La jeune fille expira, et les volutes s'élevèrent vers les cieux de leur couleur blanche. Le contraste qu'offrait le paysage glacé de la campagne et les lampadaires de la ville était renforcé par la présence d'un être tout à fait incongru. En effet, la jeune fille se promenait pieds nus. Jamais elle n'aurait pensé une seconde que le froid eut pu lui faire mal à de point. La morsure du gel avait rougi sa peau, et après cette brûlure, elle n'avait plus rien ressenti. Ainsi, la fillette, car elle y ressemblait fortement, avançait, pas à pas, sans qu'aucun d'eux ne puisse lui laisser le loisir de sentir la texture du pavé de la ville.
Depuis qu'elle était sortie de sa fissure, à Réveil, Leah n'avait cessé de marcher, encore et toujours. Elle était allée vers l'Ouest, sans vraiment y faire attention, et après plusieurs jours à dormir dans les champs dénués de toutes vies, elle avait jeté ses chaussures. Ces chaussures en cuir, qu'elle possédait depuis très longtemps, mais qui lui avait arrachée la peau sans relâche alors qu'elle marchait sans s'arrêter. "Mieux vaut marcher pieds nus", s'était-elle dit. A présent, elle était glacée, et elle regrettait son geste idiot. Les rues de la capitale dans laquelle elle s'était égarée à la recherche d'un abri pour le soir qui tombait, étaient désertes. Les lampadaires illuminaient les lieux, laissant encore quelques zones d'ombre entre eux. Leah se hâtait dans les endroits sombres et prenaient le temps de fouiller des yeux les moindres recoins lorsque la lumière glissait sur sa peau. Ses longs cheveux blancs étaient devenus d'un gris sale et ses yeux avaient été ternis par le manque de sommeil. Cependant, son dynamisme restait intacte, ou du moins, c'était ce qu'elle voulait croire, car sans courage, il n'y a plus rien.
Démunie comme elle était, Leah savait qu'elle n'avait pas grand-chose à espérer. Son seul plan fut de trouver quelque part une âme charitable qui lui permettrait de se nourrir et s'abreuver correctement, se remettre en état et trouver un travail. C'était la seule manière de retrouver un semblant de dignité et d'indépendance. Leah avait beau faire partie des "monstres" - et elle en avait parfaitement conscience - et de ne ressentir la faim qu'après plusieurs jours, son estomac criait à présent famine. Elle s'accroupit lorsqu'elle trouva enfin une brèche dans un mur de grosses pierres. Elle était arrivée aux abords de la ville et devant elle s'étendait des prairies sans fin et des villages tellement minuscules qu'ils ne portaient pas de noms. Elle se faufila dans la brèche et elle se rendit vite compte que cet endroit ne pourrait la contenir que si elle s'asseyait. Elle s'assit alors et de ses mains gelées, retint ses jambes insensibles. Elle avait l'impression terrible que ses deux membres ne lui appartenaient plus. Elle se pinça et une larme perla lorsqu'elle s'aperçut que finalement aucune sensation ne lui parvint. Pourrait-elle mourir de froid dans un tel endroit ? Il était évident qu'elle ne durerait pas longtemps. Malgré ses pensées noires, le sommeil la rattrapa et elle sombra en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Un vent se leva, et la silhouette blafarde de la fillette ne bougea pas d'un pouce. Mais... tout le monde ne sait-il pas qu'il ne faut jamais s'endormir alors que l'on meurt de froid ? Il est possible de ne jamais se réveiller...

La couleur du vent
La forme de l'eau
L'âge du temps ~






Il fait froid... Oui, il fait froid, nous sommes en hiver. Ce n'est pas pour déplaire Arya, elle aimait bien la neige et la glace, mais le froid, non merci, très peu pour elle. Heureusement que que la demoiselle avais pris un gros manteau et des gants à fourrure, elle serait morte de froid depuis longtemps sinon. Les oiseaux piaillent sur une branche d'arbre, ils semblent avoir froid. Arya avait pitié d'eux, ce serait trop triste qu'ils meurent. Peut-être qu'ils ont des parents, eux, alors ce serait cruel de sa part de les prendre avec elle. Mais, il y avait comme une part en elle qui lui criait qu'ils n'en avaient plus. Comme elle ... Comme elle. La vie est cruelle, n'est-ce pas ? Au final, la jeune femme était celle qui avait survécut au lieu de mourir. Arya l'avait déjà dit à celle qui l'avait crée, Alyss, notre très chère volonté de l'Abysse, la demoiselle aurait préféré que ses parents, ou au moins sa sœur, ai droit à une seconde chance plutôt qu'elle. Arya ne le méritait pas. Elle ne servait à rien, enfin si, à tuer. Elle est un monstre, une chain.

Finalement, les oisillons n'avaient pas l'air d'avoir de parents, surement mangés par un bête quelconque. Doucement, la jeune femme les prit dans le creux de ses mains, et les installa dans un pli de son écharpe. Ils étaient trois, comme ils avaient été trois, sa sœur, son frère et elle. De la pitié, c'était la seule chose qui l'avait poussé à les prendre avec elle. Arya se sentait alors pitoyable. Finalement, la petite balade devrait s'écourter, les pauvres bêtes semblaient terriblement affamées. Arya devait rentrer chez elle. De toute façon, la Chain commençait elle même à avoir froid. Le vent était levé, et quelques flocons étaient soudainement apparus, apportés par des nuages noirs. Décidément, il ne fait pas souvent beau dans ce pays. Mais les paysages sont jolis pour compenser le tout.

Alors qu'elle passait près d'un muret, la demoiselle entr'aperçut une forme blottie dans une brèche. Elle s'approcha, curieuse et se pencha soudain vers une fillette mal en point. Pourquoi, oui, pourquoi fallait-il que Arya tombe sur une chose venant de l'Abysse à chaque fois qu'elle sortais de chez elle ? Affolant... Bref, toujours est-il que la petite Chain en face semblait avoir froid et quelque chose clochait, mais quoi ? Arya s'accroupit alors, face à elle et la secoua légèrement. Pas de réponse.

-Hey, réveille toi, c'est pas un endroit pour dormir tu sais ?

Toujours aucune réponse de sa part. La Chain commençait à être affolée, que faire dans ces cas là ? C'était une Chain elle aussi après tout, pourquoi est-ce que Arya s'inquiétait pour elle, hein ? Pourquoi... Si la fillette continuait de dormir, elle risquait de mourir, mais en quoi cela concernait Arya, finalement ? Les oisillons continuaient de piailler bruyamment, et la jeune femme commençait sérieusement à s'inquiéter. L'enfant ne se réveillait pas, comme si elle était inanimée. C'est là que Arya vit l'état de ses pieds. Quelle idiote, la demoiselle restais là sans rien faire, faudrait vraiment qu'elle se bouge, c'est de la non-assistance à personne en danger. Arya enleva ainsi mon manteau et le mit sur les épaules de la fillette avant de la prendre de la façon la moins brusque dans ses bras frêles pour l'emmener dans un lieu sur. Et bien oui, Arya était comme elle l''était. Et heureusement qu'elle habitait dans la ville à coté, ça les aurait bien avancé d'être comme deux crétines mortes de froid dehors. Toujours installés dans un plis de son écharpe, les oisillons commençaient à s'impatienter et la jeune femme, à s'énerver.

-Faites moins de bruit, ou vous allez finir dans mon four avec quelques pommes de terre.

Là, bizarrement, ils se turent tous au même moment et ne firent plus un bruit. Une fois arrivés en ville, non sans difficultés, la plupart des passants se retournaient à leur passage. Bon sang, elle aidait une personne en difficulté, alors qu'y a-t-il de surprenant à cela ? Mais ce n'était pas la fillette qu'il fixaient, mais les yeux d'Arya. Oui, ses yeux. C'est pas nouveau, elle commençait à avoir l'habitude.

Une fois arrivés dans le petit appartement, Arya referma la porte derrière elle, déposa les oisillons dans la cuisines avec quelques grains et de l'eau, puis se précipita dans sa chambre pour un installer la gamine dans le lit avec quelques couvertures en plus, histoire de la réchauffer. Puis, après s'être assurée que la petite ne risquait pas de mourir gelée durant ses quelques minutes d'absence, Arya couru jusqu'à la cuisine et fit chauffer de l'eau dans une petite bassine avec quelques torchons, propres. C'est avec ceci qu'elle revint la voire et posa un torchons humidifié et plié avec soin sur son front. puis la jeune femme repartit en soupirant chercher des vêtements à la taille de la gamine, vu l'état des siens. Mais elle avait beau fouiller dans toutes ses armoires, tout était trop grand. Tant pis, elle devrait se contenter de ce qu'elle lui donnerait. Une robe noire et blanche devrait faire l'affaire... Oui, elle est bien celle-là, se dit la Chain.

Après quelques allée-retour entre la cuisine et la chambre, Arya finit par être complétement exténuée et elle décida alors de s'arrêter, en s'affalant sur une chaise près du lit où somnolait la fillette. Alors qu'Arya commençait à s'endormir, la gamine ouvrit un œil, rouge. La jeune femme ne pu que le fixer avec attention. A l'époque où Arya était encore humaine, on aurait traité cette pauvre enfant d'enfant maudite. Elle avait bien de la chance de vivre à l'époque actuelle. La brune se pencha vers la gamine et se mit à lui parler avec un calme absolu malgré son inquiétude permanent.

-Tu vas mieux ? Tu sais à quel point c'est dangereux de s'endormir dehors par un temps pareil ? Tu aurais pu mourir !

Mais qu'est-ce qui clochait avec Arya, pourquoi s'énervait-elle contre la fillette alors que la demoiselle s'en fichait royalement de son cas ? Tout simplement parce que Arya s'était rappelé de sa sortie de l'Abysse et qu'elle aurait aimé elle aussi avoir quelqu'un qui puisse l'aider. Mais elle n'avait pas eu cette chance. Elle avait d voler pour vivre, puis travailler dur pour obtenir de l'argent et se payer un loyer,même minuscule comme celui-ci.

-Hum, fit-elle en toussant, comment t'appelles-tu ? As-tu faim ? Tiens, je t'ai préparé ça au cas où, prends le !

Arya tendit un bol de soupe tiède avec un morceau de pain aux céréales à cette enfant dont elle ne connaissait pas le nom. Puis avec un sourire, la demoiselle continua de s'adresser à la fillette.

-Tu as perdue ta langue ? Je ne vais pas te manger, tu sais ? Ah, au fait, je m'appelle Arya !

Insidieux, le sommeil s'était insinué dans le corps frêle de la fillette. Un chain âgé de 14 ans, c'est un chain extrêmement jeune. Mais malgré ses 14 ans, Leah ressemblait bien plus fortement à une enfant qu'une adolescente. Et de loin.
Plus rien ne lui parvenait. Aucune sensation. Seulement le noir réconfortant des paupières, et la chaleur illusoire du pays des rêves. Une douce chaleur, attirante... irrésistible. Qui semblait tellement réelle... Très réelle. Peut-être un peu trop ? Leah ouvrit un œil, et de son regard encore ensommeillé elle observa la pièce. Puis, sa vue s'éclaircit totalement et elle se rendit compte que quelqu'un l'observait. Cette personne était d'une taille moyenne, du moins d'après les souvenirs de Leah des grandes personnes. Elle avait de longs cheveux d'ébène, qui tombaient en cascade le long de ses épaules et ses yeux émeraudes luisaient étrangement. La fillette se releva lentement et la femme sur la chaise se mit à parler.
-Tu vas mieux ? Tu sais à quel point c'est dangereux de s'endormir dehors par un temps pareil ? Tu aurais pu mourir !
Sa voix, au fil des paroles avait changé et peu à peu, l'inquiétude avait fait son apparition. Les yeux de la grande personne face à Leah se perdirent un instant, et Leah pensa que cette personne avait du bien souffrir. Ce regard perdu, c'était celui d'une autre fillette, celle qu'Arya avait été auparavant.
Une vague de tristesse envahit Leah alors qu'elle fit glisser son regard sur le reste de la pièce. C'était un petit endroit pas bien luxueux mais rien en cet instant ne lui paraissait plus somptueux, plus confortable et plus chaud. Ce lit dans lequel elle avait été glissé semblait pour la fillette être une des sept merveilles du monde et ces serviettes chaudes à ses côtés, des joyaux inestimables.
Les prunelles sanguines de Leah s'arrêtèrent de nouveau sur Arya quand celle-ci reprit doucement la parole.
-Hum, comment t'appelles-tu ? As-tu faim ? Tiens, je t'ai préparé ça au cas où, prends le !
Leah, trop intimidée pour parler, ne dit pas un mot. Face à elle, un bol fumant qui lui rappela immédiatement combien son estomac criait famine. De ses fines mains, elle attrapa le contenant qui la réchauffa, et par la même occasion, le morceau de pain qu'elle avait eu en plus de la soupe.
Encore toute étonnée de ces égards dont elle n'avait plus l'habitude, la fillette se tourna vers Arya, un regard de gratitude affiché sur son visage, tandis qu'elle se battait avec sa timidité pour remercier la brune.
-Tu as perdue ta langue ? Je ne vais pas te manger, tu sais ? Ah, au fait, je m'appelle Arya !
Cette phrase suffit à lancer la fillette, et soudain, sa voix se fit entendre, naturellement.
- Moi, je m'appelle Leah. Merci pour la soupe, Arya !
Elle accompagna ses quelques mots d'un grand sourire puis concentra toute son attention sur sa chaude nourriture qu'elle tenait fermement entre ses mains. Enfin, elle approcha consciencieusement le bol de sa bouche pour ne pas en perdre une seule goutte et ne se retint plus. Elle avala sa soupe entière, à grandes gorgées, goulûment, comme l'aurait fait n'importe quel enfant... avec un chocolat chaud.
Elle reposa enfin le bol entre les mains d'Arya et attrapa le pain. Lui aussi, subira une fin terrible... mais qui aura le mérite d'être rapide. Alors qu'elle en arrachait des morceaux, Leah parla à nouveau, tout en regardant trois oisillons, blottis les uns contre les autres, dans une écharpe.
- Ils sont mignons, tous les trois ! Ils ont des noms ? Eux aussi, on dirait qu'ils ont eu froid.
Elle eut un regard rieur, comme si elle ignorait totalement qu'elle aurait pu laisser sa vie dans ce simple mur ébréché. Mais que signifie la mort pour une fillette n'ayant pas de véritable passé et pas de véritable futur ?
Leah avait reporté son attention sur Arya. Et la voix, soudain très sérieuse, de la fillette brisa le silence qui s'était installé.
- J'aime la couleur de tes yeux.

La jeune femme continuait d'observer la fillette avec attention. Les oisillons continuaient de piailler bruyamment de là où ils étaient et Arya n'hésita pas de leur lancer un regard sévère.  Quand à la petite, elle continuait d'observer cet endroit avec admiration, comme si ce petit appartement sans espace et un peu vieillot était le meilleur endroit au monde. Pour Arya, ça l'était. Ce logement était le fruit de dur travail. Elle y vivait et elle y resterait toute sa vie.

Lorsque la petite prit le bol et le pain entre ses main, elle sembla alors être tellement heureuse que cela réchauffa un instant le cœur d'Arya. La jeune femme sourit un instant tout en observant les oiseaux du coin de l’œil. Ils semblaient eux aussi être en meilleure forme, malgré l'absence de nid et de parents. Qu'importe, ils se serraient les uns contre les autres et cela leur suffisaient amplement. Arya espéra alors que l'enfant soit comme ces oisillons. Elle soupira puis continua d'observer la fillette.  Cette dernière avait un regard empli de gratitude, et souriait gentiment. Arya se détendit un peu, non sans relâcher sa vigilance.

-Moi, je m'appelle Leah. Merci pour la soupe, Arya !

Son sourire s'élargit encore un peu plus, et Arya y répondit sans hésiter. Puis, la dénommée Leah se mi à engloutir toute la portion de soupe que lui avait préparé Arya. Cette dernière ne dit rien, mais ne pouvait s'empêcher de rire doucement. Au moins, le problème de la faim est résolue, cette petite n'était pas du genre difficile au niveau de la nourriture.  Puis après avoir fini, Leah entama le pain rapidement. Arya vit le pain qui lui avait coûté si cher être engloutis avec une rapidité effarante. Bah, tant qu'elle pouvait sauver une vie, ça lui allait.

-Ils sont mignons, tous les trois ! Ils ont des noms ? Eux aussi, on dirait qu'ils ont eu froid.

Arya comprit alors que Leah parlait des oisillons qu'elle avait recueillit en même temps. Un nom... Un nom... La Chain ne savait pas vraiment quoi leur donner comme nom. Peut être que Leah aurait une idée.

-Pour le premier, je me suis dit que Neige serait tout à fait adapté. As-tu une idée pour les deux autres ? Je les ai trouvés en même temps que toi. Mais je ne sais pas pourquoi ils continuent de faire autant de bruit. Je les ai nourris pourtant.

Oui, ils continuaient de siffler et de piailler sans que la demoiselle comprenne pourquoi. La jeune femme continua de se tourmenter l'esprit, ne sachant trop quoi faire, entre Leah qui n'avait pas l'air de trop être surprise de sa situation et les oiseaux qui commençaient à lui taper sur les nerfs. Alors qu'elle se leva pour aller le redonner des graines, Leah lui parla.

-J'aime la couleur de tes yeux.

Gêne. Seul et unique mot pour définir ce sentiment qui lui lacérait le cœur. Ses yeux ? Jusque là, tout le monde l'avait renié justement pour ses yeux. Cependant, il y e, avait certain qui lui avait parlé sans prêter attention à cette lueur sinistre qui y brillait constamment. Parmi ces gens se trouvait Naaru. Lui, il avait le dont d'énerver Arya, pourtant de nature calme et posée. Il aimai bien ses yeux, il en avait fait la remarque peu de temps après leur rencontre quelque peu étrange.  Mais pas de quoi s'inquiéter.

-Eh bien... Merci ?

Merci. C'est tout ce qu'elle avait put répondre à cette enfant qui lui avait fait un compliment étrange. Oui, Arya considérait cette phrase comme étrange. Puis se rappellant qu'elle devait s'occuper de Leah...

-Ah, au fait, vu l'état dans lequel tu es, je pense qu'un bon bain devrait te faire du bien. Voici des vêtements, et des serviettes de bain. Ah, et prends ces bandages au cas où. Quand tu as fini, reviens me voire. Et si tu as un problème, appelle moi !