L'art et la manière de provoquer une sorcière. [PV Heileen]

- He ! Revenez ici immédiatement !

Éclatant de rire, Lydie s'enfuit rapidement. Elle zigzaguait habilement entre les passants de la rue marchande et courrait aussi vite que lui permettait une foule aussi dense, jetant un coup d’œil derrière elle pour s'assurer qu'elle n'était pas poursuivit. Le marchand qu'elle venait de voler ne l'avait pas pris en chasse, sans doute qu'une simple pomme n'en valait pas la peine. La miss ralentit l'allure et croqua à pleines dents l'objet de son délie, sucré et juteux comme elle l'espérait ! Cette petite histoire avait une cause très simple et stupide : la jeune Rainsworth avait oublié sa monnaie chez elle et n'avait pas sût résister à la tentation du fruit. Ce comportement n'était sans doute pas très adulte mais Lydie n'avait jamais été quelqu'un de bien réfléchit et ce n'était sûrement pas aujourd'hui qu'elle allait commencer.

La demoiselle déambulait dans les rues de la ville, marchant au grès de ses envies, croquant par petits bouts la pomme qu'elle avait dérobé. Aujourd'hui, elle ne portait pas de bijoux et de vêtements précieux, elle avait une tenue de simple civil. Elle ne travaillait pas et avait décidé de passer la journée à être juste Lydie, et non pas Lydie Anabeth Rainsworth, membre d'une grande famille ducale, etc, etc... Peut-être se trahirait elle par son maintient et sa façon de parler (on ne se défait pas facilement de son éducation), mais il n'y avait que peu de chance. Quand elle sortait ainsi, les gens ne réagissaient plus de la même manière vis-à-vis d'elle et elle appréciait cela.

Lydie avait envie d'un peu de nouveauté, elle avait quartier libre, elle se faisait un devoir d'en profiter. Elle ne s'éloignait que rarement de la capitale, cette dernière étant assez vivante et animée pour satisfaire l'énergique demoiselle. Pourquoi n'irait-elle pas faire un tour dans les alentours de la ville ? Elle pourrait y trouver des choses intéressantes et s'occuper l'esprit pour l'après-midi. La miss était décidé, elle allait se promener un peu en dehors de Réveil puis irait prendre des nouvelles de son frère en fin de journée.

La jeune femme prenait son temps, après tout, elle avait toute la journée ! Ses pas la guidèrent vers la rivière. Tout était calme autour d'elle depuis qu'elle avait quitté la ville et ce silence la stressait un peu car Lydie n'y était pas habitué.
Heureusement pour la demoiselle, au fur et à mesure qu'elle avançait, un son étrange s’amplifiait, prouvant la présence d'êtres humains. Ce qui n'était alors qu'un simple murmure devint rapidement un chant. Seul bémol à cette présence, la voix était horriblement fausse, et Lydie trouvait évidemment ça tout sauf agréable à écouter. La Rainsworth finit par apercevoir à qui appartenait cette voix : il s'agissait d'une jeune fille brune, accoudée à au rebord d'un pont de pierre. Lydie continua à avancer et atteint enfin le pont de la chanteuse, qui ne semblait pas l'avoir remarqué. Elle s'engagea dessus et lorsqu'elle fut à quelques mètres de la jeune fille, elle s'exclama :

- Dis, tu pourrais arrêter de chanter ? C'est un vrai supplice pour les oreilles !

Le tac n'était pas son point fort et elle venait, encore une fois, de le prouver.

Ce jour-là, ses yeux s'étaient ouverts brutalement sous l'effet de la lumière du jour qui filtrait à travers la vitre de sa chambre. Oublier de fermer les rideaux avant d'aller se coucher, voilà qui ressemble bien à Heileen. Pour autant, ce réveil quelque peu brutal ne la mit pas de mauvaise humeur, bien au contraire : la demoiselle se débarrassa de sa couverture d'un geste vif avant d'enfiler ses chaussons. Une fois le petit déjeuner avalé, la jeune femme se prépara à sortir en prenant son temps – ce n'est pas parce qu'on est en journée de repos qu'il faut rester inactif, mais hors de question de se presser. Quand elle mit enfin le pied dehors, il était midi passé.

Sa première destination : les rues marchandes, où l'occidentale s'acheta de quoi grignoter en se baladant. Le tout Réveil devait être de sortie vu la foule, tout le monde cherchait à profiter des premières chaleurs de l'été qui débutait à peine. Sa promenade l'emmena ensuite dans le centre ville aux fontaines investies par les enfants et leurs parents. Traversant de nombreuses places le sourire aux lèvres sans prêter attention à sa destination, elle se retrouva dans les rues sombres alors que le soleil était à son zénith et décida de continuer pour aller longer la rivière à l'extérieur de la capitale. La sorcière le faisait à chaque fois que l'envie de chanter la prenait, il n'y avait jamais personne là-bas donc pas de risque qu'on lui lance un regard appuyé ou carrément qu'on lui dise d'arrêter. Oui notre jeune zoophile savait qu'elle chantait terriblement mal, on le lui avait assez souvent répété pour que l'information rentre dans sa petite tête... Comme la plupart des gens elle ne s'écoutait pas vraiment chanter, ne restait plus qu'à croire ses proches sur parole. Ce qui était dommage, c'était que le chant faisait partie de ses occupations favorites.

Une vingtaine de minutes plus tard Heileen arriva enfin aux berges. Le léger bruit que faisait l'eau en s'écoulant était apaisant, tout comme le lieu en lui-même, un vrai choc avec la ville bondée et toujours active. Bref, après avoir parcouru quelques mètres elle s'arrêta sur un pont, s'appuya au rebord et se mit à chanter avec bonne humeur. La brunette en était à sa deuxième chanson quand une voix féminine l'interpella, la faisant sursauter – voilà ce qui arrive quand on ne prête aucune attention aux alentours...

- Dis, tu pourrais arrêter de chanter ? C'est un vrai supplice pour les oreilles !

Se retournant vivement, la demoiselle aux yeux bleus vit celle qui venait de la critiquer sans sommation. Une jolie femme d'à peu près son âge, plus grande qu'elle, dotée de cheveux d'une couleur étrange oscillant entre le brun et le vert mais aussi d'yeux violets dans lesquels se lisaient toute son irritation. Une fois l'effet de surprise passé, la petite sorcière partit dans un grand rire. Une telle franchise était presque trop rare !

-Je suis désolée, je ne pensais pas qu'il y aurait quelqu'un.

Suivit un moment de réflexion. Puis elle se rapprocha gaiement de son interlocutrice avec un petit air malicieux.

-Pour pouvoir critiquer le chant des autres, je suppose que le tien doit être une merveille ?

Juste histoire de l'entendre, qui sait, peut être qu'en fait elles chantent aussi mal l'une que l'autre. L'occidentale tendit alors une main amicale.

-Je m'appelle Heileen, et toi ?

Si vous doutiez de sa cordialité, eh bien vous voilà fixés. Eh oui cette petite tête de mule n'a pas peur d'aller vers les autres ni de tutoyer cette femme qui semblait plus âgée – eh, il ne faut pas oublier que c'est l'inconnue qui a utilisé le « tu » la première ! Alors même c'était une noble, elle ne pourrait pas se plaindre – enfin les chances étaient bien maigres, où alors c'était une aristocrate qui n'aimait pas particulièrement son statut et qui préférait se balader en dehors de Réveil pour aborder avec familiarité les mauvaises chanteuses, le tout en tenue courante dans les classes moyennes.

Lydie n'y était pas aller de main morte, c'est le moins que l'on puisse dire. Elle avait lancé sans sourciller à la jeune femme ce qu'elle pensait de son chant et la fixait maintenant, irritée, sa main droite posée sur sa hanche. La chanteuse sursauta et se tourna pour regarder qui venait de la critiquer. Elle fit face à Lydie et, contre toute attente, éclata de rire. La Rainsworth n'apprécia pas trop, ayant l'impression que la demoiselle se moquait d'elle, et son irritation fit place à de la colère. Colère qu'elle aurait sans doute déversé si la chanteuse n'avait pas eu la brillante idée de s'excuser. La jeune noble eu un petit rire nerveux, et parvint à ravaler tout ce qu'elle s’apprêtait à crier. Elle se força à baisser sa tension, ça ne valait pas la peine de s'agacer pour si peu...

- Pour pouvoir critiquer le chant des autres, je suppose que le tien doit être une merveille ?

La demoiselle s'était rapproché, un air malicieux sur le visage. Elle semblait amicale et Lydie se détendit finalement, ces traits se décrispèrent et elle pris un air plus engageant.

- Je m'appelle Heileen, et toi ?

Celle qui venait de se présenter lui tendit la main. Lydie, qui n'était pas contre de nouvelles connaissances, la lui serra énergiquement. La réaction de cette Heileen n'avait pas été celle qu'elle attendait, mais ça ne la dérangeait pas. Ça ferait juste une personne en moins avec qui se disputer, et Lydie n'en manquait pas.

- Lydie ! Et pour répondre à ta question, non, mon chant n'est pas une merveille, mais il n'est pas aussi catastrophique que le tien...

Surtout, n'y voyait pas de la vantardise ou de la provocation : Lydie se contentait de dire ce qu'elle pensait, et le ton employé était on ne peut plus amical. Le principal défaut de cette phrase était sans conteste son manque de subtilité, mais le sourire gentil de Lydie faisait contre-balancier.

- Je pensais que tu m'aurais envoyer balader après ce que je t'ai dis, alors ta réaction m'a un peu prise au dépourvu !

Elle eu un petit rire joyeux, puis son expression changea du tout au tout. Elle eu un petit instant de panique et demanda précipitamment à Heileen :

- Ça ne vous gène pas si l'on se tutoie ?!

La dernière fois qu'elle avait tutoyer par inattention une femme qu'elle avait rencontrer au cours d'un bal, cette dernière lui avait fait tout un récital sur la politesse, ton sec et yeux lançant des éclairs en bonus. Lydie n'était pas peureuse, mais ce faire remonter les brettelles à son âge, par une femme à peine plus âgée qu'elle, devant plusieurs dizaines de personnes, l'avait quelque peu marqué (et horriblement vexé).
Malgré tout, sa réaction dans le contexte actuel n'était pas très approprié : la Rainsworth venait quand même de dire clairement à Heileen qu'elle chantait faux et s'inquiétait sur le fait qu'elle la tutoyait ! Que voulez-vous... Quand on parle avant et qu'on réfléchie après, les conséquences sont assez étranges...

Heileen aimait la franchise et éprouvait bien des difficultés à inventer des mensonges, surtout des crédibles. Alors s'entendre dire du tac au tac et sans gants que son chant était horrible, c'était comme une bouffée d'air frais. Oui cela peut paraître bizarre, mais cette capacité à dire la vérité sans passer par des détours inutiles était un trait que la demoiselle appréciait beaucoup. L'inconnue qui venait de lancer cette remarque n'avait pas l'air bien heureuse, avec sa main contre sa hanche et son regard agacé, une humeur qui ne s'améliora pas avec son rire. Bon, elle sembla se relaxer en entendant les excuses de la sorcière. Et encore plus en lui prenant la main – c'est que cette demoiselle aux yeux violets était énergique !

- Lydie ! Et pour répondre à ta question, non, mon chant n'est pas une merveille, mais il n'est pas aussi catastrophique que le tien...

Un grand sourire accompagnait ce qui aurait pu ressembler à une pique, rendant la chose amicale à la place. Pour toute réaction, la brunette haussa les épaules exagérément avec un théâtral soupir de résignation, le tout avec un sourire amusé, alors que Lydie enchaînait :

- Je pensais que tu m'aurais envoyer balader après ce que je t'ai dis, alors ta réaction m'a un peu prise au dépourvu !

Puis partit gaiement sur un rire dans lequel l'occidentale la suivit, avant de... Retrouver son sérieux ? En tout cas, son visage passa de la joie à la panique en une fraction de seconde. Quoi ? Elle venait de voir un fantôme ? Ou pire, une mygale ? Par tous les petits saints, rien qu'à l'idée Heileen frissonnait d'horreur. Mais non, la femme lui demanda vivement si le tutoiement ne la dérangeait pas. La demoiselle aux yeux bleus eut un petit rire, pour elle la réponse allait de soi – ce ne sera jamais assez dit, le « tu » est plus agréable que ce « vous » qui marque une distance, une froideur.

-Pas du tout ! Je préfère de loin le tutoiement au vouvoiement.

Tout en parlant, la zoophile s'était glissée derrière Lydie pour la pousser doucement par les épaules, histoire qu'elles ne restent pas plantée là toute la journée. Elle vint ensuite se placer juste à côté pour continuer à parler avec entrain.

-A vrai dire, l'idée de te jeter dans les ronces m'a traversée l'esprit. Mais ce n'est pas la première fois qu'on critique mon chant, si je devais mal réagir à chaque fois, je ne serai pas sortie de l'auberge !

Alors Heileen se pencha légèrement pour reprendre son air malicieux d'il y a quelques minutes :

-Mais si ça peut te faire plaisir, pourquoi pas ? Mademoiselle je m'amuse à critiquer ceux que je ne connais pas.

La réplique fut suivie d'un bond en avant puis d'une petite pirouette qui fit jouer sa jupe. La sorcière se planta devant son interlocutrice, la forçant à s'arrêter, puis pointa son visage du doigt droit alors que son autre main était un poing sur sa hanche – dans une tentative non dissimulé d'imiter sa camarade aux cheveux bruns/verts.

-On ne t'a jamais dit de ne pas parler aux étrangers ? Encore moins pour leur dire ce genre de choses, quel manque de politesse !

Une leçon bien étrange, certes, quand on disait aux enfants de ne pas parler aux inconnus c'était plus dans le sens "ne pas leur répondre", non pas "ne pas les aborder". Sa voix était faussement sermonneuse et son sourire enjoué. Une fois son petit cirque fini, la jeune femme partit dans un rire tout en se remettant en marche.

Lydie, qui stressait bien plus que nécessaire, fut rassurée par la réponse d'Heileen. Elle se détendit, soupirant de soulagement à l'idée de ne pas avoir à entendre de nouveau un sermon de quinze minutes. En même temps, la jeune chanteuse l'avait poussé par les épaules pour l’inciter à avancer. Lydie la suivit volontiers, elle n'aimait pas beaucoup rester immobile. La jeune noble avait reprit son air joyeux et sympathique habituel.

-A vrai dire, l'idée de te jeter dans les ronces m'a traversée l'esprit. Mais ce n'est pas la première fois qu'on critique mon chant, si je devais mal réagir à chaque fois, je ne serai pas sortie de l'auberge !

Elle n'avait pas tord, Lydie n'était sans doute pas l'unique personne à trouver son chant désagréable. Et la jeune femme n'était pas mécontente d'avoir éviter les ronces, sûr que ça n'aurait pas été trèèès agréable, même si une petite bagarre de temps à autre ne faisait pas de mal...
La jeune chanteuse se pencha avec un petit air malicieux.

-Mais si ça peut te faire plaisir, pourquoi pas ? Mademoiselle je m'amuse à critiquer ceux que je ne connais pas.

Lydie eu un petit sourire carnassier, dans ses yeux brillaient une lueur amusée. Que voulez-vous... c'était amusant de critiquer les autres alors pourquoi s'en priver ? Si elle devait finir dans un tas de ronces, autant que ce soit pour une bonne raison ! Et l'amusement en était une excellente.

- Ça ira ! Pour une fois, j'aimerais éviter qu'une de mes rencontres se termine en bagarre.

Ce qui était parfaitement vrai, ça la changerait un peu de l'ordinaire : Lydie gaffe, le type en face s'énerve et tout le monde se tape joyeusement dessus.
Heileen fit une petite pirouette et se planta devant la jeune noble. Cette dernière du s'arrêter, elle louchait presque sur le doigt que la chanteuse pointait sur elle. Le sourire de Lydie s'envola pour laisser place à une moue surprise et légèrement vexé lorsqu'elle remarqua que la jeune femme la singeait, le poing posé sur la hanche.

-On ne t'a jamais dit de ne pas parler aux étrangers ? Encore moins pour leur dire ce genre de choses, quel manque de politesse !

Tss... Qu'est-ce qu'ils avaient tous à la sermonner ? Lydie était adulte, elle pouvait bien se gérer toute seule (ou pas). Puis la jeune femme remarqua le sourire d'Heileen et comprit que cette dernière n'était pas véritablement en train de la sermonner. L'expression de Lydie se détendit alors et elle lui renvoya un sourire joyeux et un brin provocateur.
Heileen se mit à rire et reprit son chemin. Les bras croisés derrière le dos, Lydie se plaça à côté d'elle et continua à marcher également.

- Ah ah ! On me l'a répété au moins un demi million de fois quand j'étais petite ! Mais je n'ai pas pu résister, et la politesse et moi, ça fait deux...

Elle secoua la tête avec un air désespéré et amusé à la fois. Puis elle tourna la tête vers Heileen et lui sourit gaiment.

- Si tu avais été un homme de 2 mètres de haut avec une hache bien aiguisée à ta ceinture et du sang sur tes vêtements, j'aurais sans doute eu plus d'hésitation à t'aborder !

Quoique... Avec une hache et un poids sans doute proportionnel à la taille, Lydie aurait peut-être eu une chance de le semer et aurais donc pu le critiquer en toute tranquillité, mais ça n'avait plus vraiment de rapport.
La demoiselle continua sur sa lancée :

- Bon, tu t'es moqué de moi en m'imitant et j'ai critiqué ton chant, on va dire qu'on est quitte ! Et aucune de nous deux ne finira dans un tas de ronces !

La jeune noble ne pouvait s'empêcher de parler vivement, son ton était enjoué. Elle était tout simplement heureuse d'avoir quelqu'un à qui parler.
Une idée vint à l'esprit de la la jeune femme. Elle avait par le passé suivit des cours de chant, et sans être particulièrement doué, elle se débrouillait. Lydie pouvait peut-être lui filer un coup de main.

- En faite, tu m'excuseras mais je crois que je vais continuer de parler de ton chant. Si tu veux, j'ai quelques notions de musique, je veux bien te donner un coup de main, en t'aidant à trouver les hauteurs, ce genre de chose... Enfin, si tu as du temps devant toi également !

Elle appréciait plutôt bien la jeune femme pour l'instant, et elle voulait bien mettre la santé de ses oreilles de côté pour essayer d'améliorer la voix d'Heileen.

Un temps agréable, une petite balade sur les berges et une rencontre pour le moins originale. Que demande le peuple ? Bon Heileen n'est pas représentative de la population, mais n'empêche qu'elle s'amusait bien. Comme quoi, pas besoin de miser des milles et des cents dans un jeu quelconque ou de déguster un repas de la plus grande finesse avec un grand vin pour passer un moment agréable – quoi que concernant le repas, la petite gourmande ne refuserait certainement pas, surtout si on enlevait l'alcool qu'elle tient très mal. Lydie semblait pleine de vie, sa compagnie était donc agréable. Par contre, le fait qu'elle hésite sur le tutoiement intriguait notre demoiselle : pourquoi le « tu » l'avait autant troublé ? Bah, ce n'était pas bien grave, ses parents devaient juste être très stricts... Cela n'empêchait pas la dame de savoir produire des sourires carnassiers.

-Ça ira ! Pour une fois, j'aimerais éviter qu'une de mes rencontres se termine en bagarre.

Avec humour, voilà ce qu'elle avait répondu à sa petite pique. Trop tard, la sorcière était déjà partie dans son petit cinéma – qui, au début, n'avait pas bien plu à Lydie vu son expression. Il faut dire que la brunette avait fait exprès, mais son sourire sembla convaincre la demoiselle aux yeux d'améthyste que ses intentions n'étaient pas mauvaises. Pour preuve, elle aussi sourit joyeusement – et aussi avec un petit zeste de provocation. Elles se remirent en marche, puis Lydie reprit la parole.

- Ah ah ! On me l'a répété au moins un demi million de fois quand j'étais petite ! Mais je n'ai pas pu résister, et la politesse et moi, ça fait deux...

Une réplique qui fut suivie par un mouvement de tête, signalant que sa cause était perdue, ce qui semblait amuser Lydie plus qu'autre chose. Heileen partit dans un petit éclat de rire avant que son interlocutrice ne continue.

- Si tu avais été un homme de 2 mètres de haut avec une hache bien aiguisée à ta ceinture et du sang sur tes vêtements, j'aurais sans doute eu plus d'hésitation à t'aborder !

Cette affirmation rendit l'occidentale sceptique. Puis elle s'imagina un grand bonhomme bien musclé - chauve s'il vous plaît - en train de chanter, accoudé au pont, sa hache à la taille. Une scène bien étrange, surtout quand à côté de l'armoire à glace on mettait Lydie avec ses poings sur ses hanches. Mais son imaginaire n'eut pas le temps d'aller plus loin, la jeune critique était partie sur sa lancée et semblait très joyeuse.

- Bon, tu t'es moqué de moi en m'imitant et j'ai critiqué ton chant, on va dire qu'on est quitte ! Et aucune de nous deux ne finira dans un tas de ronces !

Il ne suffit même pas une seconde de réflexion à notre petite sorcière avant de hocher vivement la tête avec complicité.

-Oui, ça vaudra mieux pour nous deux !

C'est alors qu'une idée sembla traverser l'esprit de Lydie, qui ne tarda pas à l'exprimer à voix haute.

- En faite, tu m'excuseras mais je crois que je vais continuer de parler de ton chant. Si tu veux, j'ai quelques notions de musique, je veux bien te donner un coup de main, en t'aidant à trouver les hauteurs, ce genre de chose... Enfin, si tu as du temps devant toi également !

Si la première partie de la phrase avait fait s'arquer les sourcils d'une Heileen intriguée par ce soudain changement d'avis, ce qui suivit la fit sourire avec bonne humeur.

-J'ai un peu de temps oui, merci de proposer ton aide !

Puis une information lui revint brutalement en mémoire.

-Je dois avoir une heure, ensuite il faudra que je fasse quelques courses avant de rentrer. On commence quand tu veux !

La brunette parlait vivement elle aussi, Lydie lui paraissait de plus en plus sympathique. Mais après ces soixante minutes, chacune devra repartir de son côté. Dommage, faire plus ample connaissance lui aurait beaucoup plu.

[HRP : c'est à mon tour de signaler que, si besoin, tu peux m'envoyer un MP pour que j'allonge un peu x)]

Lydie finirait par passer pour une folle si elle continuait à changer d'avis comme ça. Mais Heileen, bien qu'un peu intrigué, ne s'enfuit pas en courant, ce qui était une bonne chose pour la jeune noble. La miss Rainsworth venait de lui demander si elle accepterait de prendre un petit cours de chant et la proposition paru au gout de la jeune femme.

- J'ai un peu de temps oui, merci de proposer ton aide ! Je dois avoir une heure, ensuite il faudra que je fasse quelques courses avant de rentrer. On commence quand tu veux !

Une heure, c'était largement suffisant. Lydie frappa ses mains l'une contre l'autre en souriant, un sourire joyeux mais aussi inquiétant car la jeune noble avait bien l'intention d'améliorer le chant d'Heileen et ce par tous les miens possibles...

- Dans ce cas, on va commencer tout de suite !

Sans lui demander son avis, elle prit la chanteuse par la main et la tira derrière elle. C'était une habitude qu'elle avait d'entrainer ainsi les gens avec elle et ne se rendait pas vraiment compte que cela pouvait être désagréable ou impolie. Elle sortie du chemin qu'elles suivaient jusqu'alors pour se retrouver sur l'herbe près du cour d'eau. Il n'avait pas plu depuis longtemps et l'herbe était sèche. La Rainsworth s'assit en tailleur, invitant sa future élève à faire de même.

- On ne devrait déranger personne ici.

Aucun promeneur n'était en vue, c'était sans doute mieux. Elles allaient pouvoir briser le silence paisible de ces lieux sans crainte de se faire remonter les brettelles par des spectateurs contrariés, et si les canards ne supportaient pas leurs chants, ils n'auraient qu'à partir barboter ailleurs.
Lydie sourit à la jeune femme et commença son cours avec une vive satisfaction : elle aimait beaucoup donner des ordres, le sentiment d'importance qu'elle ressentait n'était pas du tout désagréable.

- On va commencer par quelque chose de simple, que je me fasse une idée de ton niveau. Je vais chanter les 7 notes de la gamme et tu devras les répéter après moi en tachant de faire exactement les mêmes.

Lydie supplia mentalement ses oreilles de survivre si jamais la chanteuse était encore plus nul que prévu, ce qui serait quand même surprenant.
Elle parlait bien évidemment de la gamme la plus simple, celle de do M, en ce disant que ça ne devrait pas poser trop de problème. La jeune noble entama la première note, puis attendit qu'Heileen prenne la suite. Espérons que la chanteuse ne se vexerait pas face à la simplicité de l'exercice...

[HRP : Argh... mon post est minuscule à côté du tien... Donc : tu me le re-signales si ça ne va pas xD ]

Pourquoi les gens regardent bizarrement ceux qui sont plein d'entrain et francs ? Enfin, la fougue de la jeunesse ne doit pas être bridée, c'est elle qui bâtit le futur ! Mais non, selon les règles de bienséance, il ne faut jamais parler fort ni trop et rester sagement assis à sa place. Enfin, il y en a deux qui n'étaient pas d'accord avec ça : Lydie et Heileen semblaient décidées à ne pas adopter ce règlement. Après que la dernière ait accepté la proposition de la première – des cours de chant -, celle-ci frappa dans ses mains avec un sourire joyeux.

- Dans ce cas, on va commencer tout de suite !

Le ton employé suggérait bien que la leçon serait intense... Puis Lydie attrapa la main de la petite sorcière pour l'entraîner hors du sentier, sur l'herbe qui bordait la cours d'eau et l'invita à s'asseoir, ce qu'elle fit sans protester.

-On ne devrait déranger personne ici.

L'occidentale hocha la tête. Effectivement, le coin était désert si on oubliait les canards et les cygnes qui nageaient paisiblement et les poissons, dont les couleurs transparaissaient à travers l'onde et qui ne prêtaient aucune attention au duo – peut-être allaient-ils changer d'avis et les éclabousser en entendant le chant de notre casserole. En attendant, les lèvres du professeur s'étirèrent. Le cours commença avec vivacité alors qu'Heileen lui rendait son sourire.

- On va commencer par quelque chose de simple, que je me fasse une idée de ton niveau. Je vais chanter les 7 notes de la gamme et tu devras les répéter après moi en tachant de faire exactement les mêmes.

Très certainement un exercice basique pour apprendre à contrôler sa voix. La brunette se concentra sur la note que Lydie produisit, s'éclaircit la gorge puis tenta de la reproduire. Ce n'était pas tout juste – pour ne pas dire que ça laissait quand même à désirer malgré tout -, mais c'était déjà mieux que la grande majorité des sons qu'elle sortaient habituellement. Avec une expression presque émerveillée, Heileen retenta l'expérience et y parvint pour de bon cette fois-ci. Son sourire s'élargit.

-Wow ! Je n'ai jamais produit de son aussi juste !

Et voilà, un enthousiasme qui se rapprochait beaucoup de celui d'un enfant l'avait gagnée. Les poissons ne les arroseraient pas, les cygnes ne viendraient pas les courser ! La jeune femme attendait avec impatience la note suivante et entreprit en parallèle de se renseigner un peu sur son interlocutrice.

-Dis, où as-tu pris tes cours de chant ?

Une question bénigne de conversation de tous les jours, mais Heileen s'intéressait de plus en plus à Lydie.

[HRP : No problem XD Voilà, en espérant que ça t'aille ! =)]

Lydie regardait sa jeune élève se battre avec la note et essayait de ne pas rigoler, Heileen aurait pu mal le prendre car ça aurait été clairement de la moquerie. Cette dernière parvint finalement à imiter le son qu'avait émit la Rainsworth et fit preuve de beaucoup d’enthousiasme face à sa réusite.

- Wow ! Je n'ai jamais produit de son aussi juste !

La joie enfantine dont faisait preuve la jeune femme fit plaisir à Lydie. Finalement, les heures qu'elle aurait passé avec son professeur de chant n'aurait pas été complètement inutiles, elles auraient servies à quelqu'un. La jeune noble contente qu'elles aient obtenu un résultat et que ses oreilles ne soient pas morte (pour l'instant), décida d’encourager Heileen sur sa lancer :

- Oui, c'est très bien !

Lydie s’apprêtait a chanter la note suivante lorsque son élève de la journée lui posa une question qui la pris au dépourvu :

- Dis, où as-tu pris tes cours de chant ?

Argh. Elle détestait dire aux gens que ses parents étaient issus de la classe noble. La plupart du temps, le changement qui s’effectuait chez les personnes à qui elle l’annonçait ne lui plaisait gère, ils devenaient beaucoup plus conventionnel. Ou alors, ils la regardaient avec des yeux ronds et partaient, persuadés qu'elle se moquait d'eux car son caractère n'avait strictement rien à voir avec celui d'une dame de la haute société.
Elle marqua un petit temps d'arrêt, ne sachant pas quoi répondre. Heileen paraissait compréhensive, peut-être qu'elle continuerait à se comporter comme elle le faisait jusqu'à présent.

- Lorsque j'avais dans les dix-onze ans, un professeur de musique venait régulièrement chez moi pour me donner des cours. Mes parents tenaient à ce que j'ai quelques notions de musique.

Voilà, le mot "Rainsworth" n'était pas sorti, ni le mot "noblesse", c'était déjà ça de gagner, même si le "mes parents sont riches" étaient involontairement sous-entendu. Il n'y avait plus qu'a espérer que ce résumé satisferait l’appétit d'Heileen. Quand aux notions de musiques dont parlait la jeune noble, elles n'avaient pas vraiment servi jusqu'à présent. Mais en ce moment, Lydie était reconnaissante envers ses parents de l'avoir obliger à prendre ses cours car ils lui permettaient de filer un coup de main à quelqu'un. Ses parents avaient également tenter de lui apprendre le violon, mais cela avait été un tel massacre que la jeune fille, alors âgée de 13 ans, avait du arrêter et n'avait plus jamais retouché un violon de sa vie.
Lydie retrouva son air enjoué qu'elle avait quitter malgré elle et entreprit de chanter la seconde note, espérant détourner l'attention de son élève.

Les cours de chant coûtaient souvent cher et n'étaient donc pas à la portée du premier venu, à moins par exemple d'avoir des parents qui comptent parmi leurs amis un professeur de chant. Ce n'était pas le cas d'Heileen, qui avait bien envisagé pendant un moment de se chercher des cours assez abordables mais n'en avait trouvé aucun à Réveil. Alors tomber sur quelqu'un qui en avait pris était une occasion rare dont elle décida de profiter, surtout que son professeur improvisé n'était pas une compagnie désagréable, elle avait même proposé son aide contre ses gros problèmes de justesse. Face à la joie que manifesta notre sorcière suite à sa conquête de la première note, beaucoup de gens auraient ri comme ils l'auraient fait devant un enfant qu s'extasie devant un animal qu'il ne connaissait pas encore, en se disant entre eux à quel point elle était jeune. Mais Lydie l'encouragea gentiment, ce qui fit s'accroître le sourire de son élève.

Celle-ci eut alors l'idée d'essayer d'en apprendre plus sur son interlocutrice, mais cela sembla faire quelque peu retomber l'enthousiasme. Tandis que le silence de la jeune femme aux yeux violets s'allongeait, la sorcière commençait à se sentir gênée. Aurait-il mieux valu garder sa curiosité pour elle ? Un doute germa dans son esprit, avant que l'interrogée ne parle.

- Lorsque j'avais dans les dix-onze ans, un professeur de musique venait régulièrement chez moi pour me donner des cours. Mes parents tenaient à ce que j'ai quelques notions de musique.

Cela partagea la demoiselle entre le soulagement que Lydie ait répondu et la sensation que pousser l'indiscrétion plus loin ne serait pas une bonne chose. Bah, au fond elle aussi avait des secrets, comme tout le monde, donc en vouloir à son interlocutrice ou essayer de creuser ne serait pas correct envers elle. S'il y avait bien une chose que cette tête de linotte savait faire, c'était deviner quand ne pas fouiller sans raison plus valable que sa curiosité. Bien sûr, Heileen pouvait se douter que la femme aux cheveux verts était issue d'un milieu aisé, mais ça ne changeait pas grand chose pour elle, le jour où la jeune femme regardera au statut pour savoir si elle appréciait quelqu'un n'était pas encore venu. Par contre, elle se demandait bien si une personne aussi franche et pleine d'énergie s'en sortait dans les soirées mondaines, de ce qu'elle savait de ces dernières.

Finalement, l'expression joyeuse de Lydie revint alors qu'elle donnait la seconde note. Se départissant à son tour de la petite mine soucieuse qui s'installait progressivement sur son visage, l'occidentale eut deux petites ratés avant de réussir à produire le même son. Quand enfin elle y parvint, sa réaction fut presque la même que pour la note précédent.

-Tu as entendu ? Quelle est la troisième note ?

Mesdames et messieurs, un miracle était en train de se produire : Heileen, alias casserole ambulante, parvenait à chanter juste ! Et dire que l'intéressée elle-même avait perdu tout espoir de pouvoir un jour chanter en public sans qu'on la menace pour la faire taire... Adressant un grand sourire à Lydie, notre étrangère parla avec reconnaissance.

-Je ne l'ai pas encore fait donc... Merci de m'aider, Lydie ! Dis-le moi s'il y a quoi que ce soit que je peux faire en retour !

Car c'était bien grâce à elle que le duo ne s'était pas encore pris une averse mémorable.

Au grand soulagement de Lydie, Heileen ne poussa pas plus loin son interrogatoire. Elle avait du remarquer le malaise de la plus âgée et avait laissé le sujet de côté, la Rainsworth lui en fut très reconnaissante. La jeune chanteuse chercha ensuite la seconde note et y parvint au bout de la troisième tentative. Lydie trouvait la joie enfantine de la demoiselle adorable.

- Tu as entendu ? Quelle est la troisième note ?

Le jeu était simple, l'élève plus que motivée, le professeur de bonne humeur, il ne manquait plus qu'un piano et ça aurait été parfait ! Lydie se basait sur ses souvenirs pour faire chanter la gamme à la jeune femme et avait peur que ceux-ci finissent par lui faire défauts, mais pour l'instant tout allait bien, inutile de s’inquiéter. Elle gardait sa bonne humeur habituelle en écoutant Heileen, après l'avoir félicité pour sa motivation et ses efforts.

- Je ne l'ai pas encore fait donc... Merci de m'aider, Lydie ! Dis-le moi s'il y a quoi que ce soit que je peux faire en retour !

La jeune Rainsworth sourit gentiment Heileen, appréciant les remerciements. Oh, il y avait bien quelque chose qu'elle pouvait faire pour elle : l'accompagner à la prochaine réunion de famille et la maintenir éveillée. Lydie manqua de peu de prononcer ces paroles à voix haute. De toute façon, Heileen ne serait jamais autorisée à entrer dans le manoir, surtout si elle annonçait qu'elle était venu sur l'invitation de Mademoiselle Lydie Anabeth Rainsworth alias la jeune femme qui n'a de noble que le sang, là, elle se ferait jeter dehors sans méninge par le reste de la famille. C'est pourquoi la jeune femme préféra répondre :

- Ce n'est rien, ça me fait plaisir !

Son sourire se fit plus malicieux quand elle continua de parler :

- En échange, contente-toi de chanter le mieux possible, ça suffira largement.

Lydie et sa paire d'oreilles t'en seraient très reconnaissantes.
Quand Heileen se concentrait comme ici, le chant était plus agréable (enfin moins calamiteux) que lorsque la demoiselle l'avait surpris sur le pont à chanter seule, persuadé que personne ne l'entendait, massacrant les notes avec un entrain impressionnant. Cependant, avec un peu d'entrainement et la bonne volonté qu'Heileen mettait à reproduire les sons donnés par Lydie, son chant devrait nettement s'améliorer, la Rainsworth en était persuadée ! Elle continua donc son cours de musique improvisé :

- On passe à la note suivante !

Lydie chanta d'une voix forte et claire le mi, puis écouta Heileen qui tentait de l'imiter. Elle continua encore pendant quelques notes puis décida de passer à un niveau un peu plus élevé pour l'entrainement de la jeune chanteuse, qui finalement ne se débrouillait pas si mal que ça :

- Il y a une chanson particulière que tu aimerais chanter ?

Ce serait plus agréable de s'entrainer sur un air de musique qu'Heileen appréciait, en espérant que les jeunes femmes connaitraient toutes deux les mêmes aires.

[HRP : Si je vais trop loin dans le temps, tu me mp o/]

Finalement, Heileen ne regrettait pas de s'être mise à chanter plus tôt : cela lui avait permis de faire la rencontre d'une jeune femme à peine plus âgée qu'elle, franche, pleine d'énergie et très sympathique. Les deux femmes passaient un bon moment – enfin quoi qu'il en soit c'était le cas de la sorcière, qui espérait que c'était aussi celui de Lydie, ce qui était fort possible vu le sourire que cette dernière affichait. En tout cas, le professeur de chant improvisé s'en sortait assez bien vu la justesse des notes que sortaient l'élève, pourtant ce n'était pas gagné. Un miracle, vous dis-je. Et puis Lydie encourageait beaucoup notre brunette, cela ne pouvait que la motiver encore plus. Après une courte mais intense lutte contre la seconde note, elle remercia sa coach de son aide, ce qui lui valut un sourire chaleureux.

- Ce n'est rien, ça me fait plaisir !

Heileen lui rendit son sourire avant de noter un changement dans l'expression de son interlocutrice.

- En échange, contente-toi de chanter le mieux possible, ça suffira largement.

Les lèvres de l'occidentale s'étirèrent un peu plus. Décidément, Lydie était très gentille. Portant sa main à son front, elle répondit comme un bon petit soldat.

-Chef, oui chef !

Vint alors la troisième note, qui annonça la même bataille que pour les précédentes. La zoophile la conquis finalement, avant d'enchaîner sur la suite. Les sons s'enchaînèrent, certains – la grande majorité en fait - plus criminels envers les oreilles que d'autres. Au bout d'un moment assez long mais agréable et amusant, elles arrivèrent au si, marquant la fin de la gamme. Lydie proposa alors de chanter l'une des chansons favorites de son apprentie, qui hocha la tête avec un petit air gêné.

-Il y en a bien une... Tu connais la chanson qui parle d'un navire qui part pour la première fois en voyage ? Ma mère me la chantait souvent quand j'étais enfant.

La voilà qui étalait sa vie, tiens. Prenant une grande inspiration, Heileen se prépara à suivre les instructions de son professeur, bien décidée à ne pas (trop) esquinter cette jolie chanson. Elle avait depuis longtemps abandonné l'idée de la chanter, car cela demandait beaucoup de précision, ce qui lui faisait cruellement défaut. Finalement, l'intonation fut donnée et les deux jeunes femmes chantèrent lentement les phrases. Une fois parvenues au bout, notre apprentie vétérinaire fut étonnée d'avoir réussi à être aussi juste mais surtout ravie. Un grand sourire apparut sur son visage tandis qu'elle regardait la femme aux yeux violets.

-On a réussi !

Dans une impulsion la demoiselle se jeta sur le cou de sa coach d'une heure, avant de se ressaisir et de se lever, quelque peu embarrassée par sa réaction. Ce n'était pas pour rien que beaucoup de gens lui donnaient moins que son âge réel... Époussetant sa robe, la petite sorcière tendit le bras vers Lydie avec un air d'excuse. L'heure était désormais écoulée, il était temps de retourner dans les rues de la capitale qui se dressait non loin.

-Ce cours était très amusant ! J'espère qu'on aura l'occasion de se revoir.

Puis elle se mit en marche pour rejoindre les rues marchandes. D'ailleurs, peut-être allaient-elles avoir l'occasion de faire un bout de chemin ensemble ? La brunette se tourna vers son aînée, les lèvres étirées avec bonne humeur et le regard curieux.

-Où comptes-tu te rendre, maintenant ?

Heileen, après quelques difficultés, était parvenu au bout de la gamme, et Lydie lui proposa de chanter une chanson qu'elle aimait. La jeune élève demanda à son professeur d'un air gêné :

- Il y en a bien une... Tu connais la chanson qui parle d'un navire qui part pour la première fois en voyage ? Ma mère me la chantait souvent quand j'étais enfant.

Lydie hocha calmement la tête, bien que pour elle Heileen n'avait pas de raison d'être gênée, elle ne chercha pas le lui faire comprendre et répondit :

- Oui je la connais. On va essayé avec celle-là !

La Rainsworth guida sa jeune élève, lui chantant lentement la chanson, la reprenant quand elle s'éloignait trop de la tonalité du morceau. Les oreilles de Lydie souffrirent un peu au début, mais la seconde partie de la chanson fut bien réussit, à son grand bonheur. Heileen fit si ravie qu'elle se jeta au coup de la jeune noble qui faillit par réflexe l'envoyé au tapis comme un adversaire de combat. Elle parvint à se maitriser et répondit à l’étreinte de la jeune fille qui finit par se relever, embarrassée par sa réaction. Lydie prit la main qu'Heileen lui tendait pour se lever et tenta de la rassuré :

- Ne t'inquiète pas, moi aussi ça m'arrive de ne pas contrôler mes réactions...

Sauf que Lydie était adulte de 21 ans et que les gens lui pardonnaient moins facilement, elle tentait d'y remédié, mais il y avait encore des progrès à faire...
Cela faisait maintenant une heure, et il était tant pour les deux jeunes femmes de retourner à leurs occupations. Heileen lui dit qu'elle espérait la recroiser un jour, ce à quoi Lydie répondit qu'elle aussi aimerait bien revoir la jeune chanteuse à l'occasion.
La brune commença à marché vers le centre ville, Lydie la suivit, elle aussi allait dans cette direction.

-Où comptes-tu te rendre, maintenant ?

Le regard de la plus jeune était curieux. Lydie eu un petit sourire en coin, elle était contente qu'Heileen lui pose des questions, ça prouvait qu'elle n'avait pas été trop gêné par la réaction de la Rainsworth face à sa première interrogation.
Les projets de Lydie était très simples :

- Je comptais rendre visite à mon frère, qui vit dans le centre ville.

Tiens, ça lui faisait penser qu'elle avait encore oublié de le prévenir qu'elle passait chez lui. Enfin, il devait être habitué maintenant. Lydie débarquait régulièrement chez lui à l'improvise.
La Rainsworth se souvint que sa jeune élève lui avait parler d'aller faire des courses, elle se rendait donc dans les rues marchandes. Ce qui signifiait qu'elles avaient un petit bout de chemin à faire avant de se quitter. Les deux jeunes femmes discutèrent de tout et de rien, et finir par arriver au point où leurs chemins se séparaient. Lydie sourit une dernière fois à la jeune fille.

- C'est ici que je te laisse. L'appartement de mon frère n'est plus très loin.

Elle hésita légèrement sur la façon de lui dire au revoir. Lydie avait beau être énergique, ce n'était pas pour ça qu'elle était porté sur les effusions, au contraire.

- Continue à t'entrainer de chanter, tu t'es beaucoup amélioré aujourd'hui !

Ses yeux violets s'ouvrirent en grand, comme à chaque fois qu'elle avait une idée qui lui venait en tête. Elle fouilla dans ces poches et sorti un morceau de papier et un crayon. Lydie griffonna quelque chose dessus, même à la va-vite, son écrite restait appliquée. Elle tendit le morceau de papier à Heileen après l'avoir plié.

- C'est mon adresse, tu pourras passer me faire écouter tes progrès !

Elle rangea son crayon dans une de ses poches. Puis la Rainsworth commença à s'éloigner, adressant un au revoir de la main. Son appartement, qui était également dans le centre-ville depuis qu'elle avait quitté la demeure familiale, n'avait rien de luxueux et il n'y avait pas de problème à ce que son élève d'une heure le voie.

- A une prochaine fois !

Lydie se détourna d'Heileen et continua son chemin, tout sourire.