Ahlalala. Pourquoi Vincent persistait à envoyer sa servante faire tout et n’importe quoi pour lui ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Probablement pour l’embêter le plus possible. Ou alors juste parce qu’il aime la voir courir de droite à gauche. Ou peut-être aussi parce que ça le divertit. Ou tout à la fois, aussi.
Echo, même si elle obéissait gentiment, sans rien dire, pleine de bonne foi, elle n’en était pas pour autant heureuse. Qu’est-ce qu’il l’énervait ! Mais elle gardait un visage impassible, endormi, du moins le plus possible, pour ne pas éveiller les soupçons. Même si elle était persuadée qu’il en avait quand même. Des soupçons. Des soupçons sur le fait qu’il la faisait miraculeusement chier – excusez mon langage, qui je le conviens, n’est pas celui d’une jeune fille. Des soupçons sur le fait qu’elle lui était beaucoup moins fidèle qu’auparavant.
Alors même si ça l’embêtait d’avoir à courir partout, elle en ressentait tout de même un certain plaisir, le plaisir de la liberté ! Quel bonheur de ne pas voir sa sale tête toute la sainte journée, de ne pas risquer de prendre un coup ou se faire empoisonner pour servir de preuve… Parfois, Zwei la houspillait quand elle sa laissait aller à de telles pensées. Cette fille agaçante lui hurlait de cesser d’insulter son Vincent, sinon elle allait la taper, elle grognait, tentait de sortir, sans grand succès. Cela faisait quelques jours que Zwei n’essayait plus de sortir, d’ailleurs. Tant mieux.
Echo soupira. Que devait-elle faire déjà aujourd’hui ? Ah oui. Amener une quelconque lettre au duc Nightray. Une lettre dont elle ne connaissait pas le contenu, et ça ne l’intéressait d’ailleurs pas plus que ça. La jeune fille prenait son temps, et en venait même à prier pour que quelque chose la retarde, de façon à ce qu’elle passe le plus de temps possible loin de Vince. Et ses prières durent porter leurs fruits, car effectivement, il se passa quelque chose. Le quelque chose en question était une fille, ou plutôt une jeune femme d’environ une vingtaine d’année, estima Echo au premier coup d’œil. Elle avait des cheveux d’une couleur brune tirant sur le vert - wow, space – semblait plus grande qu’elle, à vue de nez. Elle ne l’avait jamais aperçue, mais au vu de son maintien, la jeune femme semblait appartenir à la noblesse. C’était même quasiment sûr, car elle Echo était certaine que ce n’était pas une domestique. Elle semblait trop distinguée. Sans sembler affolée, la femme semblait un peu paumée. Pressentant un quelconque embêtement avec celle-là – peut-être à cause de ses cheveux d’une couleur bizarre, et un comportement quelque peu agité – Echo s’écarta et passa le plus loin possible.
« Faîtes qu’elle ne m’interpelle pas, faîtes qu’elle ne m’interpelle pas, faîtes que… et merde. »

"Mademoiselle !!"

La voix de la jeune femme résonna dans la salle, se répercuta sur les murs et arriva malheureusement aux oreilles d’Echo. Zut. Ne pouvait-elle pas être tranquille cinq minutes ? L’adolescente se retourna, un sourire cordial sur les lèvres, puis exécuta une mini-révérence.

"Excusez-moi, mais pourriez-vous m'aider ? Je suis venue ici pour porter des lettres au Duc Nightray, et je tourne en rond depuis un certain temps, je n'arrive pas à la trouver !"

Echo faillit laisser échapper un petit rire. Quelle coïncidence, cette fille devait elle aussi rencontrer le duc Nightray ! Seulement, comme Echo ne pouvait pas mener n’importe qui auprès du maître de maison, sous peine de guider un assassin directement à sa cible – bien que ça ne lui déplairait pas plus que ça – elle se trouvait obligée de demander son identité à la fille. Quoi que celle-ci paraisse trop gamine voire un peu stupide pour être capable de tuer quelqu’un et de s’enfuir ainsi. Echo secoua la tête pour chasser ces pensées de son esprit : ce n’était pas gentil de dire ça, en plus elle ne connaissait pas l’inconnue personnellement ! Alors, se forçant à sourire d’une façon moins formellement, elle demanda de son habituelle voix douce et endormie :

« Je serai heureuse de vous faire cette faveur, mais cependant, j’espère que vous comprenez que je ne peux vous mener au Duc sans connaître votre identité, mademoiselle. Auriez-vous l’obligeance de me dire qui vous envoie, également ? »

Echo avait parlé avec cette politesse propre aux serviteurs ne voulant pas se faire remonter les bretelles. Elle parlait doucement également parce que Vincent, qui se trouvait lui aussi au sein du manoir, l’influençait avec le Loir, et l’endormait. Qu’est-ce qu’elle pouvait être fatiguée ! La jeune fille avait beau bien dormir la nuit – aussi bien qu’on peut dormir avec un maniaque des ciseaux pas loin – elle ne parvenait tout de même pas à se reposer. Elle mourrait d’envie de bailler, mais la présence de cette femme si distinguée en face d’elle la rappela à l’ordre, et elle se contenta de serrer les mâchoires pour ne pas se retrouver à ouvrir grand la bouche. Elle tentait de garder les yeux ouverts, attendant avec impatience la réponse de la femme, quand elle réalisa que cette dernière désirait peut-être connaître l’identité de son interlocutrice avant de dévoiler son identité. On n’est jamais trop prudent, après tout, Echo pouvait elle aussi être une intruse.

« Oh, et bien sûr, vous pouvez me confier votre identité sans risque, mademoiselle. Mon nom est Echo, je suis au service de Maître Vincent Nightray. »

« Maître Vincent ». Ca l’exaspérait d’avoir à l’appeler ainsi, franchement ! Retenant un soupir, Echo sourit de nouveau à la femme. Restait à espérer qu’elle coopérait et serait bien gentille, sinon elle se prendrait un bon coup de lame sur la tête !

" Il n'y a pas de mal. Je suis Lydie Anabeth Rainsworth, c'est la duchesse qui m’envoie remettre ces lettres."

Oh, une Rainsworth. On n’en voyait pas souvent, des Rainsworth, dans le manoir des corbeaux. Mais tout bien réfléchi, ça n’étonnait guère Echo que cette fille exubérante soit une Rainsworth. Elle avait leur joie de vivre, leur bonne humeur, mais cette aura un peu particulière qui se dégageait de tous les membres de la famille et semblait dire à tout le monde « fais-moi chier et tu te prends un coup d’harisen dans la tronche ».
La jeune fille plissa les yeux, retenant un bâillement, et écouta calmement l’autre… Lydie, c’est ça ? Lydie déblatérer sur la beauté du manoir Nightray… que personnellement, Echo ne trouvait vraiment pas accueillant. Au moins, elles étaient d’accord sur une chose.

« Cependant, je ne suis venu que très rarement dans ce manoir, qui, en passant, est très impressionnant. Il n'est pas aussi coloré et accueillant que celui de ma famille, mais il est bien plus somptueux, pour moi du moins. Oh ! Excuse-moi, je ne suis pas ici pour parler de la décoration ! Pourrais-tu me montrer le chemin ? »

L’adolescente retint un soupir et effectua un petite révérence, puis sans un mot s’avança dans le couloir, signifiant clairement à l’étrangère qu’elle allait l’emmener là où elle le désirait. Echo était décidée à ne pas dire le moindre mot, sauf en cas d’extrême urgence, de telle façon à ce que la gentille jeune femme comprenne qu’elle l’embêtait sacrément et qu’elle aurait préférée être seule et tranquille. Bah ouais, quoi, comme elle a pas le droit de lui sortir à voix haute « Excusez-moi, vous pouvez me foutre la paix ? », autant le lui signifier par ses gestes et son mutisme.
Tout en continuant de prier intérieurement pour qu’elle continue d’être silencieuse, Echo parcouru un premier couloir, bifurqua à droite, puis à gauche quelques mètres plus loin. Elle faisait exprès de prendre un chemin un poil plus long que nécessaire, et d’accélérer le pas, comme pour tenter de semer la Rainsworth qui n’était visiblement vraiment, mais alors vraiment pas décidée à la lâcher.
Youpi, la journée d’aujourd’hui est si belle !

- Mademoiselle Echo. Excuse-moi, mais tu me sembles très fatiguée, tu ne te sens pas bien ?

Echo sortit de sa torpeur pour se tourner vers la jeune femme. Elle semblait vraiment inquiète, et l’observait d’un air totalement surprit, étonné, bref, pas commun. La jeune fille n’en rencontrait pas souvent, des personnes comme elle. Tout son être respiré de bonté, une bonté incroyable, elle semblait ne pas pouvoir faire du mal à qui que ce soit.
La servante des Nightray se surprit à comencer à l’apprécier. Cette femme, collante, surexcitée, visiblement très heureuse d’être la personne qu’elle était, qui s’inquiétait pour une inconnue semblant fatiguer, Echo commençait à bien l’aimer. Certes, elle n’était pas le genre de personne avec qui elle irait faire les courses ou discuter tous les jours, mais parler avec elle à l’occasion, avoir quelqu’un qui s’inquiète pour vous… Ca lui avait fait plaisir qu’elle lui demande ça. Alors Echo ne pouvait pas lui mentir en balançant qu’elle était en pleine forme.
Cette fille, elle faisait partie de la maison Rainsworth, non ? Alors elle devait connaître les chains. Aucune raison de le lui cacher.

« Ne vous inquiétez pas pour moi, mademoiselle ! Ce n’est qu’un contre-coup du pouvoir de la Chain de mon maître, Le Loir. Il me fait dormir. »

Cette simple tirade était pour Echo une marque de confiance envers cette quasi-inconnue. Elle ne la connaissait pas depuis longtemps, mais l’appréciait. Elle espérait que cette jeune femme pensait la même chose qu’elle. Peut-être reviendrait-elle lui rendre visite. Peut-être que Vincent lui permettrait, durant ses jours de congé, de se rendre chez les Rainsworth. Ah, que de rêves utopiques. Après tout, elles n’étaient même pas amies, les Rainsworth n’étaient pas la famille la plus proche des Nightray… Bah, Echo verrait bien comment ça aller évoluer. Il y a avait toujours un espoir.

Edit Staff : Faites attention ! Le nombre de ligne est vraiment limite ! Et n'oublie pas les couleurs dans les dialogues Echo !

"Mais ça doit être horrible ! Comment fais-tu pour te sentir ... en vie ?"

En vie ?
Tiens, Echo n'avait jamais vraiment réfléchi à cette question. ELle était vivante. POuvait-on considérer que la répercution du pouvoir du Loir sur son état était une atteinte à sa liberté, et donc à sa vie ? PEut-être. D'un autre côté, elle n'était qu'une servante, et, techniquement parlant, n'aurait aucune vie sans Vincent, sans son maître.
C'était paradoxale. D'un côté, elle ne vivait que pour être à son service, d'un autre côté, il la privait de vie par cette servitude.
Tout cela devenait bien trop compliqué pour la pauvre petite d'Echo, qui se retint de soupirer. QUe dire à cette jeune femme ? Si elle lui sortait le raisonnement qu'elle venait d'aovir, aucun doute que cette hystérique de Rainsworth commencerait à taper un scandale en gueulant que Vincent NIghtray ne prenait pas assez soin de sa servante. Et ce, bien sûr, sans se rendre compte qu'elle risquait ainsi de signer l'arrêt de mort d'Echo, qui se verrait sans aucun doute frappée et encore plus obligée d'intervertir les rôles avec Zwei. Ce qu'elle ne voulait absolument pas.
Et donc, même si ça ne lui plaisait pas, elle allait devoir se faire tout sucre tout miel pour préserver Vincent, et par la même occasion cette liberté ephémère dont elle était débitaire.
Wow. Tout cela devient bien compliqué, vous ne pensez pas ? Echo cessa donc de réfléchir pour faire ce qu'elle haissait, mais que son instinct lui ordonnait tout de même de faire : valoriser et glorifier son "maître adoré", expliquant qu'il était vraiment gentil avec elle et qu'il faisait tout pour qu'elle se sente bien. Particulièrement en lui offrant un repos bien mérité en lui faisant échanger de place avec l'autre cinglée quand elle devenait inutile.

" Pas de souci, mademoiselle. Je suis pleinement d'accord pour supporter cela. Ce n'est qu'un pâle inconvénient à côté de la façon dont Maître Vincent me sert. Vous savez, c'est vraiment un maître qui prend soin de moi."

Particulièrement en la faisant s'asseoir sur ses genoux, par ailleurs.

" En plus, au moins, je suis sûre de n'être jamais victime d'insomnies !"

Elle se donnait presque envie de vomir, à baragouiner ces âneries. Mais heureusement, la fille en face semblait assez crédule et naïve pour croire une histoire aussi abracadabrante que celle d'un Nightray prenant le plus grand soin de son Echo adorée. Ben tiens.
Elle espérait que la tentative d'humour qu'elle venait de faire en évoquant l'impossibilité d'insomnies dériderait la jeune femme, et lui ferait un peu oublier que c'était pas agréable d'être constamment endormie.
Echo commençait vraiment à se mettre à prier pour ne pas qu'elle doute de son histoire. Pitié. Pitié. PItié.

La jeune femme en face d’elle ne semblait pas convaincue par son histoire, mais ne la mit pas en doute plus longtemps, soit parce qu’elle s’en fichait (mais Echo doutait que cela soit le cas, vu comment la jeune femme avait eut, à l’instant, l’air préoccupée par son cas), soit parce qu’elle ne voulait pas paraître indiscrète, ce qui est, si vous voulez mon avis (et même si vous le voulez pas d’ailleurs), beaucoup plus plausible que la première solution proposée.
Echo lança un petit sourire à la Rainsworth.

« C’est très aimable à vous de vous inquiéter pour moi. »

Puis, se rappelant soudainement sa mission d’amener la jeune femme au duc Nightray, elle se tourna de nouveau vers sa compagne.

«  Bon, peut-être devrions nous nous remettre en marche… Nous sommes bientôt arrivées, on va vous recevoir d’ici pas longtemps, normalement. »

Puis, sans attendre sa réponse, elle se mit à avancer, un peu plus rapidement qu’à son habitude, tout de même un peu pressée de mettre fin à cette rencontre qui commençait à tourner à l’interrogatoire embarassant. Si la jeune femme conti nuait de poser des questions, elle ne pourrait pas contenir son animosité envers Vincent plus longtemps. En plus, ce dernier risquait de la frapper si elle se perdait dans le manoir en compagnie d’une invitée du Grand Duc. Et ça, elle avait pas du tout envie.

*Ouais, dépêche toi. Cette fille me tape sur les nerfs.* , marmonna soudainement Zwei dans sa tête.

*Oh non, moi qui pensait que t’étais partie dormir quelque part… J’ai déjà Miss Lydie sur le dos, tu peux pas me foutre la paix, toi aussi ?* râla à son tour Echo, un peu plus vivement que d’habitude.

*Dis donc, Mademoiselle la résonnance de mon âme, ton caractère commence à changer. T’étais pas plus calme, timide et humble, avant, hein ? Tes fréquentations deviennent mauvaises, peut-être devrais-je en référer à Maître Vincent…*  la menaça Noisy.

Echo ne dit rien, mais son visage avait pâli un peu. Heureusement que l’autre andouille de Noisy ne pouvait pas la voir, car elle se serait doutée de quelque chose. Maintenant, il restait à savoir que répondre à cette emmerdeuse de première. Si elle lui demandait de ne pas le faire, elle irait sans aucun doute, car l’autre se douterait de quelque chose. Par contre, peut-être pouvait-elle bluffer, en lui disant de faire ce qu’elle voulait ? Oui, ça, ça marcherait sans aucun doute.

*Tu peux y aller. Je n’ai rien à cacher.*

*Mouais…*

Bon, au moins, cette réplique avait eut le don de la faire taire. Echo tourna la tête vers Lydie Rainsworth, priant pour qu’elle n’ait rien remarqué de son débat intérieur…