peu dans les rues avant de galérer à arriver sur les lieux de la mission. Au moins il pourra se promener relativement en paix avec sa cape.

Avançons. Il a effectivement été errer non sans avoir été pris au préalable d’une soudaine envie de ranger les trucs qui traînaient dans l’appartement. Pour changer. Quand il est sorti, il a presque voulu rebrousser chemin à cause de la température. Y’a pas idée de faire aussi froid – mettons-nous d’accord sur le fait qu’il supporte mal les basses températures même quand elles sont encore supportables. Mais hors de question de se mettre un manteau et une écharpe. Allez porter une écharpe avec une cape vous et on en reparle. Crédibilité zéro. Enfin du coup, il s’est enroulé dans la cape – pour une fois qu’il y a une réelle utilité à ce tissu – et a rôdé dans les rues désertes comme un… On lui épargnera toute comparaison. Et avec tout ça, il a fini par arriver sur les lieux de la mission à peine en avance. Bien. Pas de camarade en vue. Y’a plus qu’à attendre alors. Après ils vont terminer ce contractant et se rentrer au chaud rapidement. Très bon plan ça.

Sa vue est soudain masquée par deux mains. Il n’a qu’à peine le temps d’enregistrer ce qui est en train de se produire et de peut-être se dire que le parfum attaché aux mains et la présence dans son dos semblent familiers que déjà la vue lui est rendue. Et quelle vue. De toutes les personnes qu’il pouvait bien s’attendre à voir ici, voilà l’objet de ses pensées des derniers jours. Aiko.
Hey, au moins il n’y a plus besoin de comploter un coup sur le hasard.
Toutes les pensées des derniers jours sont remisées au placard, étrangement calmées maintenant que la jeune femme est là. Au moins cela ne viendra pas gâcher le moment présent. Finn va glisser une main sur la joue de la Baskerville quand elle vient chercher ses lèvres. Il serait bien incapable de dire qui a embrassé l’autre comme il s’est un peu penché lui aussi pour aller à sa rencontre. Et puis au terme de leur échange bien trop court à son goût, il répond à son sourire.
C’est drôle, il réalise seulement qu’elle lui a manqué et bien plus qu’il n’aurait pu le penser. Réellement manqué, qu’il y avait un vide qui vient à peine de se combler à nouveau. Combien de choses de ce genre lui sont passées totalement inaperçues encore ? Quelque part il a un peu peur de le découvrir. Peur des conséquences. Mais pour l’instant, il n’y a pas de problèmes, non ?

- Tu m’as manqué, Finn. Trop manqué.

Savoir qu’il n’est pas le seul à avoir manqué de la présence de l’autre est assez rassurant quelque part. S’il avait été le seul des deux dans ce cas, il aurait fallu qu’il se remette en cause. Et surtout, qu’il enterre tout profondément. On ne peut pas se permettre de ne pas manquer aux gens qui nous manquent. A l’arrivée, cela fait bien trop mal. Autant étouffer les sentiments dans l’œuf et passer à autre chose. Ici visiblement, cela ne sera pas nécessaire. Alors son expression s’adoucit tandis qu’il répond :

- Toi aussi, Aiko. Beaucoup trop.

Et puis, Finn étant Finn même quand il se pose d’étranges questions pendant des jours avant de toutes les oublier parce que leur cible est dans son champ de vision, il ajoute ensuite :

- Et je suis content de constater que ma cape te va bien.

Remarque absolument bête il en conviendrait aussi puisqu’elles sont toutes les mêmes au final. Aiko s’y fera un jour. Le contractant déplace sa main de la joue à la taille de la jeune femme. Il a besoin de la toucher et ne sait pas pourquoi. Ce n’est absolument pas une question de désir comme l’autre fois, c’est un besoin. Assez irrationnel.

- Nous sommes censés retrouver le contractant illégal et son Chain avant la tombée de la nuit, c’est bien ça ?

Oh tiens oui ! Ils ont une mission, Aiko est sa coéquipière pour cela. L’histoire lui était complètement sortie de la tête, mais la jeune femme a raison et cela le fait doucement rire.
Enfin. Ils sont « censés », n’est-ce pas. C’est mal de faire passer le devoir après. Ou alors ils peuvent éliminer le duo gêneur et profiter du temps qu’il restera derrière. Après tout, ils sont censés avoir leur journée d’occupée par cette mission, non ? Alors si elle se termine, le temps qu’il restera…
Bref.
- Censés en effet.

Finn ne se fait pas prier pour entourer sa coéquipière du jour de ses bras lorsqu’elle lui offre une étreinte. Justement ce qu’il lui fallait, à croire qu’elle a lu dans ses pensées. Et ses pensées à elle, il aimerait bien les connaître.

- Ou alors on peut faire notre devoir et user de notre temps libre comme on veut.

Le « on » est très important, tout à fait. Il n’a pas dit « tu » ou « je » mais « on ». Et non, il n’a strictement aucune autre idée derrière la tête en disant cela que celle de passer du temps avec la Baskerville. Aucun sous-entendu n’est à y voir.

Gentiment, il finit par les séparer juste assez pour aller embrasser la jeune rousse. Plus longuement cette fois. Sans bien sûr la hâte qui avait pu les prendre l’autre fois. Il n’y a pas de jeu. Du moins pas encore, ils trouveront bien quelque chose plus tard sur lequel s’affronter comme ils le font si souvent. On ne change pas une équipe qui gagne. Qui gagnera contre ce contractant et son Chain aussi d’ailleurs, histoire de montrer qu’ils font un bon duo sur tous les plans.
Il n’avait pas envie de la faire, cette mission, et il n’en a toujours pas envie. En plus il fait froid. Mais au moins maintenant, il y a Aiko. Allez, au boulot. En les séparant, bien qu'à contrecœur, il fait glisser la capuche de la jeune femme sur sa tête d'une main tout en faisant de même avec la sienne. Même si techniquement il serait presque plus juste d'inverser les pronoms sur les capes comme ce ne sont pas les leurs. Puis il attrape la main de la jeune femme afin de l'entraîner à sa suite et lance :

- Le premier qui les voit a gagné. J'sais pas encore quoi, mais il a gagné.

Bonus à celui qui en ratatine un le premier bien sûr. Ce n'est pas tout de les repérer.


Deux heures. Voilà le temps qu'il aura fallu. Ce contractant et son Chain sont, ou plutôt étaient, loin d'être discrets une fois dans leur périmètre. Peut-être parce qu'ils comptaient trop sur leur force. Bah qu'importe, ils ne sont plus et du côté du duo victorieux, il n'y a pas de perte à déplorer. Encore heureux tiens. L'un comme l'autre n'aurait pas laissé cela arriver de toute façon. Peut-être, sûrement en fait, quelques blessures mais à priori rien d'handicapant ou alors ils ne le savent pas encore et ce serait plutôt inquiétant.
L'homme remet son arme au fourreau avant de s'étirer.

- Ça, c'est fait.

Le rapport attendra bien demain ou après demain ou après après... Enfin vous avez saisi l'idée. Il y a bien plus intéressant à faire avant.
Il s'approche d'Aiko sans plus accorder d'attention à ce qu'il reste de leur combat.

- Tu vas bien ?

Il n'a pas pu s'empêcher de demander.
Revenir en haut Aller en bas
http://kwanitadena.forumactif.org/
Anonymous

Invité



« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty3rd Décembre 2012, 01:59

Le hasard avait, jusque là, plutôt bien fait les choses. Bien qu’à vrai dire, cela faisait trois mois qu’il avait failli à l’appel presque désespéré de la jeune Aiko. Et puis, comme toute chose dans ce bas monde, comme toute émotion, comme tout sentiment, comme toute partie intégrale de ce même monde, le hasard n’en faisait qu’à sa tête. Il pouvait être présent auprès d’une personne tout le long de sa vie, s’arrangeant pour lui être favorable, tout comme il pouvait faire en sorte d’être absent à tous les appels. Cela dépendait. Il était vil, furtif, agressif parfois, bienveillant, tout le contraire. Il était illusion, rêve, échappatoire à la réalité lorsqu’il le décidait. D’autres disent que le hasard n’existe pas. Aiko possédait un esprit logique, rationnel – parfois trop – mais cela ne l’empêchait pas d’y croire. Bien sûr, le hasard, ce bien grand mot, ne devait pas être utilisé à toutes les situations. La naissance d’un enfant, par exemple, n’est pas un hasard. Et il serait bien insultant pour le nouveau-né de prétendre le contraire. Même si étant jeune, elle aurait pu être de l’avis des autres et prétendre que le hasard n’était que spéculation, aujourd’hui, elle serait bien en peine de tenir le même discours. Rencontrer Finn était-ce l’un des nombreux fruits du hasard ? Peut-être. Peut-être pas. La jeune femme n’avait pas réel souvenir de cette fameuse rencontre. Ça c’était fait… comme ça. Simplement. Normalement. Comme avec les autres. Il n’y avait eu aucune une parole geste particulier qui aurait pu être annonciateur de la suite des évènements. Vraiment rien de tout cela. Ou alors, elle ne s’en souvenait pas. Un jour, elle demandera à Finn. Oui, un jour, il faudra qu’elle connaisse son avis sur cette dite rencontre. L’un d’eux avait-il dit ou fait quelque chose qui entraîna la suite ? Même si elle était persuadée du contraire, peut-être avait-elle tort. Il ne fallait jamais exclure cette possibilité si on prétendait avoir l’esprit rationnel ; l’hypothèse de perdre, de se tromper devait absolument être émise et ce, dans n’importe quelle situation. Après, le hasard, me diriez-vous, n’a rien de logique. Et elle n’y aurait pas cru si elle n’avait pas, il y a deux mois de cela, eut la preuve que si. Combien y avait-il de chance qu’elle tombe sur un Baskerville, au beau milieu des ruines de l’ancienne capitale, Sablier ? Plusieurs, car après tout, le manoir n’était pas sien. Combien de chance y avait-il pour que ce soit Finn ? Un peu moins, certes, mais il y en avait tout de même. Mais combien y avait-il eu de chances pour que leur relation évolue autant et surtout de cette façon-là en si peu de temps, l’espace d’une simple après-midi ? Aucune, c’était certain. Et pourtant. Après, hasard, chance, tout cela relevait de la même chose. De la même illogique. De la même nouveauté. Voilà, nouveauté. C’est le nouveau qui oblige l’Homme à capituler. C’est tout ce qui est nouveau qui le fait fuir, qui le fait trembler, qui lui fait peur. C’est le nouveau qui est source inépuisable de danger. D’aventure. D’action. De jeu. Mais un jeu périlleux où la mise minimale était sa propre vie. Alors on mettait notre vie en jeu, car il n’y avait nul jeu plus pétillant, plus réel, plus profond, plus jouissif. Pas même le jeu auquel s’adonnèrent Finn et Aiko, le jour où le voile de mystère sur le hasard s’assombrit un peu plus aux yeux de la jeune rousse, mais où la vérité réussit à souffler sur la poussière de doute ; le hasard était réel, restait simplement à savoir jusqu’où s’étendait sa force. Ça, elle aurait, avec l’âge, tout le temps de le découvrir.
Le hasard existait. Aussi vrai que Finn existait. Et Finn existait. Finn existe. Même si tout portait à croire que non. Aiko n’irait pas jusqu’à dire qu’il était parfait, car personne ne pouvait l’être, mais elle voyait en lui quelque chose de presque… Inhumain. Rien de répugnant, de mal, de repoussant. Loin de là. En fait, c’était même tout le contraire. Il ressemblait à un rêve. Un mirage qu’Aiko devait toucher pour pouvoir se mettre dans la tête qu’il était réel. Et le toucher, elle ne s’en priverait pas. Un besoin, comme la dernière fois. Sauf que pour aujourd’hui, ce n’était pas mêlé au désir. Ou alors pas encore. Quoiqu’il en soit, pour le moment, ce n’était qu’un besoin. Un besoin qui pourrait être qualifié de vital. Parce qu’Aiko en avait besoin. Réellement.

Elle ignorait tout des pensées de celui qui se tenait face à elle. Pourtant, ce n’était pas l’envie de les connaître qui lui manquait. Et lui, voulait-il savoir à quoi elle pensait, alors que son regard baignait dans le sien ? Elle ne possédait pas la réponse à cette question. Mais de toute façon, les questions, ce n’est pas ce qu’il lui manquait. Avoir l’objet de ses songes, de ses réflexions, de toute son attention depuis ces derniers jours, l’objet de tentations, l’objet de son obsession occasionnelle, en face d’elle, n’avait en rien amoindri ses interrogations. Elles étaient toujours là, présentes dans un coin de sa tête. Sauf que pour la première fois, elle y opposait un mur. Un mur de rejet, de refus. Elle refusait tout bonnement d’y penser. Un peu plus tard. Le temps de le voir. Le temps d’être sûre de sa présence à ses cotés. Le temps de pouvoir lui sourire. Le temps de l’observer, encore et toujours, inévitablement. Le temps d’esquisser un mouvement pour aller rencontrer ses lèvres. Le temps de sourire faiblement lorsqu’elle sentit qu’il y répondit, ne cherchant nulle échappatoire à ce geste. Le temps de sentir sa main sur sa joue. Le temps de se rendre compte que ça faisait un moment qu’elle y était, mais qu’elle venait à peine de le remarquer. Le temps de pencher un peu plus la tête pour profiter pleinement et à sa façon de ce touché. Le temps de fermer les yeux pour s’imprégner de sa présence. Oui, pendant ce temps, nul pourquoi, nul comment, nulle réelle envie de savoir ce qu’il avait fait pendant ces derniers mois. Juste l’envie profonde, le désir sans pareille d’être près de lui. D’être proche de lui. D’être contre lui. Et sous ces pensées ne se cachait aucun sous-entendu. Elle voulait juste être avec lui. Peu lui importait ce qui se passait autour, ils pouvaient aussi bien être entourés de flammes qu’elle se contenterait d’aller se lover dans ses bras. Parce qu’il lui avait manqué. Et parce qu’Aiko n’avait pas l’habitude ressentir pareil manque.

Être en manque de mission, ça passait encore. Ça passait même très bien, car le plus souvent, c’était bon présage. Si Aiko avait l’envie de faire une mission, elle la menait habituellement assez bien, à quelques détails prêts. Si l’envie n’y était pas, elle ne se pressait pas, ne fournissait pas un très bon travail et après, le rapport pouvait attendre plusieurs jours. Plusieurs beaucoup de jours. Et oui, ce n’est pas français, mais peu importe, ça résumait plutôt bien la situation. Après, il était probable pour cette jeune femme de ressentir un manque plus physique. Plus naturel aussi et qui n’était propre ni aux Baskerville, ni aux membres de Pandora – qui d’autre fait des missions ? Elle assouvissait ce désir plus ou moins efficacement d’habitude. Il suffisait de se rendre dans une des nombreuses tavernes qu’elle connaissait et de laisser les hommes venir. Les hommes ivres, parfois. Mais bon, ceux-là, ils se faisaient la plupart du temps repoussés, voire gifler parfois, par la jeune rousse. Elle préférait les hommes plus posés, qui n’allaient pas au-delà de deux trois verres, qui tenaient bien l’alcool et qui pouvaient aussi tenir une discussion sans rire à gorge déployée pour des sottises. Et puis, Aiko savait se faire désirer. Tout particulièrement. Elle ne buvait pas beaucoup, car contrairement aux autres femmes, elle voulait et tenait à garder les souvenirs de la soirée le lendemain matin. Elle désirait jusqu’à pouvoir sentir de nouveau le parfum de son camarde d’un soir. Pas d’hommes qui stressaient rien qu’à l’idée de partager un lit avec une femme non plus, elle n’était pas là pour leur apprendre à se servir de leurs atouts masculins. Qu’ils soient expérimentés. Un minimum. Elle s’occupera du reste, faisant son possible pour qu’ils puissent, à deux, atteindre le summum du plaisir. Avec certains mieux et plus efficacement qu’avec d’autres, car après tout le physique aussi jouait un rôle important. Et puis, si son partenaire y mettait du sien, il était évident qu’ils passent une bonne nuit, bien qu’agitée. Si quelques dames préféraient la douceur, elle ne savait pas trop. Il y avait eu des fois où tout se fit calmement, d’une grande et divine délicatesse. Ça avait son charme. Et puis, d’autres étaient tout bonnement sauvages. Pourquoi pas, après tout, il fallait goûter de tout pour se permettre de juger. Quand elle y pensait, la douce férocité était ce qu’il lui fallait. Ne pas trop la brusquer, car elle pouvait s’irriter d’être considérée comme un vulgaire objet ou machine à reproduction, mais ne pas trop y aller doucement, car le désir et l’urgence en prendraient un bon coup. Il savait trouver le juste milieu. Comme l’avaient fait certains. Comme l’avait fait Finn.
Et puis, il y avait ce manque. Ce tout nouveau manque. Un manque affectif. Pas comme quand elle était enfant, parce que malgré la sévérité de sa mère, il y avait eu des périodes où elle ressentait un manque. Un manque vis-à-vis de sa jumelle, quand celle-ci décéda. De son père aussi, quand ce fut son tour de passer l’arme à gauche. Mais là, c’était différent. Elle ne considérait pas Finn comme un membre de sa famille et ce, même si tous deux appartenaient à la même lignée déchus, celle des Baskerville. Un autre manque. Un manque qu’elle n’avait jamais ressenti. Relié à quoi, exactement ? À quel sentiment ? Elle l’ignorait. Parfois, ça lui arrivait de vouloir revoir le même homme que celui qui partagea une de ses nuits, mais ça ne durait jamais bien longtemps. Et puis, avec Finn, c’était différent de ça aussi. En fait, en résumé, ça ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait connu jusque là. Elle se posait des questions, échouait à leur apporter une réponse, ne se les posait au final plus. Elle rêvassait, fixait un point imaginaire, réfléchissait, méditait. Au final, elle revenait, comme toujours, bredouille. Elle finirait par comprendre. N’est-ce pas ?

Et puis d’abord, pourquoi est-ce qu’il lui manquait, hein ? Elle ne le connaissait pas aussi bien que cela, si ce n’est qu’elle avait étudié son corps en se servant de ses doigts, de ses lèvres et de ses yeux. Ce corps finement musclé. Un corps qu’elle aimait bien, au final. Un corps différent des autres. Un corps différent qui abritait un esprit différent. Eh bien dis donc, il y a beaucoup de différence. Et puis, c’était le corps de Finn. Un Finn sur lequel elle imposait une certaine possessivité. Pourquoi ? Elle l’ignorait aussi. En somme, elle ignorait beaucoup de choses alors qu’elle était la première concernée avec le jeune brun. Tout ce dont elle était certaine et tout ce qu’elle pouvait affirmer était le fait que ce ne soit pas le corps du brun qui lui manquait, mais bel et bien le brun en lui-même. Tout en lui. Sa façon de penser, de parler. Lui. Tout simplement lui.
Pourquoi lui avait-elle dit qu’il lui manquait au juste ? Pourquoi avoir pris le risque de faire rire son opposant ? Pourquoi avoir pris le risque d’attiser une certaine pitié qui l’obligerait à lui dire la même chose ? Pourquoi se posait-elle ces questions ? Pourquoi tant de pourquoi ? Pourquoi ne trouvait-elle aucune raison ? Pourquoi ne comprenait-elle rien à la situation ? Pourquoi avoir perdu le contrôle ? Pourquoi avoir cédé ce même contrôle à Finn ? Pourquoi lui faire tant confiance ? Pourquoi était-elle perdue ? Pourquoi avait-elle si peur du vide derrière elle ? Un gouffre sombre et effrayant. Mais un gouffre qu’elle avait déjà visité. Un gouffre qui retirait toute clairvoyance. Un gouffre qu’elle explora main dans la main avec Finn. Mais seule, elle avait peur. Tellement peur.

Risque ou pas, elle avait eu raison de le faire. Aucun risque que Finn mente, parce que dans cette position, elle pouvait aisément remarquer s’il le faisait. Sauf s’il était passé maître dans cet art. Son expression douce lui ôta les doutes qu’ils lui restèrent. Quoiqu’il s’apprête à dire, il allait dire la vérité. Lorsqu’il parla, Aiko laissa un sourire des plus sincères étirer ses lèvres. Oh, vraiment ? Elle aimait tout particulièrement le « beaucoup trop ». C’était réciproque, bien sûr. Et ce qui était mutuel était mignon. Bien qu’ici, Finn était mignon, tout court.
Et puis, elle se tut, parce qu’elle ne voulait plus parler, parce qu’elle voulait simplement plonger son regard dans celui de l’homme et profiter de l’instant. Profiter du silence. Parce qu’après tout, celui qui a dit que le silence était la plus mélodieuse des musiques n’avait pas eu tort. Finn fut celui qui rompit ce même silence. Avec une remarque qui ne manqua pas de faire rire Aiko qui, allez savoir pourquoi, jeta un coup d’œil à la cape la recouvrant. Oui, elle était un peu plus longue, mais bon, elle ne sentait pas vraiment la différence. Quoique si. Ce n’était pas la même odeur et elle avait l’impression qu’elle était plus adéquate. Ça ne veut un peu rien dire, n’est-ce pas ? Nulle importance. Elle ne répondit pas, lui décochant un sourire espiègle qui voulait tout dire ; elle lui renvoyait le compliment.

Censés. Oui, c’est vrai, elle a bien dit ça. Censés. C’est qu’ils étaient censés faire bien des choses, ces deux là. Lorsqu’il lui fit cette remarque, elle arbora un air qui se voulu sérieux, hochant la tête presque solennellement. Elle ne put s’empêcher de lui sourire, tirant la langue de cet air enfantin qui lui était propre. Et puis, il vint finalement lui entourer la taille lorsqu’elle alla se serrer contre lui. Aiko ferma les yeux. Elle était bien comme ça. Elle se sentait vraiment bien. Là encore, elle ne savait pas pourquoi. Et là encore, c’était différent de la dernière fois, car ils n’étaient nullement pressés par un désir grandissant en eux. Ils étaient juste là, à ne rien faire. Faux. Ils n’étaient pas en train de ne rien faire, ils étaient tranquilles. Et quelqu’un a un jour dit qu’il y avait un faussé entre ne rien faire et être tranquille. Il avait raison. Ce qui fait qu’en ce moment, Finn et Aiko sont tranquilles, en harmonie. À partager un ennui qui n’avait pas lieu d’exister, de toute façon. À partager simplement leur temps.
Ils restèrent comme ça un instant, dans le plus parfait des silences. Ce n’était pas plus mal. Et une nouvelle fois, ce fut au tour du brun de l’interrompre de sa voix. Voix qui n’était pas particulièrement mélodieuse, mais qui, aux oreilles d’Aiko, était entraînante. Car elle l’entraînait. Elle l’entraînait là où Finn voulait l’entraîner. Elle la manipulait. Elle faisait d’elle ce que bon lui semblait. Elle pliait la jeune femme aux désirs de son possesseur. Tout cela opérait sans même qu’elle ne s’en rende compte. Elle faisait preuve d’une ingénuité étonnante.
On. Elle aimait bien cette idée. De toute façon, s’ils profitaient de leur retrouvaille tout de suite, ils seraient tous deux plus ou moins préoccupés par cette mission. Alors oui, autant en finir rapidement. Un contractant illégal et son Chain. Non mais sérieusement, qu’est ce qu’ils leur prenaient à tous de vouloir changer leurs passés ? Et croire des Chains qui plus est ! En temps normal, Aiko s’en fichait et ce, royalement, mais là, ça empiétait le temps qu’elle allait passer avec Finn. Donc, ces fichus contractants illégaux, elle était vraiment en train de les maudire. Et celui qui allait glisser sous sa lame allait vite comprendre son tort.

Finn prit alors l’initiative d’aller de nouveau sceller leurs lèvres en un baiser, plus long, plus profond aussi. Baiser auquel Aiko répondit sans se faire prier, bien sûr. Et puis, ils furent bien obligés de se séparer. Comme toujours. La séparation était inévitable. Incontournable. Malheureusement. Mais heureusement aussi, car sans séparation, il n’y aurait pas de retrouvaille. Vous me diriez qu’on ne pense pas aux retrouvailles s’il n’y avait pas de séparation, je vous répondrai simplement que les retrouvailles sont toujours meilleurs que la dernière fois. Parce que plus nous attendons, plus nous espérons, plus nous avons l’impression que ce qui nous arrive est tout bonnement divin. Et il n’est pas rare que nous ayons raison.
Mission. Ce mot revint lui trotter dans la tête lorsque Finn glissa sa main dans son dos pour l’encapuchonner, allant en faire de même sur lui-même. Il lui saisit ensuite la main, l’entraînant à sa suite. Elle le suivait en silence, un sourire amusé aux lèvres, son autre main effleurant le fourreau de son épée. Elle avait vraiment hâte de s’en servir. Elle voulait s’exercer. Et verser du sang. On ne change pas une éducation de plus de dix ans en une poignée de jours. Et rien au monde ne peut changer un Baskerville. Aiko était une criminelle. Aiko aimait ça. Que quelqu’un la comprenne ou pas, elle s’en fichait. C’était sa nature. C’était elle. Soit on l’accepte, soit on ne l’accepte pas. Ni plus ni moins.
Lorsque Finn lui lança ce petit défi, elle se contenta de hocher la tête. Elle s’en fichait bien de la récompense, rien que l’idée de gagner excitait la jeune femme. La victoire. Oui, vraiment, c’était excellent. Une liqueur dont elle ne se passerait jamais. Une liqueur qui faisait planer plus efficacement que le vin. C’était exquis et une fois avoir l’avoir goûtée, on ne pouvait plus s’en passer.

La mission en elle-même ne fut pas très périlleuse. Mais pas très facile non plus. En même temps, si les hauts placés Baskerville avaient décidés qu’il fallait mettre deux personnes sur le coup, c’est que ça n’allait pas se faire en quelques minutes non plus. Pas facile, ça suffirait pour décrire ladite mission. Ils mirent un moment pour en finir, peut-être deux heures, si ce n’est un peu moins, un peu plus. En revanche, pour trouver les deux fauteurs de trouble, ce fut plutôt rapide. Peut-être que le contractant avait vraiment confiance en son Chain. En sa force toute nouvelle. Eh bien, Finn et Aiko avaient tous deux eu confiance en leurs lames.
Qui gagna le défi ? Les deux messieurs avaient été rapidement dans le champ de vision des deux faucheurs pourpres. Faucheurs pourpres qui remplirent leur contrat du jour à merveille, fauchant toute âme qui vive exceptant les leurs. Quoique. Ça avait quelque chose de particulièrement jouissif de voir Finn brandir son arme, l’enfonçant, la retirant, faisant couler du sang, parfois même le sien, par inadvertance, trop occupé à donner des coups pour pouvoir se défendre. Aiko aussi eut des blessures, au bout du compte. Elle avait l’habitude. Dire qu’elle ne craignait pas la douleur serait mentir, car qu’on le veuille ou pas, quand ça fait mal, ça fait mal. Et elle avait justement mal. Mais bon, rien de bien grave, alors elle ne se plaignait pas.

Dressé devant elle, le brun lui demanda si elle alla bien. Elle hocha positivement la tête en signe d’approbation. Blessé, elle l’était, c’était certain. Lui aussi l’était. Mais rien de bien méchant. Elle avait une entaille sur la joue, quelques égratignures un peu partout, des blessures au niveau des côtes et autres écorchures, sans nul doute. Son débardeur était en bien piteux état. Est-ce qu’ils pensaient qu’ils roulaient sur l’or, parce qu’entre nous, ce n’était pas le premier habit qui allait prendre la direction de la poubelle. Néanmoins, elle n’y prêta pas grande attention. En somme, affirmatif, elle allait bien. Après quoi, elle se recroquevilla, soufflant un grand coup avant de se redresser, amenant sa main à la joue du brun. Une main où le sang n’avait pas établi domicile, vous le pensez bien. Elle ne lui retournerait pas la question, préférant examiner elle-même. Entre temps, quelques paroles fusèrent.

« Je pense que j’ai gagné. »

C’est ça, oui. Alors qu’en vérité, ils avaient tous deux réellement gagné. Ou perdu. Étrangement, la dernière fois aussi, au bout du compte, ils furent à égalité. Eh bien, l’un d’eux finira bien par reprendre le dessus. Normalement.
Ses yeux passèrent sur son corps, l’inspectant de haut en bas. Ça va, lui aussi allait bien. Elle sourit faiblement avant d’aller retrouver ses lèvres, son autre main s’essuyant contre le tronc d’un arbre avant que le sang ne soit séché et donc, plus difficile à retirer – voire impossible si on ne frottait pas sous l’eau. Effectivement, les revoici dans cette vaste plaine où seuls quelques arbres ornaient la verdure par si verte que ça, voire même complètement morte par ce temps plutôt froid. L’adrénaline avait au moins le mérite d’avoir élevé la température du corps d’Aiko.

La main présente sur la joue de Finn glissa jusqu’à sa nuque, y appliquant une légère pression. Ce n’était pas un besoin urgent, juste un besoin. Le besoin d’être avec lui. Un peu plus que la dernière fois. Un peu moins que la prochaine. Juste pouvoir s’envoler. Pouvoir se défaire des liens la gardant sur Terre. Pouvoir être Libre. Libre avec lui. Même si elle pensait qu’on ne pouvait être libre si on était accompagné, si c’était avec Finn, alors elle le pouvait. Avec lui, elle pouvait tout faire. On pourrait presque dire que ça lui donnait des ailes. Quoique non, parce que le proverbe dit que c’est l’amour qui donne des ailes. Et là, ce n’était pas l’amour, mais Finn. Enfin, c’est ce que pensait la jeune femme.

Ses doigts glissèrent. Ses doigts ignorèrent le col de la chemise de Finn. Ses doigts froids s’aventurèrent sur son cou sans nulle hésitation, dansant sur la peau de l’homme. Son autre main vint s’activer à détacher le premier bouton de la chemise, car il dérangeait Aiko. Effectivement, elle ne pouvait même pas lui caresser le cou comme ça. Sauf que. C’est qu’elle aurait presque regretté d’avoir déboutonné le haut de l’habit du brun. Elle risqua un coup d’œil furtif à son terrain de jeu favori et fronça les sourcils en constatant une légère anomalie, rompant brusquement le baiser. Légère anomalie, certes, mais qui faisait mal. Qui faisait beaucoup trop mal. Elle ne chercha pas son regard, ne voulant pas y lire une quelconque interrogation. Parce que justement, ces interrogations, il y en avait beaucoup trop dans sa tête. Et si soudainement, ça la déstabilisa, l’obligeant à reculer d’un pas, bien qu’elle garda ses mains sur le cou de l’homme.

Imbécile. Avant que son esprit ne soit complètement envahi de bien trop de questions si vous voulez mon avis, seul ce mot résonnait dans sa tête. Imbécile. Oui mais qui ? Finn ou elle ? Plutôt elle. Après tout, qui s’était attachée ? Qui avait pris le risque de s’attacher à un Baskerville ? Pourtant, elle n’avait aucune excuse, étant elle-même descendante de cette famille maudite, elle savait que les siens étaient peu fiables. Et pourtant. Elle avait pensé que le brun était différent. Au moins un peu. Et cette différence l’avait attirée. L’avait bien trop attirée, justement. Cette différence l’avait rendue dépendante de cet homme. Je vous l’avoue, cette dernière réflexion, elle ne se la fit pas, car elle ne s’en rendait tout simplement pas compte. Mais la vérité était pourtant là. S’étant attachée à lui, étant devenue dépendante de lui, le fait qu’il lui mente, qu’il lui cache la vérité, qu’il feigne l’affection, tout cela la rendait folle. Totalement folle. Mais elle ne disait rien. Ne faisait rien. Étrangement, sur son visage ne régnait nul mépris. Juste de la moquerie. Elle riait intérieurement de sa naïveté. Et elle s’en voulait. Bien sûr, elle en voulait aussi à Finn. Mais à elle bien plus qu’à elle. Comment avait-elle pu être si sotte ? Si aveugle ? Si peu éveillée ? Comment ? Quand est-ce qu’il était devenu si important pour elle ? Ça datait depuis quand ? Ça allait durer combien de temps encore ? ça faisait mal. Ça lui faisait mal et elle ne savait pas comment penser cette blessure. Quand notre médicament le plus efficace s’avère être la cause de la douleur, que doit-on faire ? Que peut-on faire si ce n’est espérer et se laisser aller ? Abandonner. Ce n’était pourtant pas le genre d’Aiko. Elle ne voyait aucune autre solution. Y en avait-il seulement ? Oui, bien-sûr. Assumer. Garder la tête haute. Ne pas faiblir. On ne dit pas aïe lorsqu’on cause le mal. Et si elle avait été un tout petit peu plus méfiante, elle se serait doutée de quelque chose. Elle se serait méfiée, se serait avérée être plus suspicieuse. Au lieu de quoi, comme une idiote, elle ne remarque rien. Maintenant, assume. Assume et souffre. Comprends ton erreur. Repentis-toi en silence, esclave de la naïveté que tu es.

Elle releva les yeux vers lui, un sourire amer sur les lèvres. Un sourire qu’elle ne se serait jamais cru capable d’afficher en sa présence. Sa présence à lui. Lui qui avait hanté ses pensées. Lui avec qui elle avait tout bonnement perdu son temps. Mais ce sourire étira tout de même ses lèvres. Elle plongea son regard dans le sien et s’approcha de nouveau de lui, faisant tout de même en sorte de ne pas avoir son corps collé au sien. Dégoût ? Non, elle voulait juste se tenir le plus loin possible de celui qui la mettait dans pareil état. Pas trop loin quand même, car elle n’avait pas encore eu sa petite vengeance.
Elle fronça les sourcils, glissant son index sur ce qu’elle avait vu. Sur ce qu’il l’avait déstabilisé. Sur ce qui lui avait fait mal. Le bleu présent sur le cou de Finn. Le bleu qui ne pouvait être causé que par une femme, elle en était sûre et n’avait pas besoin d’une quelconque confirmation. Elle frôla cette partie là de son cou doucement, délicatement. Brusquement et brutalement, elle appuya dessus. Elle appuya fortement. Elle s’abstint d’y enfoncer son ongle, allez savoir pourquoi. Mais cela ne l’empêcha en rien d’appuyer son doigt sur le bleu aussi fort qu’elle le pouvait. Ce qu’elle espérait ? Le faire réagir. Lui faire comprendre. Lui faire mal ? Peut-être. Sûrement.
Et puis, elle ôta sa main et juste avant de reculer son visage, elle murmura quelques mots à l’intention du Baskerville.

« Pauvre imbécile. Quand je pense que je t’avais cru, Finn. »

Une voix glaciale. C’était le mot juste. Une voix glaciale et un ton froid. Pourtant, lorsqu’elle prononça son prénom, elle avait senti un je ne sais quoi coincé dans sa gorge. Ce qui fit qu’elle se contenta de le murmurer. Mais peu importait. Plus rien n’importait désormais. Elle voulait juste s’en aller. Au plus vite. Courir le plus loin possible avant de devenir folle. Et cela pourrait s’avérer dangereux. Autant pour Finn que pour elle. Bien qu’à vrai dire, elle n’y pensait même pas. Elle pensait à Finn. Seulement à Finn. Et à ce qu’il pourrait dire ou faire. Elle s’en fichait bien de savoir comment il allait réagir à cela. À cette insulte qui se fraya un chemin avant de pouvoir être retenue. L’aurait-elle seulement retenue ? Elle en doutait fortement. Paradoxalement, elle voulait aussi rester. Pour voir ce qu’il pourrait répondre. Pour voir s’il allait essayer de se justifier – alors qu’elle n’avait rien demandé de tel –, s’il allait jouer l’ignorant, l’innocent, ou s’il allait agir sous l’influence de la colère. S’il allait se montrer brutal. Ce ne serait pas plus mal. En fait, s’il ne secouait pas Aiko, d’une quelconque façon qui soit, elle allait continuer sur sa lancée. Autant l’arrêter avant que ce soit trop tard. Autant souffler sur l’étincelle pour qu’elle devienne flammes. Autant vite allumer le feu pour qu’il puisse s’éteindre. Autant mettre la jeune femme devant la réalité. Ne pas la traiter comme une enfant, mais comme l’adulte qu’elle était. Elle ne demandait pas la vérité, ne demandait rien en fait. Que voulait-elle ? Elle-même l’ignorer. Peut-être juste percer la bulle avant qu’elle ne devienne trop envahissante. Juste exclure les cachoteries, les mensonges. Juste subir la réaction de Finn. Quelle qu’elle soit. Après, s’il se montrait violent, elle ne pourrait même pas lui en vouloir. Mais il n’était pas comme ça. Quoiqu’après tout, qu’est-ce qu’elle connaissait de lui ? Peut-être qu’un tissu de mensonges. Et là voilà qui doute. Qui doute de tout.

Une nouvelle fois, elle recula, le regard plongé dans celui du brun. Elle voulait l’obliger à la fixer, l’obliger à parler pour pouvoir chercher une trace de mensonge. Le contraindre à ne plus penser qu’à elle, comme elle l’avait si bien fait la dernière fois. Sauf que c’était différent. Totalement. Elle voulait le capturer, pourtant, c’était elle qui était prisonnière de ses yeux verts. Elle qui perdait tout ses moyens. Elle qui cru qu’un homme pouvait être meilleur un autre. Elle la féministe qui s’était risqué à tenir à quelqu’un au point d’être déstabilisé rien qu’en cachant qu’il passa l’une de ses récentes nuits avec une autre. Elle la pauvre imbécile. Elle et pas lui. Elle et seulement elle.
Mais en reculant, elle n’avait pas seulement mit de la distance entre leurs corps. Aussi entre eux. Elle s’éloigna. S’éloigna de celui avec qui elle fusionna pourtant il y a de cela deux mois. Mais elle oubliait quelque chose. En présence de Finn, elle était toujours au bord d’une falaise. Et elle présentait son dos au vide, au néant, au chaos étendant son règne derrière elle. Alors maintenant qu’elle reculait, elle risquait fort de tomber. Et qui la rattraperait maintenant qu’il n’était plus là ? D’ailleurs, qui est ce qu’il lui disait qu’il n’était plus là ? Elle tirait des conclusions trop hâtives. Mais vous en connaissez beaucoup, vous, qui régissent calmement en voyant la trace du passage d’autres lèvres sur le cou de celui que vous considérez comme… Aiko butait encore sur le mot. Aiko était dépourvue de sa réflexion. Une nouvelle fois, Finn lui avait fait perdre toute lucidité. Sauf qu’aujourd’hui, elle était seule. Elle voulait être seule. Mais refuserait-elle une main tendue ? Avec son orgueil, il était fort possible que oui.

Des pourquoi. Encore des pourquoi. Toujours des pourquoi. Et nul parce que. Aucune justification valable. Aucune excuse crédible. Elle ne trouvait rien, ne réussissait même plus à trier ses craintes et ses songes de la vérité. Elle se perdait déjà plutôt bien sans Finn, mais avec lui en face d’elle, elle devenait incapable d’émettre la moindre hypothèse. N’empêche, avec tous ces pourquoi, seule une question ne cessait de remonter malgré tout la force que mettait Aiko pour la repousser. Pourquoi ça la dérangeait ? Qu’est ce qu’elle en avait à faire de n’être qu’une femme parmi d’autres ? Depuis quand ça la perturbait ? Toujours aucune réponse. Elle voulait être différente. Différente à ses yeux. Aussi différente que lui était différent pour elle. Mais peut-être en demandait-elle trop. Peut-être en demandait-elle trop d’une personne qui ne voulait, à priori, que s’amuser. Et quel était son tort, d’ailleurs ? Il n’était pas sien. Pas sien. À cette pensée, ses lèvres se pincèrent.
Son visage était dévasté par une incompréhension qu’elle ne tentait même pas de dissimuler. Quant à ses yeux, ils n’étaient pas lourds de reproches, seulement abrités par une question. Une seule et unique question. Une question qui, comme toutes les autres, ne possédait pas de réponse claire et facile à assimiler. Une question qui ne possédait même plus de réponse, maintenant. La question Mère. Celle qui donnait naissance à toutes les autres.
Qui es-tu, Finn ?
Revenir en haut Aller en bas
Finn Baskerville

Finn Baskerville
Chekeur chieur

Féminin Messages : 609
Age : 30
Personnages préférés : Break, Sharon, Jack, Gil, Elliot

Feuille de personnage
Nom & prénom: Finn Baskerville
Nom du Chain : Naaru Irwin
Groupes:


« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty4th Décembre 2012, 06:54

En même temps qu’il demande si sa camarade va bien, il vérifie lui-même. De ce qu’il peut voir du moins. Et à priori, ils sont plus ou moins dans le même état tous les deux, si on omet le fait que la jeune femme est bonne pour jeter son haut. Lui devrait s’en sortir avec du fil et une aiguille pour cette fois. Pour cette fois, parce qu’il y en a eu d’autres… La création d’un budget « vêtements » dans leur salaire ne serait pas une mauvaise idée. Malheureusement ce n’est pas quand on travaille au service des Baskerville qu’on peut se permettre de faire des réclamations sur le salaire. Voyons, ce n’est pas une entreprise aux employés – et aux supérieurs – normaux. Voilà peut-être l’un des seuls avantages de Pandora. Eux sont dans la légalité. Du moins la leur, puisqu’il est évident que les Baskerville ne sont pas du même avis. Leur but n’est d’ailleurs pas de faire du tort à l’organisation au fond – l’inverse n’étant pas vraie -, c’est juste elle qui se dresse sur leur chemin pour retrouver maître Glen. Et les obstacles sont à éliminer, ils ne cherchent pas plus loin. Alors au fond, oui ce sont bel et bien des criminels, peu importe leur justification. Seulement Pandora ne se fixe pas vraiment sur la bonne raison. Mais qu’importe. Aujourd’hui les Baskerville leur ont même rendu service en éliminant un contractant illégal et son Chain ! Et maintenant il reste toute la journée pour… Pour absolument aucune idée, en vrai. Et d’ailleurs Finn ne cherche pas à trouver quoi que ce soit à faire, il veut juste passer du temps avec Aiko. Du moins jusqu’à ce qu’elle en ait marre. La question du pourquoi il souhaite cela ne lui effleure même pas le cerveau alors qu’elle devrait. C’est vrai, pourquoi ? En général on ne souhaite passer du temps qu’avec les gens que l’on apprécie. Ce point est déjà avéré, le contractant apprécie – et apprécie même beaucoup – la jeune rousse. Il ne se le cache pas à lui-même et ne cherche d’ailleurs pas à le cacher à la jeune femme. Bien. Mais seulement il y a des nuances à distinguer dans cette volonté de passer du temps avec autrui. Il y a vouloir et vouloir. Vouloir comme dans savoir apprécier la présence de l’autre sur une sortie de temps à autre, tout en sachant qu’il y aura séparation mais ne pas la redouter spécialement. Il y a vouloir comme dans par exemple avoir plein de choses à raconter à un ami proche de longue date, et pour cela souhaiter le voir afin de tout dire de vive voix. Et puis il y a l’envie de passer du temps avec quelqu’un juste pour passer du temps avec. L’envie qui ne s’explique pas. Ni par un statut relationnel, ni par un but quelconque. Certes ce dernier cas peut aussi s’appliquer à certaines situations relationnelles. Une en particulier en fait, mais comme elle n’est pas applicable ici il ne sert à rien de la considérer. Ce que ressent le jeune brun se trouve donc dans le dernier cas, exception mise à part. Il ne pourrait pas, même en le souhaitant très fort, justifier. C’est un ressenti qui ne dépend pas de lui. Comme en réalité la plupart des ressentis, on ne choisit pas. Seulement certains s’expliquent par ce qui les déclenchent tandis que d’autres, même avec le déclencheur sous le nez – ici, c’est bel et bien Aiko -, ne s’expliquent pas. Ce qui ne le dérange pas tant que l’envie est partagée. Si elle ne l’était pas… Ouch, si elle ne l’était pas. Impossible de dire qu’il s’en serait rendu compte avant et aurait pu y remédier. Parce qu’après tout, « avant » remonte à il y a deux mois. Ils avaient alors tous les deux envie de passer du temps avec l’autre, mais peut-être que les circonstances qui jouaient alors étaient les seules responsables de cette envie. Même si elle n’était pas habituelle, en tout cas pour Finn. Et, si la situation particulière avait été seule coupable, il n’aurait pu s’en rendre compte qu’aujourd’hui. A la seconde rencontre. Ça aurait fait mal. Ça se serait ajouté aux questions auxquelles il pensait encore le matin même et qui actuellement ne sont que dans un coin lointain de son cerveau, complètement endormies. Mais oui, ça aurait fait mal, il faut le reconnaître. A quel point, aucune idée et certainement pas envie de le découvrir. La situation actuelle est bien mieux, même si elle avance vers des terrains qui lui sont complètement inconnus. Au moins, il ne semble pas avancer seul pour le moment.

Il ne s’en rend pas vraiment compte, mais la Baskerville a en réalité une sacré emprise sur lui. C’est vrai, elle a réussi à le perturber sans même être présente. A chambouler pas mal des habitudes qui s’étaient jusque-là bien ancrées en lui. Certes si on comptait, il n’y en a pas tant que cela. Néanmoins elle est venue mettre un coup dans certaines de celles qu’il ne pensait pas voir bouger de sitôt. Qui n’avaient en fait jamais bougé depuis leur installation. Et puis si on se penchait un peu plus avant sur l’analyse, on pourrait aussi noter que son expression s’adoucit plus facilement quand il s’adresse à elle. Rien de si affolant que cela, après tout elle s’adoucit aussi devant Fuyu par exemple. Pas pour les mêmes raisons, ni avec les mêmes sentiments derrière pourtant. Et ce qu’il ressent pour sa petite sœur est clair et défini, du moins en grande partie, il le sait. Ce n’est pas du tout la même chose qu’il ressent envers Aiko. Loin de là.
A un moment ou à un autre, il faudra qu’il comprenne que continuellement tenter de définir par comparaison ne marchera pas. Puisque c’est inconnu et non comparable à tout ce qui a bien pu être vécu avant du haut de ses vingt ans.

Revenons-en au moment présent. La jeune femme amène une main sur la joue du contractant qui lui sourit en retour.

- Je pense que j’ai gagné.

Son sourire s’agrandit. Oui mais non, ils les ont trouvés en même temps. Vu la discrétion dont faisait preuve le défunt duo, il aurait en fait presque fallu un gage pour celui qui ne les trouvait pas. Et puis elle vient clamer ses lèvres après une inspection de son état où elle n’a visiblement rien trouvé à redire. Tant mieux pour eux. Lui se permet de l’entourer délicatement de ses bras, afin de ne pas réveiller une des blessures toutes fraiches, et de l’attirer plus proche. Juste pour profiter d’une étreinte. Encore quelque chose qui lui avait manqué. Aiko toute entière, sa personnalité aussi bien que ses étreintes ou ses baisers. Une fois de plus, il ne s’en était pas rendu compte plus tôt. Pourtant les on-dit veulent que l’on ne remarque le manque dû à l’absence de quelqu’un qu’une fois que cette personne n’est plus là. Il le saura pour la fois d’après. Bien entendu ce genre de pensées ne le touche qu’à peine actuellement, bien plus occupé ailleurs à embrasser ces lèvres qu’il pourra bientôt avoir la prétention de plutôt bien connaître si l’accès ne lui en est pas retiré. Même si le terrain finit par être connu, ce n’est pas lui qui s’en lassera.

Les mains de la jeune femme viennent se promener sur son cou et un coin de son esprit trouve étrange que le col de sa chemise se dresse en travers de leur chemin, lui qui n’a pas pour habitude de le boutonner très haut. Sans pour autant flirter avec l’indécence. L’homme repousse cependant la pensée parasite, parce qu’au fond quelle importance qu’il ait ou non boutonné plus haut le matin-même ?
Mémoire de poisson rouge.

Le baiser est rompu abruptement par Aiko, surprenant tellement le brun que ses bras ne la retiennent même pas quand elle recule. Mais… ? Pourquoi est-ce qu’elle fronce les sourcils ainsi en regardant … Son cou il dirait. Se serait-il blessé là sans le savoir ? Allons, hypothèse stupide. Voyons Finn, tu n’as réellement aucune idée de ce sur quoi ses yeux ont pu se poser ?
Eh bien non. L’interrogation est clairement visible sur son visage, et s’il ne s’inquiète pas encore cela ne saurait tarder vu comme l’expression de la jeune femme change. Alors il risque un :

- Aiko… ?

Quand il voit qu’elle ne semble décidément pas bouger. Pire encore son expression semble passer à la moquerie, rendant Finn encore plus confus si c’est possible. Pourtant il n’ose pas bouger, ayant distinctement l’impression que quelque chose de gros se produit juste sous son nez, qu’il n’y est pas étranger, et que pourtant il n’y comprend rien. Pour sa défense on pourra juste objecter que la réaction de la Baskerville est soudaine. Vraiment soudaine. Après évidemment s’il se rappelait un peu mieux de ce qui se trouve dans son cou, lui qui clamait il y a deux heures que la jeune femme lui a « beaucoup trop » manqué, forcément… Forcément la réaction d’Aiko deviendrait soudain parfaitement compréhensible. Pas forcément excusable – encore que cela dépend tout à fait du point de vue – mais compréhensible. Quels idiots font cela ? Réponse : les coureurs de jupons. Pour rester poli.
Après dans le cas présent, le fin mot de l’histoire n’est pas vraiment là. Néanmoins, puisqu’elle ne peut pas s’en douter, on ne peut tenir rigueur à la Baskerville d’avoir suivi le raisonnement qui vient d’être tenu. Le tout avec les circonstances qui s’appliquent à leur relation.
Bien sûr, le contractant ne pense pas du tout à tout cela. Pas encore du moins.

Quand elle relève son regard vers lui, le sien s’est teinté d’inquiétude en plus de l’incompréhension. Réellement, qu’il est lent quand il s’y met. Et puis elle s’approche à nouveau de lui, sans que cela ne fasse rien pour le rassurer, bien au contraire. Un index glisse sur son cou – la source du problème à priori. Il ne comprend que lorsque cette zone particulière est touchée avec insistance, tous les évènements d’il y a trois nuits – et les questions qui en profitent vicieusement aussi – lui revenant en mémoire.
Oh oh.
Mais il n’a pas le temps d’ouvrir la bouche – pour dire quoi ? Serait-il réellement près à tout déballer ? – qu’il doit serrer les dents sous la douleur. Appuyer sur un bleu, ça fait mal. Appuyer dans le cou, ça fait mal. Alors appuyer sur un bleu dans le cou, ça fait assez mal en effet. Maintenant, il a compris. Clairement compris ce qu’elle a vu. Et il ne comprend qu’à moitié sa réaction. Oui, immédiatement il saisit qu’elle puisse le prendre pour un sacré menteur, juste un type qui cherche à s’amuser. En revanche, ce qu’il comprend moins, c’est pourquoi ce genre de réaction ?
Pauvre enfant qui ne pense pas une seule seconde que si les rôles avaient été inversés, il n’aurait pas mieux réagit. Mais ça non plus il ne s’en est toujours pas rendu compte. La pression cesse, mais il reste encore un peu sur ses gardes. Sait-on jamais.

- Pauvre imbécile. Quand je pense que je t’avais cru, Finn.

Ça, ça fait mal. Ça fait mal parce qu’il ne lui a jamais menti, et que cette remarque est juste la preuve que… Que quoi Finn ? Ah. Si il refuse de se l’avouer, ils risquent de se retrouver tous deux dans une impasse. Néanmoins le ton et la remarque blessent. Le sous-entendu est clair, elle ne croit plus aucune des choses qu’il a pu dire. Peut-être qu’elle se pense utilisée. Peut-être qu’elle regrette. Dur aussi ça. Peut-être que… Peut-être… Pourquoi tant d’interrogations ? Ne sont-ils pas censés être juste amis, Aiko n’est-elle juste pas en train de faire une montagne de quelque chose sur lequel elle n’a normalement pas d’emprise ? Pourtant, son avis blesse. Pourtant, son avis compte. Pourtant, même s’il n’en avait pas conscience, quelque part si. Elle avait de l’emprise ces derniers mois. Il ne l’a juste pas vu. Et pourtant, il n’est pas vraiment prêt à l’admettre. Au bord du gouffre, est-ce qu’il serait prêt à y descendre ? Pas sûr. Mais il doit dire quelque chose à Aiko. Se justifier, lui renvoyer la balle, n’importe quoi mais impossible de laisser la situation ainsi. Surtout quand elle commence à mettre de la distance entre eux. Quelque chose en lui refuse cela. Catégoriquement. Et pourtant…

- Je ne vois pas de contradiction avec tout ce que j’ai pu te dire.

Son ton est neutre. Il ne cherche pas à blesser la jeune femme – quoiqu’avec son choix de mots il y a des chances qu’il échoue -, il n’arrive pas à s’amener à dire ce qu’il s’est vraiment passé. Parce qu’il a d mal à se l’avouer, et puis qu’est-ce qui prouve qu’elle ne s’en resservira pas contre lui ? S’il avoue, elle se retrouvera en possession de toutes les armes et lui d’aucune. Parce que si la réaction de la jeune femme révèle en effet qu’elle ressent des choses – cela ne dit pas quoi, mais il y en a forcément -, la vérité amènerait d’autres choses sur le devant de la scène. Des choses qui font peur à l’homme.

- Je ne t’ai jamais menti, Aiko.

Sa phrase n’est pas fausse. Il n’a jamais menti, n’a jamais rien promis non plus. C’est jouer sur les mots, jouer sur les faits alors qu’il sait plus ou moins pourquoi elle s’énerve. Plus ou moins bien sûr, une partie de la réaction lui paraissant presque disproportionnée.
Peut-être aussi qu’en réalité il refuse juste de voir la vérité en face.
Enfonce-toi, enfonce-toi. Il veut la retenir, sait très bien que dire ce qu’il s’est réellement passé pourrait, à défaut d’arranger réellement son cas, au moins permettre à la jeune femme de revoir son jugement, mais n’arrive pas à la sortir, cette vérité. Si cela effrayait aussi Aiko ? Après tout c’est possible. Même si ce dernier argument n’est qu’un leurre pour tenter de le justifier. Au fond il a juste peur. Et ses phrases maladroites semblent rejeter la faute sur la jeune rousse sans que cela ne soit réellement son intention.

La faute. Mais quelle faute ? Sur quoi sont-ils réellement en train de se tenir tête ? Un instant ils sont l’un dans les bras de l’autre, le suivant en train de se blesser. Et, têtus comme des ânes, chacun se renferme dans son coin. Faire un pas hors de la coquille, c’est s’exposer à des tirs immédiats. D’hypothétiques tirs immédiats, en réalité. Craignent-ils réellement chacun la réaction de l’autre ? Rien n’est moins sûr. Car cela reviendrai quelque part à dire qu’ils ne se font pas confiance. Bon, si dans l’instant l’avis d’Aiko sur Finn est en effet entre deux eaux, celui du contractant sur la jeune femme n’a pas changé et n’a pour le moment aucune raison de le faire. Alors que craint-il ? Un retour de bâton pour la situation actuelle dont il est coupable sans l’être ? Ce serait voiler la vérité. Bien que cette vérité, il n’en a pour autant aucune idée. Quelque chose le retient, de là à être capable de dire quoi… Il le savait qu’il ne fallait pas s’attacher. Trop tard. Certaines personnes arrivent avec une facilité complètement déconcertante à se faire une place comme ça l’air de rien. Le tournant qu’a pu prendre leur relation il y a deux mois n’est pas le seul coupable. Il l’appréciait déjà avant. Sans même la connaître tant que cela. Il y a juste cette étrange impression qu’il peut se comporter comme il veut quand c’est avec elle et ce depuis le début. Il n’est pas question ici de faire n’importe quoi, mais juste d’agir comme ça vient. Quelque chose qu’il fait déjà tout le temps, certes. Mais ici sans peser le pour et le contre, juste se jeter à l’eau. Comme il y a deux mois. Comme il a si souvent eu l’impression qu’elle faisait aussi, qu’elle ne cherchait pas à se contrôler particulièrement. Ceci explique aussi pourquoi il a baissé sa garde au point de ne se rendre compte de rien. Déjà qu’il n’est pas spécialement une lumière en temps normal.
Et puis pour ce qui est de la connaître, il est sûr qu’elle ne doit pas déballer son histoire au premier venu. Il faut probablement le mériter. Alors ne pas en savoir grand-chose à part le passé commun à tous les Baskerville ne signifie pas tant que cela au fond. Elle non plus ne sait presque rien de lui, et est-ce que cela importante tant ? Non. Du moins pas à son sens. Si la Baskerville veut savoir, elle n’a qu’à demander. Il n’a strictement rien à cacher à une personne du même clan.

Actuellement cependant, ce genre de sujet ne sert à rien. Elle ne veut probablement plus rien entendre venant de lui. Qu’est-ce qu’elle ferait de la vérité sur il y a trois jours ? Est-ce qu’il la lui doit en premier lieu ? Des questions, toujours des questions pour tenter de justifier ce qui ne peut pas être justifié. Assume ou ne le fais pas et tais toi, tu en subiras les conséquences. Enfin s’il parle, il en subira aussi les conséquences. Son hésitation est telle qu’elle doit tout à fait se lire sur son visage et qu’il a repris ce tic nerveux qui lui est propre et qui consiste à triturer inconsciemment le bord d’un vêtement qu’il porte sur lui. Ici, c’est sa cape – ou plutôt celle d’Aiko – qui en fait les frais. Son impulsivité remisée au placard au profit de cette crainte tenace. Tu sautes ou tu sautes pas ?

- Ce n’est pas ce que tu crois en plus, c’est…

Sa bouche se ferme. Et donc c’est quoi ? Nulles. Ses trois dernières répliques sont nulles. L’éloignement lui fait mal, les questions tonnent dans sa tête et lui ne sait plus où il se trouve. Il devrait lui dire de laisser tomber, de se détourner, de mettre un grand coup dans leur construction encore fragile et de la détruire. Que ça fasse mal, qu’ils se souviennent tous les deux et ne recommencent pas, jamais. Impossible de s’y résoudre. C’est terriblement égoïste, il est en train de la blesser même sans l’avoir voulu. Il voudrait s’excuser, mais s’excuser de quoi ? Assez pitoyable. Et toujours chercher à justifier alors que : pourquoi ? Pourquoi s’énerver dessus, pourquoi se sentir trahie par une promesse qui n’a jamais été faite, pourquoi se sentir traître d’une promesse qui n’a jamais été faite, pourquoi chercher à justifier que la « trahison » n’en est pas une ? Pourquoi, bon sang, se comporter comme si l’un appartenait à l’autre et vice versa.
Il semblerait que quelque chose vienne d’être touché du doigt.
Elle qui agit comme s’il lui appartenait. Lui qui tente de se persuader qu’il n’est à personne. Tout en sachant que ses arguments s’effritent et tentant néanmoins de se prouver le contraire. Et elle, est-ce qu’elle pourrait être à lui ?

- Je ne t’appartiens pas.

Du moins j’essaie de m’en convaincre, qu’il aurait pu, aurait ajouter. Sa phrase et son ton ne sont pas très convaincants, malgré le fait qu’il ait soutenu le regard en face de lui, comme s’il n’en était pas sûr lui-même. Ce qui est tout à fait le cas.
Revenir en haut Aller en bas
http://kwanitadena.forumactif.org/
Anonymous

Invité



« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty6th Décembre 2012, 01:00

La jalousie est un mauvais défaut, dit-on. Pourtant, la jalousie n’est pas un défaut. Les défauts, certains l’ont, d’autres y ont échappés. L’impatience par exemple, c’est un défaut. Parce que quelques personnes – rares en notre temps, je vous l’accorde – sont patientes. En revanche, la jalousie, c’est simplement un adjectif pouvant qualifier tout le monde. Nous ne sommes pas jaloux à tout moment de la journée, à tout instant de notre vie, mais parfois, à cause de quelqu’un, de ce que l’on a vu ou entendu, on devient jaloux. Mais qu’est-ce que la jalousie, si on décide de se pencher un peu plus sur la question ? Seulement un sentiment passager ? En fait, étrangement, ça aide. Ça aide beaucoup de relations à aboutir sur quelque chose de concret et beaucoup de personnes à comprendre. Bien que premièrement, ils sont surtout plongés dans un gouffre sombre où l’incompréhension a étendu son règne. On est jaloux car on veut cette chose, car on veut être à la place de ce quelqu’un pour je ne sais quelles raisons. On est jaloux parce qu’on est humains. Parce qu’on veut être les meilleurs. Parce qu’on veut progresser. Parce qu’on aime. Effectivement, nous allons parler d’une jalousie spécifiquement, car les autres formes de ce sentiment tout à fait normal ne font point partie de notre sujet. Nous allons parler de la jalousie d’une femme. Nous allons parler de la jalousie d’une femme envers un homme qui n’est censé être que son... Ami. Disons-le ainsi, au fil des idées, nous verrons bien si cela doit être changé. Un jour, ils se sont rencontrés. Ils se sont tout de suite appréciés, parce qu’ils avaient quelques points communs. Et puis voilà, parfois, ils discutaient, parfois, ils riaient, ils se taquinaient. Et un jour, ils se sont lancé un défi de bien plus grande envergure. Ils se sont embrassés. Ils se sont caressés. Ils se sont enflammés, telle la braise. Ils se sont emportés. Ils ont joué. Ils ont jouit. Tels deux adultes consentants. Au début, ça ne trotta pas vraiment dans l’esprit de la jeune femme. Après tout, ce n’était pas le premier. Ce dont elle était bien loin de se douter, c’était que ça allait être le dernier. Cessons de jouer sur les mots, nous parlons bien sûr d’Aiko et de Finn. La jeune rousse, depuis la dernière fois, était allée, comme à son habitude, dans quelques bars. Vraiment, elle avait tenté de noyer son regard dans celui d’un autre, avait tenté de trouver cette malice faisant briller le regard du Baskerville. Mais rien n’y fit. Et puis, voulant tenter autre chose, elle se dit qu’elle pourrait trouver quelqu’un qui ne lui ressemblait pas du tout. Chercher quelqu’un de totalement différent. Le problème, c’est que c’était impossible. Lassiez-moi vous expliquer. Quelqu’un de violent ? Elle ne s’abaisserait jamais à cela. Quelqu’un de blond ? Elle n’en avait que trop peu faire du physique. Quelqu’un de drôle ? Finn l’était. Quelqu’un de sérieux, dans ce cas ? Il l’était aussi. Quelqu’un de souriant ? Il l’était. Quelqu’un d’affectionné, de doux ? Encore une fois, ça le caractérisait. À vrai dire, aux yeux d’Aiko, il était tout. Tout et rien. Trop de choses. Trop peu de choses. Malgré ses dix-huit ans et un passage à l’Abyss, elle n’avait guère accumulé assez d’expérience pour savoir ce qu’elle ressentait pour lui. Non, ce n’était pas un ami. Elle avait des amis, plus jeunes, plus âgés. Et ses amis, elle ne leur offrait pas son corps. Ses amis pouvaient toujours compter sur elle s’ils désiraient des conseils pour approcher une femme. Et même si ce n’était que pour un plan d’un soir, elle serait prête à les aider, car elle-même cédait souvent à ce désir charnel. Ça ne la dérangeait pas des les imaginer dans les bras d’une femme se déversant tantôt de bonté, tantôt de malveillance. En fait, elle ne les imaginait même pas. Elle s’en fichait tout bonnement. Alors il était plus que certain qu’en voyant un bleu sur leurs cous, elle rirait face à cela et les taquinerait en demandant tous les détails. Mais pas Finn. Finn, elle ne l’aimait pas comme un ami. Finn avait réussi à ôter son sourire aussi rapidement qu’il avait réussi à le faire apparaître sur son visage. Finn avait une emprise monstre sur elle. Finn possédait un pouvoir. Un pouvoir dangereux. Finn pouvait faire d’elle ce que bon lui semblait. Finn tenait dans sa main bien plus que le cœur d’Aiko. Il la tenait elle toute entière. Et Finn suscitait en elle un désir sans pareille. Mais pas seulement un désir physique. Un désir, tout court. Finn, elle... Elle le quoi, hein ? Pourquoi ne réussissait-elle pas à mettre un mot là-dessus ? Le pire, c’est qu’elle était certaine de savoir. De connaître ce satané mot. En fait, au fond, elle le savait. Elle savait ce qu’elle ressentait pour lui. Mais elle ne pouvait pas se l’avouer. Elle avait trop peur. Parce que Finn faisait naître en elle une jalousie dévastatrice. Parce que Finn la possédait. Parce que Finn ne l’avait pas seulement possédée temporairement, l’autre jour. Depuis ce même jour, il avait toujours une nette emprise sur elle. Il la possédait et c’était dangereux pour elle. Le problème, c’est qu’elle n’en était pas sûre. Et en plus, ça la déstabilisait. Être possédée par un homme ? Elle ? Ça ne collait pas. Mais en fait, si Finn était plus sûr de lui-même, s’il avait seulement conscience de ce qu’il pouvait lui faire – de bien comme de mal – elle pourrait peut-être l’accepter. Mais comment répondre à de l’hésitation si ce n’est par de l’hésitation ? Elle voudrait bien le savoir. Elle voudrait bien savoir comment faire. Elle voudrait bien savoir comment s’y prendre pour pouvoir cesser de se poser des questions et simplement agir. Comment s’y prendre pour se retrouver dans ses bras, parce que déjà, il lui manquait.
Pouvait-il seulement comprendre ? Non, impossible. Personne ne pouvait la comprendre. On ne pouvait que prétendre cela. Rien de plus. Il était tout bonnement incapable de se mettre à sa place. Comment le pourrait-il ? Il n’avait pas eu son éducation. Ne savait pas qu’elle n’avait pas le temps de se prêter à des enfantillages et des histoires de cœurs. Ne savait pas qu’elle devait se donner corps et âme à sa tâche de Baskerville. Ne savait pas que ce qu’elle qualifiait d’enfantillages n’en étaient point à ses yeux. Ne savait rien, au fond.

Et puis, elle s’en voulait. Elle s’en voulait terriblement. Elle n’aurait jamais dû lui parler ainsi. En fait, avoir ainsi enfoncé son doigt dans son cou lui laissait la mémoire tranquille, car elle savait pertinemment qu’il venait d’encaisser bien pire avec le Chain et son contractant. Même si venant d’elle, peut-être que la douleur a été multipliée. Parce que oui, étrangement, elle avait l’impression qu’elle comptait pour lui. Malgré ce bleu sur lui, malgré le marque de passage d’une autre femme sur son corps – rien qu’à cette idée, elle frémissait de jalousie –, elle ne cessait de croire qu’elle avait agi abusivement et que c’était faux, il ne lui avait nullement menti. Il sembla réellement sincère lorsqu’il dit qu’elle lui avait manquée. Pourquoi aurait-il menti de toute façon ? Le seul problème, disons-le tout de suite, était le fait qu’il ait ajouté le « trop manqué ». C’était faux. Ça ne pouvait qu’être faux. Quoique peut-être pas. Mais ça, c’était la voix du sage qui résonnait dans la tête d’une femme jalouse. Et une femme jalouse n’est plus réellement consciente. Une femme jalouse ne peut pas facilement être arrêtée. Une femme jalouse ne veut qu’une chose et c’est la vérité. Mais la vérité peut tout autant la calmer que la déchaîner. Ne voyez-vous aucun hic ? Il y en avait bel et bien un. Aiko désirait savoir la vérité, mais la vérité sur quoi exactement ? Savoir ce qu’il a fait ? Elle le devinait et ce, que trop bien. Savoir quand ? Elle pouvait approximativement le savoir en regardant le bleu. Mais elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas revoir le bleu de toute façon, alors ça tombait bien. Alors quoi ? Les raisons qui l’avaient poussé à faire cela ? Mais bon sang, il avait toutes les raisons du monde ! Ça faisait deux mois, comment avait-elle pu croire qu’il serait resté sage ? En réalité, elle n’y pensa même pas, ça semblait évident. Il semblerait que non. Et d’ailleurs et plus que tout, pourquoi devrait-il se priver de volupté et de sensualité ? Il ne lui devait rien. Pas même ces fameuses raisons. Il n’avait pas à lui dire quoique ce soit. Ça ne la concernait pas. Il ne lui avait rien promis. Même si au fond, elle avait espéré que son regard eut parlé pour elle. Avouons-le, l’autre jour, elle ne se rendit nullement compte de cette promesse qu’elle voulait lui faire dire, mais maintenant qu’elle se remémorait chaque moment, chaque sensation, elle savait que son regard avait voulu faire passer ce massage. Elle avait échoué, c’était évident. Elle l’aurait compris plutôt, elle l’aurait formulé de vive voix. Mais non. Elle ne l’avait pas fait.
Comment osait-elle blâmer Finn ?

Le fait qu’il lui ait menti n’était qu’une excuse. Qu’une façon de formuler sa jalousie. Ça n’aurait pas été ça, elle aurait sûrement trouvé autre chose. Mais là, elle n’y pensait pas. Pas du tout. Elle avait autre chose à faire. Elle devait essayer de se contrôler. De se calmer. Et de ne pas céder, car maintenant qu’elle avait mis le feu à la poudre, il n’allait pas falloir l’éteindre. Pas déjà.
Pourquoi est-ce qu’il avait prononcé son prénom déjà ? Elle tentait de fuir son regard, alors pas la peine qu’il parle. Pourtant, il le fit. C’était trop tard, Finn. Le mal était fait. Depuis quelques jours qui plus est. Trop tard oui, parce qu’elle s’éloignait déjà. Parce qu’elle craignait déjà la vérité. Parce qu’elle le craignait, lui. Parce qu’elle n’avait pas peur de lui, mais peur de sa réaction, au fond. Il allait dire quoi quand elle allait aller au terme de son geste ? De ses mots ? Mots blessants, elle le savait. Pourquoi les lui avait-elle dis dans ce cas ? Pourquoi avait-elle été si égoïste ? Pourquoi est-ce qu’elle voulait courir loin, non pas pour fuir le regard inquiet et neutre – une neutralité terrifiante, je vous l’expliquerai plus tard – de Finn, mais seulement et uniquement pour oublier qu’elle venait de le blesser. Qu’elle venait de lui faire mal et que ça se voyait. En le blessant, elle-même souffrait. Alors quoi, elle voulait s’atteindre en lui faisant mal à lui ? Pas moyen, elle n’aurait jamais choisi sa petite personne à Finn. Même si on parle ici de se faire du mal, elle ne se serait pas servi du brun pour atteindre ses fins. De toute façon, elle n’était pas masochiste. Qu’importait. Reparlons plutôt de la neutralité ayant teinté son regard. Finn aurait pu s’énerver. Non. Finn aurait s’énerver. Alors pourquoi était-il neutre ? Que couvait-il ? Terrifiant. Le mot était juste. Et ce regard faisait plus mal que tous les mots qu’il pouvait lui dire. Mais ça, il l’ignorait, n’est-ce pas ? Se posait-il seulement une quelconque question, lui ? Ou alors, était-elle la seule à se torturer l’esprit ? Elle n’avait aucun moyen de le savoir. C’est à peine si elle le croyait encore.

Faux. Totalement faux. Aiko croyait Finn. Aiko avait toujours cru Finn. Aiko ne cesserait pas de croire Finn. De croire en Finn. Aiko avait beau prétendre ce qu’elle voulait, c’était elle qui mentait. Le brun ne s’en rendait pas compte et c’était tant mieux pour la jeune femme. Il ne manquerait plus qu’elle lui dispose sur un plateau d’or des armes qu’il pourrait aisément utiliser contre elle. Et pourtant. Pourtant. Pourtant, Finn n’avait pas besoin de ça pour faire mal à Aiko. Il n’avait nullement eu besoin de cela pour la blesser. Effectivement, dès qu’il ouvrit la bouche, elle sentit que la répartie allait être dure. Même si les mots avaient été relativement simples. De toute façon, tout ce qu’il pouvait dire ferait mal. Dans pareille situation, il ne pouvait en être autrement, aussi simple que cela. Lorsqu’il eut fini sa première phrase, le regard de la rousse se durcit. S’il savait. S’il savait tout ce qu’il venait d’éveiller en elle. Pas de contradiction ? Vraiment ? Encore un mot et elle ne regretterait même plus l’insulte qu’elle venait de lui lancer. D’ailleurs, avait-il était affecté par cela ? Allez savoir. Et puis, qu’avait-il compris ? Elle espérait qu’il ne pensait pas qu’elle regrettait ce qu’ils avaient fait la dernière fois, car elle était tout bonnement dans l’incapacité de regretter. Comment pourrait-elle ? Pour cela ? Simplement ? Pourtant, son visage laissait croire que ce « cela » était plus que suffisant pour qu’elle l’abandonne, le laissant planter là. En était-elle capable ? En suis-je capable ? Elle se posait tout juste la question lorsqu’il reprit la parole.
Trois erreurs.
Premièrement, il répétait la même chose. Il disait ne pas avoir menti. Il affirmait et affirmait encore une nouvelle fois, enfonçant et remuant le couteau dans al plaie. Et puis, toujours ce même ton dénué de toute émotion. Ce même temps utilisé était la seconde erreur. Pourquoi ne laissait-il pas sa colère transparaître ? Si toutefois c’était de la colère et non pas de la moquerie. Il n’avait pas le droit d’en vouloir à Aiko. Elle, elle pouvait s’en vouloir. Mais lui, il n’avait pas le droit. Elle pouvait penser ce que bon lui semblait tant qu’il ne décidait pas de la diriger sur la bonne voie, de l’éclairer un peu plus. Tout ce qu’il avait le droit de faire, c’était d’être interloqué face à cette soudaine réaction. Il n’avait pas même le droit de lui en vouloir de croire qu’il puisse cacher de l’amusement. S’il ne faisait rien pour laisser ses émotions parler, elle n’était pas devin, elle n’allait pas claquer des doigts pour s’enfoncer dans son esprit. Troisièmement et l’erreur la plus grave fut de prononcer son prénom. Il pouvait ; il n’aurait simplement pas dû. Comment se permettait-il de la regarder dans les yeux, de prétendre ne pas avoir menti et d’en plus prononcer son prénom ? Il savait. Il savait que ça l’affectait. Il savait qu’elle avait mal. Il devait savoir. Il devait savoir que prononcer son prénom la faisait céder. Et il n’avait pas le droit. Pas le droit de tenter de la déstabiliser. Pas le droit, Finn, tu en faisais déjà assez comme ça…

Ça partit naturellement, soudainement, abruptement. La main d’Aiko était encore en suspens alors que son regard se laissait voiler par de l’amertume. Le but de cette gifle ? Lui faire comprendre son erreur. Le remettre à sa place. Lui refroidir la tête. Lui insérer l’idée qu’il avait intérêt à ne pas dire de bêtises s’il ne voulait pas se prendre d’autres coups. La jeune rousse ne s’en voulait pas. Pas encore du moins. Pour l’instant, tout ce à quoi elle pensait, c’était aux mots qui lui brûlaient la langue coincés dans sa gorge, mais qui n’allaient pas tarder à sortir.

« Quoi, tu vas me dire que je t’ai tellement manqué qu’il a fallu te perdre en une autre pour me faire sortir de ta tête ? »

Sa voix était dure et elle avait nettement élevé le ton. En fait, elle avait presque crié. Pourtant, s’il avait fait intention, il remarquerait que ce n’est pas la colère qui faisait vibrer sa voix. Simplement la douleur.
Qu’il comprenne, désormais. Qu’il comprenne que le « trop manqué », il aurait simplement dû s’abstenir de le dire. Qu’il comprenne qu’elle lui en voulait et pas qu’un peu pour avoir prétendu cela alors qu’il ne s’était pas gêné à aller, comme elle le dit si bien, se perdre en une autre. Même si elle parla promptement et de façon irritée, elle avait bien choisi ses mots. D’ailleurs, elle avait aussi accentué le « tellement » pour lui mettre dans la tête que le problème était là. Alors qu’une fois encore, mensonge. Ramassis de mensonges. Faux. Faux. Elle mentait. Comment le blâmer alors qu’elle-même ne cessait de mentir ? Non, ce n’était pas ça qu’il la dérangeait. Juste le fait qu’il s’en soit allé vers une autre. Là était la réelle source du problème. Elle était jalouse. Aiko était jalouse d’une… Je vais vous épargner le terme. Mais Aiko n’était que faussement en colère. Aiko n’en voulait pas réellement à Finn. Pas autant qu’elle s’en voulait à elle du moins. Il avait raison. Il ne lui avait pas menti. Il lui avait caché une vérité. Même pas. Elle ne le lui demanda pas. Et puis, combien même elle l’aurait fait, il aurait tout aussi bien pu ne rien dire. Pourquoi se sentait-elle si mal si elle savait tout cela ? Parce qu’elle ignorait encore quelque chose. Parce qu’elle s’obstinait à ne pas savoir que ce qu’elle voulait. Parce qu’elle n’arrivait toujours pas à savoir ce qu’il représentait pour elle. Et que ça l’embêtait. Ça la rendait perplexe de ne pas savoir. Et elle voulait savoir. Je n’arrive pas même à m’exprimer. En fait, ce n’est pas qu’elle ne savait pas, comme je l’lai dis premièrement, c’est qu’elle ne voulait pas savoir. Trop confus. Elle était confuse. Perdue. Totalement. Que faire ? Que dire ? Et là en plus, elle commençait à se sentir coupable. Pourquoi l’avait-elle frappée ? Elle n’en avait pas le droit. Elle n’avait pas le droit de lever la main sur lui. En fait, lui aussi du coup, il pouvait la frapper. Même si elle doutait fortement du fait qu’il le fasse. Mais tout de même. Et puis, elle ne pouvait même pas s’excuser, parce que sa fierté en prendrait un certain coup. Et ça, même Finn ne pouvait rien y faire. Ne pouvait pas la changer. Pourtant, tout portait à croire le contraire. Tout portait à croire qu’Aiko avait changé. Sauf si ce n’est qu’aux moments où elle avec lui qu’elle est réellement ce qu’elle.
Finn. Finn. Son regard n’arrivait pas à être déchiffré par les soins d’Aiko. Son corps n’arrivait pas à être analysé. Ses émotions n’arrivaient pas à percer au grand jour. Elle n’arrivait plus à le comprendre. De toute façon, c’est à peine si elle se comprenait elle-même. Elle a mérité tout ce tourbillon de douleur l’agitant. Elle le méritait. Amplement. Elle voulait avoir mal. Ressentir toute la douleur qu’elle avait causée à Finn. Au centuple. Souffrir. Elle le méritait. Et elle était juste. Le seul moyen de se repentir serait d’avoir mal. Peut-être que lui, il lui pardonnera. Mais elle, elle ne se le pardonnera pas.

Elle approcha de nouveau, tout bonnement incapable de garder cette distance entre eux deux alors qu’un peu plus tôt, ils étaient enlacés. Sa main était retombée le long de son corps, mais elle la releva, cette fois pour approcher ses doigts du visage de l’homme, de cette joue rougie. Malheureusement, le fait d’être Baskerville ne l’aidait pas à garder la peau blanche. Elle s’en voulait. Terriblement. Son regard, quant à lui, brillait. Il brillait, mais pas de malice, pas de colère. De confusion. Elle s’excusait silencieusement de cette gifle, mais pas entièrement. D’une part, elle n’avait pas eu tort. Elle avait même bien fait. N’est-ce pas ? Pourquoi, étrangement, elle n’était plus sûre de rien ? Ses doigts effleurèrent cette peau tant de fois caressés et son corps fut dès lors secoué d’un frisson. Elle retira sa main, lentement, hésitant, repliant ses doigts pour finalement laisser tomber ladite main. Finn devenait dangereux. Il n’avait besoin de rien dire pour réussir à la déstabiliser si efficacement. La regarder suffisait largement. Elle voulait se jeter dans ses bras. Elle voulait faire comme si de rien n’était. Elle voulait retrouver ses lèvres. Elle voulait se perdre en lui. Se perdre en lui comme il s’était perdu en une autre. À cette idée, elle refit un pas en arrière, détournant le regard. Elle ne pouvait pas lui pardonner. Ce n’était malheureusement pas si simple. Mais lui pardonner quoi, bon sang ? Lui pardonner d’être allée vers une autre ? Une nouvelle fois, elle ruminait, mais au fond, il ne lui avait vraiment rien promis. À aucun moment. D’aucune façon. Alors pourquoi avait-elle l’impression d’être... D’être trahie ?

Quelles raisons avaient bien poussé Finn à aller vers une autre ? Sérieusement, elle tenta d’y penser. Aiko fixait l’herbe morte sous ses pieds et se dit qu’elle n’était pas vraiment mieux qu’elle en fin de compte. Elle aussi semblait faner, mourir. Doucement, douloureusement, mais elle le faisait. Elle mourrait. Elle s’éteignait. Pourquoi ne s’en allait-elle pas ? Pourquoi restait-elle collée à lui ? Pourquoi est-ce que ses yeux la piquaient, maintenant ? Idiote. On ne s’attache pas. Pas aux hommes. Surtout pas aux Baskerville. Elle aurait dû le savoir. Elle aurait vraiment dû le savoir. En fait, elle le savait. Mais elle s’en fichait. Elle se pensait intouchable. Il n’en était rien. En parallèle, Finn était censé être différent. Finn était différent. Finn était le même qu’avant. Rien n’avait changé. Si ce n’est sa crédibilité. Mais bon. Elle n’allait pas non plus lui en vouloir de l’avoir blessée sans réellement s’en rendre compte ? D’ailleurs, savait-il qu’Aiko était à ça de la folie ? S’il le savait, il serait doublement à blâmer. Ou, pour être objective, serait à blâmer. Parce que seule Aiko avait le droit de dire qu’il était doublement à blâmer, pensant et étant certaine d’une trahison qui n’avait pourtant nul lieu d’être.
Depuis quand était-elle si déstabilisée en voyant que l’une de ses connaissances avait un bleu sur le cou ? Depuis quand était-si frustrée à l’idée d’imaginer que l’un des hommes ayant partagé l’une de ses après-midi, ayant partagé son corps avec elle et ayant découvert le sien, avait été voir ailleurs ? Depuis quand était-elle… Jalouse ? Elle, jalouse ? Vraiment, ça ne collait pas à sa personnalité. Finn l’avait compris, n’est-ce pas ? Rassurez-moi, il avait au moins compris qu’elle était jalouse ? Il avait intérêt. Vraiment. Parce que ça, même sous torture, elle ne l’avouera pas. Quoiqu’en ce moment, elle était en train de se remettre en question, car plus rien n’était sûr. Pas avec Finn en face d’elle. Pas avec Finn en train de la regarder. Pas avec cette expression sur le visage. Depuis quand frissonnait-elle de dégoût en imaginant une autre femme en train de marquer son... Son ? Son quoi ? Pourquoi avait-elle seulement pensé à cela ? Son rien. Rien du tout. Il n’était rien de tout ce qu’elle pouvait imaginer, de tout ce qu’elle espérait – et croyez-moi, ça lui en coûtait ne serait-ce que de se l’avouer à elle-même, cette fichue espérance. Son regard s’assombrit, mais en fait, il brillait toujours. Mais plus de désolation. De larmes. D’ailleurs, pourquoi avait-elle envie de pleurer ? Elle replongea son regard de Finn et cette fois-ci, alors que lui ouvrait la bouche pour parler, elle sourit. Un sourire confus. Un sourire gêné. Elle ne se sentait pas à l’aise. Pas à sa place. Et c’était bien la première fois avec lui pour unique compagnie.

Il ne finit pas sa phrase. C’était quoi ? Elle était bien tentée de le lui demander. Mais elle ne le fit pas. Elle avait l’impression qu’il n’en avait pas fini avec elle. Elle avait l’impression que le coup qui allait venir allait faire mal, alors elle se préparait au choc. Elle préparait son armure. Elle se préparait mentalement, parce que le coup serait mental, sûrement pas physique. Et la sentence tomba. Bien plus lourde que ce à quoi s’était attendue Aiko. Elle soutint aussi son regard, mais ne put empêcher ses lèvres de se pincer une nouvelle fois. Il ne lui appartenait pas. Il avait raison. Normalement. Étrangement, ce n’était pas une affirmation. Pas une question non plus. Que voulait-il dire ? Était-il seulement sûr de ce qu’il disait ? Du tout à priori. Et puis, son visage était dévasté. Dévasté par l’hésitation. Il avait hésité à dire cela. Il aurait dû se taire. Pour une fois, vraiment, il aurait mieux fait de ne rien dire, parce que cela n’a servi qu’à faire un peu plus mal à la jeune rousse. Était-ce son but ? Désirait-il la blesser ? Lui ?
Elle détourna le regard, incapable de continuer à fixer un homme qui venait de dire cela. Encore une fois, en temps normal, ça ne l’aurait point dérangé. Mais c’était Finn. Il y avait des choses, des mots que d’autres pouvaient se permettre, mais pas lui. Tous mais pas lui. Surtout pas lui. Elle amena l’ongle de son pouce à sa bouche et mordit. Tic nerveux. Tu viens de frapper fort là, Finn. Était-ce vraiment indispensable de me le dire ? De me le rappeler ? Pourquoi ?

Elle inspira profondément, ses yeux se perdant ci et là. Partout sauf dans le regard de Finn. Elle ne voulait plus croiser ses yeux. Pas aujourd’hui. Pas après ça. Elle n’arrivait pas même à se résoudre à reprendre ses mots, à le lui affirmer. Si elle disait qu’il n’était pas sien, ses larmes ne tiendraient plus. Et elle ne voulait pas pleurer. Hors de question de pleurer devant un homme. Un signe de faiblesse. Mais avec lui, n’était-elle pas censée être elle-même ? N’était-elle pas censée se relâcher, se permettre d’être faible ? De quoi avait-elle peur ? Craignait-elle réellement qu’il se retourne contre elle ? Qu’il se serve de cette faiblesse contre elle ? N’était-elle pas censée lui faire confiance ? Pourquoi avait-il fallu que tout cela se produise ? Pourquoi le sort s’acharnait-il ?

« Qu’aurais-tu fais à ma place, honnêtement ? »

C’est bien ce qu’on appelle être au bout du rouleau. C’est tout ce qu’elle avait trouvé à dire ? Pathétique. Pitoyable. Pourtant, cette question devait être posée. Il fallait qu’elle sache. Il fallait qu’il se rattrape. Qu’il soit sincère. Qu’il ne baisse pas dans son estime. Qu’il ne soit pas la cause de ses tourments. Qu’il ne soit pas la cause de ses larmes. Car un homme qui fait pleurer une femme ne vaut pas la peine d’être aimé. Bien que là, elle était plus fautive que lui, c’est comme si elle avait besoin de pleurer. Attendez un peu, là n’est pas le plus important. Rembobinons, voulez-vous ? Ne vaut pas la peine d’être aime ? D’être aimé ? Oui, elle l’aimait. Mais comment ? Pourquoi venait-elle d’avoir un joli bug sur ce mot ? Ce n’était pas le fait de l’apprécier, pas plus le fait de l’affectionner, mais bel et bien de l’aimer. C’était pourtant évident. Elle connaissait un paquet de citations sur la jalousie, principalement celles en rapport avec l’amour. La jalousie est une preuve d’amour. La jalousie peut faire naître et détruire l’amour. Mais ici, nous parlons du vrai amour, de celui avec un grand A. Il n’était pas question de cela ici, pourtant. Alors, pourquoi venait-elle de se focaliser sur ce mot ? Pourquoi s’y attarder ? Pourquoi tout devenait compliqué ? Pourquoi ne pouvait-elle simplement pas être jalouse et point ? Non, il fallait qu’elle se pose des questions, qu’elle fasse un lien. Après tout, la jalousie est la meilleure ennemie de l’amour. Mais. Mais. Pourquoi parle-t-on encore d’amour ? Changeons de sujet.

Elle releva les yeux vers lui. Où avait-elle trouvé le courage de le faire ? Elle l’ignorait. Sincèrement. Elle le suppliait. Elle le suppliait de mettre un terme à sa douleur. Qu’il se débrouille comment. Qu’il fasse comme avec le pansement s’il voulait une explication qu’elle ne pouvait pourtant pas lui donner dans cet état : qu’il lui pose de suite la question et cesse de tourner autour du pot ; qu’il arrache ce maudit pansement d’un coup sec. Couper court à la conversation ? Ça, elle-même refuserait. Non, les questions qui devaient être posées le seront et voilà. Qu’est ce qu’elle lui répondrait ? Oh, elle avait tout le temps d’y réfléchir. Pour le moment, c’était elle qui avait posé une question. C’était elle qui attendait une réponse. C’était elle qui était debout comme une idiote à prier intérieurement pour qu’il l’achève ou qu’il lui redonne vie, mais qu’il fasse quelque chose. C’était elle qui luttait pour ne pas simplement s’excuser et s’en aller. C’était aussi et toujours elle qui, paradoxalement, luttait pour ne pas retourner se cacher dans ses bras. Elle qui luttait pour ne pas fondre en larmes comme une gamine. Elle qui souffrait en silence. Même si Finn devait avoir mal, lui aussi. Et c’est ce qui, en vérité, décuplait la souffrance d’Aiko. Premièrement, savoir que le brun ressentait une douleur l’affectait. Savoir qu’elle en était la cause l’abattait un peu plus. Et en plus de cela, devoir restée debout face à ses mesquineries. Elle était à bout. Elle n’en pouvait plus. Fais quelque chose, Finn. S’il te plaît. N’importe quoi. Même si ça peut me blesser d’avantage, fais-le. Incapable pourtant de formuler hautement ses pensées. Aiko, qu’as-tu donc fait de la fille de ta mère ? Est-ce vraiment toi qui te tiens devant Finn ? Et plus étrange encore, tu n’es pas gênée. Tu t’en fiche d’être faible ou forte devant lui. Tu t’en fiches qu’il sache que tu es vulnérable. Tu te fiches de tout tant qu’il reste près de toi. Tant qu’il reste mien. Mais il n’était pas sien. Il l’avait dit.

Elle lui demanderait volontiers ce qu’il ressentait pour elle. Le seul problème, c’était qu’il lui retournerait la question. Ça ne faisait pas l’ombre d’un doute. Et que répondrait-elle dans ce cas ? Elle le savait. Elle le savait même très bien. Mais elle avait peur. Peur de quoi ? Peur de Finn ? Non, sûrement pas. De sa réaction ? Un peu. Plutôt d’elle-même en fait. Parce qu’elle était certaine de ne pas être une personne qui valait le coup d’être porté dans le cœur de Finn. Parce qu’elle savait ne pas le mériter. Quant à la réponse qu’elle avait en tête, elle contenait un net sous-entendu. Enfin, pour le moment, il ne lui avait pas posé la question, alors elle n’avait pas besoin de s’inquiéter. Du moins, pas encore.
Et elle, était-elle sienne ? Contrairement à lui, elle n’avançait rien. N’affirmait rien. La réponse, c’était Finn qui la détenait. Finn était le seul à savoir si Aiko lui appartenait. Ou plutôt, Finn était le seul qui pouvait en décider. Accepterait-elle d’être sienne ? Aussi étrange que ça puisse l’être pour cette jeune femme totalement perdue dans un méli-mélo de sentiments et d’émotions, elle le savait. Elle savait si elle accepterait ou si elle refuserait. Elle savait que si Finn disait qu’elle lui appartenait, alors elle répondrait qu’elle... Était d’accord. Ou pas ? Non, je ne vous le dirai pas. Finn doit le savoir avant vous, lecteurs. Et Finn le saura s’il le demande. Du moins, si d’ici là, les deux jeunes gens réussissent à former des phrases cohérentes. Car une nouvelle fois, ils semblaient tout deux perdre toute clairvoyance.
Revenir en haut Aller en bas
Finn Baskerville

Finn Baskerville
Chekeur chieur

Féminin Messages : 609
Age : 30
Personnages préférés : Break, Sharon, Jack, Gil, Elliot

Feuille de personnage
Nom & prénom: Finn Baskerville
Nom du Chain : Naaru Irwin
Groupes:


« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty7th Décembre 2012, 09:36

Ce mur entre eux. Ce mur parfaitement invisible, cette espèce d’impression qu’une épaisseur insondable les sépare. Transparente et pourtant presque tangible tellement la séparation l’affecte. Plus que physique, elle est aussi mentale. Elle ne l’a pas rejeté, mais elle garde ses distances. Et lui, qui n’aurait qu’à avancer pour la toucher, est retenu. Par cette distance au final bien faible, mais qui paraît tellement immense. Le fait qu’elle reste là aussi près, sachant – consciemment ou non – qu’il ne la touchera pas, que moins d’un mètre suffit à les éloigner l’un de l’autre, est dur. En effet il ne la touchera pas, peu importe à quel point les muscles de ses bras n’attendent que l’ordre d’aller en avant. Il est bien question ici d’une étreinte, parce que Finn n’est pas violent. Du moins, pas avec ceux qui n’affichent pas clairement l’envie de le brutaliser lui. La violence ne résout rien en plus d’être périssable. Une marque de coup disparaît avec le temps. La blessure mentale, elle, reste à vif et ne cicatrise jamais vraiment. Mais bien sûr, il n’est pas possible de blesser mentalement n’importe qui. Il est – assez paradoxalement au final – très facile de blesser mentalement ceux auxquels on tient. Porter un coup à l’esprit d’un inconnu est bien plus difficile, et il faut en réalité bien souvent y aller physiquement. La blessure réelle infligeant alors dans son sillage la blessure mentale.
Blesser quelqu’un à qui l’on tient est aisé. Aisé et peut se faire tout à fait involontairement. Comme ici. La contractant ne veut pas faire de mal à la jeune Baskerville. Bien au contraire, rien que l’idée le rebute. La raison ne se cache même pas derrière un pourquoi, il refuse juste pleinement et simplement de lui faire du mal. Volontairement du moins. Evidemment il se rend bien compte qu’il n’arrête pas de cogner à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Un peu comme si, enfermé dans un noir complètement opaque qui lui ôterait la vue, il chercherait une sortie en tapant sur les murs qui l’entourent, dans l’espoir que l’un d’eux s’abaisse ou du moins se fissure en tapant toujours au même endroit. Néanmoins, désorienté, il est difficile de frapper juste à chaque coup.
Là, il les manque carrément tous. Blessant Aiko au passage. Pourtant elle ne part pas, ne se met pas en colère non plus. Elle réagit, bien sûr qu’elle réagit, mais elle reste. Alors qu’elle devrait laisser en plan l’homme qui la blesse, que sa réaction soit légitime ou non à la base. Bien trop clémente avec lui. Ou est-ce qu’il est celui qui voudrait qu’elle soit plus dure ? Pourquoi, parce qu’il le mérite ? Ou juste pour l’amener à trancher puisqu’il n’est pas capable de le faire tout seul comme un grand ? Peut-être encore pour voir autre chose que la douleur sur son visage. Son si joli visage qu’il caressait un peu plus tôt. Et ses yeux qu’il a vu sourire. Vraiment, il devrait se rendre un peu plus compte de tout ce que ses actions peuvent amener dans ces yeux.

Parle ou parlera pas ? Est-ce que parler ne risque pas de la blesser un peu plus ? Après tout, l’autre femme n’était pas elle. Elle ne faisait que lui ressembler et ce point-là pourrait tout à fait être interprété de travers. Même si en réalité tout ce qu’il faut comprendre c’est qu’il n’était pas clair, et que la ressemblance a suffi dans son cerveau. Que derrière se cache juste un autre manque qu’il n’avait pas réalisé abriter. Pas seulement physique. Parce qu’un simple manque physique n’amène certainement pas la culpabilité derrière. D’ailleurs on ne peut pas réellement manquer physiquement d’une personne si cette personne n’est pas appréciée. Parce que sinon, n’importe qui fait l’affaire. Et Finn ne veut pas n’importe qui, il veut Aiko. Il veut Aiko et rien que ce fait montre qu’elle a de l’emprise sur lui. Jamais il ne se serait pris la tête avec une autre femme. Parce que les autres, justement, ce sont les autres. Un groupe qui peut être désigné. La Baskerville a un groupe pour elle toute seule où il n’y a qu’elle, elle n’y est pas interchangeable avec qui que ce soit. Et le contractant cherche encore comment elle a fait pour obtenir une telle place pour lui. Lui qui se targuait de ne pas avoir de problèmes relationnels tout simplement parce qu’il n’y avait pas de relations… Certes, il y a Nana. Nana compte. Nana est son Chain et son ami le plus cher quoi qu’ils en disent tous deux. Et puis il y a Fuyu, sa petite sœur qu’il aime comme il n’aime personne d’autre. Ces deux-là, même s’il y a eu quelques interrogations dans le cas de Fuyu au début, plus par confusion qu’autre chose, il les a laissé prendre une place importante sans chercher à s’y opposer. Pourtant, les deux ont de l’influence sur lui. Fuyu peut tout à fait l’influencer. Il y a peu de gens – comprendre : aucun – qu’il laisserait rentrer chez lui n’importe quand, peu importe ce qu’il pouvait bien être en train de faire. Et il la laisse faire comme bon lui semble.

Pourquoi alors bloquer à ce point ici ? Aiko n’est pas vue comme une sœur – encore heureux -, pas tout à fait comme une amie non plus, parce qu’on ne fait pas ce qu’ils ont fait entre amis. Il ne sait tout simplement pas poser de mot sur la façon dont il la voit. Elle a une emprise sur lui qui l’effraie. Sur un domaine où il se pensait particulièrement libre, complètement inatteignable simplement parce que personne ne s’attachait, mais pas seulement. Elle l’influence, elle peut le blesser avec des mots, juste des mots ce qui en soit est déjà révélateur, elle peut le faire passer de la joie à la douleur en un claquement de doigts, lui ôter tout contrôle sur la situation d’un geste et jusque-là personne n’avait réussi à hanter ses pensées pendant plusieurs jours sans avoir été présent depuis longtemps comme elle l’a fait. Et puis ce besoin urgent, pressant, presqu’accablant de la voir ? Personne d’autre non plus. Ce n’était pas une envie mais un besoin. Elle peut le faire sourire juste d’un souvenir, le faire frissonner juste d’une caresse, attacher son regard au sien sans avoir besoin d’y prêter attention. Elle arrive à le faire se questionner. A le faire hésiter. A lui faire désirer sa présence, ses regards, son attention. Parce qu’il veut accaparer son attention même si c’est complètement égoïste et qu’il refuse de vraiment le reconnaître. Elle est tout simplement en train de complètement perturber son monde. Ouvrir des portes inconnues, baliser certains chemins, amener des « pourquoi » sans cesse, à répétition, et pas de réponses. Et l’inconnu, c’est un peu comme l’Abysse. Ça fait peur et on ne sait jamais quand est-ce qu’on va en sortir, ni si on sortira entier ou non. C’est normal de redouter tout ce qui peut faire perdre le contrôle comme cela, ce qui est mal maîtrisé, ce qui peut déraper à tout moment. On se protège. Et Aiko, elle, elle s’expose. Qu’elle le veuille réellement ou non, elle s’expose. Elle est bien plus courageuse que Finn au fond. Elle lui donne un pouvoir sur elle qu’elle n’a aucun moyen de maîtriser. Même s’il ne comprend toujours pas tout.
Il sait juste qu’il tient à elle et que, paradoxalement à son envie presque désespérée qu’elle réagisse plus violement, il veut juste qu’elle reste près de lui. Pouvoir la prendre dans ses bras sans penser à rien comme avant leur mission. Parce qu’aussi vrai qu’elle peut lui remplir la tête jusqu’à saturation, elle peut la lui vider de manière aussi efficace.

Genre par exemple la gifle qu’il se prend et qu’il n’attendait absolument pas – et il est bien le seul – réussit de manière tout à fait efficace à lui vider la tête d’un coup. Peut-être par surprise, certes. Mais honnêtement, il ne l’a pas volée celle-là.
La surprise s’inscrit pleinement sur son visage. Tellement qu’il en oublie de se fâcher. Est-ce qu’il l’aurait fait de toute façon ? Pas sûr. La douleur sur sa joue aura au moins eu le mérite de le ramener sur Terre. Et de lui secouer les neurones. Il ne sait absolument pas quoi répondre et heureusement – de manière étrange - pour lui qu’Aiko ne semble pas en avoir terminé avec lui, puisqu’elle ajoute ensuite :

- Quoi, tu vas me dire que je t’ai tellement manqué qu’il a fallu te perdre en une autre pour me faire sortir de ta tête ?

La formulation ne lui plait pas du tout. « Une autre ». Une autre par rapport à elle, par rapport à Aiko ? Il n’y a pas d’autre. Elle n’a pas le droit de se mettre dans le groupe des autres, ni même de s’y penser. Elle n’a pas le droit, mais lui à côté refuse d’admettre que oui, il y a une femme qui est en train d’avoir une emprise grandissante sur lui. Compliqué ce garçon.
Son ton provoque une brève douleur dans la poitrine du contractant sans qu’il sache pourquoi. Et puis il réalise. Est-ce qu’il l’a blessée à ce point ? Au point qu’elle ne se pense qu’une parmi d’autres sur un tableau de chasse qu’il ne garde d’ailleurs même pas ? C’est donc là la partie de la réaction qu’il ne comprenait pas. Il était temps qu’il mette le doigt dessus. Maintenant, elle est jalouse. Parce qu’elle se pense être une des autres. Alors qu’en réalité, elle ne devrait avoir personne à envier. Mais ça, elle ne peut pas le deviner, pas tant qu’il n’aura pas ouvert sa bouche. Evidemment, vu qu’il vient seulement de s’en rendre compte…

C’est qu’elle n’est pas si loin que ça de la vérité en plus avec sa déclaration. Sauf qu’il n’en avait pas conscience et que l’autre en question lui ressemblait, à elle.
Dit comme cela, les faits sont un peu glauques.
Glauques mais pas moins présents. Si sur le coup il était bien loin de s’en rendre compte, le lendemain matin, après avoir réussi à dissiper la brume de la veille et celle du réveil, il s’est souvenu. Grand moment de prise de conscience. Puis de culpabilité ensuite. Sur quelque chose que la jeune femme n’aurait en plus jamais découvert s’il n’y avait pas eu cette mission. Pas qu’il regrette de l’avoir croisée aujourd’hui malgré tout, bien sûr. Après tout il fallait qu’ils se croisent, d’une manière ou d’une autre. Certes la rencontre aurait peut-être tourné autrement si elle s’était produite quelques jours plus tard. Probablement. Mais il ne faut pas voir les « si », seulement le maintenant. Et le maintenant demande à ce qu’une décision soit prise.
Brusquement, il attrape les épaules de la Baskerville et s’en rapproche un peu sans vraiment s’en rendre compte en déclarant très sérieusement :

- Et si c’était la vérité, tu dirais quoi ?

Vilain enfant. C’est une version déformée de la vérité. Le principe est presque le même, mais ce n’est pas la vérité quand même. Il veut juste tester le terrain. Il va peut-être juste s’en prendre une autre aussi. Chacune de ses paroles est à double tranchant. Soit elle est bien interprétée, soit elle l’est mal. Ici, Aiko pourrait tout à fait être confortée dans l’idée qu’elle peut être « remplacée » alors que ce n’est pas le cas. Simplement tant qu’il ne dira pas pleinement ce qu’il pense, tant qu’il ne se sera rien avoué autant à lui qu’à elle, alors le risque sera présent.
Il réalise qu’il a gardé ses mains sur elle plus longtemps que nécessaire alors qu’elle avait imposé les distances elle-même. Alors il les retire et recule. Reculant plus pour le fait de reculer que pour mettre de la distance entre eux, juste pour… Retourner à la place où on l’a mis. Après tout. Il l’a cherché.
Terrible sensation que d’être sur un mince rebord, avec un trou de chaque côté, et de ne pas savoir de quel côté tomber. Car il faut tomber, osciller indéfiniment n’est pas envisageable. La suite est parfaitement inconnue, tout est noir. Pourquoi est-ce qu’il continue à hésiter alors que clairement la balance n’attend qu’un grain de sable pour pencher définitivement d’un côté ?

Et puis, fait qu’il n’attendait plus, Aiko avance vers lui. Il ne peut absolument pas s’empêcher d’être méfiant quand elle lève la main, parce qu’une gifle fait toujours moins mal si on y est préparé. Mais elle ne fait que déposer cette main sur sa joue endolorie. Et il la laisse faire sans bouger, ne gardant que son regard dans le sien. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle revient gentiment vers lui alors qu’il est odieux avec elle ? Alors qu’il lui a dit qu’il ne lui appartenait pas, qu’elle n’avait aucun droit sur lui ? Comme si au fond elle ne comptait pas. Pourquoi son regard brille-t-il d’une excuse pour un geste qu’elle avait tous les droits de commettre après ces mots ? Pourquoi est-ce qu’elle revient vers lui ? Si elle mettait de la distance, le rejetait et s’y tenait, il finirait par accepter, par laisser tomber, par s’éloigner pour aller panser la blessure dans un coin, loin d’elle. Mais non, il faut qu’elle reste, qu’elle le perturbe encore et encore et toujours. Il veut rester libre et sans attache, elle le fait jeter l’ancre. Dans des eaux parfaitement inconnues dont il ne connait même pas le nom.
Et puis elle retire sa main. Il veut lui dire de partir, il veut lui crier de rester. Mais elle recule. Et un murmure lui échappe avant qu’il ne puisse y penser :

- Pourquoi ?

Il réalise qu’il vient de parler sans l’avoir voulu. Et qu’il ne pourra pas faire semblant de ne rien avoir dit parce qu’elle a forcément entendu avec le silence ambiant. Alors il reprend d’une voix normale :

- Pourquoi tu restes douce alors que je ne le mérite pas ?

Pourquoi tu t’obstines à rester ? Pourquoi tu ne te venges pas ? Pourquoi tu te soucies de lui ? Pourquoi tu lui fais confiance ? Pourquoi t’agis sur lui alors qu’il n’avait rien demandé ? Pourquoi il veut te prendre dans ses bras juste comme ça ? Pourquoi est-ce que tu rentres dans sa vie comme cela et qu’il ne souhaite pas t’en déloger alors qu’il essaie de se convaincre du contraire ? Pourquoi, Aiko, l’amènes-tu à se poser des questions ?

Dire que tout est parti d’un rien. Une braise mal éteinte qui a pris feu. Un motif de base illégitime ; Aiko n’avait pas le droit de lui reprocher de vivre sa vie quand les leurs ne sont aucunement liées. Et puis elle l’accuse de mentir, il comprend qu’elle le prend tout bonnement pour un type qui se serait amusé avec elle en se faisant passer pour un ami. Et il n’est pas d’accord, parce qu’elle est plus que son amie, qu’elle compte. Et il entre en conflit avec lui-même, si elle est plus que son amie, elle est quoi ? Ses conclusions ne lui plaisent pas, personne ne devrait avoir de telle emprise sur lui, parce que ça fait mal, parce que ça fait peur, parce que c’est dur de dépendre d’autrui. Alors il essaie de se convaincre qu’elle ne compte pas tant, il la blesse au passage en ne retenant pas des mots inconscients et s’en veut. Elle réplique, elle s’éloigne, c’est douloureux alors il cède du terrain parce qu’il est faible. Mais il ne comprend pas. Pourquoi ? Pourquoi elle plus qu’une autre ? Pourquoi elle reste, pourquoi elle part, pourquoi, de quel droit, elle l’impacte. C’est quoi tout ça, ces ressentis étranges ? Ces douleurs inexpliquées à certains gestes et à certains mots. Cette envie contre toute rationalité de la retenir. Pars pas, qu’il a envie de dire. Je ne sais pas ce que je veux, mais ne pars pas. J’finirai bien par trouver.
Si seulement c’était aussi simple.

Parle ou parle pas ? Est-ce que c’est prudent ? Est-ce qu’il ne le regrettera pas ensuite ? Il n’y a que la volonté qui pourra desceller ses lèvres. Est-ce que le risque en vaut la chandelle ?
Quand il la voit face à lui, comme ça, qui pourrait tout simplement lui filer entre les doigts le temps de cligner des yeux si l’envie l’en prenait, il a envie de dire que oui, les risques le valent. Mais ses lèvres ne se délient pas.

- Qu’aurais-tu fais à ma place, honnêtement ?

Il détourne le regard face à la question. Aveu bien plus parlant que tous les mots possibles que sa réaction n’aurait pas été meilleure. Qu’est-ce qu’il aurait fait ? Eh bien, il aurait été blessé. Sacrément jaloux aussi. Et puisqu’absolument perdu face à ses propres sentiments, il serait tout simplement parti. Sans causer de scène, certes, mais la fuite n’est certainement pas une bonne option. Ou alors il serait parti en croisade contre lui-même et aurait fait comme si cela ne l’affectait pas, juste pour se prouver que ce qu’il ressent n’a pas de sens. Et après, une fois tout seul, il l’aurait pour une fois amèrement regretté.
Dans tous les cas, la question d’Aiko au fond ne concerne pas tant sa réaction que ce qu’il aurait tout simplement ressenti. Et le fait est là : il n’aurait pas rien ressenti. C’est tout, c’est ainsi et il n’y a rien qu’il puisse faire contre. Se rebeller contre ses propres sentiments est un processus lent, douloureux et bien souvent imparfait. On n’oublie pas, on apprend à vivre avec. Bien qu’ici, s’il s’était définitivement détourné sans jamais revoir Aiko ensuite, peut-être qu’il aurait oublié. A supposer pour commencer qu’il aurait été capable de ne jamais plus la revoir. Ici, il serait bon d’en douter. Il n’aurait pas pu faire preuve de suffisamment de patience.
Il finit par soupirer en reportant son regard sur elle :

- J’en sais rien. J’en sais rien du tout.

Et puis avec un sourire amer, il ajoute :

- Tu ne m’appartiens pas non plus.

Et ça, ce n’est pas là pour tenter de le convaincre lui. Il le sait, qu’elle ne lui appartient pas. Peu importe si cela fait mal pour une raison inconnue. En même temps, aussi égoïste qu’il puisse être, il ne peut pas souhaiter la posséder et ne pas se donner en retour. Aussi simple que cela, un échange équivalent. S’il n’accepte pas tout le pouvoir qu’elle a sur lui, il n’a pas le droit d’en avoir sur elle. Ça fait mal, de penser qu’elle pourrait être à quelqu’un d’autre. Qu’un autre pourrait la toucher, la regarder, obtenir ses sourires, ses rires, ses regards, ses pensées. Est-ce que le petit Baskerville serait jaloux lui aussi par le plus grand des hasards ? Il est fort possible. De ces jalousies qui vous font détourner le regard de l’être qui les déclenchent en serrant les dents, en se martelant qu’elles sont insensées, illégitimes, qu’elles blessent et vous tordent le ventre pour rien. Parce que l’autre est libre de faire ce qu’il veut, et ce qu’il veut n’a à priori pas grand-chose à voir avec vous. Sauf si l’autre tente de rendre volontairement jaloux, mais ceci est encore une autre affaire.
Il est bon de noter qu’il a dit qu’il ne savait pas quelle aurait été sa réaction s’ils se trouvaient dans la situation inverse. Il n’a certainement pas dit que cela ne lui aurait rien fait. Ce qui serait parfaitement faux. Tellement faux qu’il n’aurait pas été capable de mentir en le disant, d’en faire un mensonge convaincant. Surtout face à Aiko. Il ment mal aux gens à qui il tient, alors à Aiko… De toute façon son regard fuyant lorsque la question a été posée l’a complètement trahi. Les faits sont là, il refuse tout bonnement que quelqu’un la touche. Ou alors il ne veut pas le savoir, mais cette alternative là le ferait grincer des dents. Seulement pour obtenir d’elle qu’elle reste avec lui, il faut qu’il en fasse de même. Et surtout, surtout, qu’elle soit d’accord. Et ça, est-ce qu’il le mérite ? Pas sûr. Alors qu’il n’a de cesse d’enchaîner mot de travers sur mot de travers, qu’il doit baisser dans l’estime de la rousse, ses chances risquent d’être minces. Après tout, ils ne se connaissent pas tant, pas depuis si longtemps, leurs liens, quels qu’ils soient, sont encore fragiles. Même s’ils sont épais. A épaisseur égale, la corde reste moins résistante que l’acier.
Tiens, son train de pensée est en plein changement. Les questions sont de moins en moins axées sur le refus de l’emprise, et de plus en plus dirigées vers comment l’avouer sans se prendre une claque monumentale. Que celle-ci soit fictive ou réelle d’ailleurs. Et, pour que la raison soit complète, il va falloir avouer que voir Aiko encaisser par sa faute depuis tout à l’heure est en train de le ronger petit à petit. Il voudrait se taire complètement pour cesser de la blesser, mais même cela risquerait de lui faire du mal. Partir la blesserait. Rester la blesse. Parler lui assène des coups. Ne rien dire fait pareil. Ses jambes sont prêtes à avancer pour la prendre dans ses bras au moindre ordre, comme s’il se tenait prêt, avant un combat, à bouger au moindre signal. Sauf qu’ici, ce n’est pas un réflexe de survie qu’il attend. Il est lui-même obligé de se maintenir en place. Avec beaucoup, beaucoup de volonté.
Quand elle relève ses yeux vers lui, cependant, ses poings se serrent, ses ongles courts s’enfoncent dans sa paume pour s’empêcher de faire un geste. La maigre douleur que cela apporte n’est pas vraiment une distraction, crisper les muscles de ses bras ne retient qu’à peine l’urgence qu’il ressent à la prendre dans ses bras. Il faudrait tellement peu pour qu’il craque. Au bord du gouffre, le vent se lève. Et lui en a tout simplement marre d’être ballotté à droite à gauche par des forces invisibles qu’il ne comprend pas. Pourquoi,pourquoi est-ce qu’ils sont tous les deux dans des états pareils ! Pourquoi est-ce qu’il lui fait du mal ainsi, de quel droit, par quel moyen ? Pourtant le moins blessé des deux, mais le plus frustré, il est le premier à craquer.

- Je ne comprends même pas pourquoi on se dispute ! Regarde-toi, je te fais du mal sans le vouloir mais tu t’obstines à rester. Et moi, je tiens à toi et ça me fait peur de l’avouer, de voir à quel point tu comptes, alors j’essaie de te rejeter lâchement. Si quiconque posait ses mains sur toi, Aiko, j’irais m’en occuper moi-même.

Son ton au départ dur, empreint d’une colère envers lui-même bien qu’il ne criait pas mais s’exprimait juste avec force dans ses mots, s’est terminé sur un murmure alors qu’il baissait les yeux. Il en a bien trop dit, s’est laissé emporter. Maintenant c’est trop tard pour rattraper les mots, ils se sont envolés, ont atteint leur cible. Il vient de confirmer tout haut ce qu’il s’escrime à nier en bloc tout bas : qu’elle compte plus que de raison pour lui. Plus que ce que leur relation suggère. Qu’il a tout bêtement peur, lui, un Baskerville. Maintenant il n’a qu’une envie, fuir. Fuir son regard. Mais il a été suffisamment lâche, il l’a suffisamment blessée. Il doit entendre ce qu’elle a à dire. Après, il pourra s’en aller et essayer d’oublier. Rejetant la tête en arrière, les yeux clos, il soupire. Il craint la réaction de la jeune femme. Il la craint comme il a rarement craint quelque chose de toute sa vie.
Un rejet lui ferait particulièrement mal. Alors, si elle veut le rejeter, qu’elle le fasse vite. Vite et il s’éloignera de lui-même. Il sait qu’il n’a pas le droit d’appeler pour un geste de sa part quand lui n’en a fait aucun, aucune clémence. Mais ce qu’il a lu dans son regard était trop. Trop pour contenir. Et, comme un vase trop rempli, il a débordé.

Pourquoi ce n’est pas Aiko qui l’a abordé il y a trois jours ? Plus il y pense, plus les traits de l’autre femme deviennent flous et se modélisent peu à peu comme étant ceux de la Baskerville. Après tout si elle était entrée dans ce bar… Elle se serait moqué de lui, bon, d’accord. Il n’était pas au sommet de sa gloire sans pour autant avoir touché le fond avec seulement trois verres. Néanmoins, il se serait certainement ridiculisé sans même s’en rendre compte. C’est presque une bonne chose qu’Aiko ne soit pas passée par là ce soir-là. Le mieux aurait bien sûr été qu’on le laisse dans son coin tranquille et qu’il rentre chez lui. Néanmoins, il aurait continué à vivre joyeusement dans l’ignorance de tout ce qui l’accable maintenant. Qui sait dans quelles autres circonstances ces interrogations auraient pu être découvertes.

Il repose son regard sur la jeune femme au bout de quelques secondes, desserrant au passage ses poings qu’il avait gardé contractés. Pitoyable, maintenant c’est lui qu’il faut rassurer, c’est ça ? Alors qu’il est celui qui a causé le mal en premier lieu. Lamentable. Il faut qu’il apprenne à se garder sous contrôle mieux que cela, à cesser de s’emporter pour un oui ou pour un non. Il le sait, il ne le sait que trop bien. Un jour, il s’emportera et fera du mal à quelqu’un à qui il tient. Si ce n’est déjà fait sur Aiko. Pauvre Aiko qui a fait les frais de son indécision et de son incompréhension. Toutes les excuses qu’il pourra bien formuler auront du mal à réparer le mal qui a été fait. Alors il ne dira rien et attendra juste sa sentence. Et si elle est suffisamment… Suffisamment quoi ? Pour le pardonner, alors il veillera à faire des efforts. Juste pour elle.
Revenir en haut Aller en bas
http://kwanitadena.forumactif.org/
Anonymous

Invité



« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty8th Décembre 2012, 06:14

La liberté est un état. Une sensation. Elle demeure pourtant une illusion. Un mirage. L’eau inexistante en plein centre d’un désert dénué de la moindre vie – comme l’indique si bien son nom –, perturbant, amenant des questionnements dans un esprit vidé par la fatigue affligeante mais néanmoins indéniable. La liberté physique consiste à ne pas avoir poignets et chevilles liés. Elle consiste à ne pas être cloîtrer dans une pièce. Consiste à pouvoir respirer l’air frais et en emplir ses poumons pour pouvoir exhaler cette même liberté. Au final, cela consiste à savoir se contrôler juste assez pour ne pas se faire remarquer des autres et pour ne pas, du coup, se faire embarquer. Embarquer dans tous les sens du terme. Autant se faire embarquer dans une sorte de tour ou de prison – selon l’époque – que se faire embarquer dans un nouveau monde. Un monde où n’existe qu’une sorte de personne ainsi qu’un état, encore une fois. Une sorte de personne car il est ici question d’égo. De notre propre égo. Et l’état dont nous parlons, c’est la soumission. Notre égo est soumis. Soumis à quoi ? À la folie, à un autre monde. À tout et à rien. Même si au fond, il est difficile de terminer le tout du rien lorsque nous sommes plongés dans une folie quasi-certaine. Il est relativement difficile d’expliquer ce point de vu, mais ici, le mal, le maître, c’est les autres. Les autres qui ne sont même plus du même monde que nous, les damnés, les bannis. Être emprisonné, mis dans une pièce sombre et sans issue, mine de rien, ça perturbe. Perturbe beaucoup. Beaucoup trop à vrai dire. Ce qui nous mène à plonger. À chuter. Ce qui nous mène inévitablement à notre déchéance. La liberté physique se perd facilement. La liberté physique s’acquiert, par la même occasion, tout aussi facilement. La liberté physique, quelques uns naissent avec, d’autres naissent sans. Mais néanmoins, elle demeure à la portée de tout le monde. Il suffit d’un peu de bonne volonté, de beaucoup de courage, mais aussi et surtout d’expérience et d’expertise. Et puis, un certain âge aussi peut-être. Il n’est plus à prouver qu’à cinq ans et à vingt ans, on ne fait pas la même chose. Ou plutôt, nous ne sommes pas capables de faire la même chose. Mais ici, nous ne parlons pas tant de cette liberté que celle qui ne peut être obtenue que par, non pas un minimum, mais réellement beaucoup d’hardiesse et de volonté. Pas de foi, pas de croyance. Juste de la volonté. Et une confiance en soi sans faille. Il n’est pas facile de pouvoir être à la fois courageux, méfiant et prudent, pourtant, il le faut bien. De telle ou telle façon, en empruntant tel ou tel chemin, en étant honnête ou hypocrite, qu’importe. Les personnes vous jugeant n’existeront plus. Effectivement, pour être de cette façon-là libre, il faut savoir adapter son entourage et faire des sacrifices pour parvenir à ses fins. Rompre les liens, couper les ponts, se détacher des autres, ne plus être qu’un fidèle serviteur du vent et de la brume ; être indépendant. Les autres, donc, ne pourront plus vous blâmer si vous vous servez d’eux, si vous vous avérez être manipulateurs. Vous les blesserez un peu plus encore, les anéantirez, les réduirez à un rien, en ferait ce que bon vous semble. Vous les ferez disparaitre de votre vie, peut-être avec une pointe de culpabilité, de dégoût dirigé contre vous-mêmes. Ils ne seront rien et vous serez tout. Vous deviendrez non pas égoïste, mais sage. Non pas seul, mais solitaire. Car la solitude deviendra votre plus fidèle alliée. Quant à la liberté, elle sera alors à portée de mains. Cette même liberté qui deviendra grisante ; vous ne vivrez que de ça, qu’en suivant sa loi. Pourtant, suivre sa loi revient à ne pas être libre. Être libre est relatif à chaque personne. Être libre renvoie pourtant à ne pas obéir. Cela, tout le monde pourrait y aboutir, car c’est une conclusion qui met tout le monde d’accord. Alors, être libre revint à apprivoiser la solitude en devenant solitaire au lieu de seul, en sachant être maitre de sa personne, en sachant, au fond, simplement ne dépendre de personne et vivre selon ses propres envies. Non pas ses propres lois, mais simplement ses propres envies, ses désirs, ses besoins. Sans non plus être irréfléchi et immature, car de toute façon, il n’y aura, dans un monde où nous sommes les seuls à exister avec la nature, qu’un seul perdant et ce sera bel et bien nous.
C’est ce qu’avait toujours pensé Aiko. Elle qui était une personne tout particulièrement bavarde sur ce sujet avait toujours pensé cela. Elle y avait passé de longues heures de réflexion. De très longues heures de réflexion. Pourtant, aujourd’hui, elle était certaine du contraire. Être libre revenait peut-être, au fond, à être dépendant. Dépendant d’un être cher. D’un être aimé. De toute façon, avec ce regard pressant, avec ce visage de dieu devant elle, avec des lèvres envoutantes, avec des mots provocateurs mais aussi blessants, elle n’était plus sûre de rien. Plus sûre de qui elle était. Plus sûre de ce qu’elle savait. Plus sûre de ce qu’elle pensait. Plus sûre de ce qu’elle valait. Plus sûre d’avoir raison en ainsi le flétrissant. Avait-elle seulement réellement des griefs contre lui ? Qui avait tort ? Qui avait raison ? Pourquoi diable se prenaient-ils la tête ?
La liberté se résumait alors à toute autre chose. La liberté se résumait désormais à être sienne. La liberté se résumait à lui appartenir. Sa liberté se résumait à sourire pour lui, à rire pour qu’il l’accompagne dans cette symphonie, à parler pour qu’il puisse répondre et pour qu’elle puisse entendre sa voix mélodieuse et à ne vivre que pour le maintenir en vie. Bien sûr, elle refusait tout bonnement de lui appartenir si lui refusait de lui appartenir. Donnant-donnant. Elle n’avait nullement l’intention de courir après un homme qui ne voulait pas d’elle. Mais elle, voulait-elle de lui ? Certainement. Mais dans quel sens ? Cela était une toute autre question et avant d’entièrement m’éloigner du vif du sujet, je tiens à ajouter que si un jour, Finn devait compter plus qu’il ne compte déjà – si c’est possible – aux yeux d’Aiko, alors il faudrait qu’il soit tout aussi attaché à elle. Si elle devait le faire vivre en vivant, alors il devrait lui-même en faire autant. Se maintenir en vie mutuellement.

Elle ne le désirait pas simplement d’un point de vu physique. De cela au moins, elle était certaine. Effectivement, plus d’une fois déjà elle avait désiré un homme. Plus d’une fois déjà elle voulu sentir un corps de sexe différent se presser contre le sien. De sentir son torse appuyé sur sa poitrine à lui en couper le souffle, l’obligeant à aller trouver ses lèvres pour trouver de l’oxygène. Quête vaine néanmoins. Mais l’esprit est de toute façon beaucoup trop brouillé pour pouvoir penser logiquement. Elle voulu aussi, grand nombre de fois, avoir le souffle haché par les baisers successifs, le cou recouvert de ces mêmes baisers, le corps secoué de frissons, couvert de caresses. Ces jours, ces soirs, où elle ne voulu que cela. Où elle ne voulu qu’être en sa compagnie, ne voir que lui, ne penser qu’à lui en gardant néanmoins dans un coin de son esprit que demain, elle l’oublierait. Que demain, ce serait un autre qu’elle voudrait. Que demain, elle n’aurait plus à appartenir à telle ou telle personne. Que demain, elle pourrait plonger son regard dans celui d’un autre et le regarder de la même façon que celui avec lequel elle regarda son compagnon de la veille, lui promettant d’être là, de toujours l’être. Mais de partir le matin venu, car sa promesse n’incluait pas de durée. Briser les cœurs les plus sensibles, partir sur un baiser pour les plus aimants de simples aventures. Pour ceux qui étaient comme elle. Ce désir, elle ne l’avait que trop de fois ressenti. Ce désir faisait partie intégrante de sa personnalité. Ce ne fut même pas ce désir qui l’avait poussé à agir de la sorte la dernière fois, avec Finn, au beau milieu de ruines et de vestiges. Au beau milieu de leur passé commun. Au beau milieu d’un monde qui, un jour du moins, fut vivant. Effectivement, la dernière fois, ce désir fut mêlé à autre chose. À un besoin. À un besoin qui ne fut pas simplement pressant, mais tout bonnement vital. Aussi étrange que cela puisse l’être pour une première fois avec lui. Mais aujourd’hui, c’était un autre désir encore. Pourtant, elle ne saurait réellement se prononcer là-dessus. Elle ne comprenait vraiment pas. Qu’était-il pour elle ? Cette question, elle la fuyait comme la peste tant elle ne savait pas quoi répondre. Et d’ailleurs, pourquoi ne pas savoir ? Elle connaissait beaucoup de sentiments, désir, haine et amour en faisant partie, mais cela étant, elle n’avait pas spécialement d’idée précise dessus. Avait-elle réellement haï ? Avait-elle un jour aimé ? Elle n’en savait rien. Avait-elle déjà désiré ? La question ne se posait même plus et c’est pour cela qu’elle savait que ce n’était pas réellement du désir qu’elle ressentait à l’égard du brun. Elle ne savait plus où elle en était. Elle ne savait plus quel chemin prendre. Elle ne savait plus si elle devait marcher ou courir. Elle ne savait plus où se trouvait le prochain carrefour, sa prochaine pause. Elle était dans un endroit isolé, sombre. Elle tombait à chaque fois. Et chaque coup qu’elle se prenait faisait mal. Pourtant, elle se relevait. Elle se relevait et ne fuyait pas, alors que derrière elle s’étendait un chemin lumineux et droit. Mais rien n’y faisait. Elle refusait de revenir en arrière. Elle refusait d’abandonner. De l’abandonner, lui. Car elle savait, malgré tout, que quelque part dans cet endroit où elle n’y voyait rien, Finn était là aussi. À un mètre peut-être, à deux, à dix. Nulle importance, elle le retrouverait.
Pourquoi ?

Pourquoi s’entêter à le chercher ? Pourquoi s’entêter à bâtir un mur les séparant et travailler en parallèle à vouloir l’anéantir ? Pourquoi vouloir le trouver ? Que ferait-elle après ? Réussirait-elle ? Admettons que oui. Lui, que ferait-il ? Que dirait-il ? Accepterait-il de nouveau de… ? De quoi ? Elle n’en savait rien. Voudrait-il de nouveau d’elle ? L’avait-il seulement déjà réellement voulu ? Il semblerait que oui, sinon, ils ne se seraient pas si vite enflammés la dernière fois. Mais qu’était-elle à ses yeux ? Vraiment juste une femme parmi je ne sais combien d’autres ? Juste une Baskerville, un membre de sa famille qui le faisait rire et lui procurait un minimum de plaisir ? Pas possible. Elle ne pouvait pas y croire. Ne voulait pas y croire. Il semblait sincère. À chaque mot qu’il lui dit, la sincérité se laissait entendre. Il ne lui mentait pas. Pourtant, ces pensées ne cessaient se ressurgir, de remonter à la surface, de revenir l’assaillir, de venir la trancher de toute part, la lacérer, lui faire mal. Si réellement elle n’était que cela pour lui, si réellement elle ne se distinguait que de part son statut de Baskerville à ses yeux, pourquoi la blessait-il ? Justement parce qu’elle n’est qu’une autre ? Cela vous parait logique, pourtant, ça ne l’est point. Il ne l’aurait pas blessé s’il n’en était pas capable. Et, de façon mentale, on ne peut blesser que nos proches. Il est facile de le faire, mais il est difficile de se faire à l’idée qu’on l’a fait. Et là, s’il réussissait si efficacement à l’atteindre c’est qu’il savait où frapper. S’il savait où frapper, alors il la connaissait un temps soit peu. S’il la connaissait, alors il avait fait un effort pour cela. S’il avait fait un effort, c’est qu’il tenait à elle. S’il tenait à elle, forcément, elle n’était pas une femme qu’une autre partenaire de soir de Finn nommerait d’autre.

Et puis, une réaction. Une émotion. Quelque chose. Elle vit enfin un semblant de sentiment s’afficher sur le visage de Finn. Elle réussit enfin à lui soutirer une réaction. Pas spécialement la meilleure. Pas spécialement celle qu’elle voulait. Pas spécialement la plus adéquate à la situation. Mais une réaction tout de même. Comme quoi, l’avoir giflé n’avait pas été une si mauvaise idée que cela. Bien qu’au fond, elle s’en voulait encore. Il l’avait beau mérité – nul besoin de revoir ce fait, il l’avait nettement mérité –, peut-être aurait-elle dû lui épargner la violence. C’était étrange. Ce méli-mélo dans sa tête, dans son esprit, agitant son corps, la faisant trembler. Tout cela était étrange. Tellement étrange qu’elle avait craqué. Craqué mais pas réellement comme il aurait fallu craquer. Elle ne se comprenait pas. Elle ne comprenait rien de tout cela. Elle ne savait pas pourquoi ils se disputaient, ne savait pas pourquoi il lui disait des mots si blessants, ne savait pas pourquoi elle répondait tantôt avec hargne, tantôt avec douceur, ne savait pas non plus ce qu’elle faisait encore là. Et surtout, elle ne savait pas pourquoi elle s’en voulait pour cette maudite gifle. Pourquoi est-ce que le fait d’imaginer Finn avoir mal l’affectait si directement ? Pourquoi savoir qu’elle était l’unique cause de cette même souffrance avait l’effet d’une mitraillette sur elle ? Pourquoi avait-elle mal, non pas à la joue, mais au niveau de la poitrine ? Elle ressentait une vive douleur, comme si une lame avait traversé son cœur et qu’il battait avec difficulté. Comme si, justement, chaque battement faisait un peu plus mal. Parce que la lame était toujours là, et dès que le membre vital se soulevait, ladite lame semblait s’enfoncer un peu plus. Elle ressentait aussi un poids sans pareille dans son ventre. Elle serait prête à s’écrouler à l’instant tant elle n’arrivait pas à supporter cela. Et ses épaules aussi souffraient du même poids. Tout l’incitait à tomber. À ne plus se relever. À juste abandonner. Mais ce n’était pas tout. Il y avait autre chose. Une autre douleur encore. Cette fois-ci, plus présente que toutes les autres. Elle ne savait néanmoins pas à quel niveau. C’était juste là et ça faisait mal. Très mal. Ça l’empêchait de respirer normalement, de parler normalement, de réagir normalement. C’était ce sentiment de culpabilité qui se logeait en elle, dans son esprit. C’était cette voix qui lui disait d’aller se cacher dans les bras de l’homme pour fuir les propos qu’il avait lui-même tenu. C’était paradoxal. Inexplicable. Mais c’était comme ça. C’était elle. C’était Aiko. Une Aiko noyée dans une mer salée de sentiments où elle continuait de se débattre pour atteindre le chant des sirènes qu’elle entendait, pour atteindre son objectif, pour abattre tout ce qui se dresserait entre Finn et elle, pour le retrouver lui, son esprit enfantin, son cou, sa mâchoire, ses joues et ses lèvres. Pouvoir goûter encore à ces lèvres qui l’avaient empêchée d’aller voir ailleurs pendant deux mois. Ces lèvres l’ayant empêchée d’être elle-même. Ces lèvres ayant changé ses habitudes. Ces lèvres dont elle n’avait pas encore – elle l’espérait – perdu le droit d’effleurer, de toucher, de caresser. De juste embrasser.
Pour en revenir à cette réaction, effectivement, il y en avait bel et bien eu une. La surprise. Il était surpris par cette gifle. Aiko aussi l’était, ne s’étant pas pensé capable d’ainsi lever la main sur Finn, mais en revanche, c’était un mélange de colère et d’amertume qui avait pris le dessus sur son visage. Elle n’avait pas cherché à cacher sa douleur. Elle voulait qu’il la voie. Qu’il voit qu’il l’atteignait. Qu’il voit que tout ce qu’il lui disait l’affectait. Qu’il comprenne ses erreurs, mais qu’il comprenne aussi que cela signifiait qu’elle ne lui était nullement indifférente. En revanche, c’était à de la colère qu’elle s’était attendue. Mais nulle trace d’irritation. Réellement aucune. Encore une fois qui ne sera sûrement pas la dernière, pourquoi ?

Après tout, qu’est-ce qui pouvait ne serait-ce que l’amener à penser qu’elle n’était pas une autre ? Qu’elle valait mieux que cela ? Jusque là, elle n’avait jamais eu besoin de l’avis de quiconque pour savoir, justement, ce qu’elle valait. Mais maintenant, plus rien n’était sûr. Elle ne savait plus qui elle était. Qui elle était à ses propres yeux, aux yeux de Finn. Pourquoi penser qu’elle était importante pour lui, de toute façon ? Il ne le lui disait pas, elle n’avait donc aucune raison de se procurer elle-même de faux espoirs qui ne feront que rendre la chute plus rude. Car effectivement, elle n’imaginait pas du tout le fait qu’il n’y ait pas de chute. Pour elle, c’était certain, elle finirait par avoir mal. Mais ce n’était pas non plus un manque de confiance en Finn. En fait, elle pensait juste qu’elle ne pouvait espérer mieux. C’était l’idée qu’elle s’était faite. C’était l’idée que n’importe qui se serait faite, car de toute façon, rien ne la poussait à penser le contraire.

Brusquement, la surprise déserta le visage de Finn. Aiko ne savait pas trop ce qu’elle voyait étirer ses traits, mais elle n’avait pas même eu le temps d’y penser. Le brun s’approcha d’elle et lui saisit les épaules, sans doute dans le but de la secouer quelque peu. Pourquoi s’approcher alors qu’il aurait simplement puis lui agripper les épaules ? Elle ne se posa pas la question. Étrangement, elle ne parut pas étonnée. Pas qu’elle s’y attendait, mais elle n’avait pas eu le temps de s’étonner. Les mots avaient fusés à peine les mains touchèrent son corps. Son regard était plongé dans le sien ; elle ne tentait pas de le fuir. Mais lorsqu’il s’exprima, lorsqu’elle entendit ses paroles, ses pupilles s’écarquillèrent. Désormais, la stupéfaction était clairement lisible dans son visage. Si c’était la vérité ? Était-ce seulement imaginable ? Pourquoi n’y avait-elle pas pensé ? Parce que, tout bêtement, les mots qu’elle lui lança ne furent pas assez réfléchis. Ça lui paraissait tout simplement impossible qu’elle ait touché le centre de la cible. Elle n’avait même pas considéré cela comme étant une hypothèse. Mais il semblerait que ce fut son erreur. Elle aurait dû considérer cette supposition.
Après, Finn disait « si » c’était la vérité. Ça voulait dire que peut-être que ça ne l’était pas. Mais alors, la fameuse vérité n’était pas loin, sinon, il n’aurait pas dit cela. Mais pourquoi toujours s’entêter à ne pas simplement dire ce qui l’avait réellement poussé à faire cela ? Au lieu de jouer sur les mots. Au lieu de poser des questions pareilles. Au lieu d’amener la rousse à penser plus rapidement qu’elle ne le faisait déjà. Au lieu de faire accélérer le défilement des pensées dans l’esprit de la jeune femme. Au lieu de la pousser encore et toujours au bord de la falaise. Au lieu de l’obliger à reculer et de bientôt tomber dans le gouffre. Au lieu de lui faire perdre la tête. Au lieu de la rendre folle. Mais folle au sens littéral ou simplement folle de lui ? Bien sûr, quand une pensée cohérente réussissait à se former dans son esprit, Aiko n’y prêtait pas attention, trop occupée à répondre. Ladite pensée n’eut pas le temps de passer entre les mailles de la réflexion. Malheureusement.
Et puis, dans un murmure :

« Je ne dirai rien. »

Je ne dirai rien. Pas je ne ferai rien. Mais est-ce que Finn comprendrait ? La connaissait-il assez bien pour savoir qu’il fallait toujours chercher un sens caché à ses mots ? Ou alors, interprétera-t-il ses dires autrement ? Les interpréta-t-il mal ? Pensera-t-il que cela signifie qu’elle n’en a rien à faire que ce fut le fond de sa pensée ou pas ? Que de toute façon, les faits restaient les mêmes ? Peut-être. Ce n’état néanmoins pas ce qu’elle pensait. S’il avait réellement agi comme cela, elle porterait un regard nettement plus compréhensif sur ce qu’il fit. Mais en même temps, elle ne pouvait pas lui dire tout cela. Elle ne pouvait pas s’exposer plus qu’elle ne le fit déjà. Elle ne pouvait pas se permettre d’être ainsi à portée de main, à portée de coups. Elle ne pouvait pas se permettre d’encaisser encore les paroles du brun. Elle ne pouvait pas se le permettre simplement parce qu’elle se pensait déjà assez affaiblie comme cela et que, après quoi, il ne faudrait qu’une légère secousse pour la faire céder. Et céder, elle ne le voulait pas.
Elle avait répondu avant qu’il ne retire ses mains. Quand je vous disais qu’il réussissait à merveille à la faire penser plus vite qu’elle ne le faisait déjà. Et puis, d’ailleurs, en parlant de ces mains, ne les avait-il pas gardées un peu plus que nécessaire sur les épaules de la jeune femme ? Il sembla se rendre compte de ce détail car il les retira, reculant pour revenir à sa place avant ce geste et ces quelques mots. Aiko baissa les yeux. Ce n’était pas un jeu. Ce n’était pas une question de perte ou de victoire. C’était sérieux. Tellement sérieux que la demoiselle cédait déjà à la pression. Elle voulait qu’il garde ses mains sur ses épaules. Elle voulait qu’il fasse glisser ses doigts sur son corps préalablement dénudé par ses propres soins. Elle voulait qu’il fasse danser ces mêmes doigts sur sa peau, qu’il la caresse, qu’il la touche. Elle voulait le sentir contre elle. Elle le voulait, mais ne pouvait le dire à haute voix. Ne pouvait lui demander cela alors qu’elle réagissait ainsi. Alors qu’elle réagissait à tort.

Elle ne put s’empêcher de revenir vers lui, de refaire glisser ses doigts sur la joue qu’elle avait elle-même giflée. Elle s’excusait silencieusement, caressait cette partie du corps et avait cette envie de pleurer presque incontrôlable. Pourtant, elle se contrôlait. Il était stupide de pleurer sans même savoir pourquoi. Et là, justement, elle ne savait pas pourquoi elle voulait verses de vaines larmes. Peut-être parce qu’elle avait l’impression de le perdre. C’était effectivement sûrement cela. Elle avait l’impression de le perdre. Elle ne voulait pas. Elle ne s’en remettrait pas. Pas même après le passage du souffle du temps là-dessus. Elle ne relèverait pas de pareil coup. Mais ça, elle n’arrivait pas à l’accepter. Pourquoi ? Pourquoi était-elle dépendante de cet homme ? Pourquoi ne se trouvait-elle libre que lorsqu’elle était près de lui ? Pourquoi ne se sentait-elle capable de faire des miracles que s’il était derrière elle pour la réceptionner en cas de chutes ? Pourquoi avait-elle l’impression que s’il le lui demandait, sans même chercher pourquoi, elle se jetterait du haut d’une falaise ? Elle ne pouvait pas être ainsi attachée à lui. Pas en si peu de temps. Ce n’était pas logique. Elle n’arrivait pas à se l’avouer. N’arrivait pas à l’accepter. C’était aussi l’une des raisons qui faisaient briller ses yeux de larmes. Elle en avait marre. Elle ne comprenait pas. Ne se comprenait pas. Comment vouloir comprendre les raisons ayant poussées Finn à aller voir ailleurs alors qu’elle ne comprenait même pas pourquoi elle lui en voulait ? Donc oui, au final, les raisons de pleurer, elle en avait plusieurs. Pourtant, elle ne le faisait pas. Elle préférait encore brusquer Finn pour en tirer des réactions que pleurer pour qu’il s’apitoie sur son sort et lui fasse entendre ce qu’elle voulait. Là encore, le fait qu’il considère ce fait comme touchant et non pitoyable n’effleurait même pas l’esprit de la rousse. Pour elle, les larmes étaient une preuve de faiblesse. Pour elle, se montrer vulnérable revenait à s’exposer. Elle n’imaginait pas que c’était peut-être en s’exposant qu’elle pourrait mieux réceptionner les rayons chaleureux de l’astre solaire.
Et puis, il lui demanda pourquoi. Elle fronça quelque peu les sourcils. Pourquoi ? Pourquoi quoi ? Parce que bon, ce n’et pas comme si les pourquoi avaient manqué depuis tout à l’heure. Alors s’il pouvait se montrer un peu plus précis, ça l’arrangerait. Du moins, c’est ce qu’elle pensait. Mais lorsqu’il acheva sa phrase débutée dans un faible murmure, elle se rendit compte qu’elle ne possédait pas plus de réponse qu’il y a quelques instants. Pourquoi était-elle douce ? Parce que c’était sa nature ? Non, pas vraiment. Parce que c’était comme ça. Parce qu’elle ne pouvait et ne voulait de toutes façons pas faire autrement. Parce qu’elle était incapable de s’irriter et de s’en aller en gardant pour dernier souvenir de Finn une vive douleur qu’il lui asséna. Elle voulait le revoir sourire. Elle voulait le revoir contre elle. Elle voulait ressentir ses lèvres contre les siennes. Elle le voulait, lui. Pas de la souffrance. Juste lui. Rien d’autre que lui.
Mais que répondre à cela ? Son regard avait de nouveau recroisé celui de Finn, y étant ancré. Et puis, dans un souffle chaud, elle murmura la réponse qu’il attendait.

« Parce que je ne peux pas faire autrement quand il s’agit de toi, Finn. »

Parce que je tiens beaucoup à toi pour me permettre de me montrer violente trop longtemps. Parce que c’est juste inimaginable. Parce que je ne t’en veux pas le moins du monde. Parce que tu ne le mérites pas autant que tu le penses. Parce que de toute façon, ce n’est pas à toi de juger ton degré de faute. Et parce que si je te pardonne tes mots, tu dois en faire autant. Au fond, tout simplement parce que ça a beau faire encore mal, je ne peux pas te pardonner, car je ne t’en ai jamais voulu. Parce que pour moi, tu es trop important. Parce que ce que je ressens pour toi est trop grand, trop profond pour que je puisse me permettre de passer outre. Parce que le fait de ne pas être en mesure de poser un mot sur ce que je ressens pour toi me prouve deux choses. Premièrement, ça rend ledit sentiment plus mystérieux, plus dangereux, plus défendu et du coup, tellement plus intéressant, plus passionnant. Et deuxièmement, ça me prouve que toute seule, je ne peux rien faire. Que j’ai besoin de toi. Que je dépends de toi.
Tout cela, elle fut portant bien incapable de le dire. De quoi aurait-elle l’air d’ainsi déballer tout ce qu’elle pensait ? Finn se moquerait sûrement d’elle. Et avant qu’il ne le fasse, elle s’en occuperait d’abord elle-même. Pathétique.

Et puis finalement, elle lui posa cette question lui brûlant la langue. Lui, qu’aurait-il fait ? Elle s’appliqua à étudier son visage et cela s’avéra d’ailleurs être payant. Il détourna son regard, fuyant le sien. Il n’avait besoin de rien dire de plus, elle avait compris. Lui non plus, il ne l’aurait pas bien pris. Lui aussi aurait été jaloux. À quelques détails près, sa réaction aurait été la même que celle d’Aiko. Peut-être aurait-il été plus blessant qu’elle ne le fut vis-à-vis de lui. Peut-être qu’il serait parti. Elle n’en savait trop rien. Et visiblement, lui non plus. Une chose restait néanmoins sûre, c’est qu’il n’aurait pas été moins vilain qu’elle pour le coup. Alors il était censé comprendre. Il était censé la comprendre. Il redirigea ses yeux vers les siens, murmura et répondit. Une réponse qu’il aurait tout aussi bien pu taire tant elle n’apportait rien à la jeune femme. Au moins, il avouait ne pas savoir et ne prétendait pas qu’il aurait été indifférent si les rôles avaient été inversés. Et puis, un sourire relevant de l’amertume se dessina sur ses lèvres. Lorsqu’il reprit, elle se mordit la lèvre avant d’à son tour sourire de ce sourire mordant. Elle n’attendit pas une seconde de plus avant de s’approcher de lui, de se hisser sur ses pieds pour atteindre sa hauteur et de parler d’une voix tranchante, son regard baignant dans le sien.

« Vraiment ? »

Fixe-la Finn et ose lui mentir. Ose prétendre qu’elle ne t’appartient pas alors qu’elle semble t’en donner le droit. Au fond, elle-même n’en sait trop rien. Ne sait pas si elle veut te donner ce droit. Ne sait pas si elle doit te le donner. Ne sait pas si tu accepterais ce même droit. Ne sait pas si tu voudrais d’elle. Et si tu ne dis rien, si tu ne te poses pas les bonnes questions, si tu ne le lui dis pas clairement, elle ne pourra pas le savoir. Si tu n’affirmes pas nettement, dans cette position, qu’elle ne t’appartient pas, alors elle n’abandonnera pas l’idée qu’il est très plausible qu’elle t’appartienne sans que vous vous en rendiez compte.
Et puis, elle recula, les yeux toujours logés dans ceux de Finn.

Pourtant, malgré ce qu’elle venait de lui demander, elle ne put s’empêcher de se poser à son tour la question. Lui appartenait-elle ? Il n’était pas possible qu’elle soit sienne si lui n’était pas sien. C’était une question cachée dans l’ombre de l’interrogation qu’elle lui lança. Vraiment, elle ne lui appartenait pas ? Vraiment, il ne lui appartenait pas ? Vraiment, ils ne s’appartenaient pas mutuellement ? Elle ne détenait pas la réponse. Elle ne pouvait pas lui appartenir sans qu’il ne lui appartienne. Et vice-versa. Ce n’était donc pas une décision qu’elle pouvait ou qu’il pouvait prendre seul. Car elle ne pouvait pas l’obliger à être sien et que lui non plus ne pouvait pas l’obliger à être sienne. Mais entre elle et elle, pensait-elle être capable de se donner à un homme autrement que physiquement ? Elle n’en savait rien. Elle ne savait pas si elle pouvait faire assez confiance à un homme. Mais cet homme n’était pas n’importe quel homme. Cet homme, c’était Finn. C’était une personne qu’elle avait d’emblée appréciée et qui avait immédiatement attisé sa curiosité. Ceci l’ayant incitée à lui accorder sa confiance. Mais à quel point ? Jusqu’où ? Là encore, la réponse ne pourrait pas être trouvée avec la simple volonté d’Aiko. Il fallait qu’elle soit aidée. Et même si ça lui en coûtait de se l’avouer, elle savait pertinemment que seule, elle n’arriverait à rien. Elle avait besoin de Finn. Autant qu’il avait besoin d’elle s’il désirait se retrouver au milieu des sentiments et des émotions l’agitant, le perturbant. Ça ne se fera pas en un jour, cela était certain. Mais si déjà aujourd’hui, ils n’arrivaient pas à se calmer, il allait être difficile d’avancer main dans la main et de travaille de conserve. Pourtant, Aiko voulait encore y croire. Croire en sa capacité à amener Finn à marcher à ses cotés. Croire en Finn. Croire en eux.

Encore une fois, ses yeux se perdirent dans n’importe quoi d’autre tant que ce n’était pas ceux du brun. Lorsqu’elle les releva, elle nota un changement dans l’état de l’homme. Il avait serré les poings. Pourquoi ? Qu’avait-elle fait ? Elle fronça les sourcils, perplexe. Devait-elle lui poser la question ? Devait-elle témoigner d’un intérêt n’ayant pas disparu pour lui ? Devait-elle lui montrer qu’elle s’inquiétait toujours pour lui ? Qu’elle craignait que quelque chose lui arrive ? Elle l’ignorait. Et dans le doute, elle garda le silence. Et puis, il répondit à sa question silencieuse. Il avait comme qui dirait craqué. Aiko était demeuré parfaitement immobile, nettement perturbée par tout ce qu’il venait de dire. Elle n’arrivait même à analyser ses mots. Elle ne savait pas. Ne savait plus. N’arrivait à rien. Ne voulait même plus penser. En avait marre. Il avait raison. Il avait raison, ils étaient pitoyables d’ainsi se disputer. Et même s’il parlait en utilisant le premier pronom du singulier, elle était dans le même état que lui. Elle non plus n’arrivait pas à s’avouer qu’elle tenait à lui, qu’il comptait bien plus que l’imaginable à ses yeux. Elle aussi ne savait pas pourquoi elle restait alors qu’elle aurait dû s’en aller il y a de cela un moment déjà. L’aurait-il seulement laissé s’en aller ? Maintenant qu’il lui disait tout cela, elle n’en était pas sûre. Elle aussi essayait de le repousser lâchement, bien que n’y parvenant pas, sa conscience s’opposant à cette décision gamine. Et puis, son ton. Le timbre que sa voix a adopté pour dire tout cela. Les derniers mots qu’il lui adressa. Le murmure dans lequel s’étaient prononcées ses dernières paroles. Le murmure dans le quel s’était prononcé son prénom. Et cette promesse. La promesse de s’occuper personnellement de celui qui poserait les mains sur elle. Dans quel sens ? Celui qui la toucherait ou celui qui la battrait ? Peut-être un peu des deux. Peut-être surtout la première supposition. Elle n’était même plus en mesure de réfléchir.
Elle avait l’impression d’avoir été horrible avec lui. De ne pas avoir été présente pour lui ces derniers instants. L’impression d’avoir été stupide de lui en vouloir. L’impression d’être stupide. Stupide pour ne pas lui avoir dit de se taire plus tôt. Stupide pour ne pas l’avoir supplié de ne plus rien dire, qu’elle lui pardonnait, même si elle ne savait pas s’il y avait quelque chose à pardonner. Stupide pour ne pas lui sauter au cou. Mais ça au moins, elle pouvait y remédier.

Tout se passa rapidement. Aiko ne savait même plus si c’était réel ou si ce n’était qu’un rêve, mais elle n’en avait que peu faire. Elle effaça la mince distance les séparant et se jeta littéralement sur lui. Ses bras retrouvèrent leur place facilement, se nouant autour du cou de l’homme. Son front se colla à son torse et elle serra. Elle serra aussi fort que possible. Elle serra autant que ses muscles affaiblis par la mission le lui permettaient, autant que ses bras frêles après toutes ces émotions le lui permettaient aussi. Elle ne voulait plus bouger. Ni tout de suite, ni plus tard. Ne voulait plus jamais se décoller de lui. Elle désirait simplement s’excuser de ce comportement de gamin qu’elle avait eu. Désirait se faire excuser pour tout. Absolument tout. Elle voulait aider Finn. Elle ne savait pas comment, mais cette étreinte lui permettrait autant qu’elle de pouvoir au moins combler ce besoin d’être près de l’autre. Ils ne s’en contenteraient sûrement pas, mais avant qu’elle n’ait pu trouver des mots adéquats pour lui répondre, ils devraient tous deux s’estimer heureux de cette étreinte échangée.
Au bout de quelques secondes, peut-être minutes, elle l’ignorait, elle releva la tête. Ce fut des yeux embués qui retrouvèrent la couleur verte teintant les iris de Finn, mais ils ne l’empêchaient nullement de contempler ce doux visage qu’était celui du brun de cet angle qui lui avait tellement manqué. Sa voix était faible, à peine audible, tremblante, mais elle s’en fichait. Tant que le message pouvait être transmis, ça lui convenait.

« Alors cessons d’avoir peur. On ne comprend pas forcément ce qui se passe, mais essayons tout de même de l’accepter. Je... Je suis là maintenant. Je serai toujours à tes cotés, Finn.»

Pourquoi devraient-ils cesser d’avoir peur ? Qui était-elle pour pouvoir dire à Finn qu’il n’y avait pas lieu d’avoir peur et ce, malgré qu’elle-même était toujours habitée par cette même crainte ? Elle voulait juste lui faire comprendre qu’à deux, ils s’en sortiraient mieux. Ils n’auront pas forcément une vision nette de la situation, mais elle sera déjà moins floue. Même si ce serait ne serait que pas à pas, ils avanceront au lieu de patiner comme ils le font si bien en ce moment.
Effectivement, maintenant, elle était là. Parce que lors de ces quelques minutes, elle n’avait pas été présente pour lui. Mais pour une fois, au lieu de s’en vouloir bêtement, elle préférait y remédier. Et puis, il était maintenant certain qu’elle ne commettrait pas deux fois la même erreur. Elle sera là. Longtemps. Toujours. Même si d’autres accrochages étaient à prévoir, ils sauraient y faire face. Mais au lieu d’avoir deux ennemis chacun, ils n’en auraient qu’un. Au lieu qu’Aiko se batte contre Finn et contre le souci, elle n’aura que le problème à repousser. Et Finn en ferait autant. Tout cela résumait ce qu’elle voulu dire. C’est exactement qu’elle voulu lui dire en ces quelques mots. C’était le fond de ses pensées, en ce moment. Mais encore fallait-il que Finn veuille d’elle après cela. Encore fallait-il qu’il élargisse son champ de vision et qu’il regarde par-delà la jalousie qui l’animait pour voir que les sentiments qu’elle portait à son égard étaient des plus purs, des plus sincères. S’il avait eu peur d’un quelconque refus tout à l’heure, alors qu’il soupirait en jetant sa tête en arrière, c’était désormais au tour d’Aiko de craindre qu’il ne soit pas d’accord avec elle. Il pourrait changer d’avis. Il pourrait... N’importe quoi.

Elle glissa ses mains sur sa nuque et la caressa délicatement, allant effleurer de ses lèvres la mâchoire de l’homme. Pour l’embrasser, il faudrait déjà qu’elle se mette sur la pointe des pieds. Ou que Finn se baisse pour aller cueillir ses lèvres des siennes. Et puis, il faudrait d’abord qu’il réponde à ce qu’elle lui avait dit. Qu’il répondre avec des mots ou en esquissant un geste quelconque.
Maintenant, si Finn voulait lui expliquer pourquoi est-ce qu’il a permis à une autre femme de le marquer alors qu’il disait tenir à elle, qu’il le fasse. Elle pouvait tirer des déductions d’elle-même, approximativement, à partir de tout ce qu’il venait de lui dire, mais elle estimait avoir assez réfléchi. S’il voulait garder le silence, alors elle devrait bien s’en accommoder. Elle ne voulait plus le brusquer. Elle voulait connaître la vérité, mais si Finn s’obstinait à ne rien vouloir lui dire si ce n’est en lui transmettant quelques sous-entendus, alors elle ferait taire sa curiosité et sa jalousie encore quelques instants. Pour l’instant, elle voulait juste... Elle ne savait même pas. Elle le voulait. Elle voulait être près de lui. Elle voulait le rester pour toujours. Elle voulait croire en l’éternité. Elle voulait croire en une éternité dans les bras de Finn.
Revenir en haut Aller en bas
Finn Baskerville

Finn Baskerville
Chekeur chieur

Féminin Messages : 609
Age : 30
Personnages préférés : Break, Sharon, Jack, Gil, Elliot

Feuille de personnage
Nom & prénom: Finn Baskerville
Nom du Chain : Naaru Irwin
Groupes:


« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty9th Décembre 2012, 05:17

Désarmé comme un gosse, voilà ce qu’il est. Il a beau avoir une lame à sa ceinture, une autre dans le dos, il est complètement sans défense face à cette femme et ce qu’elle déclenche. Il n’y a rien qu’il puisse y faire. Trop faible pour la repousser entièrement. A chaque pas qu’il fait pour s’éloigner d’elle, s’en suivent deux vers elle. Poussés par quelque chose d’incompréhensible. Etre impuissant et dirigé par l’inconnu fait particulièrement peur. On se débat pour en sortir. Des fois ça marche.
Et des fois non.

- Je ne dirais rien.

La réponse l’intrigue. Rien ? Rien comme dans cela ne l’affecterait pas ? Impossible. Parfaitement impossible, sinon elle n’aurait pas réagi comme elle a réagi un peu plus tôt en découvrant son cou. Et Finn refuse de penser que cet argument est une pure invention de son esprit destinée à le rassurer. Parce que si elle n’en pensait réellement rien, cela ferait mal. Un sérieux coup. Qui risquerait d’ailleurs bien de le faire partir pour de bon.
Mais ceci n’est que le sens le plus littéral possible à la phrase. Le premier qu’il a compris. Quand une phrase peut avoir plusieurs sens, on saisit en premier soit celui qui est le plus habituel, soit celui auquel on s’attend le plus. Visiblement ici, le Baskerville continue à s’attendre à être rejeté s’il avoue quoi que ce soit. Mais il y a d’autres sens. Elle n’a par exemple pas dit qu’elle ne ferait rien. Peut-être qu’elle ne dira rien en effet. Mais qu’elle fera. Et qu’est-ce qu’elle fera ? Aucune idée. Mais cela suffit de poser des questions. S’il veut savoir ce qu’elle fera, il n’a qu’à avouer. Tout avouer. Et alors il sera fixé. Si elle doit le rejeter, elle le rejettera. Ça fera mal, ça fera très mal et il faudra vivre avec et s’en remettre. C’est ainsi que cela marche. Pourtant… Pourtant il veut croire qu’elle ne le repoussera pas. Quand il la voit céder et rester douce avec lui. Pourrait-elle être cruelle au point de lui montrer de l’affection pour mieux le poignarder ensuite ? Cela aussi il refuse d’y croire. Il ne la connaît pas tant. Mais Aiko n’est pas comme cela. Aiko ne chercherait pas à lui faire baisser sa garde pour mieux frapper. Si Aiko voulait lui enfoncer une lame entre les côtes, elle l’aurait déjà fait, de front et certainement pas de façon sournoise. Son cas serait déjà réglé, et lui ne pourrait pas la blesser comme il la blesse.

- Parce que je ne peux pas faire autrement quand il s’agit de toi, Finn.

Et voilà, une fois de plus elle porte un coup au mur mental qui s’effrite encore un peu. Toujours plus proche de sa destruction. Déjà la volonté de le maintenir en place est de moins en moins forte. Pourquoi, pourquoi renoncer à quelque chose qui pourrait peut-être les rendre heureux tous les deux en échange d’attaches ? Ce serait tellement simple de céder, tellement facile. Se laisser emporter et cesser de lutter contre le courant. Juste voir jusqu’où ils pourraient dériver puis s’échouer. Et si jamais cela ne marche pas, il sera toujours temps de revenir en arrière, non ?
Tout au fond, il sait que si jamais ils cèdent tous deux et que cela ne marche pas, la bulle explosera et il n’y aura pas moyen de la reformer. Mais d’un autre côté, construire le barrage maintenant la fera exploser aussi, après cela ils ne pourront plus se considérer comme amis. Voir l’autre ferait trop mal, serait trop étrange. Il n’y aurait plus cette fameuse impression qu’ils peuvent chacun en présence de l’autre agir naturellement. Tout arrêter maintenant présente le seul avantage que, peut-être, cela serait moins douloureux sur le long terme. Ce dont ni l’un ni l’autre des jeunes Baskerville ne semble se rendre compte, c’est qu’accepter de tenter maintenant ne pourra que les rapprocher. Leur donner chance sur chance de compter de plus en plus pour l’autre. Jusqu’au moment où il sera trop tard. Où tout briser fera de gros dégâts, bien plus importants que ceux qui pourraient être causés maintenant.
Mais Finn ne pense pas à tout cela. Finn ne pense pas à ce qu’il pourra se passer ensuite car il n’en a pas la moindre idée. Et Finn ne veut pas y penser en avance, cela n’a jamais été quelque chose qu’il a fait par le passé. Il a toujours pris les choses comme elles venaient. Et puis Finn tient trop à Aiko pour prendre le risque de tout détruire maintenant. Il est bien trop faible, bien trop petit face à ces sentiments. Pourtant il ne peut pas s’empêcher de penser qu’il ne mérite pas Aiko. Et qu’Aiko mérite mieux que de perdre son temps sur un terrain friable avec lui pour seule compagnie.

Pourtant elle s’entête. Il affirme ne pas la posséder. N’avoir aucun droit sur elle. Qu’elle devrait être parfaitement libre de son influence, de tout ce qu’il pourrait bien penser. Et elle semble prétendre le contraire.

- Vraiment ?

Il est surpris. Oui, vraiment, il le pense en toute honnêteté bien qu’il souhaite ardemment le contraire. Parce que l’idée qu’un autre la touche est juste insupportable pour une raison inconnue. Personne ne devrait être autorisé à la voir comme il l’a vue il y a deux mois. A obtenir les regards qu’il a obtenus, la douceur dont elle fait encore preuve envers lui actuellement. Effrayantes pensées qu’il ne devrait pas avoir le droit d’avoir. Qui sait où cela peut mener ? Depuis quand au fond est-il possible de posséder quelqu’un autrement que physiquement ? Le physique a cela de rassurant qu’il n’est que temporaire. Renouvelable, mais temporaire. L’autre fois, elle l’a possédé entièrement. Temporairement, mais entièrement. Il ne pensait qu’à elle, contre lui alors qu’elle s’offrait sans résistance. Qu’ils s’offraient chacun sans résistance. Et c’était bon, tellement agréable de ne penser à rien d’autre, de juste profiter sans regarder en arrière. Ça avait semblé tellement naturel. Chacun se reposait sur l’autre, il n’y avait aucun problème. Parce que c’était temporaire, que chacun reprendrait ses droits sur lui-même ensuite. Et maintenant, s’il était possible d’étendre cet état à une station plus permanente au prix de quelques sacrifices, de quelques offrandes à l’autre ? Il faut l’avouer, l’idée semble tellement tentante. Aussi terrifiante qu’attirante.

- Le veux-tu vraiment ? Tu mérites mieux.

Il élude quelque peu la question. Parce qu’à son « vraiment ? » il veut répondre oui. Mais ce oui, ce n’est pas à lui de le donner. Pas à lui de décider. Et il l’avertit en plus de ce qu’elle doit déjà savoir. Elle mérite mieux. Il ne cherche pas à se donner d’argument pour fuir, ou à lui offrir des armes pour le repousser. Les faits sont juste là. Elle pourrait trouver quelqu’un de moins indécis, de plus sûr de lui, quelqu’un avec qui elle serait sûre d’aller quelque part et ne pas juste marcher à l’aveuglette. Quelqu’un sur qui elle pourrait s’appuyer avec la certitude qu’il ne risquerait pas de s’écrouler. Quelqu’un qui ne risquerait pas de lui faire du mal. Mais là encore, il ne peut pas se permettre de parler pour elle.

Puis il s’expose un peu plus. De toute façon, qu’elle frappe. Qu’elle frappe pour de bon et le fasse partir. Il n’est pas capable de prendre de décision tout seul comme un grand, alors qu’elle tranche. La balle est dans son camp. Elle est le juge.
En lieu et place de ce qu’il pensait être le dernier coup à encaisser, il réceptionne Aiko tout entière dans ses bras. Maladroitement, avec un pas en arrière pour ne pas tomber sous la surprise de la voir se jeter dans ses bras ainsi. Surprise qui supplante toute douleur liée à la mission de tantôt et que la jeune femme vient de malmener. Faibles douleurs qui sont complètement ignorées au profit d’une seule information : elle ne l’a pas rejeté. Elle n’a pas abattu le couperet, n’a pas usé d’une répartie tranchante, ne l’a pas achevé. Elle est dans ses bras, le serrant contre lui qui en fait de même en enfouissant son visage dans la chevelure rousse. Soulagement immense. Il ne veut pas penser, juste la serrer contre lui. Peu importe ce que cela veut dire, peu importe ce qu’il se passera ensuite. Temporairement, tout mettre de côté. Quelques secondes à quelques minutes, qu’importe mais cela fait du bien. Il murmure son prénom en la serrant un peu plus fort. Il voudrait la sentir encore plus proche de lui, la serrer plus fort mais cela risquerait de lui faire mal. Il ne veut pas l’étouffer non plus. Plus tard, si elle lui en laisse le droit, si elle le laisse approcher, ils pourront reprendre cette étreinte et l’amener plus loin. Pour le moment, juste la serrer contre lui suffit.
Après un temps indéterminé sans changer de position, il la sent bouger contre lui. Alors il relève la tête pour pouvoir croiser le regard qui l’a fait céder un peu plus tôt. Toute trace de douleur en a cette fois disparu.

- Alors cessons d’avoir peur. On ne comprend pas forcément ce qui se passe, mais essayons tout de même de l’accepter. Je... Je suis là maintenant. Je serai toujours à tes côtés, Finn.


En même temps qu’elle a détruit la barrière invisible qui les séparait physiquement, elle a achevé les défenses mentales que le contractant avait érigées.
Ils sont du même côté de la barrière maintenant.
Il ne faut pas promettre pour toujours. Promettre pour toujours fait partie de ces jolies promesses qui semblent pouvoir être tenues au moment où elles sont formulées, et se révèlent par la suite à un moment où à un autre difficiles à tenir. Peu importe la raison. Et pour eux, Baskerville, promettre pour toujours ne peut pas être tenu. Pas avec ce qu’ils font. Un beau jour, sans prévenir, tout sera fauché et renvoyé dans l’Abysse. Chaque jour peut être le dernier, chaque mission peut ne jamais avoir de fin pour celui qui l’exécute. Bien sûr, le contractant est bien loin de vivre en se rappelant ces faits tous les jours, il n’y pense pas. Parce qu’après tout, n’importe quel jour peut être le dernier pour n’importe qui. Il faut juste voir que les chances sont inégales. Alors ici, promettre pour toujours ne sert pas, mis à part à le toucher et lui donner envie d’y croire. Il n’a pas besoin qu’elle lui promette pour toujours, juste jour après jour lui suffira. Renouveler les engagements. Mais bien sûr, cela il ne le dira pas. Il se contentera de voir. D’observer au fil des rencontres. Et en attendant la prochaine rencontre alors qu’il n’a pas envie de terminer celle-ci, il se contentera de vivre le moment présent. Avec la jeune femme dans ses bras. Maintenant, il sait ce que la séparation fait, ce que le mur l’empêche d’atteindre. Le mur est abattu, il compte bien en profiter.

Il ne sait pas quoi répondre, les mots lui manquent. Il voudrait s’excuser et la remercier à la fois. Tout avouer et ne rien dire en même temps. Si elle a réussi à faire taire en partie ses inquiétudes, elles ne sont pour autant pas parties. Il continue à craindre cette relation et ce qu’elle pourrait apporter, continue à se poser des questions, encore et encore. Mais au moins maintenant il sait qu’il n’est plu tout seul, et que mettre à disposition d’Aiko des armes contre lui ne signifie pas pour autant qu’elle s’en servira. Au contraire. Que, peut-être, laisser quelqu’un d’autre avoir une emprise n’est pas une catastrophe, qu’il peut céder un peu de terrain, voir comment cela se passe. Qu’on ne s’y trompe pas, il n’est pas en train de changer d’avis. Juste apaisé pour le moment, il reste méfiant mais cesse de repousser à tout va. Aiko a dit « essayons », alors, qu’ils essaient. Maintenant qu’il l’a dans les bras, la repousser lui semble être une tâche impossible. C’était bien plus simple avec des mots, avec une distance qui était déjà présente. Il ne veut plus voir la douleur dans son regard. Ils verront bien, à deux, ce que cela donnera. Si l’un tombe, l’autre pourra toujours le relever. Il se fera, lentement, à l’idée qui est pour le moment bien trop nouvelle pour qu’il puisse la saisir entièrement. Au moins, il accepte de la laisser s’installer. Et un jour, il sera capable de dire pourquoi elle et pas une autre. Un jour. En attendant, il peut continuer à plonger le regard dans ces beaux yeux bruns sans y lire plus de douleur. Puis se pencher et voler les lèvres inconscientes du danger qui plane au-dessus d’elles un instant. Juste un très bref instant même s’il voudrait plus.

- Je te promets d’essayer.

Il hésite un instant et puis reprend :

- Aussi longtemps que tu voudras de moi.

Ça y’est, il l’a dit, qu’on l’épargne pendant trois mois maintenant. Il a dit, il a admis à voix haute l’emprise qu’elle a sur lui. Tant qu’elle voudra de lui. Tant qu’elle acceptera de le garder, tant qu’il restera à elle. Du moins en partie pour le moment parce qu’il n’arrive toujours pas à s’y résoudre entièrement. Encore une fois, il commence à se laisser apprivoiser par l’idée, à ne plus trop se débattre. Pour autant, il a besoin de temps. Et il est plus que probable qu’Aiko aussi. Alors qu’ils se laissent le temps d’apprendre mutuellement, rien ne presse.

Elle vient déposer ses mains sur sa nuque, ses lèvres sur sa mâchoire, ils en sont presque revenus au tout début, juste après la fin de cette mission. Presque rien n’a changé. Presque. Ils sont juste plus conscients de certaines choses. Mais au fond, rien n’a changé. Et où est-ce qu’ils en étaient avant tout cela ?
Ah oui. Ils s’embrassaient. Alors il descend à nouveau sur les lèvres de la Baskerville qu’il lui vole plus longuement. Il n’oublie pas, qu’il a encore des choses à avouer. Qu’il lui doit certaines vérités et surtout une en particulier. Vérité qu’il n’a pas l’intention de garder pour lui, même s’il rechigne toujours à l’avouer. Elle a réussi à le calmer, il la lui doit. D’autant plus qu’elle a dit plus tôt qu’elle ne « dirait rien ». Certes pas qu’elle ne ferait rien, mais… Il ne va pas s’en prendre une autre maintenant pour cela, non ? Qu’importe, il lui doit cette vérité. Et elle aura la réaction qu’elle aura.
Tellement facile à dire.

Néanmoins, il rompt le baiser de lui-même pour la serrer contre lui. N’ayant juste pas le courage d’affronter son regard. Si elle réagit, de toute manière, il le saura. Il n’y a pas besoin d’étudier ses expressions.
Du moins voilà les arguments qu’il se sert à lui-même pour tenter de justifier le fait qu’il cache son visage dans la chevelure flamboyante. Il s’exprime doucement, faisant fi de la crainte qu’il ressent à en avouer toujours plus :

- Cette marque sur mon cou, c’était il y a trois jours. J’avais bu et elle… La femme… Elle te ressemblait.

Il ne peut pas s’amener à en dire plus. En même temps, il n’y a pas grand-chose d’autre à dire. Qu’il a oublié le prénom de la femme en question. Et, peut-être en effet qu’il faudrait ajouter qu’il n’a pas fait cela par manque mais juste parce qu’elle lui ressemblait. Du moins c’est ce qu’il pensait, mais en réalité, plus ça va et plus il se peut que le manque soit aussi l’une des raisons. Peu importe, tout ce qui peut être déduit de ce qu’il a dit tourne autour de cette histoire de manque. Alors il n’y a pas besoin d’en dire plus, Aiko comprendra. Et lui sera peut-être pardonné. Pour cette fois, car il n’a rompu aucune promesse. Il n’y aura pas de clémence si cela venait à se reproduire à partir de maintenant. Parce que maintenant, même si rien n’a réellement été dit à voix haute, il y a mille et une promesses qui se tiennent là, sous-entendues et muettes. Pas de grandes déclaration sur la fidélité – et ce concept semble encore assez étrange -, ni de serment quelconque. Juste par respect et tout simplement parce qu’il n’a pas envie d’aller voir ailleurs. C’est tout. Et si un jour l’envie lui en prend ? Eh bien c’est que leur relation aura évolué de telle façon à ce que ce soit le cas. Et, dans ce cas, leurs chemins se seront probablement déjà séparés ou seront sur le point de l’être. Bien que pour le moment ce soit loin d’être le cas, ils commencent à peine à devenir parallèles et à se confondre.

Doucement, il se détache à peine d’elle afin de pouvoir la regarder dans les yeux, ses deux mains remontant pour se déposer chacune sur un côté de son visage. Il lui reste une chose à dire.

- Excuse-moi. De t’avoir blessée.

Et puis il scelle leurs lèvres à nouveau sans lui laisser le temps de répondre. Pour appuyer ses excuses. Parce que quelques maigres mots ne suffisent pas. Rien ne suffira, il continuera à s’en vouloir. Puis cela finira par être du passé. Le tout est de ne pas recommencer. Ne pas recommencer… Cela semble être une épée de Damoclès qui plane au-dessus de leurs têtes à tous deux. Qui sait s’ils ne recommenceront pas. Si cela ne sera pas trop difficile à gérer, s’ils ne vont pas finir par s’abimer l’un l’autre au lieu d’avancer ensemble. Encore et toujours des interrogations. Cela suffit. Ils verront bien. Ils verront bien, l’étape passée aujourd’hui est déjà amplement suffisante. Et s’ils se contentaient de profiter de leur temps libre comme ils avaient prévu de le faire il y a un peu plus de deux heures ? Se rentrer au chaud tiens. Le froid est évidemment complètement sorti de la tête de Finn, bien trop focalisé ailleurs. Mais il finira par y revenir. Ils pourraient juste commencer par s’éloigner des traces de leur combat juste à côté. Permettre à Aiko d’enfiler des vêtements qui tiennent ensemble vu ce qu’il reste de son haut. Panser ses plaies aussi. Ne jamais sous-estimer une plaie, aussi petite soit-elle. On ne sait jamais. Et ici, d’autant plus que certaines ont été causées par un Chain. Evidemment, cela vaut aussi pour le brun. Et quand tout cela sera fait, ils verront bien où ils en sont. Mais peut-être en effet que s’occuper afin de laisser le soin au cerveau de tout trier et ranger pendant qu’ils focalisent leur attention ailleurs ne serait pas une si mauvaise idée. L’affaire n’est pas close, loin de là. L’affaire est en traitement. Ils acceptent d’essayer, ensembles.

Enfin il relâche les lèvres de la femme, reculant juste assez pour pouvoir la voir. Et lui offrir un sourire. Premier vrai sourire depuis que leur dispute a commencé. Sourire qu’il espère secrètement voir repris par la bouche qu’il vient de quitter. Elle est tellement plus jolie quand elle sourit. Pas qu’elle ne le soit pas autrement, bien sûr. Mais voilà, il aime ce sourire alors qu’il a bien failli le perdre avec sa propriétaire. C’est difficile de tenir aux gens, d’aimer. Très difficile. Et encore plus difficile que d’aimer est le fait de garder les êtres aimés auprès de soi. Ils peuvent filer comme du sable entre les doigts, grain par grain et sans que rien ne puisse être fait pour les retenir. Et pourtant, là entre ses bras, il aimerait penser qu’elle ne filera jamais. Jamais. Grande signification pour si peu de lettres. Grandes pensées pour juste un homme. Mais peut-être qu’avec l’aide de l’intéressée, cela marchera. Qui ne tente rien n’a rien.
Revenir en haut Aller en bas
http://kwanitadena.forumactif.org/
Anonymous

Invité



« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty11th Décembre 2012, 10:06

Les humains sont tous les mêmes. Les humains sont tous stupides. Les humains sont tous égoïstes. Les humains sont tous hypocrites. Les humains sont tous souillés. Les humains sont tous imparfaits. Et tous ceux qui savaient ça étaient des humains. Sauf les Chain. Mais bon, eux, ils ne sont pas très bien placés pour juger que les humains ont vraiment quelque chose qui ne va pas. Un blocage. Un problème. Il leur manque une case, un boulon, un fusible, ce que vous voulez. Après tout, ils sont instables. Certains sont fous. Tous se plaignent. Tous sont faibles. Nul n’est fort. Nul n’est courageux. Tous se ressemblent au fond. Tous pensent de la même manière. Quelques uns pleurent pou évacuer, d’autres crient ou courent, les Baskerville eux, ne pensent tout bonnement pas à évacuer. Ils le font plusieurs fois par semaine sans même s’en rendre compte en accomplissant mission après mission, plantant leurs lames dans la chaire fraiche, faisant couler le sang, s’en imbiber le corps, rire aux éclats pour certains. Ils ne se posent pas réellement de questions, car si l’ordre vient d’en haut, alors il n’y a tout simplement aucune question à se poser. Ils obéissent. Voilà tout. En revanche, c’est faux, il n’y a pas deux catégories d’humains. Il n’y pas ceux du coté blanc et ceux du coté noir. Ils sont tous gris. Et puis, ils sont aussi tous des suiveurs. Les meneurs eux, eh bien, ce sont simplement les meilleurs suiveurs. Mais tout comme il est vrai qu’il y a toujours plus fort que soi, alors il y a meilleur meneur que soi. Pour reprendre, les humains ressemblent tous au prototype. En sont des copies conformes sans aucune amélioration avec le passage des années. Sots et possédant un orgueil plus irritant qu’autre chose. Mais ils se supportent. Parce que de toutes les façons, personne ne vaut mieux que l’autre, bien que tous pensent le contraire. C’est comme ça. Ils fonctionnent ainsi. De la même façon. Ils sont pitoyables. Ils n’innovent pas. Ils copient. Ils ne sont bon qu’à ça, copier et recopier. Pourtant, parfois, ils s’étonnent mutuellement. Ils dépassent les limites imposées, abattent les obstacles érigés, construisent un lien solides, deviennent soudainement bien plus intéressants. Parfois, ils vont au-delà de tous leurs pseudo-soucis. Parfois, ils valent mieux que tout cela. Et c’est ce qui rend l’humain tout bonnement fantastique, étonnant, merveilleux. Ce sont les sentiments. Les sentiments qui changent leurs traits, tantôt en les durcissant, tantôt en les adoucissant. Les sentiments qui teintent leurs peaux d’une couleur particulière. Les sentiments qui les font sourire bêtement. Les sentiments qui les obligent à aller plus loin, qui les poussent. Ces sentiments qui semblent être le vent soufflant dans notre sens, nous menant à notre objectif. Un objectif qui n’est pas fixé. Non, on préfère courir et aller aussi loin que possible. La prochaine fois, on fera mieux et voilà tout. Pas la peine de se torturer en disant qu’il faut qu’on aille du premier coup au point x alors que nous ne sommes pas passés par toutes les lettres précédentes. Les sentiments. Les sentiments les plus forts, les plus profonds. Les mieux édifiés, les moins sont moins explorés. Ce sont les plus prometteurs. Prometteurs de surprises. De nouveauté. De beaucoup de choses. Beaucoup de choses que nous n’aimons que trop. Beaucoup de choses qui nous tirent de la survie pour simplement nous faire vivre. Et parmi ces sentiments, il y a l’amour. Le sentiment originel, après tout. Comment vint au monde le premier homme ? Une question existentielle. Peut-être par l’union de deux êtres préalablement présents qui ont donné une sorte d’hybride ou je ne sais quoi. Un résultat de l’union. L’union physique. Cela, voyez-vous, n’est pas de l’amour, mais seulement et uniquement du désir. De l’amour peut résulter du désir, mais pas le contraire. Enfin, c’est possible, mais pas obligatoire. Alors que lorsqu’on s’aime, se donner physiquement à la personne aimée est presque spontané, prémédité. Ce sont les années. Ce sont les années et les gênes transmises qui, avec l’âge, nous font perdre notre naïveté. Qui nous obligent à croire que l’homme de notre vie ne viendra pas juché sur un cheval blanc et que la femme de notre vie ne crie pas à l’aide au haut d’un tour. Maintenant, au coin d’une rue, l’amour peut opérer. À chaque tournant de la ville. À chaque tournant de la vie. Lorsqu’on rencontre une personne, l’amour n’a pas toujours l’effet d’un coup de foudre. Après tout, existe-t-il seulement, ce coup de foudre ? Ça doit surtout être de l’attirance physique. Du moins, au début. Quoiqu’il en soit, le plus difficile n’est pas d’aimer ; le plus difficile est de se l’avouer. De l’accepter. D’accepter le fait que maintenant, aucune décision ne pourra être prise sans penser à l’autre ou sans le consulter. Mais ce n’est pas tant une entrave, car justement, prendre une décision deviendra un prétexte pour penser à l’âtre aimé. Une pensée nous apaisant, nous plongeant dans une profonde sérénité. Peut-être qu’avec le temps, ça devient lassant. Mais cela, c’est après bien des années. À moins qu’à la base déjà, ce n’était pas de l’amour mais juste du désir, comme dit plus tôt. C’est pour cela qu’il faut savoir distinguer ces deux sentiments si semblables à première vue. À première vue seulement, car au fond, ils sont différents. Désirer, c’est vouloir sentir le corps de l’autre pressé contre le notre. Tandis qu’aimer, c’est bien plus. Aimer, c’est sourire bêtement lorsqu’on la voit. C’est l’accompagner dans ses rires. C’est pouvoir se contenter d’une étreinte. C’est se retenir d’aller saisir ses lèvres car plus on patiente, mieux c’est. C’est céder. C’est embrasser. C’est caresser. C’est voler. C’est avoir confiance. C’est avoir confiance en nous, en elle, en nous deux. C’est avoir confiance en cette relation. C’est croire au toujours. C’est croire au jamais. C’est croire à l’éternité. C’est croire à tout ce qui semble n’être que niaiseries. C’est croire, tout bonnement. Aimer, c’est être naïf. Aimer, c’est souffrir pour mieux aimer la prochaine fois. Aimer, c’est juste aimer. Juste pouvoir la regarder, cette personne choisie, de longues heures, sans se sentir mal à l’aise et sans se sentir obligé de dire quelque chose. C’est savoir partager. C’est devoir partager. Aimer, c’est ne jamais se lasser. Aimer, c’est survivre à la vie et vivre pour autrui.

Est-ce qu’Aiko aimait Finn ? Si on lui posait simplement la question, sans chercher à prouver ou à démontrer quoique ce soit, elle dirait sûrement que oui. Après, si on lui demandait comment elle l’aimait, de quelle sorte d’amour, ce serait une toute autre histoire. Pas comme un frère, ça, c’était plus que certain. Pas non plus comme un ami. Maintenant, elle comprenait que ça ne s’en rapprochait même pas. Elle n’aurait jamais réagi ainsi avec un ami. Elle n’aurait jamais giflé un ami pour cela. Elle ne se serait jamais sentie aussi mal parce qu’elle avait frappé un ami, car au fond, elle se serait persuadé que ce qu’elle fit fut plus pour rigoler que pour autre chose. Et puis, elle ne ressentait pas à son égard ce qu’elle ressentait pour ses amis. N’agissait pas avec lui comme elle agissait avec ses amis. Ne le regardait pas comme elle regardait ses amis. Ne le regardait pas non plus comme elle regardait ses cibles nocturnes. C’était nouveau. Elle n’avait aucune notion de ce sentiment. Elle ne comprenait pas pourquoi son corps s’agitait, pourquoi son mental se perturbait. Ne comprenait pas pourquoi sa peau ondulait sous les doigts de Finn si efficacement. Ne comprenait pas non plus pourquoi, comme il avait lui-même soulevé ce détail, elle se montrait douce avec lui alors qu’il avait enchaîné erreur sur erreur, la blessant toujours un peu plus, frappant étrangement toujours au même endroit, ne faisant qu’approfondir la plaie. Ne comprenait pas pourquoi elle ne s’irritait pas plus que cela, pourquoi elle ne criait pas. Ne comprenait pas pourquoi elle ne tournait pas simplement les talons et s’en allait. Ne comprenait pas ce qui l’obligeait à rester. Quoique ce dernier détail, en vérité, elle avait une nette idée là-dessus. Difficile à se l’avouer, certes, mais au fond, elle en était consciente. C’était juste parce que c’était Finn. C’était parce que c’était lui. Parce qu’elle l’adorait. Parce qu’elle l’aimait. Parce qu’elle l’aimait de cette façon si étrange et si attractive. Elle allait, avec lui, à la découverte de nouveaux horizons. Elle voulait toujours autant sentir son corps se pressait contre le sien, voir en ses yeux luire cette flamme d’urgence, de besoin. Elle voulait voir cela. Elle voulait voir qu’elle comptait pour lui. Voulait être non pas le centre de son attention, mais être la seule qui occupait ses pensées, ses songes, son corps. Comme il l’avait si bien fait pour et avec elle la dernière fois. Elle ne voyait que lui, ne savait pas ce qu’il y avait derrière lui. Elle avait oublié où ils étaient, comme tout avait commencé. Les mots, aussi lourds de valeur et de signification aux yeux de la jeune femme, avaient perdu toute importance pour elle. Ses yeux eux, ne contemplaient que le corps de Finn. Ce corps musclé et semblant n’avoir été fait que pour se presser contre le sien. À cet instant, même elle qui n’avait cessé de s’entraîner depuis son jeune âge et à affiner ses capacités, se voyait être faible. Faible et petite. Possédant un corps, qui plus est, frêle et tout aussi malingre, prêt à céder sous le moindre coup. C’était ici ce genre de vision que l’on a de soi lorsque nous avons face à nous quelqu’un de meilleur. Quelqu’un que l’on aime tellement qu’on ne peut que l’idéaliser pour lui donner un peu plus de valeur si possible. Et puis, seul son prénom résonnait dans son esprit. Vraiment, ce jour-là, il n’y avait eu que lui. Seulement et uniquement lui. D’après ce qu’elle avait vu, ressenti et entendu et sans jouer la carte de la modestie, lui aussi n’avait pensé qu’à elle. C’est du moins l’impression qu’il lui donna. Et ça devait être le cas, à moins qu’il ne soit très bon comédien. Et maintenant, elle ne voulait plus seulement qu’il soit ainsi sien et qu’elle soit sienne seulement lorsqu’ils jouaient à ces vilains jeux. Elle ne voulait plus de temporaire, et ce, combien même il pouvant être indéfiniment renouvelable. Elle voulait qu’il lui appartienne pour toujours. Un toujours qu’elle bâtirait avec lui. Un toujours auquel ils mettront fin d’un commun accord. Mais pour cela, elle devait aussi se donner à lui. Après tout, peut-être qu’elle aurait besoin d’un peu d’aide pour se gérer, vu la façon plus que pathétique dont elle s’y prenait. Je vous l’accorde, ce ne sont que des arguments pour tenter d’accepter cela. De toute façon, elle était prête à tout pour l’avoir. Eh oui, quitte à elle-même lui appartenir.
Au fond, l’amour, c’est aussi cela. Réussir à accepter son appartenance à un autre. Réussir à le satisfaire en gardant dans un coin de notre esprit qu’il ne sera jamais pleinement satisfait, mais que notre but est là, toujours faire mieux pour qu’il soit heureux. Un but peut-être impossible à atteindre. Ce qui nous permet de toujours aller plus loin et de ne jamais avoir de limites.
Toujours. Jamais. Comme déjà dis, ce ne sont des mots qui existent pour les êtres humains que s’ils aiment.

Ils n’étaient pas sûrs. Ils n’étaient sûrs de rien. Ils étaient fragiles. Ils se faisaient du mal. Ils voulaient se protéger. Ils étaient indécis. En bref, ils agissaient comme des gamins. Ils avaient pourtant dépassé l’âge. Certes, quelques fois, ils abordaient cet air enfantin qui avait le mérite de rendre la situation plus facile, plus amusante, mais pourtant, selon leurs âges, ils n’étaient plus des enfants. En mission par exemple, ils ne pouvaient pas se permettre ce genre de dérives. Vraiment pas. Mais aujourd’hui, ils agissaient comme tel. Ce n’était pas une mission, mais c’était important. Important pour Aiko. Important pour Finn. Le plus idiot, c’est que tout était parfaitement clair. La jeune rousse était jalouse. Finn ne comprenait pas pourquoi car il ne lui appartenait pas. Elle savait qu’il avait raison, mais ne pouvait se permettre de s’en tenir à cela. Alors ils parlaient. Ils se disputaient. Ils encaissaient les coups et se relevaient pour en asséner d’autres, parfois plus forts que les précédents, parfois nettement plus inoffensifs. Ce dernier cas se produisant surtout lorsqu’ils se rendaient compte, en un instant d’extrême maturité, qu’ils étaient stupides. Ils savaient. Tout. Ils savaient pourquoi ils se disputaient. Ils savaient pourquoi Aiko ne s’en allait pas. Ils savaient pourquoi Finn était maladroit. Mais ils avaient peur. Des Baskerville ayant peur. Et peur de quoi ? De sentiments. Sérieusement, qui y croirait ? Ils tanguaient. À deux, le spectacle était encore plus drôle. Ils pataugeaient. Qui observait ? Eux-mêmes. Car au fond, c’étaient surtout leurs égos qui étaient ici en conflit. Une question de dignité, de fierté. D’orgueil. Appartenir à quelqu’un d’autre ? Quelle idée ! On apprend à tous les enfants d’être forts et de ne pas se laisser faire. Alors bon, se donner entièrement et de toutes les façons possibles à un autre, c’était juste inadmissible. Pourtant. Ils n’étaient pas les premières victimes de ce sentiment. Ce sentiment dont ils connaissaient tous deux le nom, c’était certain.
Aujourd’hui, ils en avaient assez fait. Ils ont plus ou moins réussis à faire passer un message. À résumer une situation. À sceller cette rencontre d’une promesse. De nombreuses promesses. Ils ne pourraient pas faire mieux. Pas à pas. Doucement. Au moins maintenant, ils étaient deux. Bien qu’à cet instant, Aiko n’en était pas encore certaine. Alors le seul argument qu’elle trouva pour se convaincre d’arrêter d’y penser était le fait qu’elle était fatiguée. Fatiguée au sens littéral du mot. Elle n’en pouvait plus. Elle était incapable de faire mieux. Elle était faible et Finn était sa force. Réussir à se l’avouer revenait à fournir un grand effort. Et elle y parvint. C’est pour cela qu’elle jugea qu’elle avait droit à une pause. Une pause d’un peu plus de quelques minces secondes. Une vraie pause. Avec lui.

Mériter mieux. Qu’est-ce qu’il en savait ? C’était quoi cette fichue manie de prétendre que les autres étaient mieux que nous ? La connaissait-il au point de pouvoir la comparer à lui-même ? Et même s’ils se connaissaient depuis des lustres, il n’avait tout simplement pas le droit de dire qu’elle méritait mieux. C’étaient des mots qui trouvent leurs places dans les discussions d’adolescents. Ça faisait toujours plaisir à l’autre. Mais atteint un certain âge, une certaine maturité, ces mots ne valaient rien. En fait, ça ne valait jamais rien, les mots, quand on avait dépassé l’adolescence. Pourtant, lorsqu’il lui dit ça, elle ne s’énerva pas. Il avait eu raison, tout à l’heure. Elle s’entêtait. Elle revenait à lui. Elle essayait, tombait, réessayait. Elle ne voulait pas le perdre. Et jusqu’où était-elle prête à aller pour avoir ce qu’elle voulait ? Elle l’ignorait. Mais sûrement loin. Très loin. Quitte à passer sur sa propre dignité. Cette pensée la perturba d’ailleurs, l’empêchant de répondre tout de suite. Passer outre sa fierté, son orgueil ? Elle ? Elle qui savait que ce n’était qu’à base de fierté qu’un homme pouvait avoir une valeur ? Elle serait prête à s’abaisser à ce point là pour Finn ? Au début, les mots s’installèrent dans son esprit sans qu’elle n’y prête réelle attention. Mais, comme d’habitude, elle eut un bug. Vraiment, elle serait prête à cela pour lui ? Prête à céder son plus grand trésor ? Sa fierté ? Pour Finn ? La question n’était pas tant qui était-il que qui il était devenu à ses yeux. Elle le lui demanderait bien, mais elle savait qu’il n’en savait rien ; comment le pourrait-il de toute façon ? Savait-il ce qu’elle représentait pour lui, elle ? Vu ses réactions, ses hésitations, il ne devait pas s’en sortir mieux qu’elle dans ce tumulte d’interrogations. Ils étaient tous deux inondés, mais maintenant au moins, ils seront deux. Autant on peut s’amuser à deux mieux qu’à un, autant on peut s’entraider et s’aider à se relever. Ou vraiment, lorsque l’un tombe et que l’autre ne peut pas l’aider à se relever, alors il se laisse tomber aussi et reste à terre avec lui. Tant à tenir une promesse, autant bien le faire, non ?
Elle releva finalement ses yeux vers lui, la tête légèrement penchée sur le coté. Oui, elle le voulait. Non, elle ne méritait pas mieux. Il savait qu’elle avait tué, il savait qu’elle n’était pas blanche comme neige, savait qu’elle avait un aussi lourd passé que tout autre Baskerville, en revanche, il ne savait pas qu’elle aurait pu sauver sa sœur. Il ne savait pas non plus que c’était en partie cela – cette incapacité, cette faiblesse – qui l’avait transformée en un être si froid et si tranchant. Sauf avec lui. De toute façon, Finn, c’était l’exception. Qui confirmait ou pas la règle, elle n’en savait rien, car pourquoi avoir besoin d’exceptions pour confirmer une règle, sérieusement ? Bref, ce n’était pas important. Elle ne chercha même pas à réfléchir à des mots qu’elle pourrait utiliser tant ça lui paraissant évident. Quelle que soit la tournure de la phrase, le sens resterait le même. Et là était le plus important.

« Oui, je le veux vraiment. Ne me parle pas comme une enfant, Finn. »

Ce n’était pas un ordre ; la voix s’était faite posée et calme, en contraste parfait avec toute l’agitation intérieure secouant la demoiselle. Deux ans de différences les séparaient. Elle savait que Finn n’y pensait même pas. Mais en fait, là n’était pas réellement la question. À vrai dire, il agissait sûrement de cette façon là avec elle inconsciemment. Par habitude peut-être. Mais à y penser de plus près, peut-être le faisait-il pour elle. Pour son propre bien. C’est comme s’il la prévenait. Mais de quoi ? Pourquoi est-ce qu’accepter le fait d’être sienne reviendrait à avoir mal par la suite ? Était-ce normal qu’elle lui fasse plus confiance que lui ne s’en accordait pour sa propre personne ? Et c’était elle qui disait ça ! Vraiment, elle ferait mieux de ne même pas penser parfois. Quoiqu’il en soit, prévenue ou pas, elle s’en fichait. La décision avait été prise depuis un moment déjà, bien que ce ne soit que maintenant qu’elle n’y pense réellement, et ce n’est que si un refus s’opposait à elle qu’elle pourrait envisager de changer d’avis. Mais elle n’avait dû subir rien de tel. Comment aurait-elle régi ? Dignement. Elle aurait souri de ces sourires amers et faux et se serait retournée, consciente que plus jamais elle ne pourra recroiser le regard du brun sans avoir mal – tandis qu’elle n’apprendrait jamais la raison de cette douleur – et ferait alors tout pour l’éviter. Alors que si elle se contentait d’ignorer cet avertissement et d’agir comme si elle n’avait simplement pas entendu ce dernier commentaire, elle avait des chances de trouver ladite raison de son agitation. Qui sait.
Si elle avait mieux fait de l’entendre ? Si elle se rendait compte qu’elle valait mieux ? Qu’elle méritait mieux ? Qu’elle s’était trompée ? Eh bien. Disons simplement qu’elle se débrouillerait en temps et en heure voulues. En outre, elle ne se plaindrait sûrement pas. Mais en attendant, comme sous-entendu tout à l’heure, elle accordait plus de confiance à Finn qu’elle ne daignait s’en accorder à elle-même. Autrement dit, elle ne pensait pas à la fin. Ne pensait même pas au carrefour. Ce n’était que le début du chemin. Le début d’un chemin vaste et droit. Elle n’y voyait ni obstacle, ni barrage. Pour le moment du moins. Un chemin qui commença lorsque Finn répondit à son étreinte.

Brusque étreinte, je vous l’accorde. Pas violente, malgré sa soudaineté. Finn fut surpris et en fait, Aiko aussi l’était. Pourquoi avait-elle agi ainsi ? Elle avait déjà répondu à cette question. Plus d’une fois déjà. Et ce détail sembla tellement important que même le brun le releva. Simplement parce qu’elle était incapable de faire autrement lorsqu’il s’agissait de lui. Il avait reculé d’un pas, mais n’était pas tombé. C’était déjà ça. Elle se serra aussi fort que possible contre lui, ne cherchant même pas à savoir si elle lui faisait mal. De toute façon, ça l’étonnerait bien. Déjà qu’en temps normal, ses muscles n’étaient pas très efficaces, mais après pareille mission, ils étaient complètement et tout bonnement inefficaces. Une main alla se glisser dans sa chevelure de feu alors qu’elle se laissait aller contre un torse qui n’avait pas le moins du monde tardé pour lui manquer. Un murmure. Finn venait de murmurer son prénom. Elle ferma cette fois-ci les yeux. Pourquoi se sentait-elle si bien ? Pourquoi avait-elle envie de ne plus rien faire d’autre ? De ne même plus bouger ? Pourquoi avoir cette étrange envie de rester dans ses bras ? Pourquoi penser qu’aucun autre endroit n’était plus confortable pour elle que ces mêmes bras ? Pourquoi tant de pourquoi alors que tout devrait être réglé ? Non, ce n’était pas réglé. C’était bien loin d’être réglé. Bien trop loin de l’être. Un début. C’était la fin d’un chapitre. D’un paragraphe. Maintenant, cette fin annonçait un début. Et pas des moindres. Un début à deux. De toute façon, cette histoire qu’ils allaient dès lors partager ne pouvait s’écrire et ainsi se vivre seulement et uniquement à deux. Restait à savoir combien ils tiendront avant de craquer de nouveau et de se reposer des tonnes des questions. D’ici là en revanche, sentir le buste masculin se soulever et se rabaisser d’un rythme relativement régulier suffisait à Aiko pour saturer son esprit. Plus aucune interrogation. Plus aucune pensée. Quoique si. Juste Finn. Finn. Finn. Finn et rien d’autre.
Elle ne faisait rien de plus. Elle ne pouvait rien faire de plus. Si ce n’est enfin se redresser et simplement attendre. Attendre jusqu’à ce que le brun se penche sur elle pour lui saisir à la volée ses lèvres. Baiser furtif. Mais un baiser tout de même. Un baiser qui n’avait été que trop attendu. Alors un baiser unique. Le premier. Le premier depuis le retour à zéro. Il y en aura d’autres. Elle en était maintenant agréablement persuadée.
Et puis une promesse. Encore une. Celle d’essayer. Aiko ne demandait rien de plus. Aiko en voulait plus. Finn aussi devait en vouloir plus. Cela étant, pour le moment, c’était suffisant. Vraiment, ils pourraient s’en contenter. Au moins pour cette fois-ci. Qu’ils soient un peu cléments, ils ne pouvaient de toute façon pas faire un pas plus grand que celui-ci sans manquer le sol semblant les attendre impatiemment pour les réceptionner. Autant s’en tenir là. Ce serait effectivement une sage décision. Et qui plus, une décision qu’adoptèrent les deux jeunes gens en cet étrange jour. Étrange, certes, mais aussi épuisant. Mentalement et physiquement. Jour qui n’en demeurait néanmoins pas moins instructif.

Lorsqu’elle releva la tête vers lui, un peu plus tôt, elle réussit d’emblée à trouver ses yeux verts. Un vert sans trace d’hésitation ou de douleur quelconque. C’était le Finn qu’elle connaissait. Celui à qui elle ne pouvait pas faire de mal. Celui à qui elle venait de promettre d’être toujours avec lui. Attardons nous d’ailleurs quelque peu sur cet étrange mot dont nous avons précédemment déjà parlé, bien que superficiellement. Toujours. Ce n’était pas bien de promettre qu’on serait toujours avec une personne. Parce qu’au fond, nous ignorons de quoi sera fait le lendemain. Et de quoi sera fait le lendemain d’autrui aussi d’ailleurs. Il est tout bonnement impossible de prédire l’avenir et ce, même pour les Baskerville. Je dirai même surtout pour les Baskerville. Sinon, ils auraient anticipé et auraient sans doute aussi pu éviter la tragédie d’il y a cent ans. Enfin bon. Quoiqu’il en soit, c’était un bien trop grand mot, ce toujours. Un bien trop grand mot qui ne devrait même pas exister. Nous n’avons pas mal éternellement, n’aimons pas éternellement. L’éternité n’existe pas. Sauf.
L’éterniste existe aux yeux de la jeune rousse. Si c’était dans les bras de Finn, si c’était dans les yeux de Finn, si c’était près de Finn, elle ferait en sorte qu’elle existe. Si ce mot était trop grand pour une seule personne, alors ils s’entraideront pour pouvoir lui donner une signification et une réelle valeur. Finalement, ce n’était pas seule sa fierté qu’elle pourrait céder pour lui, mais aussi sa rationalité. Cela néanmoins, elle ne se l’admettait pas. Ne pouvait pas encore se l’admettre. Il était encore trop tôt. Elle lui avait déjà cédé son corps ainsi que sa clairvoyance, c’était déjà un bon début. Aujourd’hui, eh bien, ils trouveront bien quoi faire. De toute façon, pour Aiko du moins, être avec lui suffisait. Enfin bon, elle disait cela, mais vous pensez bien qu’elle ne serait pas contre une petite partie de plaisir.

Les interrogations étaient présentes. Elles le seraient encore pour un bon moment. Après tout, à part savoir qu’elle n’était désormais plus seule, elle ne savait rien d’autre. Qu’est-ce que c’était cette étrange relation ? Où les mènerait-elle ? Aiko ne saurait répondre à ce genre de questions qui tournaient en boucle dans son esprit. En fait, maintenant qu’elle y pensait, tout cela avait été d’un grand stupide. Du plus grand stupide même. Ils étaient plus ou moins sur la même longueur d’ondes depuis le début, alors l’accrochage qu’ils venaient d’avoir était vraiment puéril. Cela étant, ça avait été plus ou moins efficace. Si Finn ne s’en était pas allé pour s’amuser avec une autre femme il ya de cela quelques jours, si cette même femme ne l’avait pas marqué, si aujourd’hui, il n’était pas venu en mission, si Aiko n’avait pas fait attention à son cou, rien de tout cela ne se serait passé. Ils se seraient peut-être simplement amusés. Comme la dernière fois. Sans plus. Si elle s’en fichait de lui, elle ne s’y serait pas attardée. Ils ne se seraient simplement pas posé de questions au fond. Et puis quoi ? Leur relation en serait toujours au point mort. Ça n’aurait pas réellement été bénéfique pour eux deux. Comme quoi, la situation se résumait par « un mal pour un bien ». Sauf que bon, tant à faire le mal, autant le faire bien. Tant à rendre jalouse la jeune femme, autant bien le faire. Autant lui dire ce qui s’était passé. De toute façon, maintenant qu’elle était coincée entre des muscles bien plus solides que les siens, il était tout bonnement hors de question de s’y extirper. Pas même par jalousie. Elle refusait. Ne voulait plus. Donc autant qu’il parle. D’ailleurs, comment avait-elle pu mettre de la distance entre l’homme et elle ? Comment avait-elle tenu le coup sérieusement ? Et lui ? Vu la façon dont il la serrait et la gardait contre lui, il n’avait pas vraiment un meilleur contrôle sur ses sentiments que la jeune rousse.

Tout à l’heure, nous nous sommes arrêtés à un moment bien trop important du déroulement des évènements. Alors continuons, voulez-vous ? Il sembla hésiter un instant, mais finalement, il ajouta quelques mots. Aussi longtemps qu’elle voudra de lui. Elle n’était pas spécialement étonnée, mais pourtant, ses yeux s’écarquillèrent.
Les promesses des hommes ne valaient rien. Elle en avait entendu plus d’une. Elle avait ri de plus d’une. Toutes aussi vaines les unes que les autres. Mais, au risque de me répéter, Finn n’était pas n’importe quel homme. Elle n’avait pas le droit de penser cela. Elle n’avait pas le droit de ne pas croire en lui. Bien au contraire, elle devait absolument avoir confiance en lui. Pourquoi ? Parce que c’était Finn. Pourquoi Finn ? Encore une fois et justement parce que c’était Finn.

Et puis, elle revient le titiller, le taquiner à sa façon, comme elle savait si bien le faire avec lui. Il vint alors cueillir ses lèvres, plus longuement. Elle appuya un peu plus ses doigts sur sa nuque et se hissa vers le haut pour pouvoir profiter du touché de leurs lèvres le plus pleinement possible. Elle approfondissait le baiser, n’affrontant guère la barrière des lèvres de Finn de sa langue, sachant que les profondeurs de sa bouche lui étaient permises. Quand elle pensait qu’elle avait failli perdre ce droit. Perdre tout droit sur lui. Elle voulait se mettre des gifles. Bien que pour l’instant, embrasser Finn était nettement plus enrichissant. Et nettement meilleur aussi.
Ce fut lui qui rompit le baiser. Elle ne fit que répondre à sa volonté, éloignant légèrement son visage. Avait-il encore quelque chose à dire ? Elle se démenait intérieurement pour faire taire ses espérances. Non, peut-être qu’il n’allait pas lui expliquer pourquoi cette fichue marque était présente sur son cou. Peut-être que si. Satanée petite voix qui ne cessait de lui créer de faux espoirs. Aiko la traîna de force aux oubliettes, se contentant de cligner des yeux, un regard mêlant douceur et curiosité donnant un éclat à ses yeux bruns. À ceux de couleur terne, morose. Mais ses pupilles ne restent pas bien longtemps accrochés à celles de Finn, car il l’attira de nouveau à lui, l’entourant de ses bras pour lui offrir une étreinte. Elle ferma les yeux et retint inconsciemment son souffle. Il fuyait son regard. Pourquoi ? Par gêne ? Avait-il honte ? Encore une fois, pourquoi ?
Contre ses cheveux, il s’exprima. Aiko ne bougea pas d’un iota, laissant simplement sa respiration reprendre sa cadence normale. En réponse à cette déclaration, elle releva instinctivement la tête et lui offrit un long baiser passionné. Et puis, lorsqu’elle se décolla de lui, il glissa ses deux mains le long de son visage. Elle aurait aimé répondre, mais il l’avait devancé. Il s’excusa. Là encore, elle voulait rétorquer, même si au fond, elle ne savait pas ce qu’elle allait répondre. Juste dire quelque chose. Juste répondre. Juste s’exprimer. Mais non, il ne la laissa pas faire. Il vint de nouveau retrouver ses lèvres et cette fois-ci, même s’il avait eu la mauvaise idée de s’éloigner, Aiko ne l’aurait point laissé faire. Cette fois-ci, elle s’appliqua à approfondir le baiser et à se nourrir de ce je ne sais quoi qui ne fleurit que sur les lèvres du brun. Finalement à bout de souffle, elle créa une mince distance entre leurs visages. Il lui sourit. Elle n’eut pas même à se forcer pour lui renvoyer la pareille, de cet air si espiègle.

« Je m’excuse aussi d’avoir ainsi réagi. Et si on s'excusait à deux ? »

Elle acheva sa phrase d’un rire cristallin. Elle-même n’aurait pas pensé pouvoir ainsi rire avec tant d’amusement alors qu’ils venaient tout juste d’échanger leur premier baiser après cette dispute. Le calme était vite revenu. Et c’était bien tant mieux.
Si la dernière fois, ils s’étaient ennuyés ensemble, cette fois-ci, ils s’excuseront ensemble. Elle ne doutait pas du fait que Finn comprenne. Et puis de toute façon, avec ce qu’elle avait l’intention de faire, ce n’était pas comme s’il pourrait penser à autre chose qu’à cela.
Elle posa ses mains sur celles de Finn et les serra brièvement dans les siennes, plus frêles, avant d’aller de nouveau l’embrasser. Bien que cette fois-ci, le baiser fut plus enflammé qu’appliqué. Ses doigts dansèrent sur la chemise du brun tandis qu’elle reprenait là où elle s’était arrêtée, allant explorer le cou tandis qu’elle évitait soigneusement le bleu. Pour de nombreuses raisons en vérité. Déjà, elle ne voulait pas lui faire mal. C’était d’ailleurs la raisons principale. Mais en même temps, elle ne voulait pas vraiment revoir cela. En fait, ce pourquoi elle n’avait même pas eu un pic entement au cœur lorsqu’il lui dit ce qui se passa il y a trois jours, c’était parce que ce qu’il lui dit était tout simplement mignon. Il avait ressenti un manque, sans nul doute, et trouvant la femme lui ressemblant, il n’avait peut-être pas su se retenir d’avantage. Et puis, ça en aurait été une autre, ne lui ressemblant point, peut-être se serait-il aussi permis ce petit jeu. Mais les faits n’étaient pas là. Les faits étaient tout autres. Et puis, ces mêmes faits étaient mignons. Voilà, mignons. C’est tout.
Elle mit fit fin au baiser avant de manquer de souffle une deuxième fois. Elle fit passer le bout de sa langue sur ses propres lèvres pour recueillir les dernières gouttes de cet élixir seulement présent, comme dit plus haut, sur les lèvres de Finn et puis, elle s’approcha vers son cou. Elle laissa son souffle chaud s’abattre sur sa peau et ses lèvres se pincèrent lorsqu’elle revit le bleu. Pourtant, au lieu d’y enfoncer ses doigts, comme tout à l’heure, elle le frôla de ses lèvres. Et puis, ces mêmes lèvres se déposèrent sur cette marque du passage d’une autre. Sans appuyer pour ne pas lui faire mal, elle y déposa un baiser. Maintenant, il était prévenu. Parce que maintenant, il était sien. Mien

Elle s’éloigna lentement, fixant une dernière fois ce bleu avant de reporter son attention sur le visage de Finn, s’étant redressée. Elle laissa ses doigts traîner sur son torse alors qu’elle souriait lentement. Finalement, elle lui saisit à la volée sa main et l’entraîna à sa suite alors qu’elle s’éloignait de cet endroit. Dans cette vaste plaine, à vrai dire, tous les coins étaient les mêmes. Elle l’emmena ailleurs. Même si ce n’était à qu’à quelques mètres. Elle s’assit et l’incita à faire de même. Lorsqu’il lui fait, elle n’attendit pas avant de s’allonger, déposant sa tête sur ses genoux. Elle grimaça en sentant une vive douleur au niveau de ses côtes, mais se contenta de fermerles yeux en rencontrant quelques rayons de soleil. Elle se mit sur le coté, de façon à fourrer son visage contre Finn, un peu plus haut que la ceinture. Et puis, elle voulu parler. Donc elle parla.

« Est-ce que tu aurai préféré que je ne réagisse pas, Finn ? »

C’était quoi cette question, sérieusement ? Aiko n’en savait rien. Elle voulu la poser, maintenant, c’était fait. C’est vrai qu’ils étaient censés s’amuser un peu, mais en fait, la rousse commençait à ressentir le froid et la douleur, alors elle ne pouvait pas se mouvoir comme elle le voulait. Elle désirait juste un peu de repos. Finn quant à lui avait les cheveux et le visage de la jeune femme à disposition et il lui suffirait de lui demander de se lever pour qu’elle le fasse. Elle laissait sa main traîner sur le torse de l’homme, la faisant défiler sur sa cuisse parfois. Et puis, elle se hissa sur un coude, cacha comme elle le pouvait une nouvelle grimace, et alla effleurer la joue de Finn de ses mains. Son cœur se mit à battre plus rapidement et sa respiration devint saccadée, entrecoupée. Ce qui se produisait ? Elle l’ignorait. Du moins, partiellement. En fait, même pas, elle le savait. Elle plongea son regard dans le sien, mais le détourna rapidement. Pourquoi ? Elle reposa sa tête sur ses genoux et s’obligea à se calmer. Là, c’était bizarre. Rien qui pourrait leur être nuisible ou défavorable, mais bizarre quand même. Pourtant, ce sentiment grandissant en elle, elle ne le reconnaissait que trop bien au fur et à mesure qu’il prenait de l’ampleur.

En temps normal, elle serait surtout en train d’essayer de deviner la réponse qu’il allait lui accorder. Même pour une question aussi stupide. Mais là, elle n’y pensait pas. Elle ne pensait à rien, en fait. Elle s’était finalement calmée et pour la première fois depuis longtemps, elle ne se posait aucune question sur Finn. Elle ne cherchait pas à savoir s’il allait bien car désormais, il était près d’elle. Elle ne se maltraitait pas l’esprit en disant qu’elle agissait comme une gamine, car même si c’était le cas, désormais, plus rien n’importait. Finn était là. Et Aiko voulait embrasser Finn. Tout de suite. Elle se releva lentement, ignorant cette fois-ci totalement la douleur, se releva et se rassit, cette fois-ci sur les genoux. Elle était du coté droit de Finn et elle entoura bien rapidement son cou de ses bras pour l’embrasser. Longuement. Elle ne s’éloigna qu’un bref instant pour murmurer son prénom, revenant retrouver ses lèvres sans plus attendre.
Vraiment, avait-elle été assez bête pour risquer de le perdre ? Il semblerait que oui. Néanmoins, maintenant qu’elle le tenait, elle n’avait nulle intention de le lâcher. Jusqu’à ce qu’il ne veuille plus d’elle.


Dernière édition par Aiko Baskerville le 16th Décembre 2012, 07:44, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Finn Baskerville

Finn Baskerville
Chekeur chieur

Féminin Messages : 609
Age : 30
Personnages préférés : Break, Sharon, Jack, Gil, Elliot

Feuille de personnage
Nom & prénom: Finn Baskerville
Nom du Chain : Naaru Irwin
Groupes:


« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty13th Décembre 2012, 11:43

Tout apprécier à chaque seconde, parce que tout peut s’écrouler à chaque seconde. Difficile à croire à première vue, on le sait mais on n’y pense pas. Jusqu’au jour où un évènement fait prendre conscience de cela. La prise de conscience intervient un beau jour où, après une soirée anodine en famille par exemple, l’un des membres ne passe pas la nuit. Et, ce qui au départ était une soirée parmi d’autres, une soirée vécue avec la certitude que d’autres suivraient dès le lendemain, devient unique. Les faits les plus anodins, les plus répétés, ceux que l’on croit pouvoir durer pour toujours, ne le sont en fait pas. Souvent, on ne s’en rend compte que bien trop tard. En en ayant que trop peu apprécié la valeur. C’est difficile à mettre en œuvre, délicat. On n’y pense pas, on regarde passer les évènements avec des yeux qui ne les ont que trop vus. Pourtant un moyen simple est tout bêtement de se poser pour apprécier chaque moment. Juste se rappeler qu’ils comptent, aussi insignifiants qu’ils puissent avoir l’air. Ne pas l’avoir à l’esprit tout le temps pour autant, la vie n’est pas une succession de « dernières fois », elles en perdraient leur caractère unique. De toute façon, ce n’est pas à vingt ans qu’il faut vivre avec cela continuellement à l’esprit. Ce n’est pas à vingt ans qu’il faudrait en fait avoir une raison de l’avoir à l’esprit. Ni à trente, ni à quarante, seulement plus tard. Quand tout est bientôt terminé. Evidemment, c’est rarement le cas et on s’en rend compte avant. Certains même très tôt, ce qui est malheureux. La prise de conscience survenant en général au terme d’un évènement assez douloureux. Grande leçon.
Bien que dans le cas présent, il n’y ait rien de tel. Rien de douloureux. Plus rien de douloureux du moins, seulement un présent dont il faut profiter. Après tout, il a bien failli s’enfuir comme un oiseau dont la porte de la cage serait restée ouverte. Impossible, ou du moins très difficile, après de le rattraper. Bien qu’il n’y ait pour autant aucune cage ici. Si ce n’est peut-être celle de ces sentiments étranges, qui font peur à approcher et qui en même temps intriguent. Peut-on néanmoins réellement parler de cage ? A voir comme le contractant en a pris peur, que des liens l’attachent tout bonnement, oui, il les a vu comme une cage. Consciemment ou non. Mais c’est une cage dont la porte est ouverte. Après tout, qui le retient ? Personne. Aiko ? Non, Aiko ne le retient pas. Du moins pas au sens littéral du terme. Elle ne l’a pas enfermé dans quoique ce soit qui l’empêche de se mouvoir librement. Ce qui le retient, c’est ce qu’elle déclenche. C’est le fait de vouloir continuer à poser les yeux sur elle, l’envie de continuer à lui parler, de la voir agir, vivre au sens large. Pouvoir lui parler, la serrer dans ses bras, l’embrasser. Probablement d’autres choses dont il n’a pas conscience. A dire vrai il n’a pas tout à fait conscience que la porte est ouverte et ne se refermera jamais non plus. Parce qu’après tout, une relation à deux ne sert pas à entraver l’autre mais à avancer avec lui. Mais ça, il ne s’en rend pas compte dans l’instant. De toute façon il a cessé de réfléchir pour le moment. Puisque tout a été dit. Du moins, tout ce qu’il sait.

- Oui, je le veux vraiment. Ne me parle pas comme une enfant, Finn.

Oh. Mais il ne lui parlait pas comme à une enfant. Elle est parfaitement adulte. Mais c’est vrai. Il ne lui a pas fait part de toutes ses incertitudes, ses hésitations, de tous ses doutes. Elle ne peut pas deviner à quel point il marche sur des œufs. Et lui ne peut pas se résoudre à en dire plus. Il a besoin de commencer par assimiler ce qui a pu se produire aujourd’hui avant toute chose. Se précipiter n’amène jamais rien de bon, et pour une fois dans sa vie il devra cesser d’agir impulsivement pour réfléchir un peu. Un peu, pas trop non plus. Il serait capable de s’effrayer tout seul s’il poussait trop ses réflexions, au lieu d’en venir à des conclusions intéressantes. Puisqu’Aiko le veut et que lui aussi le veut, cela suffira pour l’instant. Mêmes s’ils ne savent pas réellement ce qu’ils veulent. Mis à part que cela inclut que l’autre soit dans les parages. Et quelque obscure histoire de possession qui les dépasse un peu encore pour le moment. Et puis le jeune contractant sait aussi qu’il apprécie la jeune femme bien plus qu’il ne le pensait. Plus qu’une amie, pas comme une sœur, pas comme aucune des relations qu’il peut avoir connues au cours de ses vingt années d’existence, si on met l’Abysse entre parenthèse. Parce qu’après tout, là-bas au fond, ils n’y vivaient pas vraiment. Ils survivaient sans aucune notion du temps ou de quoi que ce soit d’autre. Donc aucune relation connue. Il ne s’est de toute façon jamais attaché à une femme avec qui il a échangé plus que des mots. Jusqu’à Aiko. Il ne s’y attendait pas. Parce qu’après tout, à leur première rencontre, elle a juste attiré son attention. S’est ensuite mise en place leur relation de jeu et lui s’est pris d’affection pour elle, pour une amie. Puis le terrain est devenu glissant jusqu’à ce qu’ils dérapent. Et quand, la dernière fois, ils ont franchi les barrières, il était déjà attaché à la jeune rousse. Elle est donc la première pour laquelle il ressent de tels sentiments. La nouveauté attire autant qu’elle effraie. Et, paradoxalement, ce n’est pas tant la nouveauté qui l’attire ici. C’est Aiko tout court. Ce qu’elle amène dans son sillage est nouveau, mais la jeune femme en elle-même l’est moins. Certes une fois de plus il est loin d’en savoir tant que cela à son sujet. Néanmoins ils se connaissent quand même un peu l’un l’autre. Au moins avec ça, il est capable d’affirmer que c’est elle qui l’intéresse plutôt que la nouveauté d’une relation inconnue comme cela peut être le cas parfois. Pour preuve supplémentaire, il suffirait de s’appuyer sur le fait qu’être à ce point influencé par une personne extérieure à lui-même l’effraie particulièrement. Et pourtant, il veut s’efforcer de passer outre. Là encore ce qui le pousse est assez brumeux. Oui, pour ne pas faire de mal à Aiko. Mais pas que. Il en a envie aussi, rien ne le contraint. Impossible de se résoudre à tourner le dos à la jeune femme. Il ne sait pas ce qu’il veut, pas du tout. Mais au moins, il sait ce qu’il ne veut pas.

Comme par exemple lâcher la Baskerville. Il ne veut pas. Cette terrible envie de la prendre dans ses bras est enfin satisfaite. Et elle ne le restera que tant que la jeune femme restera là. Bien sûr quand ensuite ils s’embrassent et approfondissent l’échange, il ne peut s’empêcher de commencer à en vouloir plus. Pour autant il se contient, parce que juste l’avoir contre lui suffit à le rendre content. C’est rassurant, la preuve qu’ils sont deux et que leur dispute est bel et bien –au moins pour le moment – derrière eux. Qu’ils peuvent juste profiter de la présence de l’autre mutuellement. Comme ils souhaitaient le faire au tout début. Parce qu’après tout rien n’a changé. Le statut de leur relation est toujours aussi flou et maintenant c’est tout simplement officiel. Puisque les deux partis le reconnaissent. Comme ça ils pourront travailler dessus à deux.

Et puis, en réponse à son aveu, elle l’embrasse longuement. Est-ce qu’il doit comprendre qu’il est pardonné ? Visiblement oui. Ou, tout du moins, que son explication est acceptée. Il a un peu – beaucoup – craint qu’elle ne le prenne mal. Pour une raison X ou Y, vous aurez compris depuis le temps qu’il y a nombre de choses qui se produisent dans sa tête et ne trouvent pas d’explication. Ce qui ne l’empêchera pas d’être tout à fait content du moyen qu’utilise la jeune femme pour s’exprimer. Ah ça, il n’est pas près de se plaindre qu’elle l’embrasse, aucun risque. Tellement aucun risque qu’il en a remis une couche après s’être excusé. Parce qu’elle méritait amplement des excuses. Il ne l’a peut-être pas touchée physiquement, ni même n’a commencé leur dispute, mais il n’empêche qu’il a manié ses mots n’importe comment. Et de cela il devait s’excuser. Et puis en plus, elle lui sourit. Il pourrait passer du temps à étudier ce sourire-là. De comment il plisse sa bouche à comment il se reflète dans ses yeux en passant la façon dont il égaie son visage. Il est tout simplement beau. D’autant plus agréable qu’en plus, elle sourit dans les bras du contractant.

- Je m’excuse aussi d’avoir ainsi réagi. Et si on s'excusait à deux ?

Il se met à sourire quand il la voit rire. Bien sûr, il a parfaitement saisi l’allusion de sa deuxième phrase. Et voir la jeune femme rire déclenche une étrange impression chez lui, qu’il est une fois de plus parfaitement incapable d’identifier. Oh qu’importe, c’est agréable, il ne va pas s’en plaindre. Et puis par rapport à l’allusion, de toute façon, s’il avait eu le moindre doute, le baiser qui suit les aurait tous ôtés. Tandis qu’elle joue de ses doigts sur son cou, lui glisse ses mains sur ses hanches pour les rapprocher. Ce n’est pas l’envie qui lui manque de les faire remonter plus haut pour entreprendre un peu d’exploration, mais il ne veut pas passer sur les blessures toutes fraiches de la jeune femme. Alors il s’abstiendra tout simplement. Puis le baiser cesse et elle se faufile jusqu'à son cou où le souffle chaud de la Baskerville fait frissonner l’homme légèrement. Tiens, ça faisait longtemps. Pas qu’il cherche à maîtriser quoi que ce soit, de toute façon. Il se penche à peine pour pouvoir lui glisser à l’oreille :

- Je propose qu’on se pardonne à deux après s’être excusés.

Même qu’il a plein d’idées en tête sur les méthodes employables. Mais qu’il n’y pensera pas trop, parce que la fantaisie à côté de la réalité ne vaut pas grand-chose ici. Puisque la réalité, c’est Aiko contre lui. Aiko qui après avoir relevé la tête, finit par l’entraîner un peu plus loin. Où leur importe peu au final. Du moment qu’ils ne vont pas prendre un bain de foule avec leur cape sur le dos, ils peuvent bien aller n’importe où. N’importe où se révèle être assez proche de là où ils se trouvaient, finalement. Et puis elle s’assoit en l’encourageant à faire de même. Ce qu’il fait bien sûr sans broncher. Mine de rien, après avoir crapahuté dans tous les sens pendant plusieurs heures, s’assoir fait du bien. Ses muscles le lui font savoir. Tout comme ceux de la jeune femme à en voir la grimace tirée lorsqu’elle a décidé de s’allonger en se servant de lui pour oreiller. Lui préfère rester assis, juste pour pouvoir jouer d’une main dans les cheveux écarlates. Il ne se rend même pas compte qu’il a encore un sourire sur les lèvres. Brave petit.

- Est-ce que tu aurai préféré que je ne réagisse pas, Finn ?

Qu’elle ne réagisse pas ? Qu’elle ne réagisse pas. Que tout ceci ne soit pas arrivé.
Honnêtement, il ne se rappelait plus de cette marque. Le souvenir lui en a quitté l’esprit aussitôt qu’il a vu la jeune femme se placer devant lui, quelques heures plus tôt. Et, si elle ne l’avait pas vue, si elle n’avait rien dit, il ne s’en serait probablement pas rappelé. A moins bien sûr qu’à un moment où à un autre le bleu se manifeste sous une quelconque pression. Mais et encore, vif comme il est, il aurait très bien pu ne pas se souvenir tout de suite de la raison de la présence de la cible incriminée. Tout ça pour dire qu’il est bien incapable d’imaginer comment il aurait réagi si elle n’avait rien vu et qu’il avait fini par s’en apercevoir, bien après leur rencontre. Si elle n’avait rien dit, ils auraient probablement passé du temps ensemble après la mission et… Et quoi, en fait ? Ils sont en train de passer du temps ensembles après la mission. La seule différence entre les deux lignes de temps parallèles étudiées ici se trouve plutôt sur l’instant de leur séparation. Dans le futur, à l’issue de leur rencontre. Futur qu’il n’est par ailleurs pas pressé de voir venir du tout. Mais passons. Si elle n’avait pas réagi, il serait rentré chez lui à la fin de la journée en souriant. Comme la dernière fois. De bonne humeur. Comme la dernière fois. De tellement bonne humeur, en fait, que même Naaru aurait eu du mal à l’énerver. Comme la dernière fois. Et puis bien évidemment, en pensant très fort à la jeune femme sans même se rendre compte qu’elle occuperait toutes ses pensées jusqu’à l’heure d’aller dormir. Comme la dernière fois. Et puis… Enfin, vous avez saisi le truc. Ses interrogations qui durent depuis trois jours seraient peut-être revenues, mais il les aurait ignorées en force. Plus convaincu que jamais qu’elles n’auraient pas lieu d’être du tout. Mais tout cela n’aurait pas changé ce qu’il ressent pour la Baskerville et dont il commence seulement à prendre conscience. La prise de conscience aurait alors eu lieu plus tard, bien plus tard. Peut-être que cela se serait alors mal passé. Ou peut-être qu’elle aurait eu lieu moins brutalement et que les choses auraient été plus tranquilles, plus progressives. Qui sait. Et il ne regrette pas, malgré toutes ses hésitations et ce chemin broussailleux qu’ils empruntent, qu’elle ait réagi comme elle l’a fait. Maintenant la question reste « est qu’il aurait préféré ». Eh bien, pas forcément. Et, pour tout dire, il apprécie vraiment ce nouveau plus à leur relation. Cette espèce d’affection, de tendresse, qui émane de leurs contacts depuis cinq minutes. En fait, c’était déjà présent. Mais il y a quelque chose en plus, quelque chose qu’il serait incapable de nommer ou de définir. Et puis pouvoir se contenter de s’assoir par terre à juste profiter de la présence de l’autre et aimer cela n’a pas vraiment de prix. Il y quelques années, il aurait tagué ce genre de situation d’ennuyante si on lui en avait parlé. Depuis il a un petit peu mûri, mais avouons quand même que si on lui avait proposé il y a de cela ne serait-ce que six mois, il aurait quand même tiré la tête. Pas avec Aiko. C’est une activité qui se révèle intéressante de manière assez surprenante.
Bref, tout ça pour dire que plus il y accorde de la réflexion, plus la balance sur cette question penche en faveur du non. Non il n’aurait pas préféré qu’elle ne dise rien. Mais ça, c’est uniquement parce qu’il voit comment les choses tournent pour le moment. Il est bien mauvais à imaginer les alternatives de toute manière. C’est comme ça et pas autrement, ils verront bien. Ils ont accepté tous deux, ce n’est pas pour se raviser maintenant.

Il observe intrigué ce qu’il se passe ensuite, non sans noter la grimace supplémentaire au passage. Il va s’exprimer là-dessus c’est décidé. Mais avant, pourquoi donc Aiko semble-t-elle soudain… Gênée ? Il ne sait pas trop. Elle détourne le regard rapidement. Mais il hésite à lui demander ce qu’il se passe. Si le fait se reproduit, il le fera. En attendant, elle est juste retournée se poser sur ses genoux et lui a repris ses caresses silencieusement. Juste le temps de méditer un peu plus sa réponse alors qu’il n’avancera probablement pas plus. En réalité, c’est très probablement une excuse pour profiter du calme et de leur position. Pour une fois qu’il a les lèvres closes.
Lèvres qui viennent être clamées par la jeune femme quelques instants plus tard. Evidemment il répond avec autant d’ardeur qu’elle en met. Quelque part pendant l’échange, il ramène une main sur la joue de la Baskerville pour ensuite la glisser vers son cou qu’il dégage des cheveux s’y trouvant. Il ne rompt ensuite leur baiser que pour pouvoir aller y déposer ses lèvres. Embrassant aussi bien que mordillant, il finit par le quitter après une dernière pression de ses lèvres. Et puis il répond enfin à sa question précédente en se redressant pour la regarder :

- Je suis heureux de la façon dont les choses ont tourné, tu sais.

Sinon il aurait fini par s’en aller. Il ne serait pas à lui sourire. Elle ne serait pas là sur ses genoux. Et il ne serait pas là non plus à se demander comment maintenant réussir à la convaincre qu’une rencontre entre ses côtes et du désinfectant est absolument nécessaire.
Réellement, il a bien vu qu’il faudrait quand même prendre soin de ses blessures. Lui n’est pas mieux. Et en plus, quelque chose l’intrigue au plus haut point : comment fait-elle pour ne pas avoir froid ? Franchement. A la limite pendant la mission, à courir partout, penser à éviter les coups autant qu’à en donner, le froid ne les atteignait même pas. Mais maintenant ? Maintenant il va se passer que sous peu, Aiko ne pourra plus quitter son lit.
Bon ok, peut-être pas en fait, être Baskerville ça a quand même de sacrés avantages. Y’en faut bien quelques-uns, sinon ils auraient tous démissionné. Bon, peut-être pas non plus, certes. Enfin cela n’empêche que.

Finn passe doucement ses doigts jusqu’au bord inférieur du débardeur de la jeune femme, l’air extérieurement prudent alors qu’il est intérieurement bien décidé à constater l’étendue des dégâts sans trompe l’œil devant. Et puis il dépose une bise sur la joue de la jeune femme avant de gentiment remonter le vêtement malmené jusqu’aux côtes. Rien d’indécent ni de déplacé, il ne veut réellement que vérifier. Au pire… Au pire… Bah, au pire elle est très bien placée si elle veut lui expliquer son désaccord avec ses mains. Le contractant a toujours fait attention aux blessures de ses camarades, c’est plus fort que lui. Même Naaru, qui est un chain, y passe. Alors Aiko ? Aiko n’y échappera certainement pas. Bien qu’il remette rapidement le tissu en place avant de relever son regard vert – et honnêtement inquiet – vers elle.

- Tu ne veux pas qu’on s’occupe de ça avant toute chose ?

Qu’elle n’essaie même pas de dire qu’elle ne sent rien, il a tout vu. Tout. Et puis pour faire bonne mesure – ok, c’est un coup vicieux en vrai -, il dépose ses lèvres sur les siennes un instant et puis ajoute :

- S’il te plait.

Si la prendre par les sentiments ne marche pas, il y a toujours d’autres moyens. Mais… Mais. Mais. Il ne lâchera pas l’affaire. Puisqu’ils sont partis pour faire un bout de chemin – peut-être plus ? – ensemble, autant qu’ils le fassent entier tous les deux.
Revenir en haut Aller en bas
http://kwanitadena.forumactif.org/

Contenu sponsorisé



« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Vide
MessageSujet: Re: « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »   « Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. » Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

« Don't see my jealousy, look at the love I feel for you. »

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Pandora Hearts :: « Let's play together! ♠ :: ♠ Réveil :: ♠ Alentours de la Ville :: ♠ Autres Lieux-
Créer un forum | ©phpBB | Forum gratuit d'entraide | Signaler un abus | Forum gratuit