En ce matin d'hiver, Liz s'était levée comme d'ordinaire : de bonne humeur. Ce jour-là, elle n'avait pas cours, et allait donc passer sa journée à Sablier, afin d'aider à l'orphelinat. La Maison de Fianna était sa maison depuis qu'elle avait quitté sa famille d'adoption, c'était sa famille ; et puis c'était aussi là où elle avait rencontré Elliot et Leo. Elle y avait retrouvé sa joie de vivre, alors elle leur en était plus que reconnaissante et souhaitait se rendre utile à leurs yeux.

Après s'être douchée, la jeune femme coiffa ses longs cheveux blonds en une tresse, et enfila ses habits, préparés la veille : un pantalon noir et un large pull blanc cassé, qui lui tenait bien chaud. Elle enfila des bottes montantes à lacets, noires, et alla à la rencontre de la maîtresse des lieux. Elle lui confia le poste de la cantine : elle devait surveiller tout les garnements qui s'y chamaillaient. Un travail épuisant, mais ça allait, Liz les aimait bien et ils étaient plutôt dociles avec elle. C'est avec le sourire qu'elle leur demandait de manger proprement ou de ne pas jouer avec la nourriture.

Mais à peine un quart d'heure plus tard, trois jeunes filles s'avancèrent vers elle, visiblement déstabilisées ; Liz lut dans leurs regards fuyants une once de panique. L'une d'elle prit soudainement la parole, et demanda à Liz de l'aider. Apparemment, les trois demoiselles avaient remarqué qu'un de leurs turbulents camarades était parti de l'orphelinat. Liz supposa qu'il n'était pas parti bien loin, et jugea bon de demander si quelqu'un savait dans quelle direction il était parti, et éventuellement dans quel lieu il souhaitait se rendre, s'il n'était pas sorti juste comme ça. Malheureusement, la réponse était la pire de toute ; elle n'avait même pas envisagé cette possibilité. Mais si elle en croyait les orphelins ... Le garçon était parti s'aventurer dans le gouffre. Pas n'importe quel gouffre, le gouffre de Sablier, celui relié à l'Abysse et dont on dit qu'il est sans retour...

Sans plus attendre, la jeune femme confia sa tâche de surveillante à une collègue, empoigna une veste et une écharpe, et fila au-dehors. Aussitôt la porte ouverte, le froid vint lui gifler le visage. C'était terriblement irritant, et le vent semblait s'acharner sur Sablier en cette éprouvante matinée d'hiver. La neige tourbillonnait, volait tout autour des maisons, empêchant quiconque de voir plus loin que deux mètres devant lui. Liz serra un peu plus son écharpe et se frotta les mains. Elle criait un peu partout le nom du garçon, mais personne ne lui répondait. Elle se souvint subitement que le gouffre était vers la droite de l'orphelinat. Elle s'en approcha doucement, espérant ne pas avoir à y aller... peut-être que l'orphelin n'y était pas encore entré, après tout ? Mais c'était peine perdue, elle n'entendait aucun bruit aux alentours. Il y était sans doute entré. Ah... elle qui faisait la maligne quand elle disait vouloir être digne de ceux qu'elle aime... elle se sentait bien misérable à présent. Elle regarda le ciel, comme s'il allait lui apporter une réponse. Oui, ce gouffre l'effrayait. Mais ... il fallait bien qu'elle y descende non ? Ce garçon devait avoir peur, tout seul dans ce lieu si noir. Peut-être... Liz ne voulait pas y aller seule. Mais ... c'est finalement ce qu'elle décida de faire. Après tout il fallait bien que quelqu'un aille le chercher ; alors ce serait elle. Elle serra les poings, et s'apprêta à descendre dans le gouffre sans retour.

L’hiver. Seule saison qu’on pouvait associer à la neige. Eh bien c’était le cas en ce jour, où Elliot se rendait à Sablier en compagnie de son valet qui restait avec lui. Le jeune noble regardait dehors distraitement ce monde désolé, recouvert de neige. Il n’avait pas cours aujourd’hui, et, bien évidemment, il devait aller quelque part de la part de son père. Elliot avait momentanément oublié la raison pour laquelle il devait se rendre à Sablier, mais cela lui reviendrait un moment plus tard. Tant qu’il y était, il passerait à la maison de Fianna. Il sait que Leo aime bien y aller. Au pire, il ferait un tour en attendant pour se changer les idées. Il arriva finalement à destination, et descendit de la diligence et entra dans le bâtiment en compagnie de Leo. Tandis que son valet alla saluer les enfants et s’occuper avec eux, Elliot entendit d’une oreille qu’un des enfants de la maison avait disparu. Il haussa un sourcil, perplexe. Qui s’amuserait à aller dehors en ce temps ? Ce qui suivit le fit réagir, car le gamin serait parti pour le gouffre. Ça, ce n’était pas bon du tout. Cet enfant n’avait rien à faire là-bas. Il comprit aussi que quelqu’un était parti le chercher. Le Nightray n’eut pas besoin de plus amples explications pour sortir hors du bâtiment, et de se diriger vers ledit gouffre. Sauf qu’il faisait un temps qu’on pourrait qualifier de pourri. Il neigeait plutôt fort et il y avait du vent. On n’y voyait pas grand-chose au-delà de deux mètres minimum. Il soupira et se dirigea vers le gouffre. Heureusement qu’il était habillé plutôt chaudement, parce que sinon il l’aurait payé très cher, car le vent amplifié de la fraicheur hivernale lui fouettait le visage. Si avec ça il n’était pas malade, ce serait un miracle. Il connaissait le chemin qui menait au gouffre de Sablier, et arriva finalement. A moins de quelques mètres du grand trou, il aperçut une silhouette. Qui s’apprêtait à descendre dans le gouffre, apparemment. Elliot s’approcha de la personne, et arriva à reconnaître Liz, une fille qui était souvent avec lui et Leo. Il se mit à côté d'elle en posant une main sur son épaule.

« Tu vas entrer dans le gouffre ? »

Demanda-t-il à la jeune fille. Mieux vaut être sûr avant d’entreprendre quelque chose de stupide. Mais bon, si c’était Liz qui était à la recherche du garnement, il allait rester avec elle. Parce que ce gouffre était relié à l’Abysse, et franchement, ce n’était pas une destination paradisiaque. C’était tout le contraire d’ailleurs. C’était interdit d’y aller, mais comme il y a toujours des petits malins qui désobéissent aux règles, s’en était fini pour eux. Mais c’était de leur faute, ils n’avaient qu’à pas y aller, tout simplement. Encore est-il que l’enfant soit toujours vivant … Mais bon, tant qu'ils n'avaient pas fait de recherche, rien ne prouvait cette théorie. En plus, rien ne disait qu'il était dans le gouffre. Sauf que si Liz était là, dans le froid devant le gouffre, ce n'était pas pour faire du zèle, loin de là. Surtout que dans le fond, elle aurait préféré être ailleurs qu'ici, ça, Elliot en était sûr. De toute manière, elle n'avait pas tord non plus. Quoiqu'il en soit, si Liz descendait dans le gouffre, il l'accompagnerait.

Ça y est, Liz était bien décidée à descendre dans ce trou. Elle le regarda encore une fois ; il lui semblait sans fin, et loin d'être accueillant. Angoissée, mais prête à y aller, elle sentit une main se poser sur son épaule.

« Tu vas entrer dans le gouffre ? »

Cette voix, Liz la connaissait bien. Elle se tourna aussitôt vers son interlocuteur, soudainement soulagée d'un poids terrible. Elle lui sourit jusqu'aux oreilles, comme toujours. Non, Liz n'était pas bête. Elle était simplement restée une enfant dans sa tête.

- Il le faut bien. Un garçon de l'orphelinat a décidé de s'y aventurer, semble-t-il. Alors... je suis venue le chercher.

Elle regarda à nouveau le gouffre, pas très rassurée, et y descendit, le pas décidé. Elle se mettait à la place de l'orphelin. Même s'il y était venu de son propre chef, il devait d'une part avoir terriblement froid, et peur aussi. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Elle repensa à cette histoire avec son frère, lorsqu'ils vivaient encore dans les bas-quartiers... elle s'y était perdue bon nombre de fois, et ce sentiment d'angoisse était resté encré dans sa mémoire. Elliot la suivait, ainsi, elle se sentait bien plus en sécurité. Elle s'arrêta à un moment, car elle n'y voyait plus rien : la neige tombait aussi dans le trou, et le vent qui s'y était engouffré tourbillonnait, créant un mur de neige. Pour avancer, maintenant, ce serait plus compliqué. Mais Liz ne renonça pas, et continua sa route malgré les intempéries. Elle faisait partie de ces jeunes gens qui croient qu'ils peuvent défier le temps et les éléments. Elliot avançait à ses côtés ; elle n'avait de cesse de le regarder. C'est vrai que s'il n'était pas venu, elle aurait peut-être cédé à la peur et rebroussé chemin. En temps normal, elle lui aurait sûrement sauté au cou. Il n'aurait sûrement pas apprécié, non plus... Mais cette fois-ci elle était occupée, oui, cela lui arrive d'être sérieuse. Une fois cette tâche accomplie, elle pourrait sans aucun problème profiter un peu plus de la présence d'Elliot. Qu'il le veuille ou non ... Oui, elle était du genre à imposer aux autres ses envies. C'était décidément une fille très envahissante. Quand soudain, tout lui sembla étrange. Elle n'était plus dans ce gouffre mais dans une ville peuplée de monde.

- Elliot ... on est où, là ? Lui demanda-t-elle, d'un ton pas très assuré.

C'était sublime, vraiment. Les gens semblaient heureux et riaient de bon coeur. Pourtant, Liz jugeait cet environnement pas très naturel, et le fait d'y avoir été si soudainement "projetée" l'effrayait grandement. Étrange. Liz ne se savait d'ordinaire pas si peureuse. Mais il fallait dire que ce gouffre était l'endroit le plus inquiétant où elle avait mis les pieds en seize ans de vie. Pourquoi bon sang, ce garnement s'était mis en tête de l'explorer ?!

Elliot remarqua que Liz lui fit un grand sourire. Alors même dans cette situation, elle savait sourire. Bon, en même temps, c’était peut-être parce qu’il était venu. Le jeune Nightray n’allait pas dire qu’il s’inquiétait, mais bon.

« Il le faut bien. Un garçon de l'orphelinat a décidé de s'y aventurer, semble-t-il. Alors... je suis venue le chercher. »

Le lycéen hocha la tête positivement. Donc Liz était bel et bien venue pour chercher l’enfant. C’était courageux de sa part, de s’aventurer ici, et il le pensait. Il remarqua que la jeune fille commençait à descendre, et la suivit. Il marcha aux côtés de Liz, qui était en train de le regarder. C’est vrai, et ça, Elliot l’avait remarqué mais … A chaque fois qu’il voyait Liz, celle-ci venait s’accrocher à lui instantanément, et ça l’ennuyait beaucoup. Cette fois-ci, comme les conditions sont difficiles, elle ne l’a pas fait, mais elle continuait à avancer malgré la neige qui tombait et le vent qui faisait rage. A un moment, elle lui parla.

« Elliot … on est où, là ? »

Demanda-t-elle d’un ton peu rassuré. Elle avait le droit de poser la question car le décor avait changé. Ce n’était plus le gouffre qu’il voyait, mais une vision de la capitale. Les gens allaient et venaient, sans se soucier de ce qui pouvait leur arriver … Fronçant les sourcils, Elliot ne perdit pas de vue Liz, car sinon il allait mettre trois plombes pour la retrouver.

« Nous sommes toujours dans le gouffre. Ne te fie pas à ces mirages et continue d’avancer, sinon tu pourrais te perdre. »

Lui conseilla-t-il. C’est vrai quoi. Avec ça, ça pouvait faire perdre n’importe qui, même les enfants qui se perdaient en ce lieu … C’était bien leur chance, tiens. Chercher un gamin qui avait désobéit et qui était allé dans le gouffre pour ensuite très probablement se perdre, en ayant pris peur devant ces images générées par l’Abysse, ou bien en les suivant. Les deux hypothèses pouvaient marcher, sauf que rien ne pouvait le démontrer. Retenant un soupir, il continua d’avancer en compagnie de Liz en cherchant le môme qui s’était perdu dans le gouffre. S’il le retrouvait, Elliot lui ferait passer l’envie de revenir ici, car c’était extrêmement dangereux. On pouvait tomber sur n’importe qui ou n’importe quoi … Et on pouvait mourir bêtement si on ne faisait pas attention, en ces lieux. Enfin, un enfant pourrait mourir bêtement, car quelqu’un de censé ne viendrait pas faire une balade ici, et même si c’était le cas, cette personne serait au courant des dangers qu’on peut encourir ici.

« Nous sommes toujours dans le gouffre. Ne te fie pas à ces mirages et continue d’avancer, sinon tu pourrais te perdre. » Avait-il répondu.

Dans le gouffre ? C'était donc des mirages ... Liz détourna son attention, et bientôt elle retrouva ce paysage sombre dans lequel elle se trouvait précédemment. Elle avait de la chance dans son malheur, car sans Elliot à ses côtés elle se serait sûrement aventurée au gré de cette ville factice. Elle était curieuse, oui, terriblement. Elle supposa que le jeune garçon avait suivi le mirage, mais après tout peut-être que non. Tout le monde ne pensait pas comme elle... loin de là, d'ailleurs, car Liz était une fille spéciale ; bien qu'elle ne se considérait pas comme telle.
Elle continua de marcher assez longtemps, s'enfonçant toujours plus profondément. Elle se demanda si Elliot avait vraiment envie de la suivre. Cela l'ennuyait sûrement, mais elle n'avait pas vraiment envie de continuer seule, alors elle ne lui proposa pas de remonter sans elle. De toute façon, elle savait qu'il était gentil même s'il ne le montrait pas, il avait beau le nier elle en était sûre : il n'était pas foncièrement méchant. C'est vrai que de loin, il pouvait paraître colérique, mais depuis le temps qu'elle le connaissait ... et puis, Leo était de son avis, et elle lui faisais confiance pour ce qui avait un rapport avec Elliot ; Leo était son meilleur ami, donc, forcément c'était lui qui pouvait le décrire le plus justement possible.
La jeune femme remarqua que le vent se faisait de moins en moins violent ; sans doute s'étaient-ils enfoncés trop profondément pour que le vent puisse les suivre ... Mais toujours pas de trace du garçon. Peut-être avait-il choisi de prendre un autre chemin que celui qu'Elliot et elle avaient suivi ? Mais elle ne comptait pas remonter. Elle chercherait jusqu'au fond du gouffre, s'il le fallait. Tout le monde devait s'inquiéter, à l'orphelinat. Il fallait calmer leur peur. Liz croyait dur comme fer que rien n'était perdu tant que l'on avait pas essayé. Peut-être était-ce vrai, peut-être pas, et elle allait une fois de plus en faire l'expérience.

- Je n'en peux plus de ce froid ! Protesta-elle à haute voix, voix qui se voulait tremblante à cause de la basse température qui régnait ici bas.

Mais elle continua d'avancer, même ralentie par les conditions. Elle avait froid aux mains, et soudain une idée lui traversa l'esprit. Hm ... Il n'allait sûrement pas apprécier, mais tant pis. Elle attendit qu'Elliot, qui la suivait, arrive à sa hauteur, et l'entraîna par la main, continuant sa route pour qu'il ne prête pas trop attention à ce geste. Oui, bon, il allait forcément y prêter attention, mais elle ne voulait pas qu'il lui fasse de remarque ... Même si c'était espérer un peu trop, elle savait combien Elliot aimait clamer sa façon de penser. Mais elle continua les recherches objectivement, et ce fut avec un grand soulagement qu'elle entendit des pleurs étouffés non loin d'eux. Sans doute avaient-ils enfin mis la main sur ce garnement sans cervelle ! A qui elle pardonnerait quand même, puisqu'après tout, il était encore jeune. Par contre, le Nightray ne serait sûrement pas de cet avis ... Elle s'approcha de ce qu'elle avait identifié comme étant l'orphelin, toujours accompagnée d'Elliot.

- On est là, c'est fini, avait-elle dit afin de le rassurer.

Elle s'accroupit, et découvrit un petit garçon au visage en larmes. Oui, il devait être terriblement oppressé par ce noir abyssal. Elle lui prit contre lui, mais fut soudain prise d'un vertige. Elle avait tellement froid...

Plus ils descendaient, plus le vent et la neige s’affaiblissaient. C’était bon signe. Sauf qu’il ne faisait pas chaud pour autant, malheureusement. Elliot se demanda aussi si Liz avait froid, mais la jeune fille ne tarda pas à le lui faire savoir.

« Je n'en peux plus de ce froid ! »

Sa voix était tremblotante, mais elle continua d’avancer bravement. Elliot admira sa détermination, mais il sursauta quand il sentit que Liz lui prit la main. Cependant, il put remarquer qu’elle avait froid aux mains, donc il ne fit aucun commentaire, pour une fois. Car en général, il lui aurait dit de le lâcher tout de suite. Il perçut ensuite des pleurs. Des pleurs d’un enfant. Alors ça y était ? Ils avaient retrouvé le garnement ? Tant mieux, car il n’avait pas l’intention de s’éterniser.

« On est là, c’est fini. »

Dit-elle en s’accroupissant devant le petit garçon qui pleurait. Elliot l’observa attirer le garçon contre elle, mais il constata un changement de comportement chez la jeune fille, comme si elle avait un vertige. Le Nightray s’approcha d’elle, un peu inquiet pour elle.

« Liz … Ça va ? »

Elliot vit qu’elle avait froid, et posa les yeux sur l’enfant que la jeune blonde serrait contre elle. Il ne fallait pas qu’ils s’attardent ici.

« Venez, ne restons pas ici … »

Dit-il en aidant Liz à se relever. Si elle avait froid, il faudrait qu’ils sortent en vitesse pour éviter qu’elle s’évanouisse ou que le gosse n’attrape froid aussi. Il s’inquiétait quand même pour leur santé, même si i ne le disait pas. Mais ce qu’il voulait à présent, c’était sortir. Le plus rapidement possible, sinon les conséquences pouvaient être encore pire.

Liz tentait de s'accrocher malgré le froid qui régnait. Elle était si fatiguée, tout à coup... Elle ne remarqua même pas qu'Elliot s'était avancé vers elle, et c'est à peine si elle entendit sa voix s'adresser à elle.

« Liz … Ça va ? »

Haha, elle le savait ... Elliot était gentil ! *Toujours à s'inquiéter pour les autres* songea-t-elle. *Il ne changera jamais.* De toute façon, elle n'avait aucune envie qu'il change. Elliot était parfait comme il était, de son point de vue. Le garçon qu'elle tenait dans ses bras était aussi tremblotant qu'elle, et lui aussi était glacé. Il prit ses petites mains dans les siennes et lui frotta affectueusement, avec l'énergie qui lui restait.

« Venez, ne restons pas ici … »

Elliot aida Liz à se relever. Surprise de tant d'attention, elle en resta muette ; pourtant c'était bien ce geste et seulement ce geste qui la fit à revenir à la réalité, alors qu'elle se laissait doucement happer par le froid de l'hiver. Ce froid l'engourdissait tellement que c'en était handicapant. Elle porta l'orphelin, le serra contre elle pour qu'il n'ait pas trop froid lui non plus. Ce contact lui fit à elle aussi beaucoup de bien, même s'il était plus que frigorifié, et cela se ressentait. Elle avança donc le plus vite possible, car sa seule envie était de s'en aller de ce fichu trou noir. Mais même si elle faisait de son mieux, elle remarqua soudain qu'Elliot était tout le temps obligé de l'attendre ; elle devait sûrement marcher bien plus doucement qu'elle ne le pensait.
Comme ils étaient descendus bien bas, ils devraient encore marcher un moment avant de retrouver la surface. Mais le pire, c'est que la montée est toujours plus difficile que la descente ... alors la tâche s'avérait plus compliquée que prévue. La jeune femme n'avait même pas pris de petit-déjeuner et cela commença à se faire sentir. Elle essaya cependant de se montrer forte et de ne rien en laisser paraître. Elle était contente qu'Elliot s'inquiète pour elle car cela lui prouvait qu'il tenait ne serait-ce qu'un peu à sa personne, mais elle ne souhaitait pas davantage abuser de sa gentillesse. Mais elle ne sentait déjà plus ses pieds. Le garçon devait sentir cela, car il s'agrippait de plus en plus fortement à la veste de la jeune femme. Cela lui redonna un peu de courage, et elle tint encore pendant un quart d'heure, lui semblant durer une éternité. Mais c'était de trop, elle ne put bientôt pas faire un pas de plus.
Liz trébucha et tomba dans l'épaisse couche de neige qui s'étendait sous ses pieds. Elle avait froid. Terriblement froid. Il lui sembla que le garçon qui avait causé leur mésaventure l'appelait, mais elle ne sût pas lui répondre. Elle avait les yeux ouverts, mais elle ,'était plus en état de faire quoi que ce soit. Elle avait tellement froid que bientôt elle ne ressentait plus cette sensation. C'était étrange, ça aussi. Tellement froid qu'elle en avait chaud ... Et puis, ses yeux se fermèrent.

Plusieurs fois Elliot dû attendre Liz car elle était plutôt lente, mais en même temps, elle portait l’enfant et avait froid, sans compter qu’ils étaient descendus bien bas. Elliot ne faisait pas le malin car lui non plus n’avait pas très chaud. Ils marchèrent en silence pendant un moment, un petit quart d’heure, avant que le Nightray entende la jeune fille chuter dans la neige. Il se retourna pour découvrir une Liz à terre, ayant froid et fatiguée. L’enfant l’appelait sans qu’elle réponde, et Elliot su qu’elle avait fait un malaise. Elle était peut-être en hypoglycémie, c’était possible. En plus le froid qui n’arrangeait rien. Une très belle journée dans l’ensemble.

« Liz ? »

Pas de réponse. Liz devait donc être inconsciente. Bon, il n’allait pas prendre des mesures draconiennes, mais il hissa Liz sur son dos, demandant au gamin de marcher car il ne pouvait pas les porter tous les deux. Se remettant en marche, il calqua son pas sur celui de l’enfant, qui n’était pas rapide. En même temps, c’était normal. Il avait tout aussi froid et il était jeune. Elliot se dit qu’ils devront tenir jusqu’à que Liz se réveille. Entre-temps, il donna aussi son manteau au gamin pour qu’il ait moins froid. Même si il ne le montrait pas, lui aussi était fatigué à cause des nuits cauchemardesques qu’il passait. Mais bon, il continua la remontée plus lentement que sûrement, accompagné de l’enfant emmitouflé dans son vêtement chaud. C’était la moindre des choses. Il préféra rester derrière le gosse pour le surveiller, mais ils n’avançaient pas vite du tout. Plusieurs fois, Elliot aida le jeune garçon à se relever quand il tombait. Ils progressaient petit à petit, et espéraient tous deux que Liz se réveillerai bientôt. Elliot manqua de tomber à cause d’un de ses vertiges, et dû s’arrêter en s’appuyant à la paroi près de lui. A ce rythme, ils allaient passer un mauvais quart d’heure. Mais le Nightray était borné et refusait d’abandonner. Son mal passé, il se remit en route avec le garçon, qui marchait toujours à petit pas, remontant lentement … Ce qui était vraiment nul dans ces cas-là, c’est que la descente, c’était bien, mais la remontée, c’était autre chose. Voilà pourquoi la majorité des gens préféraient descendre que monter, et ça, Elliot pouvait les comprendre facilement car cette remontée-là, c’était vraiment l’enfer. Enfin, ça aurait pu être mieux si ce n’était pas l’hiver et qu’il n’y avait pas des intempéries atroces. Quoique non, hiver comme été, c’était toujours pourri de remonter le gouffre. Quelle idée aussi d’y aller … Une idée d’enfant, après tout. Mais ce n’était pas le moment des sermons. Il aurait tout le temps de lui faire la morale après être sorti. Cependant, en marchant et en surveillant l’enfant qui marchait, il guettait aussi le réveil de Liz.

Liz ouvrit doucement les yeux. Elle se sentit ballottée. Qu'est-ce qui pouvait secouer autant ? Elle regarda en face d'elle et remarqua que même si elle ne touchait pas le sol, elle avançait. Des pieds qui n'étaient pas les siens se succédaient, l'un après l'autre. Elle ne réalisa pas ce qu'il lui arrivait, il fallut qu'elle lève la tête et aperçoive le visage d'Elliot, tout près du sien, pour se rendre compte qu'il la portait. Ah oui, elle se souvenait, maintenant... Elle s'était évanouie. Elle était tellement fatiguée. Cependant, elle se dit qu'elle ne devait pas être la personne la plus légère au monde, bien qu'elle soit fine et qu'elle ne doutait aucunement de la force d'Elliot. Mais elle se doutait que par ce froid, porter une personne de sa taille ne devait pas être de tout repos...

- Elliot, je peux marcher, c'est bon. Merci beaucoup.

Elle attendit qu'il la dépose à terre, avant de s'avancer et de déposer un baiser de remerciement sur sa joue. Elle n'attendit pas de voir sa réaction et se pencha aussitôt vers le garçon. Elle remarqua que celui-ci portait la veste de son ami, vers qui elle se retourna aussitôt, le fixant de ses yeux bleus.

- Mais Elliot, tu n'as pas froid ? Tu n'es pas très couvert sans ton manteau.

Liz le dévisagea un bon moment, l'air de réfléchir. Elle déroula son écharpe et la passa autour du coup du Nightray. Elle ne tenait pas à ce qu'il attrape froid par sa faute ... oui car après tout, il ne serait jamais descendu dans le gouffre si elle était descendue plus tôt dedans. Il ne semblait pas aller très bien lui non plus. Il semblait pris de vertiges ... Ce n'était pas la première fois qu'elle le voyait ainsi, et se blâma intérieurement de lui faire subir tout ça. Liz ne savait pas combien les nuits d'Elliot étaient éprouvantes ... elle avait cru comprendre qu'il était sujet à des cauchemars, après une discussion avec Leo, mais elle n'en savait pas plus que ça. Oh, elle avait bien essayé de se renseigner à ce sujet, mais Elliot restait toujours muet comme une carpe. Liz n'appréciait pas trop de rester dans l'ignorance, mais ce ne fut pas la raison qui la poussa à reposer la question à Elliot ce jour-là. Elle était vraiment inquiète, cette fois.

- Tu tiens le coup ? Si quelque chose ne va pas, tu peux m'en parler ... je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider !

Les rôles étaient soudainement inversés, songea-t-elle. Car elle allait vraiment mieux, et ça, c'était grâce à lui. S'il ne lui avait pas permis de se reposer en la portant, qui sait comment elle aurait fini... frigorifiée, au fond du gouffre, sans doute. Elle tenait tellement à Elliot, et le voir ainsi lui serrait le coeur abominablement fort. Mais il faisait le fier, comme toujours, celui qui est intouchable et qui n'a rien. Elle garda cependant un oeil sur lui, au cas où. Le garçon semblait lui aussi avoir retrouvé ses couleurs. Sans doute était pour lui aussi grâce à l'intervention d'Elliot, car depuis qu'il était emmitouflé dans ce manteau, la température qui se dégageait de son corps se voulait bien plus chaude que précédemment. Liz fut soulagée de voir que la neige diminuait peu à peu, malgré le fait qu'ils remontaient vers la surface. Le temps s'était amélioré, ouf ! Ce n'était pas trop tôt ...

Elliot sentit que Liz s’était réveillée. Tant mieux parce qu’il ne sentait plus ses bras. Liz n’était pas si lourde que ça, mais avec le froid et la fatigue, ça changeait tout, le lycéen pouvait le dire, sauf qu’il ne disait rien, justement.

« Elliot, je peux marcher, c'est bon. Merci beaucoup. »

« De rien. »

Répondit-il simplement. Liz lui colla une bise sur la joue, mais Elliot ne dit rien du tout, mais sa pensée était tout autre. Il observa son amie se pencher vers leur fauteur de trouble, et sembla remarquer qu’il portait son manteau. Alors, Liz se releva pour le regarder.

« Mais Elliot, tu n'as pas froid ? Tu n'es pas très couvert sans ton manteau. »

« Ça va, ne t’inquiète pas. Et puis il en avait plus besoin que moi … »

Dit-il. Liz le toisa un instant, avant de retirer son écharpe pour la lui enrouler autour de son cou. C’était un geste gentil, et la garda pour ne pas vexer ou inquiéter la jeune fille, surtout qu’il n’avait pas chaud. Pas du tout même. Avec ses vertiges qui n’arrangeaient rien, tout allait bien. Il se demanda si Liz était au courant pour ses cauchemars … Oui, sûrement, elle avait dû poser la question à Leo. Sauf qu’il restait très tabou à ce sujet, et même si il en avait parlé à Leo, il y avait peu de chance que celui-ci aille dire à tout va qu’il dormait mal. Cependant, en cet instant, il remarqua que Liz était assez inquiète. Il ne manquait plus que ça.

« Tu tiens le coup ? Si quelque chose ne va pas, tu peux m'en parler ... je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider ! »

« Ça va, je vais tenir jusqu’à que l’on sorte. »

Avait-il répondu. Mais il avait remarqué que son rôle avait changé. Il lui semblait aussi qu’elle semblait aller mieux que tout à l’heure. Tant mieux. Le garçon aussi avait apparemment retrouvé des couleurs. Bien. C’était mieux comme ça. Frottant ses bras pour se réchauffer ne serait-ce qu’un peu, il put constater que la neige commençait à baisser. Eh bien, il en aura fallu du temps à ces intempéries pour se calmer. Mais bon, ils n’étaient pas encore sortis du gouffre. Ça approchait peu à peu. Encore un effort.

Liz regardait vers le haut. Encore et toujours, en espérant apercevoir ne serait-ce qu'un peu de lumière dans ce noir sans fin. Elle avait retrouvé son énergie, mais elle avait terriblement faim, son ventre gargouillait ... *pas très gracieux* songea-t-elle. Oui, mais l'heure n'était de toute façon pas à ça.

Elliot se frottait les bras. Elle le savait, il avait froid. Comment tenir sans manteau avec une telle température ? C'est sûr qu'avec un tempérament de feu comme le sien ... ça aidait peut-être ? Mais tout de même, Liz était impressionnée par cet entêtement... Il faudrait vraiment qu'elle le remercie une fois remontés. Pour l'heure, il valait mieux se concentrer sur le but premier : arriver à la surface.

Lorsqu'enfin elle aperçut la lumière au-dessus d'eux, un sourire radieux illumina son visage. Cette douce lumière réconfortante ... Elle ne l'aurait sûrement pas trouvée ainsi si elle n'était pas allée dans ce maudit gouffre ... mais c'était le cas, alors peu importe. Et puis, sans s'en rendre vraiment compte, elle accéléra le pas, se dirigeant de plus en plus vite vers la lueur du jour. Elle désirait tellement sortir de cet endroit glauque et loin d'être rassurant. Une fois en haut, elle tomba à genoux, pour reprendre son souffle, car sa rapide remontée n'avait pas été sans coût d'énergie. Le garçon posa de lui même pied à terre, sachant qu'il allait sans doute se faire réprimander au vu de sa mine honteuse. La blondinette reprenait son souffle tant bien que mal. Ça y est, ils étaient remontés ... enfin.

Il fallait à présent qu'ils retournent à la Maison de Fianna afin de rassurer tout le monde et d'y ramener l'enfant. Et puis, s'y réchauffer ne serait pas de trop, non plus, car vous pensez bien que lorsque l'on est déjà frigorifié, rester dehors en hiver n'est pas ce qui est le plus enviable comme situation. Liz se releva sans peine, et prit l'enfant par la main.

- Elliot, tu viens aussi à l'orphelinat ? Leo aussi y est, alors autant y retourner non ? Enfin, c'est à toi de voir.

S'il ne venait pas, Liz le remercierait sur-le-champ, et sinon, elle le ferait bien au chaud, au calme. Bref, dans une atmosphère plus chaleureuse. De toute façon, il ne semblait pas aller beaucoup mieux qu'elle. Sans doute voulait-il aller au chaud lui aussi ? Liz repensa à ses vertiges et se demanda si cela venait vraiment de ses cauchemars. Pour que cela en arrive à ce point, il devait vraiment avoir beaucoup de mal à dormir. Elle fut peinée de se rendre compte à quel point elle était ignorante, elle qui avait déclaré l'aimer. C'était égoïste de l'aimer sans savoir... Mais elle chassa cette façon négative de penser. Oui car, après tout, elle n'était pas tombée amoureuse de lui par hasard, si elle l'aimait il devait bien y avoir une raison. Alors pas la peine de s'en faire pour ça... S'il voulait lui en parler, elle serait à l'écoute, voilà tout. Il le ferait s'il en avait envie ... même si'il y avait peu de chance pour qu'il se décide à le faire. Sans doute les sentiments de Liz lui importaient peu... Mais même si c'était dur, elle s'était jurée de lui voler son coeur ! Enfin, façon de parler. Et puis ... Elliot avait sûrement d'autres préoccupations que l'amour. Liz aussi, mais elle arrivait, comme beaucoup de jeunes femmes, à cumuler les deux. Et le poids sur les épaules du jeune Nightray devait être bien plus important que celui que devait porter une orpheline.

Toujours en remontant, Elliot entendit le ventre de Liz gargouiller. Ses déductions étaient-elles juste ? Elle était en hypoglycémie ? Bah, il n'en savait rien et n'allait pas s'attarder sur le sujet. En tout cas, il avait froid. Bon, c’était supportable puisque il marchait. Ça aidait légèrement car s’il était resté immobile, il aurait certainement fini frigorifié, voire congelé. Enfin, il aperçut de la lumière. Enfin ils allaient sortir de ce satané trou ! Liz aussi semblait l’avoir remarqué car elle avait un grand sourire, et commençait à presser le pas. L’enfant la suivait, et lui restait derrière. Il finit par arriver hors du trou, et vit Liz, à genoux, semblant essoufflée. Lui-même avait le souffle légèrement court, car il avait dû passer la vitesse supérieure pour les suivre. Enfin bref, il s’en fichait. Le plus important, c’est qu’ils étaient sortis. Elliot posa les yeux sur le gamin, qui avait l’air honteux. Tant mieux, comme ça il avait compris qu’il ne fallait pas s’aventurer dans le trou. Mais bon, ça n’allait certainement pas le dissuader d’en rajouter une couche … Mais pas ici. Plutôt à l’orphelinat … Et même s’il ne disait rien, ce serait Leo qui lui ferait la morale, normalement. Bref, ce n’était pas son problème pour l’instant. Et puis il fallait rassurer les gens et les enfants à l’orphelinat, pour qu’ils ne s’inquiètent plus. Et ils en profiteront pour se réchauffer pendant qu’ils y étaient parce qu’il faisait un peu frisquet dehors. D’ailleurs, Leo lui demanderait forcément où est-ce qu’il était. Il vit que Liz se releva facilement et prit l’enfant par la main.

« Elliot, tu viens aussi à l'orphelinat ? Leo aussi y est, alors autant y retourner non ? Enfin, c'est à toi de voir. »

« Bien sûr que je viens, parce que Leo doit se demander où est-ce que je suis parti.

Répondit-il. C’était totalement vrai, car il avait filé à l’anglaise sans rien dire. Mais c’était pour la bonne cause, alors il s’en fichait légèrement. Une pensée traversa l’esprit d’Elliot. Une fois à l’orphelinat, Liz le remerciera, sans aucun doute. Ce qu’il espérait, c’est qu’elle ne lui saute pas au cou comme une furie, car ça ne le mettrait pas de bon poil, mais bon, il savait que Liz était amoureuse de lui. A force, il l’avait remarqué. Mais qu’est-ce que Liz lui trouvait ? C’est vrai quoi, il y avait d’autres garçons mieux que lui. Et bah non, la jeune lycéenne a jeté son dévolu sur lui. Le seul problème, c’est que lui, il ne l’aimait pas. Enfin, il la considérait simplement comme une amie et rien de plus. Bon, Elliot verra tout ça une fois arrivé à l’orphelinat. Sur-ce, il suivit Liz qui se dirigeait vers le bâtiment avec l’enfant.

« Bien sûr que je viens, parce que Leo doit se demander où est-ce que je suis parti. »

Ah bon, il n'avait pas prévenu les autres de son départ ? Au point que Leo n'en soit pas averti, c'est qu'il devait être pressé ... Sûrement s'inquiétait-il pour le garçon qui s'était échappé, les orphelins avaient dû l'ébruiter. *il est tellement gentil* songea Liz qui faisait mine de ne pas se préoccuper de ce dernier, se forçant à ne regarder que l'orphelin. Elle n'était pas gênée, non. Elle se doutait juste qu'Elliot en avait certainement un peu marre de s'occuper d'elle, surtout qu'elle était du genre pot de glue à chaque fois qu'elle le croisait. Alors cette fois-ci, elle ferait une exception. Oui parce que, quand même, elle ne cherchait pas non plus à se le mettre à dos. L'orphelinat était tout près, à présent, et à présent elle ne faisait plus du tout attention au froid. Non, c'était derrière, tout ça, à présent. Grâce à Elliot ... Instinctivement, elle se tourna vers lui, relâchant par mégarde sa garde, le gratifiant d'un sourire un peu bête qui la fit passer une fois de plus pour une enfant.

Lorsqu'ils arrivèrent à l'orphelinat, Liz poussa la grande porte, et la tint pendant que ses compagnons pénétraient dans le hall ; après quoi elle fit de même. Mrs Finn les y attendaient, apparemment. Une pensée traversa l'esprit de la jeune femme : et Leo, où était-il ? ... Bah, sûrement avec les enfants, après tout, c'était là qu'il était habituellement. La blondinette à la tresse s'approcha de la maîtresse de maison, et guida le garçon vers elle. Mrs Finn ne lui dit rien : sans doute savait-elle que Leo s'occuperait de son cas. Elle les mena justement jusqu'à lui, et pendant ce temps elle alla rassurer les autres habitants de l'orphelinat, sans doute inquiets. Liz salua Leo chaleureusement, comme à son habitude, car elle l'appréciait grandement, puis le regarda sermonner le jeune impétueux. Elle tourna la tête vers Elliot ... Il faudrait quand même qu'elle le remercie, à présent. Mais comment trouver les mots ? Comment lui dire à quel point elle avait eu peur, dans ce gouffre lugubre ? Elle était là, plantée devant lui, entrelaçant ses mains d'un geste vif et nerveux. Il devait se demander ce qu'elle avait, à rester comme ça. Puis elle décida de faire les choses à sa manière, tant pis pour lui, et tant pis pour ses résolutions ... qui, soit dit en passant, ne duraient jamais bien longtemps quand elles touchaient à Elliot. Elle releva subitement la tête, l'air un peu mièvre, et lui lança un « Merci ! ♥ » amoureux... après quoi, honte sur elle d'être aussi débauchée, elle se jeta sur lui, pour ne pas trahir ses vieilles habitudes pourtant pas très sérieuses ... Mais bah, elle était comme ça, ce n'était qu'une gamine alors tant pis. Elle espérait qu'il avait compris que son "merci" voulait tout dire... "merci de m'avoir aidée, de m'avoir portée, merci d'avoir été là tout simplement." Voilà ce qu'elle aurait voulu trouver le courage de dire. C'était ce qu'elle ressentait. "Merci d'être toi". Mais ces mots aussi restèrent coincés dans sa gorge.

Le petit groupe arriva en vue de l’orphelinat, et Elliot vit que Liz s’était tournée vers lui avec un sourire, quoiqu’un peu bête. Arquant un sourcil, il ne fit cependant pas de commentaire sur sa mentalité légèrement enfantine. Il n’y pouvait rien si elle était comme ça de nature. Enfin bref, ils arrivèrent finalement en vue de l’orphelinat, et Liz ouvrit la porte pour les laisser entrer. En entrant, Elliot vit Mrs Finn. La lueur d’inquiétude qu’elle avait depuis que le gamin avait filé avait disparue quand elle les vit entrer tous les trois, et le Nightray, sur le coup, espéra que les ardeurs du garçon s’était refroidie grâce à ça. Il observa Liz remettre le jeune garçon à ses bons soins, et elle les mena ensuite à Leo. Elliot eut l’ombre d’un sourire, il n’aurait pas besoin de passer un savon au garnement. Le jeune homme regarda Liz se tourner vers lui. Elle ne l’avait pas encore remercié d’être venu l’aider. Bon, la connaissant, elle allait certainement le faire, mais à sa manière … En passant, il récupéra son manteau, et regarda bizarrement Liz tortiller ses mains, semblant nerveuse. Il la dévisagea un instant, avec qu’elle ne relève soudainement la tête vers lui en ayant l'air mièvre.

« Merci ! ♥ »

Elle avait dit ça d’un ton plutôt amoureux, ce qui ne surprit guère Elliot, qui s’en doutait. Même si il était quand même mal à l’aise devant cette marque d’affection. Faute de quoi, Liz lui sauta au cou car elle devait se sentir honteuse. Le Nightray se douta que cette marque d’affection voulait simplement le remercier de ce qu’il a fait pour elle, et, faute de quoi, il finit par refermer ses bras sur elle pour la serrer contre lui. Puis il s’écarta, en lui souriant légèrement.

« Pas de problème Liz. Tiens, je te rends ton écharpe. »

Illustrant ses paroles aux gestes, il lui rendit son écharpe avant de se tourner vers Leo pour lui signifier qu’ils pouvaient y aller à présent. Le garçon qu'il avait aidé le remercia également avant qu'il parte, et Elliot lui conseilla simplement de ne pas recommencer. Faute de quoi, le jeune garçon acquiesça pour signifier qu'il avait comprit. Hochant la tête, Elliot dit au revoir à Mrs Finn, et fit un signe à Liz avant qu'il ne quitte l'orphelinat de Fianna.

(Fin pour moi ~)

[Désolé du retard ^^’]

Liz était encore serrée contre son idole, le seul homme qu'elle avait admiré jusque là, le seul qui comptait vraiment pour elle. Elle n'avait étrangement pas honte de son comportement. La jeune demoiselle n'avait aucun souci à profiter de la gentillesse d'Elliot, et sans scrupules resta accrochée à lui un bon moment. De toute façon, il ne l'aimait pas... et puis un câlin, ça ne lui coûtait rien. Elle aurait juré qu'il la repousserait. Mais pourtant il referma ses bras sur elle. Pour la première fois depuis qu'elle le connaissait. Cela lui fit un électrochoc tellement violent qu'elle s'écarta immédiatement de lui. *Quelle nigaude... pour une fois que j'avais l'occasion de rester dans ses bras... Gnnn !* S'énerva-t-elle intérieurement, avant de se raisonner et de se calmer : après tout, il ne semblait pas adorer les embrassades et n'aurait sûrement pas tarder à la lâcher de lui-même. Elle resta figée sur place, puis remarqua qu'il lui tendait son écharpe.

« Pas de problème Liz. Tiens, je te rends ton écharpe. »

Elle s'en saisit machinalement, sans trop réfléchir, puis le regarda d'un air stoïque rejoindre son valet, l'adorable Leo. Puis le garnement qui s'était malencontreusement aventuré dans le gouffre s'avança timidement vers Elliot, s'excusa et le remercia. Le Nightray répondit simplement qu'il ne devait pas recommencer, ce à quoi Liz sourit. Elle le regarda saluer Mrs Finn, après quoi il lui fit un signe.

- A bientôt, Elliot ! Lui lança la demoiselle en utilisant ses mains comme porte-voix. Et merci !

Puis il s'en alla, la laissant souriante et après tout, heureuse de sa matinée malgré toutes les épreuves qu'elle lui avait faite passer. Elle baissa son regard vers l'écharpe qu'Elliot lui avait rendue, et se l'enroula autour du cou. *Je ne l'enlèverai plus jamais ! ♥* pensa-t-elle toute réjouie. Puis elle se cassa bêtement la figure en plein milieu du couloir.

- Hm ... Je crois que je vais aller manger, moi...

Et c'est ainsi que se termina cette matinée enneigée à Sablier...


(fini aussi ! ^^)