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 » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.

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» You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Vide
MessageSujet: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty17th Février 2013, 06:59

Le ciel était gris. Tout le contraire de ce fameux jour. Aiko n’avait pas dormi de la nuit. Elle n’avait pas même cherché à fermer l’œil en vérité. Elle s’était contentée de rester assise sur son lit à jouer avec une petite lamelle qu’elle possédait. Elle la faisait passer et repasser sur ses poignets sans jamais s’entailler. De toute façon, elle doutait fortement que cela pourrait s’avérer être la meilleure façon de mettre fin aux jours d’un Baskerville. Mais je vous l’ai déjà dis, elle n’avait aucune envie de mourir. Elle jouait simplement. Parce que petite déjà, ses jeux se résumaient à cela, au port d’armes, à leur utilisation extrêmement précise et minutieuse. La moindre erreur de maniement pouvait être fatale. Aiko avait appris les bases avec sa mère et parfois aussi avec... Avec sa sœur. À cette pensée, les poings de la jeune femme se resserrèrent. Ah oui, la nostalgie du passé. L’énervement accompagné d’une amère tristesse désagréable et totalement insupportable. Elle avait vu le soleil se lever, un peu plus tôt, et aussitôt aller se cacher derrières d’épais nuages grisâtres. Elle se laissa tomber sur le lit en position allongée, fixant le plafond d’un regard las. En trois jours, elle avait à peine fait six heures de sommeil. En mission particulièrement longue, ça lui arrivait de ne pas fermer l’œil pendant plusieurs nuits successives. En revanche, après, elle tombait comme une souche et rattrapait nettement son manque de sommeil. Alors que là, elle avait l’ignoble impression que ce ne serait pas demain la veille qu’elle pourrait de nouveau se laisser calmement bercer par Morphée. En plus de cela, elle avait des courbatures partout. Allez savoir pourquoi, car cela faisait plus d’une semaine qu’elle n’avait pas bougé pour faire une mission. Peut-être était-ce cela, le problème ; le fait d’avoir habitué son corps à une action quasi-quotidienne et à de sacrées doses d’adrénaline pour ensuite ne rien faire d’autre que passer les matinées à fixer un point imaginaire et les soirées à trembler de froid dehors, ce n’était pas très pratique, pas même pour une déchue comme elle. Quelle heure était-il déjà ? Cela faisait plusieurs jours qu’elle avait perdu la notion du temps. Comme chaque année, à cette période, dire qu’elle était en vie serait complètement faux et erroné. Elle trainait sa carcasse plus qu’elle ne se mouvait. Elle divaguait plus qu’elle ne s’enfonçait dans ses souvenirs, dans ces bribes dont elle se souvenait encore, par miracle ou par malédiction, elle-même serait bien en peine de le dire, en fait. Elle amena sa main à son ventre et serra la mâchoire. Tiens, c’est vrai, elle avait faim. À quand remontait la dernière fois qu’elle avait mangé, déjà ? Elle ne s’en souvenait pas. Ah si. Hier. Le soir, lorsqu’elle était revenue complètement frigorifiée et qu’elle avait pris une douche avec une eau bouillante. Elle avait avalé au passage deux pommes rouges. Rien de consistant, malheureusement. Alors là, elle avait faim.  Et pas qu’un peu. Elle aurait bien ignoré ce genre de détails insignifiants, ces « formalités », mais elle allait finir pas complètement dépérir. Déjà qu’elle avait perdu un peu de poids. Elle se releva en poussant un profond soupire et alla vers la salle de bain, se faufilant sous la douche en tournant le robinet qui déclenchait l’eau chaude. Pas même cinq minutes s’étaient écoulées qu’elle se retrouva de nouveau dans sa chambre, une serviette autour de la taille. Elle se changea, optant aujourd’hui pour une robe blanche. Ça faisait longtemps – vraiment très longtemps – qu’elle n’avait pas mis de robe. Encore moins celle-là. Une robe dos-nu. Elle se figurait, en l’enfilant, que le froid, dehors, allait littéralement lui agresser la peau. Tant pis, cela ne l’empêcha pas de la mettre. Elle se sécha rapidement les cheveux et alla vers la cuisine. Tout semblait affreusement vide, dans son appartement. Et la cuisine aussi. Elle saisit un morceau de pain présent sur l’un des plans de travail qu’elle coinça entre ses dents et alla prendre sa dague avant de sortir à l’extérieur.
Le supplice ne faisait que commencer.

La Tragédie avait eu un effet néfaste sur la mémoire de la jeune Aiko qui ne se souvenait pas aussi bien qu’elle l’aurait voulu des dates. Mais celle-là, elle ne pourrait jamais l’oublier, pas même si elle devenait amnésique. Ça faisait combien d’années, déjà ? Trois ans avant l’évènement d’il y a cent ans. C’était ce jour où Anko – je vous préviens, retenez dès maintenant le prénom de la défunte jumelle d’Aiko – insista auprès de leur père pour participer avec lui à une mission. Malheureusement, ce ne fut pas une mission de routine. En même temps, il fallait la comprendre, elle avait vu son aînée faire des missions avec son fraternel, alors peut-être était-ce une once de jalousie qui l’avait poussée à vouloir en faire autant. Histoire de prouver qu’elle aussi pouvait se débrouiller. Et elle avait raison, car la jeune femme d’aujourd’hui ne voyait pas pourquoi elle n’aurait pas droit de faire une mission aussi. Même si bon, elle était plus petite, plus chétive... Sa petite sœur, quoi. Le genre de personne qui, à nos yeux, ne grandit jamais. Ce jour, ce maudit jour, elle avait laissé la prunelle de ses yeux se diriger vers une mort certaine. Elle n’avait pas même cherché à la retenir. Elle aurait voulu faire la mission, aurait voulu ressentir des frissons de peur et d’excitation, mais pas un instant elle ne craint vraiment que sa sœur ne revienne pas. Au fond, elle ressentait une peur omniprésente quant à l’idée de la perdre. Mais, sur le coup, ce n’était qu’un pincement. Un vulgaire pincement au cœur auquel elle aurait néanmoins dû prêter une bien plus grande attention et importance. Ce n’était pas une mission de routine, pas une mission anodine. Leur père avait dû invoquer son compagnon de l’Abyss pour mieux se protéger. Mais Anko, elle, n’en avait rien fait. Elle voulait pouvoir prouver à ses parents – à sa sœur aussi, peut-être – qu’elle pouvait venir à bout de l’ennemi seule. Mais tout ne se passa pas comme prévu.

À peine fut-elle dans le hall qu’Aiko eut un fort frisson. Il faisait froid et elle était habillée comme elle se serait habillée pendant la saison estivale. Elle aurait peut-être dû prendre une veste, tout compte fait. Trois misérables étages qui la séparaient de la chaleur. Non. Le corps de sa sœur avait d’emblée perdu toute sa chaleur, était devenu froid, tellement… Morbide. Alors comment osait-elle, elle qui était censée la protéger, elle qui aurait dû faire la mission avec son père, elle qui aurait dû mourir ou survivre, qui sait, comment osait-elle se plaindre du froid de l’hiver ? Alors que, dans quelques jours, peut-être même demain, le soleil reviendrait.
Elle commença alors à progresser, mordant à pleine dents dans son misérable morceau de pain avant de le poser dans un coin de rue. Un enfant le trouverait sûrement. Ou un chat. Au fond, la jeune femme s’en fichait pas mal. Elle continua simplement de marcher, pas après pas. Elle connaissait ce chemin par cœur. Nul besoin d’emprunter de détour ; ledit chemin qu’elle arpentait depuis trois jours déjà était le plus court. Et ce serait la dernière fois avant l’année prochaine. C’était comme ça, une sorte de rituel qu’elle avait depuis longtemps déjà établi. Faire une exception pour se rendre à cet endroit un autre jour de l’année ? Pas possible. Aiko n’était pas assez courageuse, pas assez forte pour pouvoir supporter cela plus que quatre malheureuses fois chaque année.

Les rues devenaient étroites et sinueuses à mesure qu’Aiko s’éloignait du centre ville et de son tumulte. Il devait bien être onze heures. Elle était fatiguée. En fait, non, car le mot demeurait faible, tellement faible. Elle était complètement épuisée et chaque pas qu’elle effectuait semblait l’inciter un peu plus à s’écrouler et à juste fermer les yeux. Mais inutile car elle savait pertinemment qu’elle ne trouverait pas le sommeil. À partir de ce soir, peut-être qu’elle réussirait à dormir un peu plus normalement et plus longuement, sans avoir à se tourner et à se retourner dans les draps des dizaines et dizaines de fois. Et puis, elle n’était pas seulement à bout physiquement. D’ailleurs, mentalement, c’était bien pire. Elle en avait assez, marre de tout cela. Marre de garder le silence, marre de souffrir dans ce même et terrible silence. Quatre jours aujourd’hui qu’elle n’avait pas daigné parler à un quelconque être humain. Tard le soir, après avoir eu la peau complètement bleutée par le froid, elle s’installait derrière des comptoirs et buvait plusieurs verres d’alcool. Quelques hommes l’abordaient, mais elle les ignorait ou leur faisait signe de s’en aller. D’autres, plus pertinents, avaient voulu partager la nuit de la femme de force, usant de leurs mains. Les pauvres. S’attaquer à un Baskerville est une mauvaise idée. S’attaquer à un Baskerville énervé est juste suicidaire. Alors Aiko réagissait, malgré l’alcool, malgré son humeur, au quart de tour. De toute façon, elle possédait toujours des lames et une dague sur elle. Ça faisait du grabuge, mais elle revenait simplement à sa place ou se retirait chez elle pour prendre une douche qui avait l’effet de la réveiller un tant soit peu et mangeait un ou deux fruits. Et puis, elle allait s’allonger et attendait le matin pour de nouveau se rendre à ce fameux endroit.

Plus de passants, plus de sales gosses qui courraient partout, plus d’ivrognes et plus de bruit. Juste le calme. Enfin, il y avait tout de même le bruit des talons de ses bottes en cuir noir sur le sol. Elle avançait d’un pas étrangement assuré. Pourtant, cette assurance avait depuis un moment déjà déserté la jeune femme. Elle s’arrêta et bascula la tête en arrière, prenant une grande inspiration. Encore ce ciel. Encore ce gris. Pourquoi ne faisait-il pas beau ? Pourquoi ne pleuvait-il pas ? Les cieux et les Dieux étaient-ils donc si partagées quant au sort qui frappa sa jumelle ? Elle serra les poings et étouffa un juron avant de reprendre sa route.
Arrivée devant un portail en fer, elle enserra ses fins doigts autour des barreaux présents et tira doucement dessus en reculant de quelques pas avant de pénétrer dans le cimetière. Elle jeta un coup d’œil aux alentours et nota une énième fois la présence de plusieurs mauvaises pousses qui encombraient le passage. Passage qu’elle dû donc se frayer avec la force. Tenez, il y avait même des satanées épines qui l’avaient égratignée. Du sang ? Non, tout de même pas. Elle marchait trop lentement pour effectuer un quelconque geste brusque.
Elle progressa en contournant les pierres tombales et en s’éloignant de plus en plus de l’endroit où il y avait le plus de morts rassemblés. Elle se retrouva alors vers l’extrémité nord du cimetière. Quelques rares tombes parsemaient le sol, ici. Elle n’avait jamais fait attention aux inscriptions gravées dessus. Près d’un arbre, il y avait deux tombes. L’une appartenant à son père, l’autre à sa sœur. Elle laissa ses doigts traîner sur la pierre froide de la tombe en-dessous du feuillage et murmura un « bonjour » à son père avant d’aller se mettre à genoux près de la deuxième pierre. Son index droit traîna sur chacune des lettres présentes. Le nom et prénom de la sœur d’Aiko ainsi que quelques inscriptions du genre de « fille adorée ou sœur chérie ». Le genre de choses auxquelles la jeune femme ne prêtait pas la moindre attention car elle savait parfaitement ce que valait sa sœur ; vraiment pas la peine qu’on le lui rappelle, elle ne risquait pas de l’oublier. Elle ne se le permettrait pas. Ne se la pardonnerait pas.

Anko Baskerville. Comparée à Aiko, elle était plus jeune, plus intelligente, plus infantile, plus féminine, plus sensible, plus douce, moins adroite au maniement d’armes, nettement plus stratège, mais aussi et surtout plus chétive. Aiko l’avait toujours vue ainsi, mais aux yeux de leur mère, elles ne possédaient pas de réelles différences niveau corpulence. C’était sans doute parce qu’Anko était la cadette d’Aiko que cette-dernière la voyait ainsi. Mais en même temps, elle était tellement plus émotive, tellement plus influençable, plus manipulable. Bien sûr, celle qui était en vie aujourd’hui ne s’était jamais défilé et avait toujours pris la défense de sa sœur lorsqu’on l’embêtait. Comme l’aurait fait n’importe quelle autre grande sœur. S’il fallait en venir aux mains, elle se battait. Et si, après, elle se retrouvait à terre, eh bien tant pis, ça aurait été pour la bonne cause. Aussi, il suffisait que maman crie pour que la plus jeune se mette à pleurer. Alors que l’aînée, elle, avait déjà compris que pleurer reviendrait à encaisser plus de oups. Elle l’apprit à ses dépens, d’ailleurs. Aujourd’hui, elle disait à chaque bon entendeur que l’éducation qu’elle reçu de la part de sa mère était irréprochable et ne citait nullement les punitions limite barbares. En revanche, d’un coté, elle aurait préféré plus de tendresse, de délicatesse et d’amour. Pas pour elle, non – de toute façon, vu son caractère actuel, vu sa personnalité en général, ce ne serait sûrement pas elle qui irait demander un peu d’amour – mais uniquement pour Anko. Elle qui avait toujours réclamé cela et qui n’avait jamais rien reçu de tel. Si ce n’est l’amour que tentait de lui offrir sa grande sœur. Elle avait toujours fait de son mieux. Aiko avait toujours fait de son mieux pour sa petite sœur. Mais le jour où elle aurait réellement dû être là pour elle, le jour où elle aurait dû affirmer son autorité et même être sévère avec elle pour lui ordonner – pas même lui demander – de rester au manoir car elle n’était pas prête, elle ne fit rien de tel. Et aujourd’hui comme hier, elle s’en voulait. Elle s’en voulait atrocement. Elle n’était pas la seule coupable, loin de là ; mais elle était quand même coupable.

Aiko se pencha légèrement en avant et laissa ses lèvres se plaquer délicatement contre la pierre froide avant de se redresser pour simplement s’asseoir à coté de la pierre, son omoplate gauche contre ladite pierre. Elle amena ses jambes à sa poitrine et les entoura de ses deux bras de façon à ce que sa main gauche se referme contre son bras droit et sa main droite sur son bras gauche. Elle posa sa tête contre ses genoux et se mordit la lèvre inférieure. Des vagues déferlaient alors. Des vagues de souvenirs. De bons souvenirs. Mais de bons souvenirs teintés par la mort. Alors de bien douloureux souvenirs. Une minute. Deux. Peut-être moins. Mais sûrement pas plus. Elle sentait des picotements dans ses yeux. Elle ne chercha même pas à se retenir. Ça faisait donc exactement un an qu’elle ne se sentit pas dans pareil était. Là, sur le moment, ses larmes coulèrent abondamment. Sa lèvre inférieure se faisait complètement maltraitée par ses dents alors qu’elle sentait les larmes atteindre sa bouche. Un goût salé. Elle pleurait. Aiko pleurait. Aiko Baskerville pleurait. Et en plus d’être inhabituel, c’était extrêmement douloureux. Elle avait mal. Terriblement mal. Mais elle pleurait silencieusement. Et elle savait parfaitement qu’en pleurant silencieusement, la douleur ne s’évacuerait certainement pas. Mais tant pis, c’était ainsi et pas autrement.
Un bruit. Un bruit de pas. Elle posa immédiatement sa main sur la dague près d’elle et la retira de son fourreau en la serrant fortement entre ses doigts. Elle releva la tête et essuya ses yeux d’une main de façon quelque peu violente. Qui était là ? L’avait-on suivie ? Des centaines d’hypothèses se bousculèrent dans son esprit alors qu’elle fronçait les sourcils. Elle n’avait jamais vu personne dans ce coin si reculé du cimetière.

Et puis, une silhouette se dessina. Elle reconnu le visage qui se dressait devant elle d’emblée. Finn. Elle se serait attendue à rencontrer n’importe qui ici, mais Finn, vraiment pas. Elle s’était obligée à ne pas y penser ces derniers jours, car elle trouvait injuste envers sa sœur d’avoir le droit d’être heureuse. Puéril ou pas, c’était ainsi qu’elle pensait et ainsi qu’elle continuerait certainement à penser. À peine l’eut-elle vu que ses yeux s’écarquillèrent de stupeur et que ses doigts se ramollirent au niveau de sa dague. Elle voulait le voir, mais d’un autre coté, elle aurait préféré rester seule. Elle ne désirait pas qu’il la voie dans un pareil état, avec une mine si affreuse. Passé le premier étonnement, elle détourna le regard. Gêne ? Exactement, oui. Elle baissa la tête et fit passer sa langue sur ses lèvres pour les humidifier alors qu’elles l’étaient déjà, en fait. Pure angoisse. Elle voulait vraiment se lever et aller se jeter dans ses bras. Mais si elle le faisait, elle éclaterait en sanglots à coup sûr. Sanglots. Pleurs. Larmes. Prions pour qu’il n’ait pas remarqué ses yeux bouffis. Sa chevelure aurait, avec beaucoup de chance, détourné l’attention du brun. Mais il aurait certainement noté ses cernes, son teint blafard et son regard vide, las. Elle se releva doucement et se dirigea vers lui. Ayant atteint sa hauteur, elle se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa doucement. Un simple baiser. Amer et salé, sans nulle réelle conviction. S’il n’avait pas déjà remarqué qu’elle allait mal, ce baiser venait de la trahir. Elle recula de quelque pas et décocha un sourire au brun. Un tout petit sourire. Un sourire faible et qui n’exprimait pas grand chose. Elle faisait pitié. Elle faisait réellement peine à voir. Elle se détourna, présentant à Finn son dos et se remémora qu’elle était dans un cimetière. Presque immédiatement après, elle se retourna vers lui et fit un pas sur le coté. Louche ? Oui, bien sûr, mais elle ne voulait surtout pas qu’il voie la tombe. Enfin, pas vraiment la tombe, surtout l’inscription dessus. Peu de chances qu’il remarque celle d’à coté avec le nom de son père. En revanche, celle de sa sœur près de laquelle était installée il y a de cela moins de deux minutes, avait plus de chance de se faire repérer par l’homme. Elle leva les yeux vers lui et parvint à trouver les prunelles de celui se dressant devant elle pour la première fois. Il fallait qu’elle parle. Qu’elle dise quelque chose.
Sa voix se fit tremblante. Finn avait dû déjà comprendre qu’elle pleurait, mais là, nul doute sur le fait qu’elle avait un mal fou à se contenir. Elle qui avait pourtant appris à passer d’une émotion à une autre, d’une humeur à une autre, se voyait être réduite au statut de misérable amatrice à cet art.

« Je... Je vais bien, Finn. »

Désolée. Mon intention n’est pas de te mentir, juste de faire en sorte que tu ne t’inquiètes pas pour moi. Excuse-moi.
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Finn Baskerville

Finn Baskerville
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MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty19th Février 2013, 20:48

Cela faisait un petit moment que Finn n’avait pas été rendre visite à sa mère. Tellement longtemps qu’en fait, pour rattraper tout ça, elle l’a plus ou moins forcé à dormir chez elle. Plus ou moins forcé parce que bon, il était déjà une heure avancée du matin quand son fils s’est dit qu’il serait peut-être temps de débarrasser le plancher avec son Chain qui l’avait suivi. Vu qu’au fond il était déjà en train de projeter de rester sur place par flemme de rentrer dans le froid et le noir à une heure indécente, la proposition n’est pas si mal tombée. Mais bon, pour maintenir l’image de grand garçon, il a protesté pour la forme quand même. Juste par principe.

Au réveil il a continué à protester, cette fois pas par principe mais contre une injustice. Pourquoi est-ce qu’elle le réveille lui et jamais Nana, hein ? Les Chain n’ont pas besoin de dormir, eux. Injuste. Et sa mère de dire qu’elle est désolée. En rigolant du malheur de son fils, tellement crédible. Puis d’ajouter que, la prochaine fois, elle le laissera tranquille et que comme maintenant il est réveillé, autant qu’il se rende utile. C’est ça, elle avait l’idée en tête depuis le début oui. Pauvre enfant. En fait, à chaque fois qu’il y a une femme dans les parages la veille quand il s’endort, il peut être à peu près sûr que le lendemain, cette même femme le réveillera. Bref, la parenthèse non ouverte est terminée. Après s’être levé, avoir pris une douche et avalé quelque chose vite fait – sous peine de se faire rabrouer autrement – le tout en râlant, il s’est échoué sur une chaise autour de la table de la cuisine, à écouter ses instructions du jour. Ou du moins, celles de la matinée. Le reste, on verra après. Ainsi, son seul parent restant – en même temps il n’y en a toujours eu qu’un seul dans son cas – aimerait beaucoup – sous-entendu : t’as intérêt à y aller, Finn – que quelqu’un aille s’occuper de la tombe de son père. Du grand-père du contractant, du coup. Et puis sa mère a ajouté l’air de rien que, pendant qu’il y sera, il n’aura qu’à s’occuper de celle de sa grand-mère aussi. Est-ce qu’il a une tête de croque-mort ? Sa mère semble le penser soudainement.
Sa grand-mère, comme son grand-père, sont morts il y a plus de cent ans. Son grand-père avant sa naissance – à croire qu’il était destiné à grandir sans aucun paternel du tout – et sa grand-mère lorsqu’il était tout petit. Tellement petit qu’il ne se souvient pas d’elle, à dire vrai. Qu’importe, puisque c’est demandé par sa mère, il sait très bien qu’il le fera. Ça râle, ça râle, mais ça obéit quand même au final. Mettre le nez dehors sans Naaru collé derrière lui fera du bien. Ces derniers jours, ils étaient presque tout le temps ensemble. Mission, mission et après la récupération à l’appartement. Même quand ils récupèrent ils trouvent le moyen de se disputer. Ils se disputent et après ils tombent de fatigue en même temps. Enfin, dans le cas idéal. En vrai, souvent il reste plus au Chain qu’à son contractant et du coup le Chain continue à l’embêter juste pour l’entendre râler. Il est grand temps que cet animal se trouve des passe-temps plus sains et qui n’incluent pas son contractant d’aucune manière que ce soit.

Mettre le nez dehors pour constater qu’il fait un temps à justement ne pas y mettre le nez est tout de suite moins réjouissant. Même armé de son manteau sous lequel se trouve, pour une fois, un pull – ce qui est quand même plus consistant qu’une simple chemise – il frissonne en sortant. Se rendre au cimetière dès le matin n’est pas exactement quelque chose qui semble bon pour bien démarrer la journée, mais il n’en a pas grand-chose à faire. Il a déjà du mal à s’attacher aux vivants. Alors les morts qu’il n’a jamais connu ? Il ne ressent absolument rien pour eux, c’est à peine s’il s’y sent relié d’une quelconque manière que ce soit et s’il leur est reconnaissant de pouvoir être en vie aujourd’hui. Il devrait, pourtant. Il devrait et ne le fait pas. Comme un certain nombre d’autres choses qu’il devrait faire et ne fait pas.
Après une vingtaine de minutes de marche dans le froid, il finit par arriver à destination. Les portes du vieux cimetière sont en bien mauvais état. Etat qui ne semble pas s’être dégradé depuis sa dernière visite cela dit. Forcément, ce lieu à l’écart est presque difficile à trouver pour qui ne sait pas qu’il est là. Finalement, il est assez loin de Réveil. Et pour cause, il y a là des gens enterrés avant la catastrophe d’il y a cent ans. Aujourd’hui, plus personne ne doit se faire enterrer par ici. L’endroit n’est plus entretenu, sauf par les rares personnes qui y passent. Ou ceux dont la mère les délègue pour le faire, sans vouloir viser qui que ce soit.
Le silence qui règne dans les cimetières semble presque magique. Ce n’est pas vraiment visible ici comme l’endroit est déjà complètement perdu et silencieux, mais sur un cimetière situé en ville par exemple, le contraste est absolument saisissant. D’un côté des portes, il y a la ville, bruyante et active et, sitôt le portail passé, un silence complet. Ceux qui y pénètrent se sentent souvent obligés d’y chuchoter voire de ne pas y parler du tout, sans que personne n’ai eu à l’ordonner. On pourrait presque y entendre un silence bruyant.
Une fois la grille refermée derrière lui – et il a à cet instant presque l’impression de s’enfermer tout seul dans une sorte de piège – il commence sa marche à travers les allées. Difficile d’imaginer que sous ces pierres tombales se trouvent des corps. Enfin ce qu’il en reste, mais des corps ayant appartenus à des personnes bien en vie. Comme lui quoi. Et dire qu’un jour il finira peut-être là-dessous. Peut-être seulement, ce n’est pas dit qu’il ait droit à une sépulture, tout dépend du lieu et des conditions de mort. Et puis, après tout, sûrement qu’ici aussi il y a des pierres qui ne sont que symboliques et sous lesquelles aucun corps n’a jamais été enterré. Morts en plein combat ou peut-être juste disparus, qui sait. C’est tellement étrange de faire des monuments aux morts ainsi. Monuments qu’ils ne verront jamais et dont l’utilité échappe au contractant. Surtout parce que le but affiché est, d’après ce qu’il en sait, de ne pas oublier, de leur permettre de laisser une trace. Il n’y a plus que la famille au bout du compte qui se rend sur les lieux et, les générations passant, il n’y a finalement plus personne. Quant à la trace, elle est plus visible dans les descendants ou les actions qui ont pu être commises même si l’on ne pense pas vraiment à leur créateur en les voyant. Cela dit le fait de trouver l’action étrange n’empêche pas qu’il soit d’accord avec. Après tout, c’est bien mieux que de faire on ne sait quoi des cadavres et puis cela aide au recueillement. C’est juste bizarre. Comme beaucoup d’autres trucs bizarres dans le monde mais qu’on fait quand même. Comme dire « quoi ? » quand quelqu’un dit quelque chose auquel on ne s’attendait pas alors qu’on a parfaitement entendu et compris la première fois. Cet exemple-là ne joue cependant pas dans le même registre que le précédent.
Des fois, il regarde les noms sur les tombes par pure curiosité. Cela n’apporte strictement rien, certes. Les dates aussi. Regarder les dates donne lieu à un calcul mental pour tenter de visualiser il y a combien de temps que la sépulture est là. C’est là que le trou de cent ans peut revenir en plein dans la figure pour le frapper. Après tout, y’a cent ans, c’était comme s’il y a dix ans. Ce qui, en soit, reste déjà pas mal quand on en a seulement vingt. Et en parlant de courts intervalles de temps, puisque ses deux grands-parents maternel – il ne connaît pas le paternel et encore moins les parents du paternel et n’en a, très honnêtement, absolument rien à faire – sont décédés à un court intervalle de temps l’un de l’autre, ils ont eu droit à deux tombes côte à côte. Ce qui les rend pratique à trouver pour le brun.

En arrivant près d’elles, il ne remarque pas tout de suite qu’il y a quelqu’un plus loin. Forcément, il a le nez baissé pour observer les tombes plutôt que levé pour regarder devant lui. Alors quand il lève la tête, il lui semble bien voir quelqu’un un peu plus loin. Il suffit de quelques secondes de plus pour réaliser que ce n’est personne d’autre qu’Aiko, dont il reconnaîtrait la chevelure n’importe où – mis à part quand il a pris trois verres dans le museau – et l’apparence générale. Il note son apparence prostrée, le fait qu’elle ne porte pratiquement rien alors qu’il fait vraiment froid ou bien encore qu’elle semble du coup bien frêle soudain. Aussi bien par le fait d’être découverte que celui d’être prostrée. Quelque chose ne va pas, mais en même temps ainsi placée dans un cimetière, qu’est-ce qui pourrait bien aller ? Les tombes de ses ancêtres sont déjà oubliées tandis qu’il réfléchit. Est-ce qu'il devrait vraiment y aller, aller voir Aiko ? C'est que... Les gens dans un cimetière veulent plus que probablement avoir la paix. En fait, c'est une certitude plus qu'une probabilité. Peu importe pour quoi – ou plutôt pour qui – elle est là, il doute qu'elle ait envie de voir qui que ce soit. Même si, en même temps, ce n'est pas à lui d'en décider. Oh et puis. Il va voir. Si elle veut la paix, elle n'aura qu'à le lui dire. Il comprendra et la laissera tranquille. La communication est la clé. La tombe attendra un peu, après tous les morts ont du temps à revendre, ce qui est moins le cas des vivants.

En s’approchant, elle le remarque et relève la tête. Evidemment que de loin, dans cette position, elle n’avait déjà pas l’air très bien. Là, c’est officiel. Et du coup, le contractant s’arrête dans ses pas, hésitants. Il a nettement l’impression d’être au mauvais endroit au mauvais moment, il aurait dû s’éloigner plus tôt. Mais en même temps, laisser Aiko ainsi ? Il s’en voudrait. Peut-être qu’elle-même lui en voudrait. Elle aurait raison. Comment prétendre tenir à quelqu’un et le laisser ainsi quand l’occasion se présente ? Même si le quelqu’un en question préfèrerait avoir la paix et qu’on le laisse. Au fond, ce ne serait peut-être même pas tout à fait vrai, parce que si en effet personne n’aime être vu faible, beaucoup ont néanmoins besoin du soutien. Ce qui n’est pas une honte, partager ce genre d’instant et les montrer est une force aussi, quelque part.
Le temps qu’il se décide, elle s’est déjà relevée et il lui est reconnaissant d’avoir tranché pour lui. Si elle l’avait ignoré, il aurait sûrement débattu encore un moment. Evidemment, maintenant qu’elle est plus proche il n’y a pas de doute sur son état. Sur ce qui a bien pu se passer à l’instant aussi. Il ne commente pas lorsqu’elle s’approche de lui et la laisse faire, craignant un peu qu’elle ne le repousse. Elle vient l’embrasser brièvement, signe qu’au moins sa présence est acceptée. Et, comme à chaque fois depuis un moment maintenant, il réalise qu’elle lui a manqué. Cependant le sentiment est rapidement balayé et mis de côté pour l’instant. Bon sang qu’il a juste envie de la serrer contre lui en la voyant ainsi. Pourtant, il n’en fait rien, répond juste simplement à son sourire avec plus de conviction qu’elle ne parvient à en mettre dans le sien. L’homme attend patiemment en l’observant faire. Elle l’a embrassé, mais évite son regard depuis le début. Et puis le contact visuel s’établit après un mouvement étrange de la part de la jeune femme, l’homme n’en pensant rien sur le moment.

- Je... Je vais bien, Finn.

De toutes les choses qu’elle pouvait dire… Oh et puis. Ça lui ressemble bien. L’homme soupire légèrement en faisant un pas vers elle. Il dépose alors une main sur sa joue, gentiment, toujours conscient qu’elle pourrait très bien le repousser ce qui, même si ce ne serait pas agréable, serait tout à fait compréhensible. Puis il dit :

- Pourquoi tu me mens ?

Qu’elle le veuille ou non, il la prend ensuite dans ses bras et la serre contre lui. La question n’en est pas vraiment une. Pas plus que son ton n’est accusateur, il est presque plutôt juste légèrement déçu. Légèrement seulement, il ne peut pas la blâmer d’essayer de recoller les morceaux et de faire face. D’autant plus qu’il a tout simplement un bien mauvais timing sur ce coup là. Pour autant, maintenant que le contact est établi, il est bien hors de question de la laisser ainsi, seule, et de tourner le dos pour partir. Il compte rester et continuer à s’inquiéter pour elle. La tenir ainsi lui permet de constater pour de bon ce à quoi il pensait un instant plus tôt. Sa peau est bien froide.

- Tu es gelée, Aiko.

Il la relâche un instant, retire son manteau rapidement puis le dépose sur les épaules de la jeune femme en ajoutant :

- On ne tombe pas facilement malade, mais quand même.

Il n’ajoutera pas non plus qu’elle ne devrait pas rester seule ainsi ici, non pas que l’endroit soit dangereux, mais son état semble bien pouvoir utiliser d’un soutient. Seulement, le commentaire sur le froid est bien suffisant. Quelle idée de se balader comme cela. Enfin, passons. Il l’a déjà vue faire après tout – bien que pas à ce point. C’est une grande fille qui peut prendre soin d’elle, mais c’est sans compter sur le Finn surprotecteur. Passons, il l’attire à lui à nouveau après avoir tenté de la réchauffer un peu en la couvrant. Et là, c’est le grand blanc. Est-ce qu’il devrait parler à nouveau pour l’inviter à se confier ? Pour lui dire que ce n’est pas grave qu’il la trouve ainsi ? Peut-être aussi lui demander si sa présence ne l’importune pas. Ou est-ce qu’il doit se taire et juste la garder contre lui ? Avec un ami normal… Rayez ça, il n’y a aucun ami normal en robe, gelé au milieu d’un cimetière qu’il n’aurait envie de consoler ainsi et si ses amis veulent se confier, ils n’ont qu’à venir, ils savent. Il n’y a pas besoin de le leur dire. Avec Aiko, tout est différent. Tandis qu’il garde un peu le silence en la tenant simplement contre lui depuis quelques secondes, ses yeux enregistrent enfin les noms de famille sur les tombes en face de lui. Baskerville. Ah, tout s’explique. Même si au fond c’était facile à deviner. Les prénoms quant à eux ne lui disent strictement rien. Les dates – retour du calcul mental – ont plus d’un siècle. Et les inscriptions. Père, mari pour l’une. Sœur, fille pour l’autre. Sans être la personne la plus logique du monde, la constatation est très rapidement faite. Ce qui, au fond, ne l’avance pas plus que ça. D’autant plus qu’il refuse de tenter de deviner quoi que ce soit. Soit Aiko se confie, soit elle garde le silence. Alors sans la lâcher, il s’est décidé à demander doucement :

- Tu veux parler ?

Sans vraiment la délivrer de ses bras, il recule un peu la tête afin de pouvoir lui offrir un sourire encourageant qu’elle puisse voir si jamais elle relève son visage vers lui. L’inquiétude le taraude à l’intérieur, mais, contrairement à ce qu’il peut faire quand la Baskerville lui annonce qu’elle a décidé d’aller en mission alors qu’elle ne devrait pas, il tâche de ne pas le laisser paraître. Il est possible de le deviner à travers ses actions, bien sûr, rien que le fait de l’avoir prise dans ses bras par exemple. Cependant il ne veut pas que la jolie rousse se sente coupable de l’inquiéter comme il sait qu’elle en est très bien capable. Elle a visiblement suffisamment de problèmes comme cela, inutile d’en ajouter une couche.
Que d’autres Baskerville soient enterrés ici n’est pas vraiment étonnant. Après tout, si certains de sa famille le sont, pourquoi pas celle des autres du clan. Bien que porter le même nom de famille chez ce clan ne signifie pas pour autant qu’il y ait des liens de sang quelconques, certains en ont. Preuve en est ici. La plupart restent des gens qui n’y sont cependant pas nés et nul doute que, dans la famille de Finn, ce soit le cas si on remonte par exemple une ou deux générations avant ses grands-parents maternels par exemple. Qu’importe, au final ils servent tous la même cause. La famille d’Aiko est similaire vu les deux pierres tombales et leurs épitaphes. Il n’y a que deux tombes, peut-être donc que la mère est toujours en vie ? Enfin, si elle a été présente en premier lieu bien sûr. Pour ce qu’en sait le contractant, elle pourrait même avoir d’autres sœurs, un ou plusieurs frères, allez savoir. Voilà pourquoi tenter de deviner est complètement vain.

Doucement, le Baskerville vient embrasser le front de la jeune femme. C’est vrai que ce n’est pas exactement le moment idéal, ni vraiment la chose à penser, mais il est content de la voir. Elle lui a réellement manqué. Tant qu’à faire aussi, c’est sûrement mieux que ce soit lui qui la trouve plutôt que quelqu’un d’autre, non ? Elle n’est peut-être pas du même avis, probablement en fait. Cela ne parviendra pas à changer ce qu’il en pense. Et, si elle ne désire pas sa présence et le lui fait savoir, ce n’est pas non plus sûr qu’il s’en aille. L’idée de la laisser ainsi s’est envolée de sa tête. Il ne voulait déjà pas trop un peu plus tôt quand il l’a vue de loin, maintenant il ne veut plus du tout. C’est tout, Aiko va mal et si Aiko va mal, la laisser seule est prohibé. Quand bien même il ne resterait que pour se faire rabrouer.
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» You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Vide
MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty21st Février 2013, 10:08

Les années ont eu beau passer, la douleur demeura omniprésente autour et en Aiko. Elle ressentait étrangement la présence de sa défunte sœur dans ses moindres gestes. Parfois, lorsqu’elle trouvait le courage – car oui, pour elle, il en fallait de ce fameux courage – de saisir un livre et de bouquiner un peu, elle se disait qu’il serait fort probable qu’Anko ait opté pour pareille activité si elle était en vie, elle aussi. Enfin, bien sûr, la dernière fois qu’elle l’avait vue, elles étaient plutôt jeunes. Peut-être qu’en grandissant, qu’en mûrissant, sa jumelle aurait changé de goûts. Seulement changé de goût hein, car, bien sûr, Aiko ne doutait pas du fait que sa sœur ait continué à tant aimer la lecture. Mais peut-être aurait-elle choisi des livres de stratégies pour perfectionner ses capacités au lieu des romans policiers ou que sais-je encore. Mais n’allez pas non plus croire que notre jeune femme ne pensait à sa sœur que lorsqu’elle lisait – et donc, très rarement. Non, en fait, elle l’accompagnait vraiment très souvent dans ses pensées. Aussi bien le matin, lorsqu’elle se regardait dans une glace qu’un peu lus tard dans la journée, lorsqu’elle mangeait ou faisait n’importe quoi d’autre qui rentrait dans la routine de la vie. Néanmoins, la plupart du temps, c’était tout de même lorsqu’elle servait son clan. Effectivement, elle avait beau avoir cet esprit loyal et même complètement dévoué depuis son plus jeune âge, sa sœur n’avait jamais manqué une seule occasion de lui rappeler de toujours faire de son mieux pour servir Glen-sama. Comme si elle avait besoin qu’on le lui rappelle. À l’époque, elle râlait souvent pour ça. Eh bien oui, c’en était presque une offense pour elle. Si elle avait su qu’elle perdrait sa sœur si tôt, elle aurait profité du moindre instant passé avec elle et aurait nettement évité de ne serait-ce que paraître agacée. Mais bon, nous nous éloignons de notre sujet là. Effectivement, je disais – non, en fait, je redisais – qu’Aiko pensait presque toujours à sa sœur. Pourtant, ça ne se voyait pas. Parce que souvent, ça ne durait que quelques fractions de secondes. Effectivement, lorsqu’elle allait prendre place dans des bars, par exemple, elle pensait plus à son passé globalement qu’à Anko précisément. Elle revoyait quelques images, y ajoutait quelques sons, ornait cela de quelques personnages secondaires en arrière plan et du coup, sa jumelle n’avait pas le temps de s’éterniser dans son esprit qu’un autre souvenir venait balayer celui-ci. Après, lorsqu’elle enchainait verre sur verre, elle était plus encline à aller faire la discussion à quelques jolis hommes qu’à être nostalgique. Elle demeurait une femme. Et une femme bourrée reste une femme bourrée, pas la peine de chercher midi à quatorze heures. D’où le fait que lorsqu’elle partait avec des hommes avec l’espoir secret de passer une bonne nuit, ce n’était qu’un moyen de fuite. Une fuite préméditée, si vous voulez. Pour ne pas penser à sa sœur. Pour ne plus penser à elle. C’était lâche, n’est-ce pas ? Mais il fallait croire qu’elle était ainsi. Il fallait croire qu’elle était lâche. Elle n’était pas ce genre de personnes à dire que personne ne pouvait la comprendre. Parce que c’était faux. Totalement faux. Il est tout aussi possible de la comprendre elle que n’importe qui d’autre. En plus de quoi, elle détestait cette stupide phrase. Pas capable de te comprendre ? Et pourquoi exactement ? Parce que je n’ai pas vécu les mêmes expériences que toi ? Peut-être ai-je vécu pire. Bien pire. Et si tu penses être incompréhensible et un phénomène rare – car oui, être incompréhensible rend désormais les personnes plus uniques que malheureuses, à croire que plus ça va, moins ce monde est rationnel – car tu as perdu un membre de ta famille, n’oublie juste pas que la personne en face de toi a peut-être perdu toute sa famille sous ses yeux et n’est pas en train de se plaindre. Ce n’est qu’une probabilité, bien sûr, mais il y a toujours une chance que vous ayez été épargnées par rapport à votre opposant, alors tâchez simplement de ne pas l’oublier. De toute façon, pour Aiko, penser toujours à sa sœur reviendrait à se sentir tout le temps coupable, à ne plus vivre, à juste… Eh bien, juste survivre. Et donc, ne plus être capable de suivre ses principes comme elle l’entendait et aussi bien qu’elle le voudrait. Bien sûr, ce n’était qu’une des conséquences pouvant s’en suivre en plus de celle de ne pas pouvoir être heureuse, être libre. Quoiqu’il en soit, lorsqu’elle était seule, ça ne manquait pas. Elle la revoyait. Elle le revoyait debout, assisse, tout sourire, en larmes, peut-être endormie, parfaitement éveillée, concentrée, penchée sur un jeu d’échec, plongée dans une lecture qu’Aiko trouvait veine. Parfois, elle imaginait d’autres fins à ses souvenirs avec sa sœur. Effectivement, par exemple, plus jeune, lorsqu’elle la voyait lire, elle lui fichait la paix et allait, de son coté, s’entrainer ou traîner dans les jardins du majestueux manoir. Et si elle ne s’était pas détournée de cette vision ? Et si elle était allée lui parler ? Peut-être en aurait-elle su plus qu’elle ne le savait déjà sur elle. Peut-être lui aurait-elle parlé de quelque chose qui lui tenait à cœur. Peut-être qu’elles auraient enfin pu partager des moments intimes au lieu de ne parler quasiment de qu’armes et de Baskerville. Si seulement tout ne s’était passé de cette tragique manière. Si seulement Anko était dans sa chambre lorsqu’Aiko s’était vue proposer une mission par son père. Comme d’habitude, elle serait allée lui dire qu’elle partait après avoir échangé une rapide étreinte ainsi que quelques paroles avec elle. Non, non, non. Elle ne devait pas jeter la faute sur elle. C’était Aiko qui était en tort, pas sa sœur. Elle aurait dû être téméraire, aurait dû témoigner, pour une fois, de son esprit rationnel et lui dire qu’elle devrait commencer par une mission moins dure. Elle aurait même pu lui proposer de l’accompagner sur la prochaine. Lui faire une promesse. N’importe quoi. Mais pas la laisser partir.
Aiko culpabilisait. Aiko culpabilisait comme il n’était pas possible de se le figurer. Mais nous ne parlerons pas de cette culpabilité ainsi que des ressentis exacts de la jeune femme – jeune fille à cette époque – lorsqu’elle apprit – lorsqu’elle comprit – la mort de sa jumelle. Ce sera notre sujet une prochaine fois. Ce sera notre sujet la prochaine fois.

Finn. Un instant, Aiko fut incapable d’émettre une quelconque pensée. Complètement déconcertée, elle n’avait même pas cherché à cacher son étonnement. Finn dans un cimetière. Finn dans un cimetière tôt le matin. Même complètement perdue, la jeune femme se souvenait parfaitement de la difficulté à laquelle elle dut faire face lorsqu’elle voulu extirper le brun du lit à une heure si peu chrétienne. Elle n’autorisa néanmoins pas ce souvenir à élire domicile dans son esprit bien longtemps, préférant focaliser son attention sur quelque chose de plus important : qu’est-ce qu’il fichait là ? Aiko n’a jamais été vraiment naïve. Seulement, plus jeune, elle ne réfléchissait pas avant d’agir. Pas qu’elle le faisait vraiment maintenant, hein, juste que désormais, elle prenait ne serait-ce qu’une minute pour laisser lieu à sa réflexion. En hommage à sa sœur ? Plutôt parce qu’elle avait compris que ce serait plus productif pour elle et pour son clan. Donc, en ce moment, face à Finn, elle prenait néanmoins le temps d’émettre quelques hypothèses. Peut-être était-il là pour se recueillir. Ce qui serait le plus logique. Auprès de qui ? Trop de possibilités. Mais pourquoi si tôt ? La jeune femme coupa court à sa réflexion en voyant que ça ne la menait nulle part et se leva. Décidément, elle était nettement plus douée pour l’action que pour la réflexion.
Il est évident qu’en s’approchant de lui, elle ne pensa pas une seconde à le rejeter. Et puis, si elle l’avait su, elle l’aurait d’emblée rassuré ; elle n’avait aucune envie de le remballer. Oui, certes, elle aurait préféré qu’il ne la voie pas ainsi, qu’il ne la voie pas en larmes, en si mauvais état. Elle aurait préféré ne pas avoir à se sentir coupable pour une deuxième chose. Car, en plus du fait d’avoir perdu sa sœur et d’être convaincue que, d’une coté, c’était sa faute, elle se sentait désormais coupable d’inquiéter le brun. Même s’il ne témoignait pas ouvertement de ladite inquiétude, elle la sentait, la ressentait. Aussi bien dans son regard pesant que dans ses gestes. Qui aimerait être vu par une personne chérie dans pareil piteux état ? Personne. Parce qu’à cet instant plus qu’à un autre, nous sommes faibles. Et nous ne pouvons pas le cacher, pas le dissimuler sous un masque de force simulée. Et là, Aiko était faible. Seulement, orgueilleuse ou pas, elle demeurait consciente. Et elle savait qu’à continuer de souffrir seule, de pleurer silencieusement, elle ne se remettrait jamais ne serait-ce que partiellement de la mort de sa sœur. Elle avait besoin de Finn. En ce moment plus qu’à un autre, elle avait besoin de lui. Et si, pour bénéficier de cette aide, elle devait passer pour un être faible, alors soit. Pourquoi donc faire une fixation sur la force et la faiblesse ? Vraiment, ce n’était pas le moment. Mais que voulez-vous, être fière et vaniteuse – en fait, elle n’était ainsi qu’envers les personnes qu’elle jugeait indignes de recevoir son attention et donc, rarement des Baskerville, mais bon, qu’importe, car il y avait plus de civils et autres que de membres déchus – a ses désavantages. Et le fait de penser à l’image de force ou, au contraire, de faiblesse que l’on renvoie constamment fait partie de ces désavantages.

Face à son sourire peu convaincant, celui de l’homme se fit plus rassurant. Étrangement, la jeune femme fut parcourue d’un long frisson. Un frisson accompagné d’une voix lui murmurant qu’elle devrait se réveiller, maintenant. Mais elle n’en avait pas encore la force, pas encore le courage, alors elle n’en fit rien. Finn avait prit le risque de demeurer près d’elle, il devra donc supporter encore quelques instants cette Aiko là. Au moins, elle n’était pas tombée sur quelqu’un d’autre. Oui, parce que sinon, elle n’aurait pas accepté la présence de cette autre personne. Il n’y avait que Finn qui pouvait bénéficier de ce droit de demeurer près d’elle malgré les circonstances. Elle désirait qu’il soit à ses cotés. Lui et pas un autre. Et puis, au moins, avec lui, elle n’avait pas à tenter de sourire ou autre. Non, elle pouvait juste être celle qu’elle était en ce moment. Parce que de toute façon, Finn savait parfaitement qu’elle ne se montrerait jamais – elle l’espérait, du moins – sous un aspect faussé et erroné. S’il l’aimait, c’était aussi bien avec son sourire séduisant que ses larmes de culpabilité. Et s’il désirait s’éloigner d’elle, qu’il le fasse maintenant. Car il aurait une bonne raison. En même temps, allez savoir. Qu’aiment les hommes ? Peut-être que cette facette de la personnalité d’Aiko ne dérangeait pas Finn alors qu’un autre, nettement moins important aux yeux de la jeune femme, l’inciterait à définitivement couper les ponts. Allez savoir, car pour le moment, ce n’était pas l’un des principaux sujets de la jeune femme.
Et puis, elle parla. L’idiote parla. Elle mentit. Elle mentit à une personne à qui elle ne voulait pas mentir. Mais à qui elle se devait de mentir. Parce que c’était comme ça. Parce qu’il ne fallait pas chercher plus loin et simplement se contenter de cette justification : c’était Aiko. Même si tout – vraiment tout – démentait ses paroles, elle s’en fichait pas mal. Avait-elle réellement nourri l’espoir que le jeune brun la croie ? C’est qu’elle était vraiment stupide la petite. Mais que voulez-vous. Elle préférait mentir et voir le brun sourire que dire la vérité au risque de le peiner. Seulement, c’était Finn. Et Finn commençait à la connaître un peu trop bien pour se laisser berner aussi facilement. Alors voilà, il ne la crut pas. C’est qu’il fallait s’y attendre. Au fond, elle s’y attendait certainement. Son espoir ne fut même pas assez fort pour porter le nom d’espoir. Juste une figuration. Une sorte d’idéalisation. Peut-être même d’utopie.

Il lui demanda pas pourquoi elle mentait et elle braqua aussi tôt son regard derrière lui, fixant je ne sais quoi. Elle le sentit néanmoins s’approcher et sentit aussi sa main se déposer sur sa joue. Nouveau frisson. Chaud. Agréable. Elle se mordit la lèvre inférieure en baissant les yeux. C’était donc ça. Pas qu’elle ne connaissait pas ce sentiment, juste que ça faisait un moment qu’elle ne l’avait pas réellement ressenti. La honte. La véritable honte. Pas honte parce qu’elle était à ça de pleurer. Non, elle n’oserait pas avoir honte de pleurer pour sa sœur, car elle voyait plus cela comme une fierté que comme une gêne. Juste qu’elle avait honte de lui avoir menti. Honte de jouer le rôle de la gamine qu’il faut consoler à pareil moment. Elle ne voulait pas que Finn s’inquiète pour elle. Pas plus qu’elle ne le voulait la dernière fois, lorsqu’il s’inquiétait pour elle alors qu’elle s’était mise en tête de faire une mission. Depuis, ils s’étaient revus. Brièvement ou pas, dans les couloirs ou ailleurs, elle ne savait plus trop. À quand remontait leur dernière rencontre ? Plus d’une semaine. Mais Aiko ne savait pas vraiment.
Comment faire avec un animal blessé ? L’approcher ? Tenter de l’apprivoiser ? L’ignorer et culpabiliser – ou pas – plus tard ? L’aider sans un mot ? Aiko ne s’était jamais posé ce genre de questions. En même temps, elle n’avait jamais eu à réconforter qui que ce soit. Et si Finn n’avait jamais trouvé réponses adéquates à pareilles question ou, comme la jeune femme, n’y avait jamais pensé, il devrait improviser. Malheureusement, son opposante ne pourrait pas l’aider en se remettant si tôt sur ses pattes pour avancer. Elle tituberait. Elle tomberait. Alors autant rester à terre encore un instant. Autant accepter la main tendue vers elle, pour une fois. Si ça ne lui plaisait pas, elle n’accepterait plus d’aide et puis voilà. De toute façon, rien ne dit que ça ne lui plairait pas. Enfin, pas qu’elle avait l’intention de s’y habituer de toute façon.
Tout de suite après lui avoir demandé pourquoi elle mentait et tandis qu’elle maltraitait sa lèvre inférieure, il la prit dans ses bras. Assez étonnée, elle n’esquissa pas le moindre geste. Et puis, son regard s’adoucit alors qu’elle posa ses deux mains sur le torse de l’homme. Elle ne bougea pas, comme si, tout au fond d’elle, elle savait qu’il n’en avait pas encore fini avec elle. Qu’il y avait des mots qui devaient encore être prononcés. De toute façon, avec ces deux là, il y avait toujours des mots qui devaient être prononcés. Seulement, quelques fois, ils étaient ignorés. Par crainte, pas doute, peut-être par pure indifférence ou même de façon innocente. Mais là, Finn avait encore quelque chose à dire. Aiko n’en doutait pas. Car il devait savoir. Il devait parfaitement savoir qu’elle ne parlerait pas de son propre grès et sans être poussé. Il la connaissait tout de même assez bien maintenant. Dans ses bras, elle ressentait une certaine chaleur. Et elle qui se voyait fuir cette idée d’aller se réfugier dans ces mêmes bras forts et protecteurs pour ne fondre en larmes se voyait se refusait complètement à l’idée de s’en retirer. Tenez, d’ailleurs, elle ne pleurait pas. En même temps, depuis qu’il était là, pas qu’elle reléguait sa sœur au deuxième plan, pas du tout, elle sentait même un regard accusateur posé sur elle qui profitait de la chaleur humaine émanant d’un homme, mais en même temps, elle tentait de ne pas trop y penser. Elle y reviendrait. Sûrement. Juste pas tout de suite. De nouveau, elle se focalisa sur la fameuse chaleur. Chaleur. Pourquoi est-ce qu’elle ressentait un plus de chaleur qu’elle ne devrait ? Certes, Finn était chaudement habillé, mais pourquoi... Ah. C’est vrai. Le contraste entre eux deux. Entre leurs deux corps. L’un chaudement vêtu et l’autre à moitié dénudé. Elle avait oublié.
Aiko était frigorifiée.

Ou gelée. Au fond, c’est la même chose. Finn avait raison. Mais bon, ce n’était pas grave, elle s’en était rendu compte à peine quelques fractions de secondes plus tôt. Enfin, elle s’en était aussi rendu compte lorsqu’elle se retrouva dans le hall d’entrée de son bâtiment, mais elle avait vite fait d’ignorer cela. Alors qu’il s’éloignait pour retirer son manteau, eh bien, elle se contentait de fixer le sol. Passionnant. Ou pas. J’opterai plutôt pour le pas. Et je pense qu’elle aussi. Lorsqu’elle sentit un poids sur ses épaules, elle redressa la tête, croisant une nouvelle fois le regard de l’homme. Suite aux mots qu’il ajouta, elle se contenta de hausser les épaules. Elle avait complètement oublié que les Baskerville ne tombent pas facilement malade, si vous voulez tout savoir. Même si elle avait été une simple civile, elle se serait baladée comme ça, sans rien pour lui couvrir les épaules. Pour se torturer. Pour se faire du mal. Pour se punir. Cela, Finn ne l’avait peut-être pas envisagé. Tant pis. Avant d’accepter son étreinte une seconde fois, elle serra le manteau contre elle. Et puis, une nouvelle fois, elle posa ses mains sur le torse de l’homme. Et lui alors, n’aurait-il pas froid ? Elle l’observa un bref instant avant de noter qu’il portait un pull. Ça va, c’était plus ou moins réchauffant. Elle posa alors son front contre ce même torse qu’elle avait d’ailleurs tant de fois caressé et ferma les yeux.
Anko.
De nouveau, elle eut atrocement mal. Comment osait-elle ? Comment pouvait-elle bien lui faire ça ? Comment faisait-elle pour accepter de la chaleur, de l’attention, de l’amour ? Comment ? Alors que sa cadette était enterrée six pieds sous terre. Elle ne voulait pas de ça. Si. Au fond, elle voulait tout cela. Elle ne pouvait juste pas l’accepter. Mais elle ne pouvait pas non plus se résoudre à s’éloigner de Finn. Que faire ? Bon sang, pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ? Ou alors, était-elle la seule à tant compliquer les choses ? Elle ferma fortement les yeux avant de reculer un pied, le laissant un instant en suspension. Reculer reviendrait à repousser Finn. Le repousser reviendrait à lui faire mal. Même si ce ne serait rien de grave. Même si elle savait qu’il pourrait comprendre. Elle ne voulait pas lui faire de mal. Pas même un peu. En plus, elle culpabiliserait trop. Mais si elle restait là, cela reviendrait à manquer de respect à sa sœur. Bien sûr, pas la peine d’essayer de lui rentrer en tête que la vie ne s’arrêtait pas là, qu’il vaudrait mieux continuer à se comporter normalement, que ce jour ne différait pas tant que cela des autres et que, de toute façon, Anko ne voudrait pas qu’elle souffre. Et encore moins qu’elle s’inflige elle-même des souffrances. Surtout pour s’auto-punir en quelques sortes. Ce qui, en soit, admettons-le, était complètement stupide. Aiko ne pouvait pas croire tout cela. Pas dans cet état. Un choix. Entre Finn et Anko. Pas un choix. Juste une préférence. Même pas. Juste... Juste comme ça. Juste quelqu’un à qui se rattacher.
Et Aiko savait que pour vivre, il fallait se d’avantage rattacher à la vie qu’à la mort.

Elle ramena sagement son pied à sa place et le déposa. Finn. La vie. Elle serra les poings sur le torse de l’homme en rouvrant les yeux, gardant son front collé à l’homme et le regard dirigé naturellement vers le sol. Elle n’avait pas fait de choix. Elle avait juste été rationnelle. N’était-ce pas ainsi que voulait Anko qu’elle soit ? Eh bien voilà. Cela n’empêchait que ce misérable pas non-effectué, elle allait s’en rappeler encore longtemps. La culpabilité. Ce vil et atrocement douloureux sentiment.
La deuxième raison pour laquelle elle ne désirait pas accorder à l’homme une étreinte était que, dans cette position, il serait impossible pour elle de focaliser le regard du brun sur elle. Alors, bien sûr, ses yeux traîneraient et rencontreraient les noms inscrits sur les pierres tombales derrière elle. Et, bizarrement, elle avait l’impression qu’à partir du moment où il comprendrait, elle devrait parler. Enfin, cela demeurerait certes un choix, mais elle avait néanmoins l’impression qu’elle n’aurait pas tant le choix que ça. Comme si elle se sentait obligée de partager cela avec Finn. Quand je vous disais que cet homme avait un bien étrange pouvoir sur la jeune femme. Mais au moins, s’il ne s’en rendait pas compte, il pourrait en user sans en abuser. Ce qui convenait plutôt à Aiko.
Elle l’entendit alors parler. Il avait dû apercevoir les prénoms. La jeune femme gardait désormais les yeux ouverts, de peur que l’image de sa sœur ne la hante, mais elle était fatiguée. Tellement fatiguée... Ah oui. On disait que Finn avait paré. Pas qu’elle voulait s’endormir, là, tout de suite, mais dire qu’elle en était incapable serait sous-estimer sa fatigue actuelle. Enfin, il avait aussi bougé. Pour faire quoi ? Elle releva la tête vers lui et pu constater son léger sourire. Sourire qu’elle tenta de lui rendre. Mais ce fut rapide. Furtif. Elle aurait essayé. Alors, pour lui montrer que ce n’était pas l’envie qui lui manquait, elle se contenta d’aller chercher sa main de la sienne et de serrer aussi fort qu’elle le pouvait. Baskerville ou pas, Aiko ou pas, dans l’état qu’elle était, pas moyen qu’elle lui ait fait mal. Il ne fallait pas non plus la surestimer.
Voulait-elle parler ? Elle n’en savait rien. Ce qui était sûr, c’est qu’elle allait le faire.

Elle ouvrit la bouche, prête à commencer son récit. Mais par où commencer ? Et quand s’arrêter ? Comment en dire assez sans trop en dire ? Parce qu’Aiko n’était pas prête à tout dire à Finn. Pas que ça la dérangeait, nullement, juste qu’elle n’était pas prête. Pas même physiquement. Se connaissant, elle savait parfaitement qu’elle ne tiendrait même plus sur ses pieds. Alors, les détails, ce sera pour une autre fois. Si autre fois il y aurait. Enfin, elle disait qu’elle n’était pas prête, mais même de cela, elle n’en était pas sûre. Peut-être que lorsqu’elle commencerait à parler, elle ne pourrait plus s’arrêter. Tout dépendrait d’elle ainsi que des réactions de Finn. De toute façon, ne dit-on pas qu’il aurait suffit d’une poussière pour changer le destin ? Et le destin d’Aiko, que lui réservait-il donc pour les instants à venir ? Tout était-il réellement écrit ? Était-elle vraiment une marionnette entre les mains d’une Force Invisible ? Croyez bien qu’en tentant de chercher ses mots, elle se le demandait bien. Mais destin ou pas, marionnette ou pas, elle allait faire quelque chose. Agir. Parler. Il le fallait. Et elle allait le faire, voilà tout. Ça, c’était une décision. Et qu’importe si ce même choix lui avait été soufflé par je ne sais qui – ou quoi. En ce moment, ce qui comptait pour Finn, c’était sans doute d’entendre la voix d’Aiko qui n’avait encore rien dit si ce n’est un odieux mensonge. Alors elle allait le rassurer. Même si bon, elle savait pertinemment qu’en utilisant sa voix, il serait plus probable qu’elle ne l’inquiète un peu plus. Il l’aurait voulu de toute façon. Mais... Et si elle ferait mieux de se taire ? Comme ça, aucun risque qu’il ne s’inquiète d’avantage, qu’il lui dise des âneries comme quoi pleurer ne changerait rien ou que sais-je encore. Et puis, ça éviterait aussi qu’il la prenne en pitié. Parce que cela, elle le prendrait vraiment mal. Que devait-elle faire ? Bon sang, pourquoi les choses les plus simples devenaient-elles si complexes ? Que devait-elle fai-...
Un baiser. Sur son front. Ce geste la rassura étrangement mais efficacement, ses yeux s’écarquillant imperceptiblement. Alors de nouveau, elle serra faiblement cette fois-ci, la main de l’homme dans la sienne. Il était là. Elle était là. Il s’inquiétait de son sort. Et elle s’inquiétait du sien. Il cherchait à la réconforter alors qu’elle, de son coté, ne cherchait qu’à le réconforter lui, à atténuer son inquiétude, à ne plus se sentir si coupable de son malaise au fond – il faut croire que toute volonté possède une part d’égoïsme. Et elle sait. Elle sait parfaitement que si elle désire le réconforter, elle devait faire ce qu’il attendait d’elle. Et, dans ce cas, cela revient à parler. À se confier. Même partiellement. Lui prouver que, même si tout n’allait pas bien, elle était encore là. Aiko était là, quelque part au fond de cette enveloppe corporelle secouée de frissons de froid et de spasmes. Elle leva les yeux vers lui et posa sa main libre sur sa joue, penchant doucement la tête sur le coté avant de sourire. Très faiblement. Mais un sourire. Et pas forcé, cette fois-ci. Qui venait vraiment du cœur. Elle ouvrit alors la bouche. Ce qu’il ne savait pas, c’était qu’à cet instant précis, elle s’était faite une promesse. Celle ne de plus jamais le mentir. Cela étant, elle ne saurait dire si elle serait capable de la tenir éternellement. Une chose était sûre ; elle allait faire de son mieux.

« Anko... Ma petite sœur. Ma... Jumelle. »

Il ne lui en voudrait pas de balbutier, n’est-ce pas ? De toute façon, elle n’était franchement pas en mesure de faire mieux.
Anko. Jamais – elle ne s’en rendait compte que maintenant – elle ne prononça ce prénom autre qu’en présence de sa mère depuis la mort de sa sœur. Premièrement parce que personne d’autre n’était au courant et deuxièmement parce que ça lui faisait mal. Trop mal. Quand c’était sa mère, elle se permettait de le faire, car simplement dire « ma sœur » ou « elle » serait un véritable manque de respect. Alors elle se faisait délibérément mal. Elle lui devait au moins, cela, non ? Elle qui n’avait pas su la protéger. Les autres n’avaient pas besoin de savoir. Dans ce cas, justement, ce serait prononcer son prénom qui relèverait d’un manque de respect.
Pourtant, avec Finn, elle venait de prononcer son prénom. Il devait savoir qu’elle avait mal. Mais en revanche, il ignorait certainement que cela était la première fois qu’elle parlait de cela. Ce sujet n’était jamais évoqué. Ou presque. Seulement parfois, très rarement, avec sa mère, lorsqu’elles se remémoraient toutes deux d’agréables souvenirs. Ça ne finissait pas en crise de larmes, c’était déjà ça. Mais elle n’avait néanmoins jamais eu à raconter son histoire. Pour une première fois – et une dernière, elle n’avait pas l’intention de infliger à son esprit pareil supplice plusieurs fois, quand bien même c’était un mal pour un bien – elle se dit qu’elle devait au moins ça à Anko. Et à Finn aussi. De toute façon, son prénom n’avait rien changé car il avait déjà lu le prénom sur la pierre tombale. Normalement.
Ma petite sœur. Non, elle se rectifia. Et heureusement. Ce n’était pas sa petite sœur ; c’était sa jumelle. Le lien qui l’unissait à elle était plus fort qu’un simple lien fraternel. Tellement plus fort que même le mot « jumelle » perdait son sens dans la bouche de la jeune femme.
Elle n’avait pas utilisé de pronoms. Simple : elle refusait d’utiliser le passé pour parler de sa sœur. Alors elle balancerait des mots comme ça et Finn comprendrait. C’est ce qu’elle pensait.

Elle poussa un profond soupire, comme si elle venait déjà de se libérer d’un gros fardeau. Pourtant, elle n’avait encore rien dit. Rien de bien important, tout du moins. Elle avait le regard planté dans celui du brun et tremblait maintenant de tout son corps. Pas par froid. Par… Elle ne savait pas trop. Juste comme ça. Par gêne, par peur, par nostalgie... On comprenait tout d’un coup pourquoi elle avait tant de mal à se lier aux gens. Mais laissons donc ce sujet pour une autre fois.

« Dis, tu me trouves belle ? »

Pas à cet instant, hein, parce qu’elle savait très bien qu’elle était horrible. Et sérieusement, elle s’en fichait complètement.
Question stupide. Question vraiment stupide. Pourtant, elle était sérieuse. Très sérieuse même. Pas de sourire sur ses lèvres, pas une trace de sarcasme ou quoique ce soit. Alléger l’atmosphère était bien la dernière de ses préoccupations en ce moment. C’est néanmoins à peine si elle eut laissé le temps au brun de répondre qu’elle enchaîna.

« Elle est... Elle était, plutôt, magnifique. Vraiment. Pleine de vie. Tu sais, ça... Ça fait toute la différence. Je la trouvais resplendissante. Non, je n’étais pas jalouse. C’est simple, je m’en fichais. J’étais heureuse pour elle. Contente qu’elle soit ainsi, si vive, si élégante. Moi, je m’entraînais, je me battais. Pour la protéger. »

Elle recula brusquement d’un pas et amena sa main à sa bouche, littéralement horrifiée. Les larmes lui piquaient furieusement les yeux. Mais elle ne pleurerait pas. Pas encore. C’était normal qu’elle soit ainsi. Elle venait d’utiliser le passé pour parler de sa sœur. Chose qu’elle n’avait faite, encore une fois, qu’avec sa mère. Ce qui relevait de la pure logique, de toute façon.
Elle serra les dents et releva alors les yeux vers Finn. La main toujours plaquée contre sa bouche avait glissé de la joue de l’homme tandis que l’autre était toujours en sécurité, dans la main de l’homme. Et puis, chose qu’elle n’avait pas fait depuis qu’elle avait commencé à parler ; elle venait de baisser les yeux. Parce que, de nouveau, la gêne l’envahissait. Il y avait un petit souci dans ce qu’elle venait de dire. Une incohérence. Une petite erreur. Qu’elle se devait de corriger, car elle avait promis de ne plus mentir à Finn. Et si elle n’était pas certaine du fait qu’elle pourrait tenir cette promesse éternellement, elle voulait au moins la tenir là, tout de suite. Tout de même, ça faisait à peine deux minutes. Même si bon, ce mensonge n’en était pas réellement un car ça n’avait rien de volontaire. Du tout. En fait, elle-même aurait pu y croire, à ce foutu mensonge.

« J’étais censée la protéger. Et je n’en ai rien fais. »

Un nouveau pas en arrière. Elle tourna la tête et aperçu la tombe derrière elle. Lorsqu’elle releva la tête vers Finn, un sourire amer était collé à ses lèvres. Les larmes, quant à elles, menaçaient de couler. Le sourire s’évanouit alors qu’elle pria intérieurement pour qu’il pleuve. Comme ça, elle pourrait pleurer.
Finn était le seul homme face à qui elle se permettrait de pleurer. Cela étant, ce n’est pas pour cela qu’elle voulait qu’il pleuve. C’était pour se leurrer elle-même. Pour ne plus distinguer ses propres larmes des larmes du ciel. Ciel qui, malheureusement, semblait vouloir la voir se torturer encore et encore car malgré le temps gris, la pluie ne semblait pas faire partie du programme.
Elle serra encore la main de l’homme dans la sienne. Finn. Ce seul mot envahissait son esprit. Avant de se faire remplacer par un autre. Un autre qui était extrêmement douloureux. Et qui relançait son sentiment de culpabilité.
Trahison.
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Finn Baskerville

Finn Baskerville
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MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty23rd Février 2013, 13:32

En venant, il n’aurait jamais imaginé tomber sur Aiko. Encore moins qu’un bout de son passé – et quel morceau ! – se trouverait ici. La dernière fois qu’il l’a vue… Il y a une semaine, peut-être ? Un peu plus ? Qu’importe. S’il avait un jour imaginé la façon dont il en apprendrait plus sur sa camarade de jeu favorite, ce n’aurait certainement pas été comme cela. La manière n’est pas si importante de toute façon. Il a cette fichue envie d’en savoir plus sur elle. Non seulement d’en savoir plus, mais d’en savoir plus que les autres aussi. Développer leur complicité, ce genre de choses assez nouvelles. Complètement nouvelles en fait. Cela dit, il ne songe pas à cela dans l’instant même. Ce qui prévaut ici, c’est l’anxiété liée à la vision de son état. Aussi bien physique que moral puisqu’ici tout se voit et tout est lié. C’est vraiment difficile de tenir à quelqu’un. La preuve, Aiko et sa famille. Aiko et son état pour les personnes enterrées ici.

Il faut tenter de l’épauler. Ce n’est pas le genre de chose dont on se remet vraiment un jour, un décès. C’est plutôt quelque chose avec lequel on apprend à vivre, avec des périodes où tout va bien et d’autres non. Si Finn y réfléchissait un peu, il pourrait même réussir à se douter que l’anniversaire de la mort de l’un des deux – voire des deux si elle n’a vraiment pas eu de chance – est aujourd’hui, ou du moins pas bien loin. Sauf que pour le coup, plus que les « détails » autour des faits, son attention est sur Aiko et ce qu’elle dit. Aiko et ses gestes. Aiko et ses expressions. Parce qu’au fond, à part être présent et écouter, il n’y a pas grand-chose qu’il puisse faire. On ne ramène pas les morts et la douleur de la vivante ne sera donc jamais totalement apaisée. Juste anesthésiée. Et savoir ce qu’il s’est passé ne changera rien à la donne, mais peut-être que parler soulagera un peu la jeune femme. Une fois que le sac est vide, cela fait toujours un poids en moins. A défaut, sa présence pourra toujours être – si la Baskerville le souhaite – un moyen de contrebalancer un peu la peine. Bref, il donne et c’est à elle de se laisser ou de ne pas se laisser réconforter, peu importe la manière. Non pas que, si cela ne marche au final pas, il la laisserait tomber pour autant. Cela dit, puisqu’elle n’est pas partie de ses bras, c’est bon signe. Lorsqu’il constate qu’elle semble encline à rester là un peu, il la serre un peu plus fort contre lui. Puis elle vient lui prendre une main qu’elle serre dans la sienne. Lui a décidé de se taire jusqu’à ce qu’elle décide de la marche à suivre. Son choix étant fait, il n’y a plus qu’à attendre. Et cela paie rapidement puisque leurs regards se rencontrent à nouveau. Avec un sourire en prime. Un sourire faible certes, mais un sourire néanmoins.

- Anko... Ma petite sœur. Ma... Jumelle.

Anko est le prénom écrit sur la première de deux pierres. Sœur, c’est écrit dessus. Jumelle en revanche, ça ne l’est pas. S’il faisait attention, une fois de plus, il pourrait d’ailleurs remarquer que l’année de naissance est antérieure à la sienne et que, techniquement et sans tragédie, Aiko a en réalité plusieurs années de plus que lui. Passons, un jour ils s’en apercevront. Ou pas. La jolie rousse avait donc une jumelle. Pour Finn qui n’a ni frère ni sœur de sang – et, pour ainsi dire, pratiquement pas de famille en fait – la différence entre une sœur et une jumelle – pareillement au masculin – ne lui est pas évidente. Mis à part que les deux ont la même apparence physique, pour le reste ce sont des sœurs. Avec les liens qui lient donc des sœurs. Tout cela pour dire que sœur ou sœur jumelle, la douleur à l’arrivée est la même. Bien entendu, en y réfléchissant un peu plus, il peut aussi se rendre compte que deux enfants ayant exactement le même âge ont donc grandit pour ainsi dire en miroir, dans le sens où ce qui arrivait à l’une arrivait à l’autre dans leur apprentissage de la vie. Fatalement, elles passaient aussi probablement plus de temps ensemble que ne l’auraient fait deux sœurs avec plusieurs années d’écart. Le fait qu’Aiko ait quand même commencé par dire « petite sœur » montre qu’elle devait se sentir responsable vis-à-vis d’Anko. Que leur écart en âge se compte en minutes ou en heures. Et ça, par contre, il peut se le représenter avec Fuyu. Bref, qu’importe qu’il se représente ou non les choses. Aiko avait donc une jumelle, aujourd’hui décédée, et elle en souffre depuis. Elle vient d’ailleurs de commencer à trembler, incitant Finn à glisser une main sur la joue de la jeune femme, afin de la caresser doucement avec son pouce, tâchant de l’aider à se calmer un peu. Il n’ouvre cependant pas la bouche immédiatement, préférant la laisser continuer.

- Dis, tu me trouves belle ?

Quelle étrange question. Dont il ne voit pas la raison de la présence au milieu de la conversation et dont la réponse lui apparaît comme évidente. Bien sûr qu’il la trouve belle. Allons. Est-ce qu’il la regarderait comme il la regarde si souvent, en la dévorant des yeux, sinon ? Il est en train de se dire cela que déjà, elle reprend la parole. La question était donc plutôt rhétorique.

- Elle est... Elle était, plutôt, magnifique. Vraiment. Pleine de vie. Tu sais, ça... Ça fait toute la différence. Je la trouvais resplendissante. Non, je n’étais pas jalouse. C’est simple, je m’en fichais. J’étais heureuse pour elle. Contente qu’elle soit ainsi, si vive, si élégante. Moi, je m’entraînais, je me battais. Pour la protéger.

Et la voilà qui recule d’un coup, l’air choquée par elle-même et ses propres mots, hors des bras de Finn sans pour autant lui lâcher la main. Il ne fait rien pour l’en empêcher, pas plus qu’il ne se sent mal qu’elle ait quitté ses bras. Ce n’est pas à propos d’eux, dans l’instant. C’est à propos d’Aiko et de son passé. Qu’elle recule ne signifie rien vis-à-vis d’eux deux. D’où le fait que l’homme n’y prête guère attention. La main dans la sienne suffit à dire qu’elle reste, que ce n’est pas terminé. Pourquoi avoir l’air aussi horrifiée par ses mots lui échappe complètement. Il doit y avoir un certain nombre de choses qu’il ne sait pas et qui pourtant se déroulent dans la tête de la jeune femme en même temps qu’elle lui parle. Bien sûr, il ne peut absolument pas deviner qu’Aiko n’a parlé de ceci à personne. Qu’elle n’en ait parlé qu’à peu de monde, il s’en doute. C’est logique. Personne à part sa mère et lui, il n’en a pas la moindre idée. Pas plus que le fait qu’user le passé affecte la Baskerville. Après tout, parler au passé d’une personne qui n’est plus lui semble tout à fait normal.
Le « magnifique » de la phrase de la jolie rousse ne semble pas concerner uniquement son apparence. Resplendissante, qu’était sa sœur. C’était un état d’esprit associé au physique, une impression qu’elle donnait autour d’elle. Difficile à imaginer, quelqu’un avec l’apparence d’Aiko en plus jeune, visiblement plus souriante – quoi qu’avec Finn, elle sourit beaucoup – peut-être plus… Plus quoi ? Rien à faire, il a du mal à plaquer l’apparence d’Aiko sur qui que ce soit d’autre et à y coller une personnalité différente. Ceci mis à part, la Baskerville avait donc une sœur qu’elle semblait admirer, quelque part. Elle n’en parlerait pas ainsi, sinon. Une sœur qu’elle protégeait. Une sœur qu’elle chérissait, en fait. Quoi de plus normal. C’était sa sœur. Sa petite sœur. Peut-être que la description qu’elle en fait un peu trop élogieuse, un peu trop embellie et teintée par la mort de sa sœur, mais qu’est-ce que cela pourrait bien changer. Ce qui sort de toute cette réplique, c’est surtout à quel point la jeune femme aimait et admirait sa sœur. En fait, à bien y réfléchir, c’est la première fois qu’il entend la Baskerville parler ainsi de qui que ce soit et d’elle-même. C’est un peu bête à dire, mais l’époque où sa sœur était encore en vie semble presque être d’un autre temps. Ce qui est le cas bien entendu, mais c’est-à-dire qu’il y a eu là une rupture. La Aiko de l’époque et celle d’aujourd’hui ne sont pas les même. Ce qui là aussi est logique. La transition néanmoins apparaît comme brutale. A la fin de la phrase d’Aiko, la partie sur la protection, en fait, il y a moyen de deviner que sa sœur n’est probablement pas morte d’une maladie. En même temps, pour les Baskerville l’issue est presque toujours la même, on peut parier dessus et gagner à tous les coups.

Il ne réagit pas immédiatement après sa phrase afin de pouvoir la laisser continuer. Bien sûr qu’il a envie de la prendre dans ses bras à nouveau, elle semble tellement mal en point. Et fatiguée, très fatiguée. Il n’avait pas encore noté ses cernes, ne l’ayant que peu vue de face finalement. Maintenant c’est fait. Gelée, fatiguée, triste, abattue et seule avec des tombes. Depuis combien de temps, hein ? Une petite partie de lui est quelque peu frustrée, il aurait aimé qu’elle ne reste pas seule. Elle aurait pu aller voir sa mère par exemple. En fait, il constate juste une fois de plus qu’elle a une fâcheuse tendance à se mettre en danger. Et c’est frustrant car il aimerait qu’il ne lui arrive rien – ce qui, au passage est plus frustrant encore, bon sang il a besoin de cesser ce comportement. Néanmoins une fois de plus il comprend qu’elle ait voulu s’isoler. Tout comme il ne lui en veut pas et n’a de toute façon aucune raison de lui en vouloir, elle est assez grande pour agir de son propre chef comme elle le souhaite. Chacun fait face comme il le peut. Il lui serre juste la main pour l’inciter à continuer à parler. A dire tout et n’importe quoi, ce qu’elle a envie de dire.

- J’étais censée la protéger. Et je n’en ai rien fais.

Elle insiste sur le « censée ». Comme dans « j’étais censée, mais je ne l’ai pas fait au moment où je le devais ». Il pourrait y avoir tellement de raisons là derrière. Elle ne l’a pas fait parce qu’elle a essayé mais échoué. Elle ne l’a pas protégée parce qu’à ce moment-là, pour une raison X ou Y, elle ne voulait pas le faire. Peut-être qu’à l’époque elle n’avait juste pas conscience d’être censée la protéger. Ou bien encore, elle ne l’a pas fait parce qu’elle juge ne pas l’avoir fait. Alors que, dans ce qu’il s’est passé, elle a en réalité fait tout ce qu’elle pouvait faire. Ce dernier point soulevant peut-être plus que les autres qu’elle se sent très et peut-être trop coupable de la mort de sa sœur. Et puis le regard qu’elle pose sur lui et son sourire qui s’évanouit font avancer le Baskerville pour la reprendre dans ses bras, même si elle vient juste de faire un nouveau pas en arrière. Il ne sait ni quoi dire ni quoi faire pour l’aider. Parler a presque l’air de lui faire plus de mal en fait, même s’il est maintenant curieux de savoir ce qu’il s’est passé et d’en apprendre plus. Il ne faudrait pas qu’elle se sente contrainte.
En la serrant contre lui d’un seul bras pour ne pas lui lâcher la main, il embrasse le haut de sa tête, laissant son visage là un instant pour appuyer son étreinte avant de le relever pour pouvoir parler :

- Tu es rayonnante aussi, Aiko.

Ce n’est absolument pas le sujet, mais il tenait à le lui dire. Il remonte sa seule mainte de libre dans la chevelure de la jeune femme qu’il caresse. Aucune idée de ce qui marche ou ne marche pas. Il espère juste que quelque chose marche en fait. Et puis il y a ce qu’elle vient de dire, cette impression qu’elle se sent particulièrement coupable de la mort de sa sœur. Alors qu’elle disait travailler à la protéger, à s’entraîner pour elle. Si on ne prenait que cela en compte, on pourrait croire qu’elle parle d’une petite sœur dont la différence d’âge avec elle se compte en années et non en minutes ou en heures tout au plus. Peut-être que sa sœur, bien qu’étant sa jumelle, était un peu plus frêle, un peu plus chétive. Ou tout simplement que la vie qu’ils menaient en tant que Baskerville lui était moins adaptée. Il y a tellement de scénarios possibles. Tous différents les uns des autres, tous avec divers embranchements. Comment savoir ? En demandant.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je veux dire… Il est arrivé quoi, à ta sœur ?

Il n’ose pas ajouter « et à ton père » même s’il se pose la question aussi, après tous les deux sont ici. Cependant, puisqu’elle ne parle que de sa sœur, il continuera dans la même voie qu’elle. Si elle ne souhaite pas répondre, ce n’est pas grave. Il ne saura pas et continuera à rester là quand même. Son regard dévie à nouveau vers la tombe. Son regard dévie à nouveau vers les deux tombes et plus particulièrement celle de la jeune sœur de la jolie rousse. Il ne peut alors absolument pas s’empêcher d’imaginer la scène d’il y a plus de cent ans. Probablement un cercueil qui est descendu si elle n’a pas été enterrée à même le sol dans un drap peut-être. Mais surtout, la jeune adolescente enterrée-là qui ressemble trait pour trait à la femme dans ses bras, en plus jeune. Il bloque alors la pensée avant d’avoir un frisson involontaire ou quoi que ce soit qui puisse trahir le fond de sa pensée. Ou du moins pousser Aiko à demander ce qu’il se passe. Et puis en plus, pour une fois, il se sent un peu terrible de penser ainsi à une morte et de l’assimiler à la vivante près de lui. Ce n’est pas tellement la petite plutôt que la grande sœur qu’il aurait fini par imaginer. Et, pour une fois, il a bien eu l’impression de manquer de respect à quelqu’un. Une morte, qui plus est. Parenthèse non ouverte à nouveau fermée. Tout ceci n’a duré qu’une poignée de secondes.
Anko Baskerville. Il vient dans ce cimetière tous les ans. Première fois qu’il voit cette tombe, pourtant pas bien loin de celles de sa famille. Enfin, c’est la première fois qu’il y prête en fait attention. Qui sait s’il n’y en a pas d’autres dans ce même cimetière appartenant à la famille de personnes qu’il connait ? Oh, pas que la réponse à cette question l’intéresse particulièrement, mais voilà.
Il reporte son regard sur la jeune femme et serre un peu plus sa main dans la sienne. C’est décidé, quand ils en auront terminé ici, il s’assurera qu’elle rentre se reposer et se repose vraiment. Et si elle refuse de rentrer, il s’en chargera lui-même. Sinon, cette fois son inquiétude envers elle ne se tarira pas. Les tombes ne s’envoleront pas. S’il faut il reviendra accomplir la tâche confiée par sa mère plus tard. Parce que, une fois de plus, les morts ont tout leur temps. Les vivants, beaucoup moins. Les vivant sont fragiles, ont besoin de chaleur, de nourriture, d’eau, de repos, entretenir un corps est en fait une tâche délicate. Et en parlant de chaleur, la jeune femme était réellement glacée un peu avant. Avoir un vêtement de plus si elle n’est pas capable d’en entretenir la chaleur elle-même ne servira pas à grand-chose, si ce n’est à la couper partiellement du froid de l’air. C’est déjà ça. Et puis, sans trop y réfléchir avant, il lui dit doucement :

- Tu peux tout laisser aller, tu sais.

Pourquoi avoir presque chuchoté ? Certainement pas à cause du lieu. Juste parce qu’il craint un peu qu’elle ne le prenne mal, même s’il n’y a aucune vraie raison étant donné qu’il n’a rien fait. De toute façon c’est dit. Pour être honnête, il préfèrerait qu’elle craque complètement une bonne fois pour toute au lieu de tout accumuler comme elle semble le faire. Si elle touche le fond, elle ne pourra plus que remonter. Est-ce qu’elle a déjà été autorisée à craquer auparavant ? Probablement que oui sinon elle n’aurait pas tenu toutes ces années, non ? Même si finalement cela ne semble pas faire tant que cela, au vue de la date sur la tombe et en prenant en compte les cent ans passés dans l’Abysse. Qu’importe, dans tous les cas c’est un peu comme les soupapes sur les cocottes à vapeur. Si on ne les ouvre pas, le couvercle explose. La comparaison n’est certes pas glorieuse, mais le principe y est. Et au cas où quelqu’un se poserait la question, non Finn n’a pas pensé à la comparaison. Tout ce qu’il veut, c’est qu’Aiko aille mieux. Pourquoi cette obsession à ce qu’elle aille mieux, il ne sait pas. Oh bien sûr c’est tellement facile de blâmer cela sur sa fâcheuse tendance à faire comme sa mère et à surprotéger. Mais il sait que c’est un mensonge et qu’il n’y a pas que ça en cause. Cela dit, comme d’habitude, il y réfléchira plus tard. Préférablement quand il sera seul et aura donc oublié qu’il devait y réfléchir. Qu’importe. Ce n’est pas important dans l’instant.

Suite à sa précédente phrase et pour bien marquer le fait qu’elle peut en effet laisser libre court à ses émotions sans crainte d’être jugée, il lui attrape gentiment le menton afin de relever son visage vers lui pour pouvoir l’embrasser doucement. Il s’agit juste de lui témoigner de l’affection et cela ne dure qu’un bref instant avant qu’il ne mette à nouveau sa main dans le dos de la jeune femme, la laissant de nouveau libre de placer son visage où bon lui semble en reculant le sien. Réconforter n’est pas trop son truc, il devient bizarrement silencieux dans ces moments-là, incapable pratiquement d’ouvrir la bouche sans se sentir idiot. C’est que si quelqu’un veut son appui, ce même quelqu’un vient le trouver. Ici, il a trouvé Aiko. Et il s’est plus ou moins imposé pour tenter de l’aider. C’est vrai après tout, elle ne l’a pas invité à rester. Même si elle ne l’a certainement pas invité à partir non plus, sinon elle ne resterait pas près de lui. Mais au final c’est toujours la même chose, il n’a que sa présence et son écoute à lui offrir et tout le reste ne dépend que d’elle. Si elle l’utilise comme soutient pour aller mieux, si elle préfère s’en sortir toute seule comme elle a après tout déjà dû le faire jusqu’ici, si elle veut lui en dire un peu, beaucoup, presque rien. Après tout c’est à cela que servent normalement les amis. Etre présents quand quelque chose ne va pas. Et la discussion sur le sens polémique du mot « ami » appliqué à ces deux-là se fera plus tard. Parce que pour le moment, c’est bien en tant qu’ami proche que Finn s’inquiète pour elle. Quelque chose qu’il aurait probablement déjà fait il y a des mois si l’occasion s’était présentée. Il y a des choses en plus, comme précisé plus tôt et bien sûr qu’il y a toujours ce paquet d’impressions et de sentiments non identifiés. Il n’empêche que le fond du fond reste le même. Aiko toujours si prompte à la répartie, aux taquineries, va mal. Alors tout est mis de côté pour régler cela. Parce qu’elle est rayonnante, Aiko, à ses yeux il peut n’y avoir qu’elle par moments, mais pour ça il faudrait qu’elle commence par pouvoir sourire.
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MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty28th Février 2013, 07:49

Que faisait-elle, ce jour-là ? À quoi pensait-elle ? Avait-elle eu un quelconque pressentiment, au moment précis où son père fit irruption, seul ? Il est bien sûr ici question de mauvais pressentiment. Étrangement, ces choses étant pourtant futiles, Aiko y prêtait une bien grande – trop grande en fait – importance. Mais elle n’arrivait pas à s’en souvenir. Elle avait beau se concentrer, fermer les yeux pour y penser très fort, s’imprégner de tous les ressentis – aussi désagréables et douloureux puissent-ils être – elle ne réussissait vraiment pas à se souvenir de cela. Mais elle réussissait à reformer le cadre des évènements, à y ajouter des nuances, des couleurs, des visages et quelques sons. Au manoir. Dans une des salles d’entraînement mises à disposition de tous les Baskerville, en ce temps. Il fallait tout de même dire que, petite, la jeune femme d’aujourd’hui passait les trois tiers de son temps dans une de ses salles aménagées. Armée de son épée, parfois aussi de sa dague, elle se battait. Et se battait encore. Pour seul partenaire et adversaire, elle avait sa mère – sa sœur ne l’aidait pas vraiment à progresser. Enfin, une mère qui se donnait à cinquante pour cent lorsque sa fille atteignit une hauteur raisonnable. Avouons que se contorsionner pour pouvoir se mesurer à son enfant n’est pas spécialement une bonne idée, donc déjà le fait qu’elle se batte contre elle était un grand effort. Enfin, quoiqu’il en soit, ce jour, de fameux – plutôt maudit – jour, elle était dans la salle, adossée à un des murs, suante et cherchant à retrouver un souffle perdu. Il fallait dire qu’à quinze ans, elle était déjà bien grande de taille, alors sa mère ne tentait plus de se réserver ; elle ne la ménageait pas le moins du monde. Et pour cause, elle se retrouvait rapidement épuisée. Dehors, il faisait beau. Il faisait même très beau. Alors, enthousiaste, elle fut encline à aller continuer son entraînement à l’extérieur. Tant qu’à faire, autant aussi profiter d’un bon bain de soleil, histoire de... De se sentir mieux. Il faut dire que l’air frais avait le don de réveiller l’adolescente. Enfin, cela étant, ce n’était malheureusement pas pour autant qu’elle réussissait à prendre le dessus sur sa mère. Enfin, au bout de quelques années, elle s’était faite à l’idée qu’il faudrait un miracle pour pouvoir surpasser son maître. En revanche, elle était bien loin d’imaginer que ce miracle serait accompagné, non, précédé, d’une atroce douleur. Perdre sa sœur. Pour quoi au final, hein ? Souffrir pendant des années ? Se dire qu’elle aurait pu la sauver ? Pour se dire qu’elle aurait la sauver ? Pour trouver la volonté et la hargne nécessaires et surpasser sa mère en quelques coups agiles d’épées ? Pour devenir assez puissante pour protéger ses proches ? Mais bon sang, quels proches lui restaient-ils ? Sa génitrice. Oui, d’accord, mais il fallait avouer que cette-dernière était plus responsable d’Aiko que celle-ci ne l’était d’elle. Alors, au fond, cela n’avait servi à rien qu’elle meurt. La jeune femme, détentrice de la chevelure rougeoyante qui pourfendait les ténèbres aurait préféré garder sa jumelle et devenir faible au fil des années. Enfin, non. Pas trop faible non plus, car il aurait tout de même fallu qu’elle soit assez forte pour qu’elle puisse protéger sa cadette. Pourquoi diable se sentait-elle si responsable d’elle, de son sort, de sa vie et de tout ce qui s’en suit alors que seules quelques minutes séparaient leurs naissances ? Parce que c’était ainsi. Parce qu’Aiko était ainsi. Et sans Anko, Aiko n’était plus vraiment Aiko ; après tout, sa sœur faisait partie intégrante d’elle. Elle avait tout de même là perdu sa moitié. Et si une femme pleure car elle a perdu l’homme qu’elle aimait, qu’en est-il si elle perd sa jumelle ? Dès lors, forte ou pas, agréable ou pas, elle n’en avait que faire. Il fallait juste qu’elle se fasse craindre pour éloigner les gens un maximum d’elle. Parce qu’elle n’était pas protectrice, non, il ne fallait surtout pas croire ces personnes qui disent être distantes pour préserver les autres. Non, loin de là ; ces personnes étaient des lâches. Aiko était lâche. Elle craignait de devoir un jour faire face à une douleur avoisinant celle qui accompagna la perte de sa sœur. Elle voulait éloigner toutes les sortes d’affection et d’amour qui existaient quitte à ne plus vivre, à juste survivre en servant sa famille, qu’importait. Plus rien n’importait. Une adolescente stupide. Une adulte stupide, maintenant. Elle avait déjà pensé à mettre fin à ses jours. Mais cette pensée fut toujours accompagnée d’un éclat de rire amer. Même la lâcheté avait des limites. Et l’appel à l’aide qu’elle envoyait avait beau être silencieux, il pouvait – elle en était certaine – être entendu. Et à temps.
Combien de fois avait-elle juré sur cette tombe de ne plus avoir à supporter la douleur de la perte d’un être cher ? Combien de fois avait-elle juré de ne pas s’encombrer d’alliés, de toujours faire cavalier seul ? Et puis, si elle s’attachait et que cette personne en faisait de même, ce serait pire. Si certains souhaitent la réciprocité dans leurs sentiments, Aiko, elle, préférait le sens-unique. Si quelque chose lui arrivait, personne ne la pleurerait. Et elle n’aurait pas ça sur la conscience avant de s’en aller. À l’article de la mort, elle préférait penser aux échappatoires qui s’offraient à elle plutôt qu’aux visages dévastés si elle venait à mourir. Et jusque là, elle avait plutôt bien réussi son coup. Enfin, après avoir passé je ne sais combien de temps dans l’Abyss et en être ressortie toujours avec l’apparence d’une jeune femme de dix-huit ans, elle avait bien sûr plus d’une fois cédé à la tentation et avait partagé ses nuits avec plusieurs hommes. Sans daigner en savoir plus sur eux. Elle ne témoignait pas là d’un manque de respect ; elle les préservait ; elle se préservait. Quelques amis. Et encore, les « vrais » amis étaient encore moins présents dans sa vie. Juste comme ça quoi. Et puis, il y eut Finn. Au début, il n’était qu’une personne que la jeune femme envisageait d’admettre dans sa liste de véritables amis. Mais avant même que leur relation n’atteigne ce stade, elle avait pris de bien étranges envergures. Elle n’avait pas tenu son serment. À cause de lui. À cause de sa personnalité. À cause de ses yeux, de ses cheveux, de son torse, de ses bras, de son corps tout entier. À cause de... Grâce à lui. Car oui, Aiko avait fini par y voir clair ; la vie qu’elle menait auparavant n’était pas une vie. Finn l’avait sauvée. Leur relation était une délivrance pour elle.

Elle avait accepté de prendre ce risque. Elle avait accepté sans réfléchir de prendre le risque d’un jour perdre Finn. D’un jour souffrir de nouveau. D’un jour redevenir la frêle fillette qu’elle fut lorsqu’elle comprit que sa sœur ne reviendrait plus. Elle avait accepté d’un jour ne plus se relever. De tomber définitivement. Oui, elle prenait ce risque. Et vous savez quoi ? Elle était bien contente de le faire. Pour Finn, elle serait capable de plusieurs choses. Bien que jusque là, elle n’en était pas consciente. Elle était d’ailleurs dans l’incapacité la plus totale de dire jusqu’où elle pourrait aller pour lui. Et en fait, elle ne le saurait sans doute jamais. Si, un jour, l’occasion se présentait, elle lui montrerait. Elle lui montrerait qu’elle tenait à lui et que même si, dans cette relation qu’ils entretenaient, il était plus enclin à la protéger, elle ne cesserait de faire de son mieux pour pouvoir le protéger aussi. Tant à faire, autant l’ajouter sur la liste nettement raccourcie des personnes qu’elle devait s’affairer à protéger. Enfin, en même temps, elle ne se sentait pas vraiment responsable de lui. Certainement pas de la façon dont elle avait l’impression de l’être avec sa sœur. Cela n’empêche que voilà, la main qu’il lui a tendue, elle l’a saisi sans rechigner. Pour pouvoir vivre ? En fait, non. Pour le voir sourire. Car si elle avait prit ses distances avec lui, il était certain qu’elle ne le verrait plus sourire. Il fallait croire qu’elle y était drôlement. Tout pour te voir sourire.
Mais au fond, ce qui l’avait réellement poussée à faire confiance à cet homme, c’est que lui-même semblait lui accorder sa confiance. Après tout, ce n’est pas comme si elle était la seule à prendre ce risque de souffrir de nouveau. Elle ne savait pas à quelle sorte de passé Finn fut confronté – elle aurait très bien pu tenter de le déduire en partant des traits de sa personnalité qu’elle découvrait, mais elle aurait tout aussi bien pu viser dans le mille qu’être complètement à coté de la plaque – mais elle ne doutait pas du fait qu’il ait déjà souffert. Parce qu’en vingt ans avec, en bonus, un petit passage à l’abysse, c’était obligatoire de souffrir. Et pas qu’une fois, à vrai dire. Mais la souffrance qu’il ressentit avait-elle eu un quelconque rapport avec le fait que quelqu’un qu’il aimait l’avait abandonné ? De quelconque façon puisse-t-elle être – que ce soit une mort soudaine ou un véritable abandon, au fond, ça revenait au même. Et donc, si Finn acceptait de prendre ce risque, alors elle le prenait aussi. Ils feraient juste en sorte de ne pas se perdre de vue. De ne pas se perdre tout court, en fait.

Alors que les tremblements de la jeune femme commencèrent à la secouer, la main chaleureuse de l’homme se déposa sur sa joue. Elle releva d’emblée les yeux vers lui et prit une grande inspiration. Quelque part, ça lui donnait un peu de courage. Elle ne savait pas trop si Finn se rendait compte des conséquences de ses gestes, mais en tout cas, la jeune femme, elle, ressentait parfaitement les bienfaits de ce geste affectif. Et des gestes précédents aussi. Le fait que le pouce de Finn glisse sur la joue de la jeune femme lui procura le courage nécessaire pour parler. Ce qu’elle fit alors, à son rythme, d’une voix tremblante. Elle n’avait pas envie de se justifier pour cela. Non, en fait, elle n’avait même pas besoin de le faire car elle savait que l’homme la comprendrait. Il faut dire qu’en peu de temps, il avait semblé réellement intéressé par elle – et pas seulement physiquement ; il ne la connaissait pas encore parfaitement – la preuve, pour le moment, il ignorait encore une très importante partie de son passé – mais cela n’empêchait qu’il la connaissait bien. Très bien même.
Magnifique. Oui, certes, Aiko trouvait sa sœur très jolie, mais le brun avait bien raison d’avoir l’impression que ce mot ne qualifiait pas uniquement le physique de la cadette de la jeune rousse. Effectivement, elles se ressemblaient ; si l’une était belle, comment diable l’autre pourrait-elle échapper à cela ? Logiquement, complimenter sa sœur reviendrait à se complimenter elle-même et quoi qu’elle ne soit pas particulièrement modeste, elle n’aimait pas non plus se jeter des fleurs. Mais la logique voulait cela tandis que la raison d’Aiko sur le moment n’était pas du tout d’accord avec ceci. Complimenter sa sœur ne voulait pas forcément dire qu’elle se complimentait elle-même. Après tout, Aiko n’était pas sa sœur. Elle était juste elle. Anko était plus mince, moins grande et élancée, mais juste... Radieuse. Il ne fallait pas chercher à décrire une personne qu’on idéalise, car on a beau faire, jamais ça ne sera une bonne description à notre avis. Mais ce n’était pas tant de l’idéalisation qu’une certaine admiration. Parce que le fait qu’elle soit plus chétive la rendait plus vulnérable ; elle n’avait vraiment rien à faire dans le clan des Baskerville ; elle aurait bien mieux dans une famille de nobles, à prendre le thé et à se dandiner dans quelques robes larges de soie et que sais-je encore. Aiko, non. Aiko semblait être née pour la vie qu’elle menait. Elle était née pour cela. Pour se battre. Pour les armes. Pour le sang. Pour l’honneur. Pourvu que ce soit sa définition de l’honneur. Alors sa sœur était plus à plaindre. D’où le fait qu’elle l’admirait. Elle n’abandonnait pas, ne se plaignait pas ; elle luttait. Comme une véritable Baskerville. Au fond, elle ne possédait pas le physique, mais le mental ne manquait pas à l’appel.
Juste avant de lui dire qu’elle avait failli à sa tâche, qu’elle avait laissé sa sœur mourir sans rien faire, il lui serra la main. En réponse à cela, elle fit glisser son pouce vers l’intérieur de son poignet pour le caresser doucement. Vous savez, ce n’était pas parce qu’elle était dans pareil état d’esprit qu’elle oubliait que leur relation était confuse. Elle n’oubliait pas non plus tous les sentiments entremêlés et sans noms pour certains qu’elle ressentait pour lui. Par la même occasion, le fait qu’il ne sache pas réellement comment s’y prendre avec elle ne la surprenait pas ; réconforter n’était pas tâche aisée. D’où le fait qu’elle avait un peu l’impression de lui imposer sa présence. Enfin bon, Finn demeurait Finn. La prochaine fois qu’ils se verraient, tout reprendrait son cours le plus normal et ce ne serait sûrement pas la jeune femme qui allait revenir sur ce sujet.

Aiko finit par revenir dans ses bras. Elle savait bien. Elle savait bien qu’elle faisait réellement peine à voire. Qu’elle était pitoyable. Pire ; pathétique. Mais que voulez-vous ? Elle ne pouvait pas faire mieux aujourd’hui. Aujourd’hui spécialement, elle ne pouvait réellement pas être aussi souriante et joueuse qu’elle avait l’habitude de l’être avec Finn. Ce-dernier ne semblait pas en tenir rigueur, l’enserrant à l’aide d’un bras contre lui. Un instant, elle se permit de fermer les yeux. Juste une seconde. Une misérable seconde… Déjà écoulée. Elle souleva de nouveau ses paupières en étouffant un léger soupire. Il vint alors embrasser le haut de sa tête alors que ses yeux s’écarquillèrent un bref moment, son regard s'adoucissant juste après. Il resta un instant ainsi, alors qu’Aiko, elle, affichait un léger sourire. Un mot lui brûlait les lèvres. Et elle prononcerait ce mot. Pas maintenant. Quand elle en aurait fini avec cette histoire. Quand elle aurait parlé. Si elle trouvait le courage de le faire, toutefois.
Et puis, des mots. Rayonnante. Ce même compliment fut accompagné d’une main dans les cheveux d’Aiko qui releva la tête pour pouvoir croiser le regard de Finn. Pendant un court moment, elle se contenta de le fixer. De chercher la vérité. Oh non, elle ne doutait réellement pas de la véracité des paroles de l’homme. Il ne lui dirait pas ça par charité non plus. S’il le disait, c’est qu’il le pensait vraiment, non ? Cela n’empêche qu’Aiko voulait voir plus loin encore. Pourquoi maintenant ? Et puis, juste pourquoi en fait ? Elle finit par lui sourire doucement, abandonnant l’idée de chercher à trop comprendre – ce n’était pas non plus comme si elle était d’humeur à réfléchir en fait.
Encore des mots. Ce qui était arrivé, Finn ? Sérieusement, pensais-tu être prêt à garder dans tes bras une Aiko en pleurs ? En fin de compte, peut-être n’aurais-tu pas dû poser cette question. Ne pas parler de la sœur de la jeune femme. Pas qu’elle ne te le permette pas – que ne te permettait-elle pas, en vrai ? – juste que... Encore une fois, c’était nouveau. Et si, d’habitude, le nouveau pouvait faire peur, là, il faisait mal. À bien y voir, personne ne lui avait jamais parlé de sa sœur. Face à cela, la Baskerville se mordit la lèvre inférieure en baissant les yeux. Mais la question était claire pourtant. Et même si ça lui procurait plus qu’un pincement au cœur, au fond, elle le remerciait silencieusement. Il venait de débloquer un je ne sais quoi en elle. Au même instant où il avait pressé sur un bouton qui firent scintiller ses yeux. Elle ne savait pas trop par où commencer, mais s’il le lui demandait, elle se mettait en tête qu’elle devait répondre. Au fond, elle savait bien que ce n’était pas réellement une obligation. Mais au moins, si elle voyait ainsi les choses, elle trouverait le courage nécessaire pour parler à Finn de cela. Et aussi, elle trouverait le courage d’enfin lui faire face. Faire face à ce fichu passé.

Elle avait le regard dans le vague, l’esprit ailleurs. Elle ne réfléchissait pas vraiment. C’était le vide. Le vide total. La tête légèrement penchée sur le coté, elle refusait radicalement de se rejouer la scène d’il y a quelques temps.
Une pression. Sur sa main. Une autre main. Ah oui. Finn.
Elle leva les yeux vers lui et recommença à faire glisser son pouce vers l’intérieur du poignet de l’homme. Il ajouta quelques mots. Dans un chuchotement. Il fallait qu’elle régisse, maintenant. Qu’elle fasse quelque chose. Ou qu’elle parle. Mais qu’elle agisse, bon sang ! En attendant qu’elle se décide, lui agit, saisissant délicatement son menton pour l’embrasser.
Elle saisit alors plus fermement la main de l’homme dans la sienne – soudainement, elle semblait avoir retrouvé sa force, bien que partiellement – et se hissa sur la pointe de ses pieds pour aller entourer son bras libre autour du cou du brun, laissant son visage tomber sur son épaule, ses lèvres effleurant la peau dudit cou. Elle huma alors son doux parfum. Ça lui faisait un bien fou. Elle finit par l’embrasser doucement avant de se redresser et d’acquiescer lentement d’un hochement de tête. Oui, elle allait parler. Et elle savait d’ailleurs maintenant par où commencer. Elle s’éloigna de quelques pas en entraînant Finn avec elle et laissa ses mollets effleurer la pierre tombale glaciale. Elle prit alors une grande inspiration.

« Nous avions quinze ans lorsque j’ai participé à ma première mission avec mon père. Anko a, quant à elle, reçu un chain. À vrai dire, elle était douée en stratégie, contrairement à moi qui suis surtout bonne à abattre ma lame. Ma mère ne la laissait accomplir aucune mission... Pas encore prête. Elle avait beau être sévère, elle ne voulait pas notre mort. »

C’est vrai que maintenant qu’elle y pensait vraiment, Anko avait toujours une petite moue lorsque sa grande sœur s’en allait en mission. Elle avait beau afficher un sourire angélique et toujours faire attention au moindre détail qui pourrait clocher – ne pas partir en mission les cheveux lâchés, car oui, la petite faisait vraiment attention à ce genre de détails – cela n’empêchait pas une mine quelque peu défaitiste lorsque les yeux se détournaient d’elle. Aiko était jeune et elle ne comprenait pas vraiment. Mais maintenant, il est vrai qu’elle n’aurait pas apprécié voir sa sœur partir en mission alors qu’elle continuait de s’entraîner à la maison sans réellement servir le maître ne serait-ce qu’une fois. Le fait d’être plus faible physiquement que l’autre ne devait pas être facile pour elle. Pourquoi la jeune femme n’avait pas vu cela ? Nouveau pincement au cœur. Elle lui avait déjà demandé si ça ne la dérangeait pas et, naturellement, sa cadette répondit que non, pas du tout. Bien sûr, elle avait compris que si, ça la dérangeait. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle avait insisté. Elle se mordit la lèvre inférieure – décidément, elle allait finir par saigner – alors que, de nouveau, ses yeux brillaient.
En fait, c’était étrange, mais elle ne se souvenait pas du chain qu’avait sa sœur. Elle ne s’en souvenait pas du tout. Apparence humaine ou pas ? Imposant ou pas ? Offensif ou défensif ? Offensif normalement. Leur mère n’aurait pas accepté que sa fille la plus défensive bénéficie d’un chain tout aussi peu offensif. En même temps, elle ne l’avait vu qu’une seule fois, lorsque sa sœur daigna l’invoquer lors d’un entraînement et qu’elle réussit, par la même occasion, à blesser Aiko. Qui s’en était remise. Quand on vous disait que la mauvaise graine ne meurt pas facilement – pour ne pas dire jamais.
Bonne qu’à abattre sa lame ? Ouep, en résumé, c’était cela. Enfin, elle devait aussi être bonne à autre chose aussi – bonne tout court ? Hum. – mais bon, Finn comprendrait. Normalement.
Sévère. Ha ! C’était loin – tellement loin – de décrire leur mère. Sévère, sérieusement ? Pas du tout. C’était tellement plus – nettement plus – que de la sévérité. Du pur du sadisme ! Non mais sérieusement, vous l’aurez vu, vous comprendre qu’Aiko avait simplement voulu épargner les détails – sanglants – à Finn. Et puis, elle n’aimait pas dire du mal de sa mère. Parce que malgré tout, sa mère, elle l’aimait.
Bien sûr qu’elle ne voulait pas leurs morts. Connaissez-vous une mère qui désire la mort de son enfant ? Tout compte fait, Aiko préférait ne même pas avoir pareilles pensées. Elle connaissait trop peu de personnes pour envisager ne serait-ce qu’un sondage, alors bon.

« Papa m’avait proposé de l’accompagner… J’ai accepté, bien sûr. Mais Anko a protesté ; elle voulait y aller à ma place. Et j’ai... »

Sa voix se brisa. Sa voix se brisa en d’innombrables morceaux, fragments, sons.
Elle se figea, ne semblant pas prêter attention à ce qui l’entourait. Pas même à Finn. S’il était accroché à ses lèvres, curieux ? Elle n’en savait rien non plus. Elle ne pouvait pas finir. Ne voulait pas non plus. Elle amena lentement sa main libre à sa bouche avant de la relaisser tombé le long de son corps, le poing serré. Chaud. Chatouillant. Salé ? Depuis quand exactement était-elle en train de pleurer ? Elle avait les yeux plissés, mais étrangement, elle gardait la tête haute. Parce que pour une fois, elle n’avait pas l’impression de témoigner de faiblesse ou de honte en pleurant. Enfin, en vérité, il y avait tout de même là de la honte. Mais pas parce qu’elle pleurait. Parce que, le moment venu, le moment opportun, elle n’avait rien fait. Des larmes de culpabilité. Des larmes de tristesse. De larmes de mélancolie. Des larmes de nostalgie.
Des larmes de délivrance.

« J’ai juste... Haussé les épaules. Elle n’était pas prête... Je n’ai rien fais, je... »

Peut-être que tu n’étais pas toi-même pas prête. Pourtant, tu devrais le savoir, non ? Les missions, chez les Baskerville, ressemblaient d’avantage à de véritables massacres. Les plus anodines pouvaient s’avérer être les plus dangereuses.
Et puis, peut-être qu’elle y serait restée, elle aussi. Sans doute même. Même son père avait, ce jour-là, était en grande difficulté. Alors elle ? Peut-être que maintenant, avec son expérience, elle aurait pu vaincre ce maudit contractant illégal et son satané chain. Mais à cette poque ? Pas sûr. D’ailleurs, petite parenthèse, ce n’était pas non plus dit que si sa sœur n’était pas morte, elle serait devenue aussi forte qu’elle l’est maintenant. Enfin, cette remarque, c’est surtout pour dire que tout est relatif. Ce que nous savions déjà. Enfin bref.
Aïe. C’était quoi, cette douleur ? D’où ça venait ? De l’intérieur ? Ce n’était pas cette douleur qui tiraillait la jeune femme. Enfin, si, mais ce n’était pas ce qu’elle venait de ressentir. Elle baissa les yeux vers sa main et comprit aussitôt. Son poing serré et ses ongles s’enfonçant dans sa chair. Elle releva le regard vers Finn sans cesser de se faire ainsi mal et secoua la tête avant de bredouiller une vague excuse. Parce que ça ne se faisait pas d’ainsi s’interrompre pour pleurer. Surtout pas pleurer de cette façon complètement gamine. Pour être plus objective, je dirai qu’elle pleurait silencieusement. Elle n’était pas du genre à hurler ou à geindre bruyamment. Même si bon, avouons que sur le moment, elle s’en fichait pas mal des bonnes manières.

Elle avança d’un pas, se collant d’avantage au brun pour venir calmement coller son front à son torse. La main qui était dans la sienne s’était complètement relâchée ; elle n’y appliquait plus aucune pression. Ni la force, ni le courage, ni même la volonté de le faire. Elle n’avait pas encore croisé son regard ; en fait, elle se contentait de fixer son visage en évitant complètement ses yeux. La lèvre inférieure coincée entre les dents et brutalisés par celles-ci, elle tentait d’arrêter ses larmes. Mais non. Au contraire, elles continuaient de ruisseler sur son visage, inondant la peau blafarde. Elle bascula sa tête en arrière, laissant quelques mèches collées à son front et à ses joues, quelques unes descendant jusqu’au coin de ses lèvres, tandis qu’elle amena le dos de sa main droite sur son front, cachant tout aussi bien ses yeux.
Un sourire au milieu des larmes. Un sourire amer sur un visage dévasté par des larmes cinglantes. Bon sang, qu’est-ce qui lui prenait ? Elle avait l’habitude de se remémorer chaque détail de cette maudite journée et pourtant, à son souvenir, la seule fois où elle avait autant pleuré était ce même maudit jour. Alors pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi maintenant ? Et pourquoi Finn ? En même temps, elle n’aurait pas préféré que ce soit un autre qui la voit dans cet état. Mais cela étant, elle aurait tout de même préféré éviter ce moment là. Elle resta un long moment sans rien dire, resserrant à peine l’étreinte qu’elle avait sur la main de l’homme avant de finalement complètement la lâcher, de se retourner et de s’accroupir près de la tombe de sa sœur. Sa main glissa alors sur la pierre. Pourquoi avait-on ce bien étrange réflexe dans les cimetières ? Après tout, toucher une pierre tombale ne rappelle pas le toucher que l’on avait sur la personne ici enterrée – parfois même pas enterrée. Pourtant, elle-même était en train de le faire. Et en fait, elle s’en fichait pas mal du pourquoi du comment. Elle se laissa tomber sur les genoux en esquissant une grimace suite à la douleur zébrant ses jambes, approchant son visage de ladite pierre pour laisser ses lèvres l’effleurer. Les deux mains sur la terre, elle enfonça ses ongles dedans en serrant les poings, troquant ses lèvres contre son front.

Qu’aurait voulu Anko ? Aiko ne pouvait pas se permettre de dire que sa sœur aurait préféré qu’elle ne pleure pas, qu’elle ne se sente pas responsable et coupable et qu’elle ne se laisse pas complètement dépérir. Après tout, qu’est-ce qu’elle pouvait bien en savoir hein ? Anko n’était pas là pour le lui dire. De toute façon, si elle avait été là, la jeune femme d’aujourd’hui ne serait sûrement pas là. Son père ? Non plus, car rappelons qu’il n’était mort que parce que l’une de ses filles avait été tuée. Alors qu’elle était censée être sous sa responsabilité et entière protection. Quoi qu’il en soit, elle espérait que Finn n’allait pas lui sortir ce genre de phrases. Parce qu’elle ne tiendrait pas sa langue. Non, certainement pas. Allait-il seulement parler ? Avait-il quoi dire ? Elle ne se rendait compte que maintenant qu’elle ne lui avait pas demandé ce qu’il venait faire ici. Après tout, peut-être était-il venu se recueillir, lui aussi. Ou faire autre chose, elle n’en savait trop rien. De toute façon, qu’y avait-il bien à faire dans un cimetière ? Elle n’avait rien demandé. N’avait pas même cherché à savoir s’il allait bien alors qu’il prenait soin d’elle. Elle faisait réellement preuve d’un grand égoïsme.
Egoïsme. Ce mot venait se joindre à un autre. Trahison. Elle avait été égoïste déjà, plus d’une fois même. Le jour de la mort de sa sœur particulièrement. Et aujourd’hui, elle l’avait trahie. Car elle s’autorisait le réconfort, le bien-être... Car elle avait choisi Finn. Et on aura beau dire que ce n’était pas un choix, à ses yeux, ça l’était. Ça l’avait toujours été. Elle se l’avouait seulement maintenant, mais voilà, les faits n’avaient cessé d’être là, juste sous son nez.

Elle se releva alors, se retourna lentement vers Finn et frappa d’une main l’autre pour que la terre tombe avant de tendre l’une d’entre elle vers l’homme. Qu’il ne croie pas une seconde qu’elle lui avait lâché la main, un peu plus tôt, à cause de lui, de son comportement ou que sais-je encore. Elle ne pouvait juste pas s’accroupir si elle lui tenait toujours la main. Simple question de logique et de savoir-faire. Qu’il veuille y ajouter à sa main la sienne ou pas, à lui de voir. Dans tous les cas, elle ajouta quelques mots. Dans un soupire. Ou un murmure. Je ne sais pas trop. Disons simplement dans un souffle chaud. Pourtant, depuis le début de leur conversation, c’était la seule fois où elle fit preuve d’assurance. La seule fois où sa voix ne trembla pas. Pas du tout. C’en était même effrayant.

« Mon égoïsme l’a tuée. »
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Finn Baskerville

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MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty2nd Mars 2013, 13:22

Finn regrette un peu d’avoir demandé. Elle se rappelle bien toute seule des souvenirs douloureux, mais s’il n’avait pas demandé, s’il n’avait rien dit, s’il n’avait pas été là aujourd’hui, alors peut-être qu’elle ne s’en serait pas autant souvenu. Peut-être qu’elle n’aurait pas forcé les souvenirs à lui revenir. Est-ce que la douleur s’en serait retrouvée atténuée ? Il ne sait pas. Comment savoir après tout. Peut-être, peut-être pas. On lui a souvent dit et répété qu’une fois un être cher décédé, on pense à lui tous les jours. La première fois qu’il a entendu cela, il était tout jeune. Et alors le concept lui avait semblé tellement étrange. Comment penser à quelqu’un tous les jours, si cette personne n’est pas là ? On ne l’oublie pas non plus, bien sûr, mais y penser tous les jours ? C’était étrange, il ne pensait pas cela possible. En grandissant il a fini par comprendre même s’il n’a lui-même personne de ce genre à qui songer. Cependant s’il est possible de penser à des vivants régulièrement en leur absence, alors il est aussi possible de penser à des morts. Aiko doit penser à sa sœur tous les jours. Il espère juste que ce n’est pas elle qu’elle voit au-delà de ses propres traits dans le miroir tous les matins. Ce serait triste. Et, peut-être qu’il se trompe, il a l’impression que la jolie rousse a trop la tête sur les épaules pour que cela soit systématique. Des fois, peut-être. Souvent, peut-être aussi. Mais pas tout le temps. Il ne faut pas non plus bâtir sa vie sur et pour des morts. Du moins, pas uniquement. Faire la part des choses ne doit pas être aisé.
Ne pas savoir exactement ce qu’elle ressent – et il est nécessaire de préciser que savoir et comprendre sont deux choses tout à fait différentes, n’importe quel humain un minimum sensible et censé peut comprendre la douleur de la perte d’un être cher et la plupart des actions que commettent alors les vivants laissés derrière et liées à cela – n’est pas quelque chose qu’il ressent comme étant un facteur de différence, une distance entre eux. Chacun a son vécu après tout. Même s’il se sent assez impuissant – s’il savait ramener les morts, il serait au courant – et, somme toute, relativement inutile du coup. Une fois de plus, si Aiko n’avait pas voulu de sa présence, elle l’aurait rejeté et ce dès le début. Leur relation est ce qu’elle est, pour autant il doute que si jamais il venait à l’importuner, elle ne le lui fasse pas savoir par peur de le vexer ou il ne sait quoi encore. Elle, comme lui d’ailleurs, parle quand il y a à parler.

La Baskerville est moins réactive que d’habitude. Forcément, cela n’a rien d’étonnant et une fois de plus le contractant se jure à lui-même qu’il ne la quittera pas de la journée avant d’avoir réussi à s’assurer qu’elle se repose. C’est fou comme il peut devenir persistant dès qu’il est question de la sûreté d’une personne à laquelle il tient. Nana en a déjà fait les frais. Fuyu aussi. Aiko aussi. Aucun n’y échappe.
L’embrasser la fait réagir un peu plus – non pas que le fait qu’elle prenne son temps le dérange, loin de là – et elle finit par l’embrasser à son tour après avoir posé sa tête un instant dans son cou. Enfin, elle acquiesce et il a presque envie de se rétracter et de lui dire que s’il elle ne veut pas penser suffisamment fort pour pouvoir le raconter à voix haute, qu’elle ne le fasse pas, qu’il ne sera pas déçu ou quoi que ce soit du genre. Mais elle le sait sûrement déjà. Et puis quand, juste après, elle l’entraîne à sa suite vers la tombe de sa sœur, il n’ose plus rien dire. Elle vient juste de l’amener avec elle près de la tombe. C’est peut-être ridicule – tellement qu’il n’avouera jamais rien, même sous la torture – mais elle vient juste de l’admettre un peu plus près d’elle. Et de son passé. Cela a beau être juste une pierre tombale, même pas quelque chose de personnel puisque la personne enterrée dessous ne l’a jamais vue et que cette pierre est comme toutes les autres. Mais le symbolisme lié à la pierre est fort, très fort, même pour lui qui n’a pas changé d’avis sur les cimetières et les tombes en cinq minutes. Et elle vient juste de l’autoriser à partager cela avec elle. Elle touche la pierre, puis parle enfin :

- Nous avions quinze ans lorsque j’ai participé à ma première mission avec mon père. Anko a, quant à elle, reçu un chain. À vrai dire, elle était douée en stratégie, contrairement à moi qui suis surtout bonne à abattre ma lame. Ma mère ne la laissait accomplir aucune mission... Pas encore prête. Elle avait beau être sévère, elle ne voulait pas notre mort.

L’homme ne dit pas un mot, se contentant d’enregistrer les informations. Quinze ans, c’est raisonnable. Il en a vu commencer plus tôt. D’autres plus tard, le tout c’est d’être prêt. Y laisser la peau à la première occasion est sans intérêt pour le clan. Ainsi donc, la plus jeune sœur avait un Chain, tandis qu’Aiko… Eh bien cela ne l’a jamais frappé avant – bien qu’il l’ait remarqué, il n’en avait juste rien fait – mais Aiko n’a pas de Chain. C’est juste que la plupart des Baskerville en ont, c’est presque naturel pour eux en fait. Après, lui-même n’en voulait pas au début, mais lui-même peut aussi reconnaître maintenant que ce sont d’excellents alliés de combat. Un atout dont on aurait peut-être tort de se priver, mais après tout pourquoi pas. Le tout, c’est de réussir et d’en réchapper vivant. La manière, Chain ou pas Chain, aucune importance, il n’y a que le résultat qui compte. Bref, sa sœur en avait un et pas elle. Pourquoi pas après tout. Un jour il lui demandera pourquoi elle n’en a pas, maintenant n’est cependant pas le moment.
Il note qu’elle utilise le présent quand elle parle d’abattre sa lame. Il objecterait bien qu’elle est bonne à d’autres choses et que, même en combat et pour l’avoir vue faire, elle est quand même loin du bourrin qui cogne sans jamais se poser de questions. Elle a un cerveau et en fait usage. De là à l’appeler une stratégiste, il y a un pas qu’il ne franchirait pas. Il ne l’a pas suffisamment vue à l’œuvre et la jolie rousse semble plus à l’aise sur le terrain qu’avec des cartes devant elle ou à échafauder de grands plans d’attaque. Encore une fois, chacun son truc.
Apprendre qu’elle et sa sœur ont reçu une éducation sévère ne le surprend pas vraiment. Tous les Baskerville sont fidèles. Il a cependant pu constater qu’Aiko prend cela très à cœur. Elle a été éduquée – ou s’est auto-éduquée, mais sa dernière phrase fait pencher la balance en faveur de la première option – pour servir le clan. Sans travers. Voilà tout. Et elle le fait très bien, d’ailleurs. Bien sûr, le brun est loin de se douter d’à quel point la mère des deux jeunes filles était et est toujours sévère. Sa propre mère passerait pour un agneau à côté. Mais sa propre mère, bien que fidèle, aurait sûrement choisi son fils plutôt que le clan si elle avait été confrontée à ce choix. C’est encore une autre histoire.

- Papa m’avait proposé de l’accompagner… J’ai accepté, bien sûr. Mais Anko a protesté ; elle voulait y aller à ma place. Et j’ai...

Et … ? Il a vu son expression se briser alors qu’elle n’a pas eu l’air de s’en rendre compte elle-même. L’état dans lequel elle est, très visiblement en proie à une douleur causée par quelque chose d’intangible, est exactement l’état dans lequel il ne veut jamais la mettre. Mais aujourd’hui, cela dit, elle en a besoin. De tout relâcher. Une fois que ce sera passé, il espère bien qu’elle se sentira mieux. D’ici là, tout ce qu’il peut faire est d’être présent et continuer à lui tenir la main. Etre capable d’avancer tout seul ne signifie pas pour autant que, des fois, il n’y a pas besoin d’aide. Que ce soit pour être guidé, ou juste pour ne pas s’écrouler.

- J’ai juste... Haussé les épaules. Elle n’était pas prête... Je n’ai rien fais, je...

Oh. Elle n’a même pas besoin de continuer qu’il peut déjà le voir d’ici : elle se sent coupable de la mort de sa sœur. Elle n’est pas seulement triste de sa disparition, elle s’en veut aussi. Et ça, c’est encore plus terrible. Elle semble même s’excuser auprès de lui en bredouillant pour ne pas réussir à terminer ses phrases. Comme s’il pouvait lui en vouloir d’une quelconque manière que ce soit. Si, l’instant d’après, elle n’était pas venu contre lui, il l’aurait fait lui-même. Alors quand elle vient près de lui, même s’il sent qu’elle relâche la pression contre sa main, qu’elle se laisse aller, la lui serre fort contre son torse tout en caressant ses cheveux d’une main. Sans pour autant tenter de l’écraser, bien sûr. Quelque part il se demande ce qu’il s’est passé pendant cette mission. La jeune Anko était avec son père, est-ce que son père aussi y a laissé la vie ? Perdre les deux en même temps… Mais il ne demandera pas, Aiko a déjà beaucoup dit. Peut-être qu’elle complètera, peut-être pas. Il la laissera libre de parler de ce qu’elle souhaite. Pour l’instant, il ne dit rien. Il n’y a rien à dire et attendre que la jeune femme aille un peu mieux est bien plus important. Il sait parfaitement que rien de ce qu’il pourrait dire n’améliorerait son état. Il ne saurait de toute façon pas quoi dire. Tout ce qu’il sait faire, pour l’instant, c’est la serrer contre lui en espérant qu’elle y trouve un quelconque réconfort, même infime. Une personne, c’est toujours plus réconfortant qu’une pierre tombale. Quand elle redresse la tête, il la relâche – faute d’avoir ses deux bras de disponibles – pour pouvoir attraper son visage et en essuyer quelques larmes avant d’embrasser le haut de sa tête. D’autres viennent remplacer celles qu’il vient d’effacer bien évidemment et il n’essaie pas de les effacer.
Après cela, ni l’un ni l’autre ne dit un mot de plus. Elle ne bouge pas et lui l’a à nouveau entourée de son bras libre pour la garder contre lui, ne relâchant qu’à peine son étreinte avec le temps. Jusqu’à ce que ses pleurs se tarissent. Lui ne pense à rien. Du moins, il tâche de ne penser à rien. De voir si elle a quelque chose à ajouter avant de tenter de se faire un avis sur la culpabilité qu’elle semble bien ressentir. Elle n’aurait pas dit qu’elle n’avait rien fait si elle ne s’en voulait pas. Elle s’en veut à elle-même pour quelque chose qui ne sera jamais réparé.
Aiko se détache finalement de lui pour se baisser vers la tombe de sa sœur. Finn la laisse évidemment faire, se décalant même légèrement afin de lui laisser de l’espace, tâchant même de se faire discret. Là encore, il ne sait pas ce que la proximité avec la tombe peut bien apporter. Mais cela, il ne peut pas le savoir sans l’avoir vécu. Et est-ce que dans une situation similaire, il irait se recueillir sur la tombe de ses proches, rien n’est moins sûr. Chacun traite avec la douleur comme il le souhaite et comme il le peut surtout. C’est tout. La douleur d’Aiko serre son cœur à lui aussi quelque part. Pas tant par la nature de la scène – quoi qu’en partie tout de même, il n’est pas insensible – mais surtout parce que c’est elle et qu’elle souffre. Et c’est aussi parce que c’est elle et qu’il sait – à force – qu’elle a cette tendance à la culpabilité dès qu’elle déclenche de l’inquiétude ou quelque chose qui s’en approche chez lui, qu’il ne montre rien. Après tout, sa douleur à lui s’en ira quand Aiko ira mieux. Celle d’Aiko en revanche sera toujours présente. Moins forte à certains moments qu’à d’autres, mais toujours là.

Au bout de plusieurs instants que l’un comme l’autre serait bien en peine de dénombrer, la jeune femme se relève en débarrassant ses mains de la terre qui s’y trouve. Se tournant vers l’homme, elle lui tend alors une main puis murmure quelques mots, d’une voix bien plus assurée qu’à n’importe quel autre prise de parole depuis le début de leur rencontre du jour.

- Mon égoïsme l’a tuée.

Mots avec lesquels il n’est pas vraiment d’accord mais nous y reviendront. Pour l’instant, il ne lui prend pas la main, préférant user de ses deux bras pour l’enlacer après avoir fait un pas vers elle sans donner de préavis. Avec une main sur sa tête et l’autre dans son dos, il la garde un instant contre lui en silence. Cette fois, sa prise l’entoure réellement complètement. Comme pour la protéger.
Et maintenant ses derniers mots, parlons-en. Il ne voit pas l’égoïsme dans ce qu’il s’est produit. Après tout, Aiko a juste laissé la place à sa sœur sur une mission. Peut-être qu’elle la pensait capable de l’effectuer ? Ou du moins d’en réchapper. Elle ne l’aurait pas laissée partir avec la certitude qu’elle mourrait. Sa soeur n’était pas toute seule en plus, elle était avec son père. Même si Finn sait parfaitement qu’aucune mission n’est à prendre à la légère, accompagnée ou non – voilà pourquoi il était contre le départ de la jolie rousse l’autre fois – et que n’importe laquelle peut tourner au vinaigre. Mais, objectivement, les chances que le père embarque l’une de ses filles sur une mission présentée comme très dangereuse lui semblent nulle. Quel père enverrait ses enfants au suicide ? La mission a mal tourné. Anko n’était pas prête. Mais si Aiko y avait été, Aiko y serait peut-être restée. Et dans le cas où il n’y aurait eu aucun mort, en tant que Baskerville, les occasions de mourir ne sont pas ce qui manque. Une autre mission un peu plus tard la même année ? La Tragédie ? Un Chain sans contractant ? Ce n’est réellement pas ce qui manque. Mais avec des « si » on refait le monde de toute façon. Il est arrivé ce qui est arrivé, la peine ne partira jamais pas plus que le souvenir – quoi qu’il doute franchement qu’Aiko veuille oublier quoi que ce soit – et… Il faudra faire avec. C’est cruel à penser, surtout pour quelqu’un qui, au final, n’a rien vécu de ce genre. Sûrement qu’il l’accepterait beaucoup moins dans la situation d’Aiko. C’est aussi pour cela que cette pensée restera sûrement pour lui. Il ne peut pas juger ou conseiller sur des hypothèses ainsi. D’autant plus que ce n’est pas son truc du tout. C’est la première fois que qui que ce soit se livre ainsi à lui. Au-delà de ce fait, c’est surtout que ce soit Aiko. Elle avait déjà dit lui faire confiance. Lui a déjà montré plusieurs fois aussi. Peut-être jamais à ce point quand même, bien qu’il soit dur de faire un vrai classement. Non, réconforter n’est pas son domaine et il s’y sent encore moins à l’aise quand il s’agit d’Aiko. Comment faire pour qu’elle aille mieux quand la situation semble tout simplement sans issue ? Parce qu’il n’y a rien, au final. Il peut la soutenir, mais la résolution dépend entièrement d’elle. Bien sûr qu’elle s’en sort très bien toute seule visiblement, puisqu’elle a réussi à se remettre sous contrôle, même vaguement. Mais il reste celui qui lui a fait tout dire, quand bien même il ne l’a forcée en rien. Il a quand même demandé.

- Pardon de t’avoir fait raconter tout cela.

Il la garde encore un peu contre lui. Son changement de ton soudain quand elle a affirmé avoir tué sa sœur est assez inquiétant. Il pensait qu’elle se sentait coupable, responsable, mais seulement en partie. C’est visiblement pire que cela, elle semble s’en accuser pleinement. Presque comme si elle avait pris la vie de sa sœur de ses propres mains, ce qui n’est pas vrai du tout. Ce qui l’a tuée est l’objet de la mission. Ce qui l’a tuée est son devoir de Baskerville. Ce qui l’a tuée est ce qui pourrait bien tuer Aiko, ou Finn ou n’importe quel autre Baskerville. Aiko a laissé sa place à sa sœur. Mais sa sœur avait demandé. Sa mère ne s’y était pas opposée. Son père non plus. La mission devait sembler faisable. Est-ce qu’Aiko y pense, à tout cela ? Il ne voudrait pas avoir l’air de faire la morale sur quelque chose qu’il ne connaît pas. Qu’est-ce qu’il en sait, au fond ? Rien. Il ne connaissait pas la jeune sœur non plus. Il ne connaît qu’Aiko. Uniquement et seulement elle, et pas aussi bien qu’il le voudrait. Néanmoins bien mieux qu’il y a cinq mois par exemple.

- Aiko, tu ne l’as pas tuée. Ni ton… Egoïsme. Toi et ta famille avez juste voulu lui laisser une chance.

Bien sûr il ne fait que supposer. Bien sûr elle le sait peut-être déjà. Oui. Mais s’il n’y a pas quelqu’un une fois de temps en temps pour lui rappeler qu’elle n’est pas la personne à avoir pris la vie de sa sœur, elle finira par croire qu’elle l’est pour de vrai. L’homme la relâche enfin, juste après cette déclaration afin de prendre sa main et la regarder dans les yeux, espérant que ses mots ne seraient pas mal interprétés. Ce serait bien la dernière chose qu’il souhaite en ce moment, se disputer avec elle. Elle n’en a pas besoin du tout.
Quand il parle de chance, il parle évidemment de la réalisation de ce qui aurait dû être la première mission d’Anko suivie d’une série d’autre. La première fut la dernière et ce n’était certainement pas « une chance ». Mais dans l’idée, c’était sûrement cela parce qu’il est – à nouveau – inconcevable que qui que ce soit dans sa famille l’ait laissée y aller en sachant qu’elle n’en reviendrait pas à coup sûr. Le peut-être n’étant pas à discuter. Il y a toujours une chance qu’ils n’en reviennent pas, même maintenant. A cette pensée il soupire légèrement. Baskerville c’est sympa uniquement parce qu’ils sont tous suffisamment cinglés pour ne pas penser qu’ils mettent leur vie en danger tout le temps – si, en fait ils y pensent, mais finalement le poids de la réalisation ne les atteint peut-être bien pas pleinement –, volontairement et pour un seul mec juste parce qu’il voit des lumières autour de lui. Pour une cause qu’ils n’ont pas choisie mais qui les a choisis. Et qu’ils suivent sans se poser de question. La cause a juste choisi ceux avec un instinct de survie somme toute assez bas.

- C’est juste que... Il s’interrompt et cherche ses mots, comment ne pas paraître insensible et réussir, un peu, à la réconforter et surtout à ce qu’elle se culpabilise moins. Elle a perdu sa vie comme tu ou je pourrais la perdre. En œuvrant pour le clan.

Il ajouterait bien qu’Anko ne lui en veut peut-être pas ou qu’elle préfèrerait sûrement voir sa sœur heureuse, mais qu’est-ce qu’il en sait au fond. Personne ne dit que dans ses derniers instants elle n’a pas maudit sa famille pour l’avoir laissée y aller, qu’elle ne s’est pas elle-même traitée d’idiote pour avoir tellement voulu se rendre utile aussi, qu’elle ne s’est pas dit qu’elle aurait dû être patiente. Personne ne dit non plus qu’elle leur en a voulu, qu’elle n’était pas reconnaissante à sa sœur de croire en elle ou qu’elle n’a pas souhaité, juste avant de mourir, qu’ils continuent à vivre et soient heureux. Cela, ils ne le sauront jamais. Mais puisqu’ils ne peuvent pas affirmer qu’elle ne leur en veut pas, ils ne peuvent pas non plus affirmer qu’elle leur en veut. Ce serait contradictoire. Pourquoi refuser de penser qu’elle aurait souhaité leur bonheur au motif qu’ils ne le savent pas et ne pourront jamais le savoir, si derrière ils accepteraient l’idée qu’elle les tient pour responsables de sa mort alors qu’ils n’en savent pas plus et ne le sauront jamais non plus. Voilà, des doutes, des suppositions, des souvenirs, du manque et de la douleur. C’est tout ce qu’il reste après une situation comme celle-là. Et baser la suite de sa vie sur des suppositions où l’on ne peut pas trancher n’est certainement pas une bonne idée. Respecter la mémoire des morts ne signifie en aucun cas cesser de vivre parce qu’ils ne sont plus là. C’est manquer de respect, ils ont perdu la vie, il ne faut pas gâcher celle qui reste. Ceci est un cas extrême, Aiko n’a pas l’air de vivre dans l’ombre de sa sœur, loin de là. Quelques instants, quelques jours d’abattement de temps en temps sont tout à fait naturels. Il faut juste remonter la pente.

- Je ne suis pas très bon pour réconforter.

Il lui adresse un regard effectivement désolé de ne pas être d’une grande aide, alors que le fait qu’elle partage avec lui un morceau aussi gros de son passé signifie beaucoup pour lui. Même s’il ne sait pas tant pourquoi, mis à part que cela réaffirme la confiance qu’elle lui porte et baisse juste un peu plus ses barrières et ses réticences vis-à-vis de leur relation – non, elles ne se sont pas magiquement envolées. Si elle n’avait rien dit, il ne l’aurait pas pour autant mal pris. Il aurait compris. Ce n’était pas aisé à faire. La confiance n’est qu’un petit bout, il fallait aussi le courage de pouvoir parler et de faire face. Sur ce dernier point, il ne l’a encore jamais vu en manquer et ce n’est pas la première fois qu’il le remarque. Quelque part, Aiko l’impressionne un peu bien qu’il ne le dirait certainement pas à voix haute. Il y a des choses comme ça qu’il pense mais garde pour lui et n’est certainement pas prêt à partager tout simplement parce qu’il du mal à se les admettre à lui-même. Avoir témoigné de toutes les défenses de la Baskerville abaissées devant lui n’aura que réussi à la rendre plus forte à ses yeux.
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» You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Vide
MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty7th Mars 2013, 07:50

Pourquoi ses larmes coulaient-elles, maintenant ? Ce n’est de toute façon pas comme si elle ne savait pas que ses larmes ne ramèneraient certainement pas Anko, hein. Mais alors pourquoi ? Pourquoi, aujourd’hui, n’arrivait-elle pas à les retenir ? Pourquoi n’arrivait-elle pas à garder sa douleur pour elle ? Pourquoi avait-elle parlé de tout cela à Finn ? Pourquoi est-ce que maintenant que c’était fait, ça ne semblait même pas la déranger ? Pourquoi est-ce que lorsqu’elle sentait ses doigts contre sa joue, elle frissonnait de tout son long ? Bien sûr, ça avait toujours eu pareil effet sur elle. Sauf qu’elle aurait pensé que ce ne serait pas la même chose aujourd’hui, étant donné qu’elle était dans pareil état. Enfin, c’est ce qu’elle aurait cru, oui, mais il semblerait que ce soit guère le cas. Un contact électrique, un touché doux qui réussissait à lui prodiguer un certain réconfort. Alors qu’elle ne devrait pas. Elle savait bien qu’elle ne devrait pas profiter de la présence de Finn. Dis comme ça, cela semble totalement stupide. Elle ne « profitait » pas de lui. Ne profitait pas de sa présence. Il était là. Il était resté là pour elle. Pourquoi devrait-elle le repousser, hein ? Même si sur le coup, ça ne lui ferait peut-être ni chaud ni froid – et encore, rien n’était sûr – cela ne l’empêcherait sans doute pas de s’en vouloir par la suite. Et pas qu’un peu. Donc voilà, elle ne profitait pas de lui. C’était stupide, puéril, totalement idiot. Le pire, c’est qu’elle le savait. Mais sérieusement, elle s’en fichait pas mal. Elle avait vraiment l’impression d’être une gêne pour le coup. Déjà parce que Finn avait sans doute mieux à faire – d’après elle du moins – mais en plus parce que ce jour était censé être consacré au deuil. Oui mais, combien de temps avait-elle encore le temps de rester en deuil ? Elle avait beau se sentir coupable de la mort de sa sœur, ça ne l’excusait pas ; elle ne méritait pas ça ; elle n’avait pas à se faire subir pareille supplice à chaque fois. Pourquoi diable se tenait-elle pour responsable ? À cette question – et à celle-ci uniquement pour le moment – elle avait une réponse. Mais cela, nous en parlerons plus tard. Parlons plutôt de cette multitude de questions qui demeuraient sans réponse, qui tournaient dans son esprit, qui lui donnaient une forte migraine, qui l’embêtaient en bref. Pourtant, elle y pensait. Encore et toujours. Parce qu’il fallait qu’elle comprenne pourquoi est-ce qu’elle agissait avec Finn d’une façon dont elle n’aurait jamais agis en présence qu’une quelconque personne auparavant. Il fallait qu’elle comprenne pourquoi il avait cette si forte influence sur elle. Mais elle ne comprendrait pas. Parce qu’elle pressait trop les choses. Et aussi parce que ce n’était pas tant que ça le bon moment pour y réfléchir. Elle avait déjà compris qu’il était différent et que tout ce qui suivrait dans sa vie était, par relativité, différent. Mais même. La douleur qui la transcendait déjà à son réveil s’accentua un bref moment. C’était comme si elle n’avait plus d’emprise sur sa propre vie. C’était comme si elle dépendait de quelqu’un. C’était comme si elle ne pourrait jamais atteindre la liberté. C’était comme si des liens l’entravaient. Mais c’était aussi comme si elle n’avait jamais été aussi heureuse. Jamais été aussi libre. Comme si les possibilités étaient transformées pour devenir réalité, pour devenir absolues. Et tout cela pourquoi ? Par la seule et unique présence de Finn. Tout ce qui se tramait en elle était contradictoire. Pourtant, avec je ne sais quelle force, elle réussit à mettre toutes ces questions de coté pour simplement se laisser pleinement imprégner d’un sentiment. Et si le brun savait ce à quoi elle pensait en ce moment même, il ne la laisserait sûrement pas faire. Elle ne savait pas trop comment il pourrait s’y prendre pour entraver le cours de ses idées, mais après tout, c’était Finn. Et Finn avait cette divine capacité à faire d’elle ce que bon lui semblait. Chose dont elle n’avait pas encore réellement consciente. Et chose dont elle ne voulait absolument pas avoir conscience tenez. Quoi qu’il en soit, pour en revenir à ce sentiment qui venait de l’englober – ce sentiment dont elle se laissa volontiers englobée, en fait – c’était la culpabilité.
Un sentiment bien étrange. Mais un sentiment douloureux. Un sentiment mordant. Un sentiment qui, à un moment ou à un autre, se fait ressentir chez l’être humain. Un sentiment qui ne cesse de rôder autour de possibles victimes. Un sentiment omniprésent. Un sentiment qui, une fois ayant réussi à avoir une bonne emprise sur vous, ne vous lâche pas. Un sentiment qui a des conséquences des plus néfastes sur la confiance en soi. Il amène dans son sillage le doute et la douleur, la peur et l’amertume. On doute de tout, on a peur de tout, on a mal au moindre coup, et c’est ce mélange qui nous incite à porter sur la vie un regard entièrement teinté d’amertume. La culpabilité. Ce sentiment qui réunissait aussi bien de l’incapacité qu’une certaine tristesse. Ou peut-être était-ce de la colère. On aura beau dire, il n’y a pas pire qu’éprouver de la colère contre soi-même. Aussi tolèrent que nous sommes avec les autres, lorsqu’il s’agit de nous, il est juste impossible de fermer les yeux, de ne serait-ce que penser à oublier, de simplement pardonner. Parce que l’être humain est ainsi fait ; une grosse masse de bêtise qui se divise en plusieurs branches qui donnent naissance à des sentiments aussi idiots les uns que les autres – amour et haine en faisant partie. Sérieusement, il ne devrait rien exister de tel. Ne rien ressentir, ce serait bien, non ? Si cela donnerait la possibilité aux gens de se laisser totalement envahir par l’égoïsme ? Non, je ne pense pas. Après tout, pourquoi l’humain était-il égoïste ? Certes parce qu’il n’appréciait pas assez les autres – rien à dire, si on affectionne assez une personne, nous aurions beau être égoïste, pour elle, nous cesserons de l’être – mais aussi parce qu’il avait une bien trop grande estime de lui-même. Mais s’il n’y avait pas de sentiments, il n’y aurait pas non plus d’estime ; au lieu de chercher la difficulté, autant simplement dire qu’il n’y aurait pas d’égoïsme – ne découle-t-il pas d’une multitude de sentiments ? N’est-ce pas juste une histoire de relativité, au fond ? Ce serait un monde sans sentiments, un monde de psychopathe. Aiko aimait et n’aimait pas cette idée. D’un coté, ça lui permettrait d’échapper à l’atroce culpabilité qui la rongeait. Mais d’un autre coté, elle ne connaitrait pas l’émoustillement, le plaisir, le désir ainsi que juste... Le bonheur. Bonheur. Chose qu’elle n’avait connu qu’avec Finn. Du moins, depuis la mort de sa sœur. Mais elle savait bien que de toute façon, aimer ou ne pas aimer cette idée ne changerait pas les faits. Celui qui s’était amusé à créer le monde a fait en sorte de le bourrer de défauts. Et, au fond, ce n’était pas si mal. De toute façon, il y a réellement des sentiments desquels la jeune femme ne pouvait pas se passer. Et si le prix à payer était se torturer en silence, elle paierait volontiers ce prix. Tant qu’il ne fallait pas que d’autres souffrent avec elle, ça irait. Si elle était la seule à avoir mal, ça irait. Si personne ne venait à la voir dans cet état et à éventuellement s’inquiéter, ça irait. Oui mais voilà, Finn l’avait vue. Et Finn savait maintenant. Et, à priori, il s’inquiétait. Ça, elle n’était pas vraiment d’accord avec. Mais que faire ? Elle n’était pas réellement en état de protester. Non, en fait, elle n’était en état de rien du tout. Si ce n’est de se lamenter. Et ça l’énervait d’avoir si peu d’emprise sur cette situation. Personne n’était censé savoir qu’elle se sentait coupable. Pas sa mère n’était au courant. Et si on lui aurait un jour dis que Finn serait le premier – et le seul, vous pouvez en être sûr – à le savoir, elle vous aurait sûrement ris à la figure.

Elle se doutait maintenant des répliques qui pouvaient dorénavant tomber. Finn ne serait certainement pas d’accord avec le fait qu’elle se porte coupable de la mort de sa sœur. Il lui dirait certainement que ce n’était pas le cas. Essaierait-il de la convaincre ? De cela au moins, elle n’en était pas sûre. Mais de toute façon, ce n’est pas comme si elle manquait d’arguments. Ce n’est tout de même pas des années après qu’elle va se dire qu’au final, tout n’était dû qu’au hasard, qu’au destin. Elle n’y croyait pas, à toutes ces sornettes. Tout – strictement tout – relevait de la relativité. Alors voilà, il devait y avoir une raison pour cette mort. Une raison pour que Finn soit ici. Une raison pour son existence. Une raison bien précise pour laquelle sa vie avait croisé celle de l’homme. Ne restait plus qu’à découvrir laquelle. Chose nettement moins aisée que de simplement énoncer les faits.
D’un point de vue purement objectif, Aiko ne pouvait juste pas être responsable de la mort de sa sœur. Anko était morte en mission. Anko était morte comme elle souhaitait mourir. Entre autre, elle était morte de l’unes des plus nobles façons qui puissent être pour un Baskerville ; en servant Glen-sama. Et comment diable son aînée aurait-elle pu empêcher cela ? Eh bien, elle avait une vision bien particulière de la situation. Et quoi qu’en disent les autres, cela n’y changerait vraiment rien. Elle était sa grande-sœur. Elle aurait dû la protéger. Comment faire, ça, c’était son problème. Et de toute façon, ça n’avait nulle importance à partir du moment où elle parvenait à ses fins. Peut-être, après tout, que si elle n’était pas partie de cette façon-là, elle aurait simplement périt lors de la tragédie, trois ans plus tard. Annihilée par les profondeurs abyssales pour ne plus jamais en revenir ou juste abattue lors du massacre qui précéda la catastrophe. Elle y aurait sans nul doute participé vu qu’elle aurait atteint, tout comme Aiko, dix-huit ans. Tout comme elle aurait pu y échapper. Elle aurait appris deux trois choses de plus peut-être. Peut-être aurait-elle été atteinte d’une maladie ou que sais-je encore. Peut-être qu’elle serait morte à peine quelques jours après. Mais son père serait peut-être toujours là. Pour en revenir à Anko, elle aurait tout aussi bien pu avoir une belle vie bien épanouie. C’était amusant pour Aiko d’imaginer sa sœur avec des hommes par exemple. Mais cela étant, n’allez tout de même pas croire qu’elle vivait dans le passé. Non, pas du tout. Elle tenait aujourd’hui bien trop à son présent – elle tenait bien trop à Finn – pour le délaisser en allant se terrer dans l’une de ses bêtises passées. Seulement, elle se demandait parfois – car il fallait bien qu’elle y pense de temps en temps – si sa culpabilité n’aurait pas été inexistante dans le cas où Anko serait décédée dans d’autres circonstances. Au fond, il faudrait, pour qu’elle le sache, prendre en considération beaucoup trop de facteurs. Elle savait simplement que cela n’aurait rien changé au fait qu’elle ait l’atroce impression d’avoir failli à sa tâche. Tâche qui consistait à protéger sa sœur. Effectivement, elle avait toujours eu la forte impression qu’elle ne vivait que pour se battre. Qu’elle se battait pour devenir forte. Et qu’elle devenait forte pour protéger au péril de sa vie les êtres lui étant chers. Un peu sotte à cet âge, elle était bien loin de voir Glen-sama comme elle le verrait par la suite – surtout les quelques jours après la mort de sa sœur. Sœur qui trônait bien évidemment en première position sur la liste des personnes à protéger coûte que coûte. Mais aujourd’hui, sans pour autant cesser de faire passer quelques personnes avant elle-même, elle ne vivait plus dans l’unique but de protéger ; elle désirait aussi savoir ce que ça faisait que d’être protégée. Et Finn avait été là pour elle. Finn était encore là pour elle d’ailleurs. Et elle avait beau adorer sa sœur, cela ne l’empêchait pas de tenir assez fermement aux moments passés avec lui – à ses souvenirs, donc – mais aussi aux moments qu’ils allaient passer ensemble pour n’accepter de les échanger contre rien au monde. Et pas la peine de lui demander si elle serait prêtre à sacrifier Finn pour que sa sœur revienne, car elle ne répondrait certainement pas. Elle savait que c’était impossible qu’Anko revienne à la vie. Impossible. Les chains ? Allons, en tant que Baskerville, elle savait parfaitement ce que représentait leur promesse ; pure foutaise. En fait, elle ne répondrait pas surtout parce qu’elle avait peur. Peur de choisir son présent à son passé. Peur de choisir Finn. Peur de l’admettre de vive voix. Peur de se l’admettre. Cela reviendrait à dire, d’une certaine façon seulement, qu’elle vivait désormais pour Finn. Et elle ne pouvait pas s’y résoudre. Elle ne pouvait pas y penser. Ne voulait pas y penser. Mais voilà, une partie d’elle-même savait qu’il y avait quelque chose. Que son sourire ne la mettait pas seulement de bonne humeur, que son rire ne lui mettait pas seulement du baume au cœur, que ses lèvres ne l’embrassaient pas seulement divinement bien, que ses mains ne se posaient pas seulement sur son corps, que ses caresses ne la faisaient pas seulement gémir et que sa respiration haletante sous forme de souffle brûlant s’abattant sur elle ne le faisait pas seulement jubiler ; tout cela la maintenait en vie. Ca faisait d’elle une femme qui devenait enfin – oui, devenir, car ce n’était pas le cas – d’avantage une femme qu’une combattante – je ne dirai pas Baskerville car ce tire la suivrait jusqu’à sa mort. Alors voilà, n’était-ce pas normal de lui rendre la pareille en vivant pour lui ? Aiko n’avait nulle envie de savoir. Nulle envie de devoir accepter la réponse – quelle qu’elle soit. Elle vivrait juste. Comme ça ou juste pour une autre personne, qu’importait au fond. Pas la peine d’y penser d’avantage tant que ce n’était pas nécessaire. La vie était trop... Fragile. Non, je ne dirai pas courte, car avec les cent ans qu’elle avait passé en Abyss, elle était très mal placée pour parler.
Je viens tout juste de me rendre compte que je me suis un peu perdue, négligeant dans tout cela de vous dire pourquoi Aiko se sentait si coupable – il fallait tout de même parler de sa théorie des faits. Eh bien, vous savez quoi ? Nous y reviendrons plus tard, car là, le bras de Finn autour de la taille de la jeune femme qui l’attiraient à lui et qui provoqua plusieurs sensations chez cette-dernière était nettement plus intéressant.

Effectivement, alors qu’elle parlait, alors qu’un poids tombait de ses épaules, écrasant maintenant ses pieds, alors que les larmes coulaient désormais librement, alors qu’elle se demandait pourquoi elle disait tout cela à Finn, alors qu’elle ne cessait de se répéter – de s’ordonner – de ne pas penser à sa sœur, alors qu’elle pensait – vous l’aurez deviné – effectivement à jumelle, Finn était là. Finn demeurait là. Il ne partait pas. Il ne fuyait pas. Pourquoi diable s’en irait-il, hein ? Elle ne savait pas. Mais alors qu’il l’attirait un peu plus à lui, elle se rendit compte qu’une certaine partie d’elle-même avait peur qu’il ne s’en aille, qu’il ne l’abandonne. En fait, depuis un moment déjà, elle avait cette crainte en elle. La crainte de le perdre. Et nous en avons déjà parlé plus tôt, bien sûr. Cela étant, ce n’était pas vraiment le moment, là. Alors pourquoi ? Elle ajouta ce pourquoi aux autres et se contenta de profiter de l’étreinte du brun. Ou du moins, de tenter d’en profiter, car il fallait tout de même avouer qu’elle n’avait pas vraiment la tête à cela. Et puis, il caressait d’ailleurs ses cheveux. Ah. Ces cheveux qui, aujourd’hui, semblaient perdre de leur éclat habituel. Enfin, pour Aiko bien sûr. Mais au fond, peut-être était-ce simplement son regard qui portait sur le monde une couleur grisâtre, une couleur... Terne.
Après un instant d’ailleurs, elle releva la tête vers lui alors qu’il fut bien obligé de desserrer son emprise sur elle, en l'allant néanmoins immédiatement faire glisser ses doigts de sa seule main libre sur le visage de la jeune femme, essuyant ses larmes. Elle lui lança un léger sourire, prenant une grande inspiration mais sachant tout de même pertinemment que ce n’est pas cela qui empêchera ses larmes de se renouveler. Ça finirait bien par se calmer. Elle finirai bien par se calmer. Et puis, plus rien. Elle ne bougea plus. Elle ne dit plus rien. Et lui non plus. De toute façon, il ne devait pas avoir grand-chose à lui dire. Pas pour l’instant du moins. S’il désirait faire une tentative, ce serait un peu plus tard, quand elle aura retrouvé une respiration normale. Enfin, ça ne saurait trop tarder tout de même. En attendant, le bras de Finn retrouva aisément sa place autour de la taille de la jeune femme qui revint naturellement se caler contre le torse du brun, les yeux clos. Elle pourrait tout oublier. Elle pourrait tout oublier, pour quelques secondes du moins, peut-être même quelques minutes. Dans ses bras. Dans les bras de Finn.
Elle finit par se décoller de l’homme, allant s’accroupir près de la tombe de sa sœur sans se douter un instant de ce à quoi pouvait bien penser l’homme. C’est vrai, que pensait-il de cette situation ? Encore une fois, elle prenait conscience de son égoïsme. D’accord, c’est elle qui était dans un mauvais état, c’est elle qui était en train de pleurer, c’était aussi elle qui s’inflige toute la douleur possible en se remémorant les moindres détails de la scène d’il y a quelques années, je veux bien tout ça, mais cela n’aurait pas dû l’empêcher de prendre de ses nouvelles, de voir ce qu’il pensait de tout cela. Elle agissait réellement comme une pauvre gamine qui avait besoin d’affection. Le pire ? Elle pensait vraiment qu’elle était cette fichue gamine idiote.

La jeune femme se releva, débarrassa ses mains de la terre y étant présente et en tendit une vers Finn. Elle avait une incroyable envie de le sentir, de sentir sa main contre la sienne, de voir cette différence de taille entre elles, de voir comment ses doigts trouveraient leurs places dans le vide que créaient ceux de la demoiselle, de juste se sentir petite face à quelqu’un, de se sentir enfant, oui. Au lieu de quoi, il s’approcha d’un pas et l’enlaça de ses deux bras. Comme ça. Sans prévenir. Elle se redressa subitement, son regard s’adoucissant tout aussi brusquement. L’une des mains de Finn était dans son dos, l’incitant à rester parfaitement droite pour pouvoir profiter des frissons la parcourant – des frissons de plaisir, oui, mais il n’est ici pas question du plaisir qu’elle avait pour habitude de ressentir avec lui ou avec un autre homme, bien que récemment, c’était surtout, uniquement en fait, lui. Son autre main était sur le dessus de sa tête. Alors, bien sûr, elle eut cette impression d’être une enfant. Et ça lui plaisait. Juste une fois, elle voulait laisser ses responsabilités à quelqu’un d’autre. Et oui, à un homme s’il le fallait, malgré son coté féministe. Parce que d’abord, ce n’était pas n’importe quel homme. Mais aussi et surtout parce qu’elle lui faisait assez confiance pour savoir qu’il n’était pas le genre à un jour lui ressortir cette histoire. Et, entre nous, vu comment était Aiko, mieux valait qu’il s’abstienne de le faire si ça faisait partie de ses plans. Je dis ça parce qu’il le regretterait. Mais à lui de voir hein. Enfin bref, pour en revenir au sujet, Finn avait complètement répondu aux attentes de la jeune femme qui amena ses deux mains sur son torse en cachant son visage. Ses larmes avaient cessé de couler maintenant et elle se sentait mieux. Si on oubliait, du moins, la dernière phrase qu’elle venait de lancer à Finn. Et puis, la sûreté et l’assurance qu’elle y plaça l’étonnèrent elle-même. Jusqu’à ce jour, elle pensa toujours qu’elle ne se sentait coupable qu’en partie de la mort d’Anko. Mais vu le ton qu’elle employa, l’intonation de sa voix, elle semblait réellement s’en tenir pour seule coupable. Et ça, c’était totalement stupide. Mais bon.
Lorsqu’elle mourut, au début, c’était difficile pour tout le monde. Aiko avait toujours l’impression qu’elle était là, quelque part. Non, il n’est pas ici question d’esprit ou de fantôme ou que sais-je encore de paranormal. Heureusement pour elle, son allé dans l’Abyss ne l’affecta pas sur le plan intellectuel. C’était déjà ça. Oui bon, parce que pour l’instinct de survie par exemple, c’était déjà pas fameux à la base, mais là, il faudrait vraiment y remédier. Qui sait, peut-être que maintenant qu’elle tenait à la vie de Finn, elle ferait un effort pour se maintenir en vie. Pour lui. Enfin... Revenons-en au sujet. Donc voilà, au début, elle avait l’impression qu’Anko était toujours là. Le soir, la jeune femme d’aujourd’hui ne dormait pas. Elle ne voulait pas s’enfoncer dans les chimères qu’étaient ses rêves. Elle ne volait pas se figurer sa sœur encore vivante et se réveiller le matin avec l’effroyable impression qu’elle allait le revoir. Alors qu’au fond, elle savait bien que jamais elle ne la reverrait. Le jour, elle se surprenait parfois en train de l’appeler. Aucune réponse ne lui parvenait. Plus jamais une réponse ne lui parviendrait. Alors voilà, à quinze ans, Aiko se referma entièrement sur elle-même, refusant tout contact. Elle voulait être seule. Elle voulait être la seule actrice et observatrice de sa misérable vie. Jusqu’à ce qu’elle commence à grandir. Jusqu’à ce qu’elle se reprenne en main. Ça mit le temps que ça fallut, mais le résultat n’était pas si mal que ça. Ses occupations se réduisirent aux missions. Et, à une certaine époque, c’était vraiment excessif. Peut-être cherchait-elle à se punir, d’une certaine façon. Car, vous l’aurez bien sûr compris, les missions du clan ne sont nullement de tout repos. En fait, elles ne sont d’aucun repos. Et la jeune femme fut bien plus d’une fois blessée, grièvement blessée, clouée au lit. Cela ne l’empêchait pas de repartir. Encore et encore, ne patientant qu’une poignée de jours, le temps que ses blessures les plus importantes se referment, pour y retourner. Incorrigible. Enfin, à ce stade, c’était de la bêtise, non plus du courage ou je ne sais quoi d’autre.

Il la gardait contre lui. Elle, elle n’avait aucune envie de se redresser. Pourtant, cela ne l’empêcha pas d’entendre les mots qu’il venait de prononcer à son égard. Ce qui l’incita à relever la tête avec plus de vivacité qu’elle en l’aurait cru, les sourcils froncés. Mais qu’est-ce qu’il racontait encore celui-là ? Elle posa son index sur son torse et se hissa sur la pointe des pieds en allant l’embrasser calmement, sans autre forme de procès. Lorsqu’elle éloigna son visage, elle avait positionné ses deux mains sur le cou de Finn, un léger sourire accroché aux lèvres. Elle lui aurait volontiers répondu quelque chose, mais lui la devança. Alors, sagement, elle se remit sur ses pieds et l’observa, l’entendit avec attention. Ah. Le fameux moment qu’elle attendait. Comme quoi elle n’y était pour rien. Oui, Aiko était têtue, mais s’il fallait bien lui reconnaître une qualité, ce serait bien celle d’avouer ses torts. Sauf sur ce sujet. Elle n’avait pas tort. Ne pouvait avoir tort. Et cela rimerait à quoi, hein ? Comme si toutes les années passées qu’elle occupa à se torturer n’avaient servi à rien. Comme si elle avait gâché sa propre vie. Non, ce n’était juste pas possible. Elle ouvrit la bouche, prête à lui rétorquer quelque chose, prête aussi à lui lâcher sa théorie. Mais cette même bouche, elle la referma, ses lèvres se pinçant aux derniers mots de Finn. Lui laisser... Une chance. La chance d’être elle-même. La chance de montrer ce dont elle était capable. La chance de faire ce dont elle rêvait. La chance de la laisser s’affirmer en tant que Baskerville. La chance de la laisser prendre des décisions, prendre des risques. La chance de grandir, en somme. Et cela, Aiko venait tout juste de s’en rendre compte. Pour épargner sa mère, elle ne cessait de dire que cette-dernière avait effectivement voulu laisser une chance à sa fille en la laissant faire une mission avec son père. Mais jamais elle ne considéra qu’elle puisse aussi faire partie de cette catégorie, qu’elle aussi, au fond, lui avait simplement laissé une chance. Pour elle, elle avait toujours été la petite sœur. Jamais seulement la sœur. Pourtant, elle aurait dû la voir ainsi. Et aujourd’hui encore, elle devrait. Mais non. Encore une fois, dans sa bouche, dans son esprit, ça sonnait faux, ça sonnait creux. Certes, ils ne savaient pas qu’elle ne reviendrait pas, cela, je vous le concède volontiers, mais ils auraient pu prévoir le pire. Aiko aurait pu se débrouiller pour participer aussi la mission – même si je doute que sa mère, refusant de faire la moindre entorse aux règles, ait accepté trois membres sur une mission prévue pour un duo. Mais elle aurait dû. Parce qu’Anko était sa sœur et qu’elle aurait dû la protéger.
Elle bascula la tête en arrière, poussant un léger soupire. Elle aimerait fermer les yeux. Là, tout de suite. Se laisser tomber – en avant pour tomber dans les bras de Finn ou en arrière pour être accueillie par sa sœur – et juste s’endormir. Pour un jour se réveiller ou pas, elle n’en savait trop rien. Mais elle était fatiguée. Et là, il n’est pas question de physique mais seulement et uniquement de mental.
Une pause. Et Finn reprit. Et une autre pause. Cherchait-il ses mots ? Oh, il ferait mieux de les laisser venir à lui au lieu des les pourchasser. Enfin, elle pensait cela, certes, mais si elle avait été dans ce cas, elle aurait tourné sa langue sept fois dans sa bouche avant de dire quoi que ce soit. Elle redressa la tête et planta son regard dans le sien alors que lui reprenait la parole. Et voilà. Ça l’énervait. Non, pas vraiment de l’énervement, mais un certain agacement. Parce que pour la peine, il avait raison. Elle était morte en œuvrant pour le clan. Et tout Baskerville aimerait mourir de cette façon. D’autant plus qu’elle n’était pas très jeune non plus. Enfin, elle voulait d’abord répondre à ses premiers mots, lorsqu’il s’excusa de l’avoir faite parler.

« Tu sais, ça me fait plaisir que tu veuilles savoir ce qui s’est passé. Alors ne t’excuse pas, parce que je me sens mieux... C’est la première fois que j’en parle, Finn. »

Elle posa le regard sur lui, la tête inclinée sur le coté, un doux sourire accroché à ses lèvres, sa main caressant le visage du brun. Se sentait-elle réellement mieux ? Oui, quelque peu – elle ne lui mentirait pas, de toute façon. Bon, ça faisait toujours atrocement mal. Sauf que maintenant, il n’y avait pas... D’écho. En fait, avant qu’il ne vienne, sa douleur se cognait à des remparts de solitude pour revenir vers elle et l’attaquer de nouveau. Mais maintenant qu’elle en parlait – qu’elle lui en parlait – sa douleur se libérait sans revenir. Alors ce qui faisait mal, c’était juste de laisser s’échapper les mots, les images, les souvenirs ; la douleur. Cela voulait dire qu’elle allait se sentir nettement mieux dans pas bien longtemps. En se faisant cette réflexion, elle revint sur la pointe de ses pieds pour embrasser la joue de l’homme qui écouta attentivement son histoire. Le premier à entendre cette histoire. Et le dernier. À cet instant, elle se fit une promesse. Non pas celle de vivre pour raviver la mémoire de sa sœur mais juste de vivre pour elle. Mais pas pour elle dans le sens où cette dernière serait celle qui la maintiendrait en vie. Plutôt dans le sens où, maintenant, elle se dirait qu’il fallait qu’elle vive pour elle et non qu’elle marche vers la mort. Pas pour lui faire plaisir, non. Une fois mort, on ne tire nulle satisfaction des faits et gestes d’autrui. Juste qu’il fallait qu’elle reste en vie. Pour profiter de la vie. Pour profiter de la vie qu’aurait pu avoir Anko. Il le fallait. Il fallait qu’elle accepte sa mort. Ça faisait trop longtemps pour que ça continue ainsi. Et puis, comment saurait-elle qui la maintenait en vie si elle mourrait avant ? Comment saurait-elle se qu’elle ressentait pour Finn ? Jamais elle n’eut l’intention d’abandonner. Mais maintenant, en plus de refuser de se soumettre à la défaite et à la faiblesse, elle prenait les devants, elle agrippait fortement aussi bien la force que le courage. Et tout cela grâce à qui, hein ?
Finn.
Sa dernière remarque, à défaut de faire en sorte qu’elle veuille à Finn, la fit sourire. D’un véritable sourire. Le premier de la journée. Elle posa ses mains sur les bras de l’homme et les fit glisser jusqu’à ses mains, entremêlant ses doigts aux siens avant d’aller faire traîner ses lèvres sur sa mâchoire, finissant par revenir en place pour pouvoir le regarder dans les yeux. C’est normal qu’il ne sache pas réconforter. C’est normal qu’il ne sache pas la réconforter. Pourquoi saurait-il le faire, après tout ? Elle ne le lui avait pas demandé et lui n’avait normalement pas à chercher un moyen de le faire. Ce qu’il savait faire, en fait, c’était être là. Trouver les bons mots, s’abstenir de dire quelques paroles. Juste être là. Juste être lui.

« Reste toi-même. Parce que c’est toi qui me fait sourire, toi qui me donne du courage, toi qui... Toi qui prend soin de moi. Comme si je pouvais t’en vouloir. Je ne cherche pas de réconfort, juste une présence. Et tu as fais plus qu’être présent près de moi ; je te sens littéralement en moi. »

Et tu vois, ta présence est un réconfort pour moi.
On lui aurait dit qu’elle aurait réussi à retrouver une voix si calme, un ton si posé et si doux aussi rapidement, elle n’y aurait pas cru. Mais voilà, et elle n’allait sûrement pas s’en plaindre. Quoi qu’il en soit, le moindre de ses mots était pensé. Elle n’avait pas dit cela à la légère et chaque lettre était pesée, prononcée dans son contexte. Elle le sentait effectivement en elle. Mais pas au sens propre – quoi que ça aurait pu, bien que nullement à ce moment – seulement au figuré. Elle semblait ne pas être le seul esprit dans sa tête. Pas la seule à réfléchir. Comme si Finn avait une réelle grande influence sur elle. Ce qui, soit dit en passant, n’était pas faux, loin de là.
Bon. Et si nous en revenions à la deuxième prise de parole du beau brun ? Vous vous souvenez, lorsqu’il fit allusion au fait qu’elle n’était nullement responsable de la mort d’Anko. Il serait temps de déballer sa théorie.
Pourquoi l’égoïsme ? Pourquoi ne pas simplement avoir dit être responsable de sa mort ? Parce qu’aux dernières nouvelles, les seuls assassins de l’adolescence était un contractant illégal et son maudit chain. Enfin, c’était surtout le chain d’après ce que leur avait raconté son père. Alors voilà, ce n’était pas Aiko qui l’avait tuée. Elle y avait seulement contribuée. Un peu trop, d’après elle. D’après Finn, nullement. Mais ce jour là, pourquoi n’avait-elle rien dit ? Il me semble bien ne pas avoir encore abordé cette branche là du sujet. Elle n’avait rien fait, ou plutôt, pour reprendre ses mots, elle avait haussé les épaules. Mais pourquoi ? Uniquement parce qu’elle ne voulait pas donner d’ordres à sa sœur, ne voulait pas l’irriter, la blesser. Elle ne voulait pas avoir à elle-même partir en mission – il est certain qu’au bout de quelques minutes de débat, ses parents auraient préféré l’envoyer elle et non pas sa sœur – en sachant sa jumelle contrariée. Elle n’avait alors rien fait. Elle avait pensé à elle. Seulement elle. Elle avait pensé que ça lui ferait mal de s’éloigner d’une sœur blessée. Elle avait agi égoïstement. Et cela avait coûté la vie à Anjo.
Es-tu sûre ? Est-ce bien ces pensées là qui t’avaient traversés l’esprit ? Peut-être imagines tout cela. Réfléchis. Es-tu certaine ? Ne fais-tu pas ça uniquement pour justifier tes années de deuil ? N’est-ce pas en ce moment que tu agis égoïstement ? Ne dois-tu pas la vérité à Anko ? À Finn ?

« Je sais, Finn. Mais j’aurai dû être là. J’aurai dû veiller sur elle. J’aurai dû, oui, mais je ne l’ai pas fais. D'ailleurs... »

Elle s’interrompit. Elle détourna le regard. Elle se mordit al lèvre inférieure. Elle s’en voulu. Mais maintenant, il allait bien falloir continuer ce qu’elle disait. Forcément, oui. Elle n’en avait pourtant plus envie. Ça impliquait un sujet qui n’avait pas lieu d’être. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. Pas ici.
Aiko ferma les yeux et prit une grande inspiration avant de secouer négativement la tête, faisant mouvoir sa chevelure avec elle. Dans un murmure, ce qu’elle voulait dire fut dit. En espérant juste que ça n’amènerait pas Finn à y réfléchir trop sérieusement.

« Si j’étais morte lors de la mission que j’avais effectué la dernière fois, lorsqu’on s’est quittés, est-ce que tu t’en serais voulu ? Te serais-tu senti coupable ? »

Et s’il répondait non, hein ? C’est que tu aurais l’air bien maligne. Stupide. S’il répondait oui, en revanche, ou du moins une réponse tout aussi positive, alors il n’aurait qu’à multiplier cela par je ne sais combien pour se figurer ce que ressentait Aiko. Car, premièrement, lui, il avait tenté de la persuader de rester. Elle aurait été, en réalité, la seule à blâmer si elle était morte. Alors qu’avec sa sœur, elle n’avait pas fait la moindre tentative. Et puis, aussi, ce n’était pas une relation aussi ambigüe, mais un lien fraternel. Un lien auquel elle tenait tout particulièrement – je ne dis pas qu’elle ne tient pas au lien qui les lie, Finn et elle, ne vous méprenez pas. Un lien sacré. Un lien qu’elle avait brisé.
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Finn Baskerville

Finn Baskerville
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Nom & prénom: Finn Baskerville
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» You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Vide
MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty10th Mars 2013, 08:21

Finn ne pensait pas vraiment qu’il était possible d’ainsi ressentir de la peine lorsque qu’autrui est en réalité la personne qui subit la douleur. Pourtant, il lui est bien déjà arrivé d’être triste quand sa mère l’était, plus petit par exemple. Mais pour quelqu’un d’extérieur, pas vraiment. Mais pour Aiko, il l’est. Bien sûr cela ne se voit pas, mais s’ils venaient à se séparer là maintenant sur demande de la jeune femme qui voudrait rester seule, nul doute qu’en partant il n’aurait pas le moral bien haut pendant quelques heures. Voire la journée s’il venait à entrer dans une de ses grandes phases d’inquiétude compulsive. Et tout cela juste en sachant que la Baskerville va mal. C’était déjà un fait avéré, mais elle a réellement une influence sur lui. Et il la laisse faire, parce que s’il n’a pas été capable de la repousser il y a deux mois – et, quoi qu’il en dise et quoi qu’il en pense, au final c’était bien parce qu’il le souhaitait – il en est encore moins capable aujourd’hui. De toute façon, plus ça va moins il en est capable. Il se laisse porter et, tant qu’on ne cherchera pas à l’effrayer, il continuera. Cela semble aussi convenir à la Baskerville. Qu’importe s’ils ne savent pas ce qu’ils ont, s’ils ne savent pas vraiment qui ils sont pour l’autre ou bien encore s’ils ignorent jusqu’où cela pourrait bien aller. Evidemment, cela risque de ne pas rester ainsi pour toujours, même si le contractant aurait tôt fait de s’y complaire parfaitement.

Est-ce qu’Aiko était différente avant la mort de sa sœur ? Probablement. Après tout, les chances que l’évènement l’ait changée sont loin d’être nulles. Et il faut avouer que le clan Baskerville est loin d’être un cadre idéal pour se remettre – du moins tenter de – d’un décès. Des membres, ils en perdent et ils en gagnent, leur mission ne peut pas s’arrêter pour autant et il faut faire avec. La jeune femme qui se tient devant lui a dû faire preuve d’une sacré force de caractère, qui est toujours présente aujourd’hui. Avec tout ce qu’elle vient de lui confier, il a l’impression de la connaître un peu plus. Ce qui est le cas, au fond. Et ils ne sont partis de rien du tout pour en arriver là. Bien que l’un comme l’autre ait encore beaucoup à apprendre.

- Tu sais, ça me fait plaisir que tu veuilles savoir ce qui s’est passé. Alors ne t’excuse pas, parce que je me sens mieux... C’est la première fois que j’en parle, Finn.

A cela il ne peut que sourire pour la remercier silencieusement. Déjà parce qu’il est content qu’elle se sente mieux et ensuite pour sa dernière phrase. Savoir que c’est la première fois le touche. Bien plus qu’il ne voudrait le reconnaître. Pour une raison inconnue d’ailleurs et encore une fois juste parce que c’est elle, parce qu’elle lui fait décidément plus confiance que ce qu’il pensait et le prouve à nouveau. Ça a beau l’effrayer, il y a des moments comme celui-ci où il aimerait bien savoir pourquoi avec elle, tout en sachant qu’il le regretterait peut-être après. Ou peut-être pas, mais l’inconnu a beau être attrayant, il n’est pas sûr d’en vouloir. Qui sait si, une fois que tout sera tiré au clair, les choses n’en deviendront pas moins bien qu’elles ne sont actuellement ? Parce qu’actuellement, comme déjà dit, il s’y plaît très bien. Et faire avancer les choses, c’est aussi prendre le risque de perdre ce qu’ils ont déjà de manière irréversible. Alors plutôt que de choisir, il reste entre deux eaux. Car même si le seul moyen de gagner, c’est de jouer. Et jouer, c’est risquer. Ne pas savoir ne l’empêche pas d’apprécier, après tout. Comme là. Il espère d’ailleurs qu’Aiko n’aura jamais à regretter son choix, parce qu’elle vient une nouvelle fois de les rapprocher un peu plus.
Elle lie leurs mains avant de venir lui embrasser la mâchoire et il lui vole ses lèvres un instant lorsqu’elle se repositionne face à lui. On dirait presque qu’elle est celle qui s’occupe de lui alors que ce devrait être l’inverse. C’est vrai, dans la catégorie doux et réconfortant, il n’y a pas moyen de rivaliser avec une femme. La Baskerville a beau être une combattante, elle n’y fait pas exception. Du moins avec lui, mais après il l’a rarement vue en compagnie d’autres hommes et ne sait donc pas vraiment comment elle s’y prendrait avec eux. En même temps, il n’a pas spécialement envie de le découvrir. Et de toute façon, ce n’est pas le sujet du jour. Même si, sur le sujet en question, il n’y a plus grand-chose à faire. C’est vrai, l’adolescente est enterrée là, pour elle il n’y a plus rien à faire. Pour sa sœur toujours en vie, en revanche, si.

Reste toi-même. Parce que c’est toi qui me fait sourire, toi qui me donne du courage, toi qui... Toi qui prends soin de moi. Comme si je pouvais t’en vouloir. Je ne cherche pas de réconfort, juste une présence. Et tu as fait plus qu’être présent près de moi ; je te sens littéralement en moi.

Eh bien, il tâchera de moins douter de ses capacités – du moins avec Aiko – à aider. Comment est-ce qu’elle fait pour trouver des mots pareils au vu de la situation le dépasse complètement. Il ne s’y fera sûrement jamais, la jeune femme est surprenante et il le sait. Quant au fait qu’elle cherche juste une présence, qu’elle ne s’en fasse pas. Il n’a pas l’intention d’aller nulle part sans elle aujourd’hui. Il aime bien prendre soin d’elle quand elle lui en laisse l’occasion et se laisse faire, au fond. Elle est l’une des rares personnes pour lesquelles il a envie d’être important. Du moins, un peu. Qu’ils puissent compter l’un sur l’autre mutuellement. Un jour peut-être il lui dira tout cela.
Il décide de l’embrasser à nouveau. Un peu plus longuement cette fois, plutôt que de se contenter d’un simple contact de lèvres. Des fois, il se demande vaguement pourquoi il ne l’a pas embrassée bien plus tôt que ce qui a été fait. Maintenant il ne se passe pas une rencontre, même furtive et brève, sans qu’ils ne le fassent. Pourquoi cette fois-là et pas avant ? Bonne question. C’est comme ça et ils n’avaient pas fait les choses à moitié. Peut-être qu’avant il n’était pas autant attaché à la jeune femme. En fait, c’est sûr. Et si ce qui s’est passé l’autre fois s’était passé plus tôt, peut-être bien qu’il n’y aurait pas eu de dispute, qu’ils ne se seraient pas liés comme ils le sont maintenant. Finn aurait été un homme comme un autre mis à part qu’elle se serait rappelé son prénom, et inversement pour Aiko. Aucune importance, les choses comme elles sont actuellement sont très bien. Pas parfaites, leur durée est sûrement limitée, mais il s’en fout. L’effet ressenti le vaut.
L’homme glisse quelques mots lorsque leurs lèvres se séparent :

- Dans ce cas je reste, tout ira bien.

Pas qu’il ait eu l’intention de partir, bien sûr. Et puis leur conversation reprend. Aiko qui se traite d’égoïste tandis qu’il n’est pas d’accord avec ce fait. Elle tient tellement à sa sœur, alors égoïste ? Bien qu’il ne doute pas qu’elle ait des arguments pour étayer cela. Et si ses arguments ne sont certainement pas objectifs, ceux de Finn ne le sont pas non plus malheureusement pour lui. Il sait qu’au fond, quoi qu’il dise, faire changer d’avis la jeune femme n’est pas possible.

- Je sais, Finn. Mais j’aurai dû être là. J’aurai dû veiller sur elle. J’aurai dû, oui, mais je ne l’ai pas fait. D'ailleurs...

Elle s’interrompt, détourne le regard et il l’observe, curieux. Est-ce qu’il y aurait une partie de l’histoire qu’il ignore encore ? Elle semble hésiter. C’est peut-être cela, une partie de l’histoire dont il ne sait rien et qu’elle hésite à lui dire. Après tout être le premier à qui elle en parle ne signifie pas pour autant qu’elle doit tout lui dire. Pourtant, quand elle reprend, ce n’est pas du tout pour compléter l’histoire, son hésitation était toute autre :

- Si j’étais morte lors de la mission que j’avais effectué la dernière fois, lorsqu’on s’est quittés, est-ce que tu t’en serais voulu ? Te serais-tu senti coupable ?

Initialement surpris, l’homme ouvre ensuite la bouche pour répliquer avant de la refermer immédiatement en réalisant que… Aiko a raison. C’est complètement idiot, ne s’appuie même pas sur des faits concrets et pourtant, oui, il s’en serait voulu. Et pas qu’un peu. Outre le fait que c’est bien la première fois qu’un truc comme ça lui arrive, c’est surtout que c’est irraisonné. Après tout, Aiko est adulte et parfaitement capable de faire ses propres choix, il n’est pas garant d’elle. Mais le point à prouver n’est pas ici et il le sait. Le fait est que oui, il s’en serait voulu. Il voit où elle veut en venir. Rien n’aurait pu le convaincre lui que la mort d’Aiko n’aurait pas été de sa faute. Alors maintenant, convaincre la jeune femme qu’elle n’a rien fait ? Il n’y arrivera pas. Bien qu’il pourrait objecter que la situation n’était pas la même, que sa jeune sœur n’était pas seule, qu’ils étaient trois à donner leur aval. Si ses parents, pourtant plus expérimentés et, pour le coup, chargés de les élever toutes deux, avaient dit oui, pourquoi pas Aiko ? Mais, encore une fois, ce n’est pas le but de la remarque. Objecter tout cela ne fera que faire tourner la discussion en rond. Alors finalement il dit simplement :

- Tu marques un point, je m’en serais plus que voulu.

Bien qu’il s’oppose quand même à ce que la Baskerville pense, son but n’est pas de la faire changer d’avis. Déjà parce qu’un changement radical est impossible comme déjà dit et, ensuite de cela, parce qu’elle est la seule à pouvoir se faire changer d’avis. Bref, ce sujet est clos, penser à l’hypothétique mort de la jeune femme le perturbe beaucoup trop, il se sent obligé de serrer ses mains un peu plus fort temporairement. Elle est vivante et bien en face de lui. Ils auraient tort de ne pas profiter de ce fait, l’un comme l’autre. Evidemment, peut-être pas immédiatement. Les morts ont peut-être tout leur temps, mais les vivants ne l’ont pas et une fois morts à leur tour, il sera trop tard pour pleurer ceux qui sont passés avant. Enfin, cela n’empêche qu’elle a raison. Même s’il n’a pas envie de laisser tomber l’argument ainsi, c’est délicat d’objecter. Néanmoins il tente une dernière fois :

- Si j’avais été convaincu que tu ne puisses pas faire de mission du tout, je ne t’aurais pas laissée y aller.

Son ton est ferme. Peut-être pas tout à fait volontairement, mais voilà. Sa phrase signifie aussi bien qu’Aiko n’aurait pas laissé partir sa sœur si elle pensait vraiment qu’elle ne reviendrait pas – ce qu’elle sait déjà – et qu’elle n’est pas égoïste pour cela ; que le fait que lui-même n’a pas l’intention de laisser la Baskerville mourir. Rien que d’imaginer lui donnerait des frissons d’effrois. Dire qu’il suffirait de changer une seule lettre sur la tombe d’Anko…
Le contractant lâche l’une des mains de sa camarade, déliant leurs doigts gentiment, avant de poser cette même main sur la joue de la jeune femme qu’il caresse de son pouce. Il amène alors leurs fronts l’un contre l’autre, comme elle-même le fait, souvent. Il lui dit alors :

- Rappelle-toi que tu dois vivre pour ta sœur et pour moi. Au moins.

Pour sa sœur déjà, parce qu’une vie gâchée c’est déjà amplement suffisant, que la rejoindre maintenant n’est pas nécessaire puisqu’après tout, les morts ont le temps d’attendre. Et puis pour lui, parce que même s’il refuse d’y accorder plus de quelques secondes de pensées tant l’idée le dérange, il sait que la disparition de la Baskerville ferait très mal. Comme si, maintenant qu’elle est entrée dans sa vie et y a pris une place importante, l’en faire sortir pourrait emporter un morceau de cette même vie avec. C’est étrange, et le brun n’a pas du tout envie de vérifier si cela pourrait s’avérer vrai.
Bref, il ne veut plus entendre parler de l’hypothétique mort de la jeune femme de sitôt. La joue d’Aiko est froide contre la main de l’homme et lui rappelle une fois de plus qu’elle n’est pratiquement pas couverte. Et affaiblie. Mais ça, ça peut s’arranger. Les maux physiques sont ici plus simples à traiter que les maux mentaux. De toute façon, Finn n’a pas oublié. Il a toujours fermement l’intention de s’assurer qu’Aiko se repose, quitte à ce qu’elle le trouve trop insistant. Rien à faire, il ne lâchera rien cette fois. Enfin avec un peu de chance, elle a déjà dans l’idée de se reposer et ira le faire d’elle-même. Du coup, en redressant la tête, il lui dit d’un ton qui laisse clairement sous-entendre qu’il ne lâchera rien :

- Et en parlant de la dernière fois, tu m’as fait promettre de ne pas te laisser partir à notre prochaine rencontre.

Et il considère qu’aujourd’hui est la « prochaine rencontre » en question. Une façon comme une autre de dire qu’il va la coller encore un moment, même s’il lui a déjà dit un peu plus tôt qu’il restait. Plus ou moins, mais maintenant c’est clair. Elle ne devrait pas avoir à passer ses jours de deuil seule. Même en le souhaitant, ce n’est pas bon. Si sur la balance tout penche du côté de la peine et de la douleur, et que rien ne vient remonter de l’autre côté, c’est plus difficile. Après, pour ce qu’il en sait, elle peut très bien avoir passé les derniers jours avec sa mère ou un ou une ami(e ) proche, il n’en sait rien c’est vrai. Enfin le fait qu’elle n’en ait jamais parlé à personne réduit quand même les possibilités, le plus probable reste donc avec sa mère. Sa famille en général, celle qui reste. Les Baskerville n’ont pas une famille bien nombreuse individuellement en général, la plupart n’en ont carrément pas comme ça c’est réglé. Evidemment, il ne se doute pas de comment est la mère d’Aiko. Ni ne se doute, d’ailleurs, d’une bonne partie des troubles qui peuvent agiter la jeune femme juste sous son nez et dont elle n’a pas parlé. Pour en revenir au sujet, le contractant décide d’ajouter :

- A ce propos tu peux venir chez-moi si tu veux, plus tard.

Le pauvre enfant ne pense pas une seule seconde qu’il ne connait pas le chemin direct entre le cimetière et chez lui. Mais hey, s’il fait un détour par le chemin qu’il connait – à savoir passer devant chez sa mère, puis aller chez lui – la jeune femme n’y verra rien, hein ? Elle ne remarquera pas qu’il a pris un chemin un peu long alors qu’ils n’habitent pas si loin que cela l’un de l’autre pourtant. Au pire, la jolie rousse apprendra la terrible vérité sur la tragique perte de son sens de l’orientation, mort avant l’heure. Passé les cinq premières minutes où il voudra disparaître, il s’en remettra. Et pourquoi chez lui plutôt que chez elle ? Juste parce que la dernière fois ils ont été chez elle. A dire vrai, n’importe où du moment qu’elle se repose lui convient. Le reste n’est que détail. Il ne la laissera seule que lorsqu’elle ira mieux, cette fois. Et, maintenant qu’elle l’a souligné, il y réfléchira à plus de deux quand il s’agira de la laisser filer en mission comme cela a été le cas. A priori, risquer sa vie sans trop y réfléchir semble être un trait familial. Après, c’est aussi une caractéristique générale des Baskerville, c’est vrai. Sauf qu’on ne leur a jamais vraiment laissé le choix, contrairement à ceux qui s’engagent chez Pandora par exemple. Après, on en a pas encore vu se plaindre, c’est que l’Abysse doit bien les choisir.

A force que la jeune femme lui parle de son passé – d’ailleurs, lui ne lui a jamais parlé du sien, mais il y a aussi beaucoup moins à dire et si elle lui posait une question, il y répondrait probablement sans hésiter – le contractant en oublie presque qu’à la base, il s’est quand même incrusté sur un moment où, visiblement, la Baskerville avait prévu de passer du temps seule avec la tombe de sa sœur. Maintenant, pour arrêter toute contradiction avec le fait qu’il pense fermement que rester seule ne soit pas une solution et qu’il n’a certainement pas l’intention de quitter les lieux, il pense aussi qu’il devrait laisser à la jeune femme le moment de calme qu’elle est venue chercher. Du coup, il lui demande doucement :

- Tu veux que je te laisse tranquille un moment ?

Il aurait pu dire seule à la place de tranquille, mais le fait est que même si elle disait oui, au final il ne serait pas bien loin. Il ne propose que de s’écarter pour lui laisser un temps en tête à tête avec sa sœur, puisqu’il a interrompu cela un peu plus tôt. Pendant ce temps, il n’aura qu’à s’occuper de ce qu’il venait faire ici en premier lieu. Par exemple. Enfin, non, pas par exemple, il n’a strictement rien d’autre à faire dans ce cimetière. Ce n’est pas Finn Baskerville que l’on verra se promener entre les tombes à la recherche de calme ou de quelque chose du genre. Des endroits calmes, il y en a pleins qui n’imposent pas la compagnie de cadavres six pieds sous terre. A commencer par une partie de la périphérie de Réveil, ou juste les ruines du domaine Baskerville. Même s’il n’irait pas chercher le calme là-bas non plus, trop de souvenirs. Bref, passons. De toute façon quand il cherche un endroit silencieux, c’est généralement parce qu’il veut se calmer après avoir eu une énième dispute avec ce brave Nana. Pourquoi est-ce que c’est souvent le propriétaire de l’appartement plutôt que le Chain qui finit à la porte – de sa propre volonté, en plus – est un mystère. Passons. En plus l’animal doit dormir comme un bienheureux chez la mère du contractant à l’heure actuelle, ce qui laisse plein de temps et surtout de paix au contractant en question. Tant mieux. Ça fait plus de temps avec Aiko.
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» You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Vide
MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty14th Mars 2013, 12:09

Le cimetière avait ce quelque chose de morbide. Je suppose que la raison n’échappe à personne. Tout bêtement parce qu’il y avait là, six pieds sous terre, des morts enterrés. La mort alourdissait l’atmosphère environnante et se faisait de plus en plus présente à mesure que l’on restait là, les pieds sur cette terre abritant mille et une âmes à jamais tourmentées – et sans nul doute mille et une autre âmes qui furent un jour prisonnière, mais qui s’évadèrent néanmoins à la première occasion s’étant présentée à elles. Tout devenait glauque, tout était raison convenable pour pleurer et chaque geste esquissé nous amenait à se remémorer certains souvenirs nous plongeant dans un tourbillon de nostalgie dont il était, la plupart du temps, bien difficile d’enfin sortir. Mais on y parvenait. Avec un minimum de volonté ainsi que de savoir-vivre, on comprend bien vite que nous sommes les seuls maîtres à bord et qu’il nous suffit d’ouvrir simplement les yeux pour pouvoir s’évader. Mais ouvrir les yeux est parfois une tâche ingrate. L’Homme demeure infiniment faible, après tout.
Même si nous sommes dans un cimetière que par obligation, pour les funérailles d’une vieille tante dont nous n’avons jamais entendu parler ou simplement pour accompagner je ne sais qui, nous demeurons respectueux. Envers qui ? Les morts ? Pas vraiment. Il y a cette forme d’autorité qui réussit à rétablir l’ordre même chez les plus âgés. Et c’est cette même force qui nous pousse à baisser le ton, à baisser les yeux aussi et à s’agenouiller près des tombes pour les effleurer – pour les plus impliqués émotionnellement tout du moins. Aussitôt le portail franchi que les souvenirs déferlent sur les esprits, le prennent d’assaut et l’embrouillent de je ne sais quelle façon. Aiko n’échappait pas à ce qui caractérisait chaque être vivant ; Aiko se pliait à cette imposante force ; être dans ce cimetière la mettait dans un était mental effrayant et dans un était physique pathétique, d’autant plus qu’elle faisait partie de ces impliqués émotionnellement dont nous venons de parler. Mais être dans ce cimetière lui garantissait néanmoins de demeurer concentrée sur les faits passés, la mort, la tristesse, la nostalgie ainsi que la colère. Et il semblerait bien là que c’était ce qu’elle recherchait. Ne pas aller bien. Se traîner aux bords de la rupture et rester en équilibre sur un pied, l’autre suspendu dans le vide, au-dessus du chaos, du néant et cela pour prendre d’avantage et réellement conscience du danger, de l’odeur pestilentielle de la mort. Elle était celle qui voulait être coupable. Elle ne s’était jusque là pas autorisée le bonheur et, plus en encore, elle en avait brisé des cœurs avec son physique, ses mains d’avantage, sa sensualité et sa volupté. Alors voilà, elle gâchait sa vie et celle des autres au passage ; comme pour défier la vie et la mort – de parfaits opposées qui s’entendent et se complètent comme jamais deux êtres vivants n’arriveront à le faire – et lui souligner l’erreur commise lorsque sa sœur, la faucheuse pourpre, se fit fauché son âme. C’était dans cet état d’esprit qu’elle cherchait à être en venant, non pas se recueillir mais se punir, dans ce cimetière où son père et sa sœur étaient enterrés et rongés par la mort ainsi que je ne sais quelles bestioles pour redevenir terre. Finn ne comprendrait peut-être pas la sainteté et chasteté de pareil endroit ainsi que tout ce qui peut se faire ressentir comme douleur s’il n’avait jamais connu la mort d’un proche. Aiko ne savait pas si la mort était venue frapper à la porte de sa famille après tout. C’est vrai, elle ne l’avait jamais questionné à propos de son passé. Peut-être devrait-elle y remédier. Enfin, si tel n’état pas le cas, s’il n’avait pas connue la mort d’un proche, il ne pourrait certainement pas comprendre la demoiselle. Et pour la première fois, elle espérait tout au fond d’elle, silencieusement et secrètement que Finn n’aurait jamais à comprendre cela ; qu’il n’aurait jamais à ressentir tout ce qu’elle ressentit un jour et qu’elle ressent toujours.
La mort. Cette vile créature avec laquelle mieux valait garder ses distances car elle répond toujours aux provocations – on aura beau dire, on s’affaiblit bien plus que l’on se renforce une fois qu’elle a été répandue dans notre entourage. Même en l’évitant, elle viendra vous chercher et viendra aussi faire pleurer des larmes de sang à vos proches. Mais mieux valait encore continuer à l’éviter si vous ne désirez pas précipiter votre chute et la déchéance d’autrui. Pas comme ces fous de Baskerville qui ne cessent de tenter la faucheuse ultime. Finn et Aiko faisaient partie de ces fous. Ils en paieraient peut-être un jour le prix. Avec un peu de chance, ils succomberaient suite à une mort naturelle. Allez savoir. Avec un peu plus de chance, ce seraient ensemble qu’ils mourraient. Mais là n’est pas le sujet. Parlons désormais d’Aiko, ses pensées les plus intimes alors que Finn prenait soin d’elle. À jamais, elle lui en serait reconnaissante. Mais elle ne s’en rendait pas encore tout à fait compte et, de toute façon, Aiko étant Aiko, fidèle à elle-même, si l’idée de brutalement couper les ponts avec Finn venait à lui traverser l’esprit – le pourquoi du comment, je l’ignore ; ça demeure tout de même une probabilité extrêmement faible – pas même la reconnaissance éternelle ne pourrait l’empêcher de n’en faire qu’à sa tête. Cela étant, ça ne risquait pas d’arriver. Elle tenait à Finn bien plus qu’il ne se l’imaginait sans doute ou qu’elle-même le pensait. Il est depuis longtemps déjà convenu que leur relation dépasse nettement le stade physique pour se prolonger d’avantage sur le corridor sentimental. Et si ce n’était pas réciproque ? Autant ne rien lui dire. Et tant à faire, autant ne même pas se l’avouer à elle-même. Cela étant, si elle cherchait à se repentir, elle chercherait naturellement de la douleur, de la souffrance. Mais plus depuis le premier baiser échangé avec Finn. Tout avait changé. Comment, pourquoi, tout cela, elle l’ignorait. Elle savait simplement que c’était un changement et que les changements, ce n’est pas trop mal. D’autant plus que c’était un bon changement. En somme, vraiment pas de quoi se plaindre. Finn avait amené un plus dans sa vie. Finn avait aussi retiré quelques petites choses. Ça n’avoisinait toujours pas la vie parfaite, mais ce n’était de toute façon pas ce qu’elle recherchait.
Elle n’allait pas continuer de ruminer dans son petit coin. Juste hors de question. Elle n’avait pas forcé la main à Finn pour qu’il reste avec elle. Elle ne l’avait pas non plus repoussé d’ailleurs. Mais à aucun moment elle ne prit l’initiative d’aller mieux. Elle ne l’avait tout du moins pas sérieusement envisagé. Mais finalement, si aller mieux aiderait le brun – son brun – alors elle le ferait. D’autant plus que son sourire était le plus communicatif qu’elle n’ait jusque là connu. Elle ferait cela pour ses yeux, bien sûr. Pour son rire. Pour son magnifique et somptueux éclat de rire. Juste pour lui, en fin de compte.
Le cimetière. Cet endroit morbide envers lequel la jeune femme ressentait maintenant une certaine gratitude. Elle ne le voyait plus réellement comme elle le voyait il y a de cela quelques minutes à peine. Ce n’était qu’un endroit. Si telle personne le respectait ou pas, ce n’était pas parce que c’était un cimetière mais parce que c’était juste comme ça, qu’elle réfléchissait ainsi. Voilà. Comment avait-elle su cela ? C’est simple pourtant. Finn était là. Et malgré la tristesse qui la submergeait encore, elle souriait. Pour pouvoir espérer voir ce même sourire se refléter sur les lèvres de son compagnon. Qu’importe que sa sœur puisse lui en vouloir – ce n’était techniquement pas possible vu que même si certains disent que les morts gardent un œil attentif sur nous, cela n’empêche que tous sont d’accord sur le fait qu’ils ne ressentent plus rien une fois décédés. N’importait plus que le brun. N’importait plus que son adorable brun. N’importait plus que ce brun qui réussissait à lui soutirer des sourires alors que chacun de ses muscles la faisaient souffrir. N’importait plus que ce vivant. N’importait plus que le monde des vivants. N’importait plus que lui et elle. N’importait plus que les sentiments. Douloureux ou agréables, tant que c’était avec lui qu’elle les partageait, ça ne pourrait que bien aller.

En fait, l’Homme est compliqué. Le contexte avec lequel il fonctionne est compliqué. Le concept à partir duquel il fut crée est compliqué. Sa vie est compliquée. Et, apparemment, même sa mort en devenait compliquée. Pas spécialement pour lui, mais pour d’autres, forcément. Il ne suffit malheureusement plus de vouloir pour pouvoir ; cette époque d’innocence de jeunesse où tous sont parfaitement candides est révolue à partir du moment où un évènement surgit pour nous montrer que la vie n’a rien du long fleuve dont nous a peut-être parlé maman. Il ne suffit donc plus de vouloir aller bien pour que ce soit le cas. Il faut faire plus que le vouloir ; agir de façon à ce que cela se réalise. Mais comment ? Parfois, nous allons tellement mal que nulle pensée lucide ne nous traverse l’esprit. Alors penser à aller mieux ? On s’en fiche pas mal. On dit juste qu’on ne va pas bien. Et, pour le coup, on en oublie que cela peut changer. Pour nous, la couleur est annoncée, les dés jetés. Il ne reste alors plus qu’à attendre calmement la déchéance. La fatalité. C’est, en partie, ce que l’on nomme aujourd’hui comme étant une dépression. Mais bizarrement, ce mot rend la situation encore plus glauque, plus difficile. Dire qu’on ne va simplement pas bien serait plus judicieux. Voyez-vous, notre jeune demoiselle n’utilisait pas ce mot. Et, pour cause, elle n’était pas dépressive. Certes, habituellement, elle n’allait que rarement bien. Mais maintenant, en compagnie de Finn, elle souriait, riait ; vivait. Alors dire qu’elle continuait d’aller mal serait l’insulter, lui manquer de respect à lui et à ses capacités quant à la rendre heureuse ; elle n’oserait pas, voyons. C’est vrai qu’elle ne savait toujours pas ce qu’elle ressentait vraiment pour lui, mais elle savait que dans ce fouillis, il y avait du respect. Un respect profond. Parce qu’il avait compris. Parce qu’il avait été le seul à comprendre. Voyez-vous, s’il y avait eu quelqu’un avant lui qui avait compris, Finn n’aurait peut-être pas eu cette place dans le cœur de la rousse. Maintenant, il ne restait plus qu’une étape ; qu’il comprenne lui-même qu’il a compris. Après tout, comprendre quoi ? Aiko voudrait bien le lui dire. Elle voudrait bien tenter de l’éclairer. Elle qui était dans quasiment la même position que lui savait que la moindre flammèche qui pourrait éclairer le sinueux corridor qu’était leur relation était la bienvenue. Certes, les mots attendus, les mots que chacun espérait un jour entendre de la bouche de l’autre ne seraient pas prononcés de sitôt, mais ça pouvait au moins les avancer à quelque chose. Un pas de plus en vaut mieux qu’un en arrière. Après tout, il est évidant que dans la vie – et dans les relations du coup, ça va de soi – si on n’avance pas, on recule. Pas de point mort. Pas droit à l’erreur. Au risque de tomber. De se faire mal.
Finn l’avait compris. Finn avait, comme les autres, vu cette femme à l’aura sévère et au visage de marbre, au regard vitreux. Mais Finn avait aussi noté que ce n’était qu’un masque – comment diable a-t-il trouvé un défaut à un masque que la jeune femme avait façonné pendant voilà déjà des années ? – et il avait réussit à tenir tête à ladite aura, à faire fissurer le marbre du visage et à déceler de l’amertume mais surtout cette once terne dans un regard qui aurait dû être éclatât ; à dix-huit ans, nous ne sommes pas censées porter des armes pour se battre mais plutôt chercher l’amour ou que je sais-je encore. Mais les Baskerville ne connaissaient pas l’amour. Seulement l’amour porté aux armes et à Glen-sama. Finn avait compris tout cela. Il l’avait approchée. Elle s’était méfiée. Il avait persisté, téméraire comme il était. Elle lui avait laissé une petite place dans son cœur. Elle l’y a abrité. Elle l’y a gardé. Et, aujourd’hui, elle voulait l’enfermer pour que jamais il ne puisse s’en échapper – juste s’en aller, juste l’abandonner. Finn avait plus qu’une place qu’aurait eue un ami désormais. En même temps, c’était logique car Aiko s’était logée dans son propre cœur ; elle lui avait laissé sa place ce qui faisait au brun deux places, en quelque sorte. Métaphoriquement parlant, bien entendu. Mais dans tout cela, qu’avait-il comprit exactement ? Mystère. Ce serait trop facile de le dire maintenant. Peut-être plus tard. Oui, voilà, plus tard.

Chaque mot qui découlait de la bouche de son brun lui était d’un réconfort dont il ne devait certainement même pas s’en douter. Elle avait réellement envie de lui dire d’arrêter de parler de tout ça, de s’en aller là, tout de suite. De tout lâcher. Mais cette idée ne demeura dans l’esprit trouble d’Aiko qu’une fraction de secondes. Après quoi, elle se dit qu’elle était réellement stupide. Partir et laisser sa sœur ? Partir et abandonner sa mère ? Partir et déshonorer l’image qu’on avait d’elle ainsi que du brun ? Et je ne parle même pas des racontars qui s’en suivront et dont elle n’avait que faire de toute façon. Mais bon sang comment ? Par quel moyen ? Avec quelle force ? Et où diable iraient-ils ? Comment vivraient-ils ? Pourquoi avait-elle seulement pensé à cela ? Mais c’était de sa faute. La faute de Finn. Il lui donnait envie d’oublier. Il lui donnait envie de sourire. De cesser de pleurer, de cesser de geindre. Il lui offrait sur un plateau d’or la force qu’il lui manquait pour définitivement se relever et non pas demeurer accroupi au risque d’être tentée d’ordonner aux muscles la maintenant de tout lâcher pour qu’elle puisse tomber – plus proche nous sommes de la terre, plus nous risquons de céder, nous, vils créatures humaines. Ce n’était pas possible. Et ça ne lui ressemblait pas d’avoir pareilles pensées. Même s’il faut avouer que ces-derniers temps, la jeune rousse ne se reconnaissait plus tellement ; elle était en pleine période de changement et il semblerait qu’elle n’arrive pas réellement à tenir le coup, à suivre le rythme. Mais ça irait bien. Tour irait bien. Aussi pessimiste qu’elle puisse l’être, elle ne cessait de se le répéter, chaque matin, chaque soir, les yeux rivés dans les siens, face à se glace. Tout finirait par s’arranger. Ce vide qu’elle sentait en elle se comblerait. Cette pression qui l’oppressait, qui la faisait faiblit et tanguer s’évaporerait avec le temps. Et, croyez-moi, si pareilles pensées n’étaient pas siennes, elle ne tiendrait définitivement pas le coup. Mais elle oubliait quelque chose d’essentielle. Elle oubliait la présence de quelqu’un d’exceptionnel.
Finn.
Finn aurait été là pour elle. Même si elle avait baissé les bras, même si elle s’était, malencontreusement, laissée entièrement submergée par la peur et la tristesse. Il aurait peut-être simplement eu plus à faire. Mais lui-même ne l’aurait pas reconnue. Pour qu’on puisse changer sans choquer ceux qui sont censés bien nous connaître, il suffit qu’eux aussi changement en parallèle. Si Finn ne changeait pas en ce moment même, il ne reconnaitrait pas Aiko. Tout ne demeurait que suppositions, bien entendu. Cela étant, elle avait la certitude qu’elle l’aurait d’avantage amené à éprouver de la pitié envers elle qu’autre chose si elle venait à pleurer comme une gamine, à demeurer inconsolable. On ne tente pas de consoler une inconnue. Et cet état que je vous décris ne fait pas partie de la personnalité d’Aiko. Ça faisait plus de trois ans. Plus de cent ans, logiquement. Elle devait arrêter. Ça ne menait à rien. Ça ne mènerait jamais à rien. Alors quoi, hein ? Devait-elle continuer à s’apitoyer sur son sort ? Devait-elle agir comme ce maudit Nightray qui était assez lâche – et fin stratège, avouons-le tout de même – pour ne même pas pouvoir garder un seul camp ? Je ne sais même pas pourquoi je parle de lui, pourquoi la jeune femme pense à lui. Mais elle avait comme qui dirait donné l’impression qu’il était du genre à éviter les obstacles lorsqu’il le pouvait. Alors qu’elle les surmontait. Alors qu’elle se battait. Alors qu’elle souffrait, lui se contentait de fuir, d’esquiver. Et ça lui réussissait plutôt bien vu qu’il avait aujourd’hui réussi à embobiner aussi bien Pandora que les Baskerville. Quoi qu’il en soit, il était vrai qu’être l’adolescente de quinze qu’elle fut le jour de al mort de sa jumelle avait quelque chose d’apaisant – d’irritant aussi au fond et de complètement décevant et pitoyable – et c’était tellement facile. Tellement facile d’abandonner. Mais elle ne le faisait pas. Il n’y avait qu’à Finn qu’elle pouvait se raccrocher. Et il ne la rattraperait pas s’il ignorait qui elle était. Alors elle n’abandonnerait pas, ne changerait pas radicalement. Aiko désirait demeurer Aiko.
Il reste. Il allait rester. Elle le savait déjà, mais le fait qu’il le dise expressivement la fit sourire. Elle n’avait pas changé du tout au tout. Elle avait changé juste assez pour qu’il continue de savoir qui elle était, pour qu’il continue de la reconnaître. À ce moment, muée par l’émotion peut-être, elle se nicha dans ses bras en se recroquevillant sur elle-même, un sourire sincère accroché sur ses lèvres bleutées par le froid. Il allait rester. Finn reste. Alors tout ne pouvait qu’aller bien. Pourquoi ? Parce que... Parce que c’était Finn, quelle question !

Elle n’était pas ouverte à un quelconque débat sur le sujet de son implicite implication dans la mort d’Anko. En discuter, oui. Lancer quelques brefs arguments, pourquoi pas. Mais pas question de transformer cela en débat politique non plus. Finn savait qu’elle n’allait pas changer d’avis – qu’elle ne voulait de toute façon même pas ne serait-ce que penser à le changer, ce maudit avis – et elle-même savait parfaitement qu’il en était conscient. Ça ne rimait peut-être à rien d’en parler mais lorsque deux têtus se rencontrent, le plus téméraire l’emporte. Déjà qu’en temps normal, Aiko n’était pas si têtue que cela – la preuve, elle avait laissé Finn la soigner l’autre fois – mais alors là aujourd’hui, même pas la peine de tenter de lutter. Alors, bien sûr, elle changerait bien vite de sujet, histoire d’éviter à avoir à en parler. Ou du moins, c’est ce qu’elle pensait faire. Lui lancer une deux phrases et passer à autre chose. Mais au moment même où elle s’apprêta à s’emmurer de nouveau dans un silence embêtant pour les deux, une idée lui traversa l’esprit. Pour que Finn se figure mieux la situation, ne lui fallait-il donc pas d’exemple ? Ça tombait bien, elle en avait un excellent justement un sous la main. Exemple dont elle lui fit part après une seconde d’hésitation mêlée à une certaine réflexion. Après tout, ferait-elle mieux de se taire ? C’est vrai que lui en parler l’amènerait peut-être à imaginer le pire. Et elle ne pas le mettre dans un état pareil. Elle ne désirait pas le troubler, l’amener à penser à des éventualités qui, de toute façon, ne changeront rien aux faits. Elle ne voulait pas l’embêter avec cela. Mais pourtant, elle parla. Allez savoir ce qui lui traversa vraiment l’esprit à ce moment là, mais une fois lancée, l’hésitation avait disparue de sa voix.
Il répondit après un moment. Un moment pendant lequel elle se maudit de l’avoir ouvert. Pour une fois. Lorsqu’il parla enfin, donc, elle se contenta de légèrement pencher la tête sur le coté, un sourire accroché aux lèvres. Elle avait donc marqué un point ? Ouep, elle le savait déjà ça. Elle n’en tirait néanmoins pas une satisfaction particulière. D’autant plus qu’elle savait pertinemment qu’il allait trouver quoi rétorquer. Ça va, elle n’avait au moins pas oublié qui elle avait en face d’elle. C’était déjà ça, non ?
Une réplique qui tomba plus rapidement que ce à quoi s’était attendue Aiko. Tiens, réfléchirait-il plus vite qu’à l’accoutumée ? Peut-être avait-il tellement froid qu’il voulait accélérer les choses pour s’en aller ? Mais à quoi est-ce qu’elle pensait là ? Elle devait délirer. Certainement, oui. Le ton était ferme. Tellement ferme qu’elle en fut, un bref instant, étonnée. Elle acquiesça silencieusement, n’osant plus réellement répliquer. Elle savait que les arguments de Finn étaient nettement plus valables et recevables que les siens en temps normal. Mais elle savait aussi qu’il ne pouvait pas se figurer la situation. Tout comme elle savait que son but n’était pas de lui faire changer d’avis – pour cause, elle demeurait certaine qu’elle y était pour quelque chose. Elle ne dit alors rien, se contentant de le regarder, se demandant à quoi tout cela rimait, où est-ce qu’ils allaient bien pouvoir aller, ainsi.
Doucement, Finn sépara l’une des mains d’Aiko des siennes. Elle ne rechigna pas, le laissant entièrement faire, son regard ayant depuis peu complètement dérivé sur le coté et étant devenu aussi terne qu’il le fut au début de cette rencontre. Froid. Elle avait froid. Le manteau négligemment posé sur ses épaules n’était pas même serré contre elle et elle se maudit de porter pareille tenue. De la chaleur. D’où provenait-elle ? Un moment de réflexion. Son cerveau fonctionnait au ralenti, semblerait-il. Ah. Sa joue. Finn. Le lien fut bien vite établi tandis qu’il commençait à la caresser doucement à l’aide de son pouce. Elle leva alors sa main libre vers son propre visage et la déposa sur celle de l’homme, sans pour autant l’empêcher de faire quoi que ce soit. Sa main était vraiment gelée. Tant pis. Il amena leurs deux fronts à se coller et elle se contenta d’attendre. Parce qu’il allait certainement parler.

C’était mignon, ce qu’il venait de dire là. Elle ne doutait pas le moins du monde de la sincérité placée en chaque mot. Elle ne doutait pas non plus du fait qu’il se souciait véritablement d’elle. Et, vraiment, elle aurait bien aimé lui dire de ne pas s’inquiéter. Mais pourquoi lui mentir ? Pourquoi encore lui mentir plutôt ? Ça ne servirait à rien si ce n’est à avoir honte quelques fractions de secondes plus tard. Alors elle ne le ferait pas. Plus de bêtise de si tôt, elle n’en avait nulle envie de toute façon. Elle fit doucement glisser ses doigts sur la main de l’homme avant de les déposer au niveau de son cou, faisant venir et aller ses ongles dessus. Tout avait indéniablement le goût de la tristesse. Même les gestes les plus faciles à esquisser devenaient complexes. Et Aiko se sentait coupable de cela. Elle ne voulait pas en faire part au brun. Sait-on jamais, il pourrait parfaitement la contredire ou que sais-je encore, et ils se retrouveront encore sur une sorte de débat. Enfin, bon, cela n’étant pas important, elle décida de reconsidérer un peu plus sérieusement les deniers mots qu’il venait de prononcer.
Pour sa sœur. Comme si elle ne le faisait pas déjà. Comme si elle ne vivait pas déjà pour elle. Comme si elle ne se battait pas déjà pour elle. Comme si...
Elle prit une grande inspiration avant de laisser tomber son front contre l’épaule du brun, les yeux clos. Et pour Finn ? Pourquoi lui avait-il dit cela ? Comme si elle n’était pas déjà assez déstabilisée comme cela. Il fallait maintenant que la nature encore inconnue de leur relation vienne faire des siennes. Pourquoi vivrait-elle pour lui, après tout ? Que lui devait-elle ? Beaucoup de choses, en fait. Beaucoup trop de choses pour continuer à les ignorer, à feindre, tout du moins, l’ignorance. Elle n’avait plus droit à cela. Elle n’avait plus non plus le droit d’ainsi douter, d’hésiter. Ça suffisait. Vraiment.
Elle se redressa et planta son regard dans le sien. Son ton, sans être dur, n’en demeurait pas moins ferme que celui qu’il utilisa lui-même. Au son de sa voix, on voyait bien qu’elle commençait à mieux aller. Merci qui ? Merci Finny.

« Pas pour Anko. J’ai vécu pour elle trop longtemps... Et je suis devenue une femme froide, distante, méfiante. Je ne me reconnaissais pas. Alors je vais voir comment ça va finir avec toi. C’est pour toi que je veux vivre. Et c’est pour toi que je vivrai, Finn. »

Elle s’approcha doucement de son visage en laissant ses lèvres se plaquer délicatement contre sa joue avant de lui décocher un petit sourire gêné. Et puis, elle leva les yeux au ciel, les plissant au passage, profitant de sa main libre pour serrer le manteau contre son corps. De nouveau, Finn parla. Cette fois-ci, elle comprit que mieux valait ne pas lui tenir tête, car ce serait étonnamment inutile. Elle sourit faiblement, désormais amusée. Il était décidément vraiment mignon. Mais. Pourquoi avait-elle pu lui faire dire pareille chose, sérieusement ? C’est qu’elle pouvait être drôlement bête la petite, parfois. Enfin, de toute façon, si cela voulait dire qu’ils allaient rester encore ensemble, ça l’arrangeait hein. Alors pas de quoi se plaindre. Pas pour le moment. Tant que Finn n’essaye pas de lui faire avaler quelque chose ou de la mettre au lit comme une gosse, ça irait. S’il venait à commettre cette erreur, elle se laisserait nettement moins faire. Non mais. Question de fierté.
En fait non.
Ce n’était pas tant une question de fierté qu’une vulgaire justification. Si elle se faisait coucher par lui, ça voudrait dire qu’elle passerait moins de temps avec lui – aussitôt sa tête posée sur l’oreille, elle savait qu’elle s’endormirait pour de longues heures. Et même si elle réussissait à le convaincre de rester avec elle jusqu’à ce qu’elle s’endorme – pas bien longtemps, en somme – cela ne changerait rien au fait qu’elle ne resterait certainement pas aussi longtemps qu’elle le voudrait avec lui. Elle se reposerait plus tard. Plus tard, oui. Ou du moins, jusqu’à ce que al fatigue la rattrape brutalement. Ce sera peut-être dur de s’en remettre, mais elle n’allait pas s’accorder tant de repos que cela. Deux trois jours et elle retournerait au manoir. Ça faisait trop longtemps. Cela aussi, elle n’en ferait certainement pas part au brun. C’est qu’il risquerait de ne pas du tout être d’accord. Tant pis pour lui, na.
D’ailleurs, dans tout cela, nous n’avons même pas cité la réaction de la demoiselle si ce n’est le sourire qu’elle lui avait lancé. Effectivement, suite à quoi, elle lui tira la langue d’un air abusivement gamin, son regard retrouvant, un instant, l’éclat perdu. D’autant plus que bon, elle ne voulait pas le lui faire remarquer, d’accord, mais la prochaine fois n’était pas censée être pour aujourd’hui. Enfin, tout comme l’histoire de partir en mission ne datait pas de la dernière fois, mais simplement de l’autre fois. M’enfin bon, des formalités. Rien d’autre que des formalités.
Allez, hop, une invitation. C’est noté. Elle a encore son adressée marquée dans son esprit et, pour être déjà passée par ces ruelles, elle connaissait son bâtiment. Mais bon, comment aurait-elle pu se douter qu’il faudrait peut-être qu’elle se serve de son propre sens de l’orientation pour trouver où il habitait ? Eh oui, elle pensait encore que le Finny était irréprochable pour trouver le chemin menant à son chez-lui. Pauvre enfant naïve qu’elle faisait là.

« Beh, j’allais venir sans que tu ne m’invites, tu sais ? »

Menteuse.
Comme si tu allais prendre le risque de t’improviser squatteuse et d’aller passer quelques heures dans un appartement n’étant pas tien.
Comme si elle allait prendre le risque de déranger Finn. Comme si elle en était capable. Comme si ça ne l’aurait pas gêné. Comme si elle n’aurait pas été affreusement mal à l’aise. Déjà qu’à la base, elle ne pensait qu’à rester là, près de la tombe, Finn à ses cotés ; elle n’avait pas même pensé au moment où elle devrait s’en aller. Il était encore trop tôt en fait. En même temps, le choix fut vite fait. Entre un froid transcendant, un mal-être grandissant, en ignorant les maux de têtes ainsi que les nausées les prenant et sans oublier les quelques délires dont son moi intérieur riait intérieurement et un appartement bien chaud, bien confortable, difficile de choisir, c’est vrai. Vraiment. Bon, trêve d’ironie désormais.
La laisser tranquille un moment. Hum ? Il lui fallut un moment pour comprendre, pour qu’elle puisse remonter jusqu’à l’arrivée du moment et pour qu’elle puisse se remémorer l’instant qu’il avait choisi pour l’aborder. Ah oui. Elle était vraiment en piteux état à cet instant-là – pas que ce soit vraiment mieux en ce moment. Elle sembla réfléchir un instant, lui lâchant doucement la main qu’elle lui tenait encore pour pivoter s’accroupir, les genoux serrés, le regard rivé sur la pierre tombale. Pourquoi regardait-elle cela, sérieusement ? Sa sœur avait depuis longtemps été désintégrée. Elle tendit la main derrière elle et la bougea jusqu’à trouver la main de Finn qu’elle agrippa fermement. Pour qu’il ne parte pas. Doucement, elle chuchota alors quelques mots. Mais pour qui ? Anko. Pourtant, elle voulait que le brun l’écoute. Parce qu’elle ne trouverait certainement jamais le courage de lui dire cela en face.

« J’irai mieux. Je veux aller mieux. Désolée, Anko... Si je dois faire un choix, ce sera ma vie. Car il semblerait qu’elle soit liée à une autre, aujourd’hui. »

Elle se tut, se releva, ferma les yeux et respira profondément. Elle reviendrait. Dans un an. Pas avant. Et elle ne reviendrait sans doute que pour un jour, pour une poignée de minutes. Parce que cela ne menait à rien d’en faire un peu plus. Parce que son comportement fut jusque là des plus stupides. Parce qu’il était maintenant temps de prendre sa vie en main. Et fermement. Alors c’est ce qu’elle allait faire. Et la première étape serait de cesser d’être si intimement liée à son passé. Pour son bien. Et non, penser à soi une fois de temps en temps ne relève pas de l’égoïsme. Oh et puis, égoïste, elle l’était parfois, alors une fois de plus ou de moins.
Elle se tourna alors vers Finn et alla l’embrasser tendrement sans réellement approfondir le baiser. Elle voulait aussi qu’il l’entende pour qu’il comprenne qu’elle l’avait définitivement invité à rejoindre sa vie. Elle lui avait ouvert les portes de son passé et avait soigneusement refermé derrière eux, de façon à ce que ce sujet soit clos. Et maintenant, mieux valait parler d’autre chose. Même si, maintenant qu’elle y pensait, il y avait encore quelques détails de l’histoire qui échappaient à Finn. Oh, elle remplirait les vides un peu plus tard. Sur le chemin. Ou une fois arrivés à l’appartement. Elle verrait.
Elle serra doucement sa main dans la sienne avant d’aller se coller à lui dans l’espoir de recevoir une étreinte qui la réchaufferait un minimum. Même si bon, au fond, elle voulait surtout être dans les bras forts et réconfortants de l’homme. Le voir suffisait à ce qu’elle se sente mieux. Le voir suffisait à ce qu’elle ait un peu plus chaud aussi d’ailleurs. M’enfin, cela, elle ne le lui dirait certainement jamais. Non mais.
Lorsqu’elle se redressa, elle se mit sur la pointe des pieds et alla lui murmurer d’une voix douce et suave :

« Et toi, qu’est-ce que tu fais ici, Finn ? »
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Finn Baskerville

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MessageSujet: Re: » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied.   » You want me to tell you that I'm fine? I'm fine. You want the truth? I lied. Empty17th Mars 2013, 07:26

A voir Aiko ainsi, il serait presque aisé d’oublier tout ce qui concerne ses liens avec les Baskerville. Les combats, les mensonges, les meurtres, tout ce qui rend ses mains tâchées par le sang d’autrui. Sans user du mot normal parce qu’il n’y a pas grand-chose qui soit normal dans le monde, elle semble juste être une femme comme les autres, face à la mort d’autrui. Preuve que même les Baskerville ne sont pas immunisé à cela. Bien sûr l’homme est loin de penser à tout ce qui est lié à leurs activités pour le clan à chaque fois qu’il pose les yeux sur elle. Il ne voit pas la meurtrière, ni même la combattante bien qu’il en ait conscience. Il voit juste Aiko. C’est tellement facile d’oublier ainsi tout le reste. Alors même qu’ils sont pourtant tous les deux enchaînés aux mêmes conditions, au même mur. Paradoxalement, c’est peut-être le fait de savoir qu’il n’y a rien à cacher là-dessus qui permet justement de si facilement oublier. A part quand les missions se rappellent à eux, c’est avec la jeune femme qu’il pense le moins au clan. Et dans la condition où elle est actuellement, c’est encore plus simple. Tout ce qu’il souhaite dans l’instant, c’est qu’elle aille mieux. Ce qui ne sera pas immédiat, car on ne passe pas de l’état où elle se trouve à la grande forme en un claquement de doigts. Cependant si le moral remonte, il y a de fortes chances que le physique finisse par suivre derrière. Avec un petit coup de pouce pour contrer l’entêtement d’Aiko, parce que Finn doute qu’elle veuille bien aller sagement dormir. Oui, se poser des questions est inutile, le contractant a pour but clair et évident de faire en sorte qu’elle aille dormir. Qu’elle le veuille ou non, d’ailleurs. Elle pourra toujours se venger quand elle ira mieux, mais pour l’heure elle ne tiendra probablement pas debout bien longtemps encore. C’est vrai que l’homme pourrait se contenter de la raccompagner chez elle, de s’assurer qu’elle s’endorme dans son lit puis quitter son appartement une fois cela fait. Sauf qu’il est un peu plus égoïste que cela, et qu’à son réveil il aimerait bien être présent. Pour ça, son appartement est mieux. Même si, encore une fois, au fond l’un ou l’autre n’a pas d’importance du moment qu’elle y va. Au pire, il pourrait toujours venir se représenter à sa porte le lendemain ou en fin de journée. Pour l’heure cependant, la jolie rousse n’est peut-être pas encore tout à fait prête à quitter les lieux. Lui n’a de toute façon pas témoigné à un seul moment de l’envie de presser les choses. De manière générale, il est rarement pressé quand elle est là, de toute manière. A part peut-être dans certains cas incluant notamment le fait qu’ils soient tous deux beaucoup moins vêtus, mais c’est autre chose et l’empressement a tendance à être alors partagé.

Elle glisse ses mains sur son cou et il lui sourit en retour. Ses propres mains glissent jusqu’à la taille de la jeune femme. Ce n’est pas en restant ici qu’elle se réchauffera, combien même ils resteraient collés l’un contre l’autre, comme ils le sont déjà plus ou moins. Les lèvres bleues qu’elle arbore l’inquiètent un peu pour tout dire. Un peu beaucoup, d’accord. Déjà qu’il ne l’a encore jamais vue porter quoi que ce soit qui ressemble à un pull. Ou à une jupe longue ou de manière plus générale, quelque chose de chaud. Pour quelqu’un de frileux, voir cela est effrayant. Bien sûr, il n’en dira rien. Elle est assez grande pour se gérer toute seule. Et puis, quand elle s’exprime l’instant d’après, le ton de sa voix le rassure un peu :

- Pas pour Anko. J’ai vécu pour elle trop longtemps... Et je suis devenue une femme froide, distante, méfiante. Je ne me reconnaissais pas. Alors je vais voir comment ça va finir avec toi. C’est pour toi que je veux vivre. Et c’est pour toi que je vivrai, Finn.

En voilà des responsabilités. Il aurait dû lui dire qu’elle vive d’abord et avant tout pour elle. Et qu’en vivant pour elle, elle vive pour lui par la même occasion. Mais au fond c’est un peu pareil. Elle semble avoir pris une décision, peut-être être juste plus heureuse, qui sait ? Ou du moins essayer petit à petit. Sa sœur n’est pas morte il y a si longtemps. Certes, cent ans. Cent trois ans. Mais dont un siècle a été passé dans l’Abysse. Finn, lui, ne l’a pas vu passer. Le temps y est tellement détraqué de toute façon. Est-ce qu’Aiko l’a senti s’écouler ? Bonne question. Un jour il le lui demandera. Cependant pas aujourd’hui, elle s’est déjà suffisamment remise en tête d’évènements douloureux. Cela fait donc plutôt trois ans qu’Anko a disparu. Mais si Aiko se sent prête à reprendre, ce n’est pas l’homme qui l’en empêchera. Chacun fait face à la douleur à son rythme, certains sont plus rapides que d’autres, voilà tout. Et il n’empêche que les mots de la jeune femme lui font plaisir. Mis à part le « ça va finir » parce qu’il n’a pour le moment pas spécialement envie que cela finisse, mais il ne va pas se montrer pointilleux avec les mots. Il espère juste qu’ils font, l’un comme l’autre, le bon choix. Et ça, il n’y a qu’à attendre pour le savoir. Lui aussi doit maintenant un peu mieux veiller à sa survie car il n’est plus le seul à compter dessus. Aiko dit des choses très mignonnes, mine de rien. Dommage que ce ne soit pas le moment de la taquiner avec cela. Au lieu de ça, il l’amène un peu plus contre lui puis lui embrasse le front en lui glissant un remerciement au passage. Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire. Il sera là, il verra et il lui tendra la main quand elle en aura besoin. Et vice-versa. Au point où ils en sont, il faudrait quelque chose de gros pour forcer une marche arrière.

Le contractant lui offre ensuite ce dont il était question au début. A savoir, qu’elle se rende chez lui. Une invitation, quoi. Même pas dissimulée. Et puis elle lui tire la langue et il fait mine d’être vexé, en exagérant son expression pour que cela se voit. La Aiko habituelle se cache bien quelque part sous la fatigue et la lassitude, c’est rassurant. Enfin, habituelle alors qu’elle se qualifiait elle-même il y a quelques instants de « froide, distante, méfiante ». C’est vrai qu’en l’observant de loin quand elle est seule, on pourrait en avoir l’impression. Ou même en lui parlant la première fois. Pourtant, le brun ne la trouve pas si peu chaleureuse. Bon certes dernièrement n’est pas à prendre en compte car c’est autre chose, mais avant. Oui elle n’était pas la Aiko affectueuse à laquelle il a le droit de temps en temps maintenant mais leur relation ne le permettait pas vraiment non plus. Néanmoins elle n’était que froide, distante et méfiante. Encore que pour le méfiante, c’est vrai qu’il ne peut pas vraiment savoir. Il peut se prononcer sur le froide et le distante par contre. Même s’il est vrai que cela a pris un peu de temps et n’a pas été immédiat, elle ne serait pas devenue une de ses camarades de jeu favorites si elle l’avait rembarré méchamment dès le départ. Après, il n’a pas non plus pour habitude de l’observer évoluer au milieu d’autres personnes. Qu’importe, pour lui son comportement habituel, et ce depuis un moment maintenant, reste bien plus espiègle que froid. Tant mieux d’ailleurs.
Bref, revenons-en aux faits. Aller chez lui, donc. Tâche moins aisée qu’il n’y paraît. Sans être une carte et une boussole sur patte, il est légitime de penser qu’il est juste un être humain normal, et qui sait donc retrouver le chemin de son chez-lui où il vit depuis déjà un petit moment. Oh, il sait. En passant par chez son ancien chez-lui pour ensuite arriver à l’actuel. Ce qui fait donc un détour. Ce que la jolie rousse ne pourra pas manquer de remarquer puisqu’elle sait où il habite. Finny, c’est probablement là la fin de l’anonymat de ton sens de l’orientation absent. Il va revenir sur le devant de la scène même si cela semble en assez évidente contradiction avec le fait qu’il n’existe pas. Bref, puisque l’homme voulait tenter de distraire un peu sa camarade en tentant de l’amuser par exemple, il devrait être servi. Parce que oui, la tête qu’il tire quand il se trompe est tout à fait risible.

- Beh, j’allais venir sans que tu ne m’invites, tu sais ?

Ah ouais ?

- Tu sais que tu as une invitation permanente chez moi, non ?

Quelque part il se demande si elle serait réellement venue. Peut-être pas. Et là, est-ce que c’est dû au fait qu’elle n’ose pas ou au fait qu’elle ne lui fasse pas suffisamment confiance, mystère. Enfin, pas tout à fait quand même. Après tout, elle vient bien de se confier à lui sans retenue aujourd’hui. Mais allons ! Un jour il la trouvera bien devant sa porte de son plein gré. Tout comme il se trouvera devant la sienne de son plein gré aussi. Restera juste à croiser les doigts pour que l’autre se trouve chez lui. Sinon, il est vrai que la manœuvre perdrait tout son intérêt.

Vient ensuite le fait de la laisser tranquille – ou non. Elle semble y réfléchir. Lui se demande s’il ne devrait pas ajouter que cela ne le dérange vraiment pas, au cas où. Mais il se montre patient et elle finit par lui lâcher la main, signe qu’il prend presque comme un oui. Sauf que la jeune femme s’agenouille sans un mot et cherche ensuite à attraper la main de l’homme à nouveau. Alors il reste, sans un mot. Après tout, c’est elle qui choisit. Et puis, elle lui serre la main fermement, c’est un peu un « reste » silencieux.

- J’irai mieux. Je veux aller mieux. Désolée, Anko... Si je dois faire un choix, ce sera ma vie. Car il semblerait qu’elle soit liée à une autre, aujourd’hui.

Les mots ont beau être chuchotés, le Baskerville était destiné à les entendre. Sinon, ils auraient été plus bas, voire muets. Elle répète à sa sœur ce qu’elle a dit plus tôt, en d’autres termes. Le chemin à parcourir sera encore long.
Le contractant ne s’autorise à réagir que lorsqu’elle se relève et se tourne finalement vers lui. Même si les mots de tantôt ont été prononcés de façon à ce qu’il les entende, il n’en reste pas moins qu’ils étaient dirigés vers sa sœur. Alors tandis qu’elle l’embrasse, il serre un peu plus sa main dans la sienne. La jeune femme semble avoir décidé que c’en était assez pour aujourd’hui. Il se sent un peu coupable d’avoir écourté la réunion avec sa sœur, c’est vrai. Parce que nul doute que s’il n’avait pas été là, elle serait restée plus longtemps. D’un autre côté, comme il ne lui a forcé la main à aucun moment, la décision reste majoritairement celle de la jeune femme. Mais qu’importe, au final. La tombe ne bougera pas. Et puis, qui sait, si Anko peut voir quoi que ce soit de là où elle se trouve, elle sera peut-être contente – pour peu qu’un mort puisse l’être – de voir sa sœur en forme à sa prochaine visite. Au lieu de récupérer une Aiko transie par le froid et à peine capable de réellement se tenir debout.
La jolie rousse vient ensuite se coller contre lui. Finn en profite pour réajuster le manteau sur ses épaules avant de l’entourer de ses bras. Il n’essaie même pas de le lui faire enfiler réellement, parce qu’il peut voir d’ici le refus qu’il risque d’essuyer. Déjà avec ses blessures l’autre fois, il a eu la preuve en images qu’Aiko aime bien s’opposer à lui quand il tente de prendre soin d’elle. Bon, il a tendance à la surprotection, certes. Mais elle a tendance à ne pas faire suffisamment attention. Alors il dira qu’il compense pour elle, voilà tout. Et puis elle lui murmure :

- Et toi, qu’est-ce que tu fais ici, Finn ?

Qu’est-ce qu’il… ? Oh. Il en avait oublié sa tâche première avec tout ça. Il n’a qu’à peine entrevu les tombes de ses grands-parents maternels quand il a aperçu Aiko tout à l’heure. Alors il n’a certainement pas eu le temps d’y faire quoi que ce soit de ce que sa mère lui a dit de faire. Et, bizarrement, après tout ce qu’il vient d’arriver, il se sent un peu – juste un peu – bête de devoir avoué n’être venu que pour faire de l’entretien. Même pas par attachement sentimental à qui que ce soit. Insensible. Du moins avec les morts. Avec les vivants, c’est autre chose. Il se décide à avouer quand même :

- Mes grands-parents sont enterrés là-bas.

Il lâche une main pour montrer du pouce un vague endroit derrière lui avant de reposer cette même main et de reprendre :

- Je suis juste venu m’occuper de leurs tombes.

Et fin de l’histoire parce qu’il n’y a réellement rien à ajouter sur le sujet. Si elle le lui demande, il lui dira qu’il ne les a pas ou à peine connus. Ce qui est parfaitement vrai, même si cela n’excuse pas le fait qu’il devrait quand même se montrer un peu plus lié émotionnellement à ces gens. S’il ne s’agit pas d’aller se lamenter devant les tombes sur la disparition de personnes qu’il ne connait pas tant, il pourrait au moins se sentir lié par le sang. Au lieu de quoi il leur est totalement indifférent. Pas qu’il irait raconter ce fait là à voix haute devant la Baskerville, surtout après ce qu’il vient de se produire. Il pourrait presque passer pour un méchant ainsi.
Puisque la jeune femme en a fini ici – du moins pour le moment – il se détache d’elle pour lui prendre la main gentiment et l’emmener vers les tombes qu’il vient de citer. Un duo de tombes bien anciennes – mais pas tellement plus que celle d’Anko si on se réfère aux dates inscrites dessus – sur lesquelles sont inscris les noms de Baskerville. La grand-mère de Finn est en effet née dans le clan tandis que son grand-père les avait rejoints. Par contre, si on remonte plus haut, les arrière-grands-parents maternels ne sont pas nés dans le clan. Et, évidemment, du côté paternel, tout le monde est – du moins le brun le suppose – on ne peut plus étranger au clan. Enfin, pas que la généalogie ne l’intéresse. Même si sa mère n’avait fait qu’intégrer le clan, il s’y sentirait rattaché quand même. Etre Baskerville est plus qu’une histoire de liens du sang. Pour preuve, la plupart des membres n’en ont aucun entre eux. Remarquez, tant mieux pour Aiko et Finn.
Bref. Pour en revenir aux tombes en elles-mêmes, le brun se rend compte qu’il s’est relativement fait arnaquer par sa propre mère ce matin. Parce que les tombes, sans être impeccables, ne sont pas non plus envahies de mauvaises herbes et de lierre grimpant comme semblait tenter de lui faire croire sa mère. Elle voulait surtout qu’il rende visite à ses grands-parents. Et vlan, une fois de plus il s’est fait embobiner par une femelle. Pauvre chou. Enfin. Il va se venger sur les quelques plantes qui tentent d’envahir ce qu’il reste de son patrimoine génétique passé. Alors il embrasse brièvement la jeune femme sur une joue et se met à la tâche. Tâche très rapidement terminée. Il dit alors en se relevant :

- Je les connaissais à peine.

Et c’est tout ce qu’il y a à dire. Il débarrasse ses mains du peu de terre qui a tenté d’y élire domicile, se retient de frissonner quand un coup de vent passe au même moment – vivement le beau temps – et reprend la main d’Aiko dans la sienne avant de l’entraîner gentiment vers la sortie du cimetière. Ses grands-parents sont déjà oubliés. Enfin, pas tout à fait. En partant, il a une demi-seconde de reconnaissance à leur égard sur le fait de pouvoir être en vie aujourd’hui. S’ils n’avaient pas existé, il n’aurait pas rencontré la jolie rousse. Jolie rousse devant laquelle il va avoir l’occasion de se ridiculiser sous peu. Oh, il était temps qu’elle apprenne qu’il ne sait pas se repérer. Comme ça, si elle décide de l’inviter quelque part avant, elle saura qu’ils ont tout intérêt à y aller à deux si elle veut être sûre qu’il arrive sur place à temps. Et hop, du temps en plus ! Cela n’a pas que du mauvais.
En passant la grille du cimetière, il serre un peu plus la main dans la sienne. La vie se trouve au dehors des grilles après tout. S’ils veulent réussir à vivre pour eux comme pour l’autre, il faut se détacher du passé. Un peu comme le pense si souvent l’homme. Maintenant on profite et on verra le reste après. Après finira par devenir maintenant de toute façon et il faut profiter de maintenant avant qu’il ne devienne hier. Même s’il est de plus en plus curieux de voir jusqu’où cette relation va les mener, même s’il peut lui arriver d’être impatient de la voir. Tout finit par arriver de toute manière. Ils verront bien.
Tandis qu’ils s’éloignent du cimetière, une pensée de plus tôt resurgit dans la tête de l’homme. Et, cette fois, il n’y a rien pour l’empêcher la dire :

- Au fait, tu devrais mettre des robes plus souvent, ça te va bien.

Voilà qui est dit. Il n’y a pas de mal à complimenter sa Baskerville préférée, non ?
Bon et maintenant, ne pas se tromper de rue. C’était à droite ou à gauche, déjà ?

[Terminé]
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