Récemment, Vincent avait pris l’habitude d’être réveillé aux aurores par un quelconque abruti congénital de chez Pandora, pour se voir confier une mission ‘’trépidante’’ (comprenez ennuyeuse au possible) comme retrouver un contractant illégal ou s’occuper d’apparitions de brèches de l’Abysse. Rien de bien folichon, comme vous pouvez le constater.
Ce matin là, il avait prévu de récupérer le sommeil qu’il avait sacrifié en passant la nuit avec Lottie et sa bande au manoir. Leur petite réunion clandestine avait, comme d’habitude, était mouvementée : La présence de Lily avait évidemment donné lieu à leur éternelle rivalité à grand coup de lancers de pièces d’échecs. Celle de Lottie avait décidemment le don de délicieusement le distraire, et celle de Zwei, ma foi, le changeait un peu de la monotonie de sa relation avec Echo.

Ils avaient discuté de tout et n’importe quoi, mais surtout de la recherche des pierres de sceau et des Clés des Portails des grands ducs. Vincent pensait peut-être avoir mis la main sur celle des Nightray, et avait sa petite idée quand à l’endroit où trouver celles des Bezarius. Tout s’annonçait donc sous un relativement bon angle. Puis, ils avaient, comme à leur habitude, passé quelques heures tous ensembles, à se taquiner gentiment et à s’amuser comme des gosses. Et les Baskerville s’en étaient allés, Echo avait repris sa place, et Vincent était plus épuisé que jamais.
Bref. Ses projets de grasse matinée furent mis à mal à sept heures tapantes, quand Echo se dévoua pour venir le réveiller sur ordre d’un énième émissaire de Pandora. De mauvaise grâce, Vincent se retint de passer ses nerfs sur sa pauvre petite servante et se leva, non sans pousser un long soupir. Qu’est-ce qu’ils avaient tous à l’emmerder, en ce moment ?

Laissant momentanément ses lamentations de côté, Vincent remarqua qu’un fiacre, sans doute généreusement dépêché à son attention par le duc de Nightray, les attendant déjà devant le manoir. Il feuilleta vaguement le dossier que l’employé de Pandora lui avait remis avant de partir, et laissa échapper un énième soupire : il s’agissait, encore et toujours, d’attraper un contractant illégal. Décidemment, l’originalité n’était pas vraiment de mise au sein de l’organisation, en ce moment.

Vincent se borna à prendre une mine enjouée lorsqu’ils arrivèrent à Réveil, leur destination. S’ils étaient condamnés à y rester pour la journée, autant en profiter un peu. Il lui sembla qu’Echo était un peu plus distraite que d’habitude : peut-être songeait-elle à sa petite escapade avec le jeune Oz, qu’il lui avait fait payer par la marque rouge qui barrait encore sa joue ? Bah, qu’importe. Vincent profita d’être à la capitale pour sillonner la foule des yeux : il espérait tomber sur Gilbert, qui venait parfois ici avec le fameux Bezarius et la barbare qui les accompagnait à chaque fois, ou au moins sur Eliot et Leo, qui n’étaient pas une compagnie spécialement déplaisante non plus. Malheureusement, ni les uns ni les autres ne semblaient être là. Et Vincent n’avait pas, mais alors pas du tout, envie de se lancer dans une chasse au contractant. A cette heure-là, autant chercher une aiguille dans une botte de foin.

Il allait tourner les talons quand une silhouette parmi tant d’autres attira son attention. De longs cheveux blonds, des yeux émeraudes, un sourire niais à mourir … Pas de toute, il s’agissait là d’Ada Bezarius, la jeune sœur d’Oz, avec laquelle il sortait plus ou moins en ce moment. Dans l’unique but de se procurer la clé de la porte des Bezarius, mais bien sur, la jeune femme l’ignorait. Fort heureusement, d’ailleurs. Toujours est-il, qu’à défaut de s’être aperçue des manigances de Vincent, la jeune femme semblait s’être aperçue de sa présence, tout du moins. Mince. Elle était pourtant bien la dernière personne sur laquelle il avait envie de tomber.

- Echo, dit-il, avisant une nouvelle fois Ada, veux-tu bien distraire notre chère amie le temps que je m’éloigne ? Je m’en voudrai si elle me voyait et se trouvait exposée en danger … On est en mission, quand même, acheva-t-il, un sourire tout aussi radieux qu’hypocrite aux lèvres.

A vrai dire, il préférait éviter la jeune femme depuis que celle-ci lui avait avoué ses penchants peu ... communs, pour la sorcellerie et la magie en général. Mais il n’allait certainement pas l’avouer à Echo. Il fallait juste espérer qu’Ada saurait tenir sa langue, et ne lui en parlait pas non plus.



{J'ai honte, ça fait des jours que je me dis que je dois le refaire mais bon. /PAN/ Si je poste pas maintenant, je posterai jamais uhu.}

Un matin de plus. Une journée de plus .Une mission de plus. On venait encore de charger Echo de réveiller son maître à l’aurore pour une chasse au contractant illégal.
Vous n’êtes pas au service de Vincent Nightray, vous ne pouvez donc pas comprendre le sentiment qu’éprouve la petite Echo quand on vient lui demander de réveiller son maître à 7 heures du mat’. Disons que cela oscille entre la joie de couper court à ses envies de repos, et la peur de subir des représailles. Alors comme chaque fois qu’on lui demande cela, Echo rentre discrètement dans la chambre, et secoue son maître pour qu’il émerge un peu. Une fois que c’est fait, elle lui enlève la couette d’un coup et recule de deux bons mètres pour éviter tout contact avec Vincent, qui pourrait avoir envie de se défouler.
Echo se doit d’avouer que durant la seconde partie du réveil de son maître, elle a toujours eu envie de l’éjecter de son lit, ou encore de lui balancer un verre d’eau gelée à la figure. Cependant, ce geste équivaudrait à une mort immédiate et douloureuse, la jeune fille se contentant donc de rêver de ce geste.

Une fois qu’il était bel et bien réveillé et que l’ordre de mission était entre ses mains, Echo s’esquivait discrètement en priant pour qu’il ne lui demande pas quelque chose d’absurde, comme par exemple aller faire bouffer ce « putain d’ordre de mission à l’abruti congénital ayant pensé qu’il serait apte à la remplir ». C’était déjà arrivé, alors maintenant, elle prenait ses distances le plus rapidement possibles.

Heureusement, ce matin-là, il ne fit aucune objection et tous deux rejoignirent le fiacre dépêché à leur intention par ce très serviable Duc Nightray. Le trajet fut rapide et silencieux, et Echo s’en réjouissait. A dire vrai, elle n’avait aucune envie d’entamer une discussion avec son maître – ou plutôt de l’entendre se plaindre de l’absence de Gilbert ou de cette mission sans intérêt.
Lorsqu’ils arrivèrent à Réveil, Echo le vit sourire. Cela la surprit quelques instants, puis en regardant de plus près, elle vit que ce sourire avait tout d’un faux, et qu’il essayait seulement de paraître agréable aux yeux des passants. Paraître seulement, car la jeune fille savait bien qu’il était loin d’être vraiment agréable. Mais peu importe. Elle remarqua également que son maître semblait chercher quelqu’un du regard… Probablement son frère, Gilbert Nightray. Echo le chercha également, priant pour tomber sur lui : cela mettrait son maître de très bonne humeur, et il l’oublierait un peu. Cependant, au lieu de tomber sur Gilbert, c’est sûr Ada Bezarius qu’ils tombèrent. Echo crut voir son maître pâlir, et il se tourna vers elle pour lui donner un ordre.

… Occuper la jeune Ada. Jusqu’à parce qu’elle pourrait éventuellement être en danger à cause de ce contractant qu’ils recherchaient. Ben tiens ! Il avait juste envie de se débarrasser d’elle le plus vite possible, ça se voyait dans ses yeux. Echo le lui aurait bien fait remarqué, mais elle préféra ne pas prendre le risque : après tout, il était déjà assez énervé comme cela.
L’adolescente s’approcha donc d’Ada, et la fixa quelques secondes avant d’ouvrir la bouche.

[color = cyan] « Bonjour, Mademoiselle Bezarius. » [/color]

Puis elle se rendit compte qu’elle venait n peu d’engager la conversation. Et elle pria pour qu’Ada n’ait pas l’idée de la questionner à propos de Vincent. Même si au fond, Echo pensait que ce serait très amusant qu’elle l’embête un peu…


[Valà valà ! A toi, Adachounette :3]

Il était rare qu'en pleine semaine, notre petite Ada Bezarius puisse quitter son petit lycée pour se balader à sa guise. Lutwidge étant une école très prestigieuse, il n'y avait pas de place pour les fainéants et les fanfarons... Pourtant, aujourd'hui était un jour différent. Tous ceux qui désiraient prendre leur temps ou faire autre chose qu'étudier le pouvaient, car il y avait congé pour une raison qui était restée secrète pour le moment, ce qui laissait présager une surprise quelconque à leur retour... Quoi qu'il en soit, pour sa part, la gardienne préférait s'adonner à une activité qui lui permettait de respirer un peu d'air frais, au lieu de rester enfermée entre quatre murs comme d'habitude... Elle avait un peu réfléchi, puis s'était dit qu'une promenade en ville était sans doute la meilleure idée. Il n'y aurait probablement personne au manoir après tout, surtout à une telle heure plutôt matinale ! D'ailleurs, Ada sorti munie d'une ombrelle afin de se protéger du soleil qui rayonnait plutôt fort en ce jour-là. Son autre main était occupée par un petit sac à main de tissu. Elle avait évidemment profité de cette occasion pour troquer son uniforme blanc habituel pour une jolie robe aux tons de rose et de beige, avec pour seule fantaisie, quelques rubans rouges qui retenaient ses cheveux soyeux. La demoiselle au visage d'ange serait tout de même bien reconnaissable aux yeux de ceux qui avaient partagé un petit moment en sa compagnie, bien sûr ! Quoique, peut-être que les inconnus également auraient une petite idée de son identité... Sa chevelure blonde, ses yeux d'émeraude perçants, sa posture, sa façon de marcher, ses vêtements soignés, même sa façon de parler... Tout chez elle laissait deviner qu'on avait affaire à une noble, une Bezarius.

N'ayant, en fin de compte, pas de plan précis quant au déroulement de la journée, la jeune noble se contenta d'abord de jeter un coup d'oeil aux boutiques de livres et de musique, ses deux domaines préférés... Si l'on faisait exception de la sorcellerie, un sujet bien tabou et qui pourtant pouvait se retrouver parmi les librairies... Il suffisait de s'assurer que son secret soit bien gardé, que ce soit en fréquentant toujours le même magasin ou encore en inventant une excuse bien ficelée... C'est donc avec un sac bien rempli de papiers divers qu'elle continua sa route, se faisant bien rêveuse en se posant quelques questions sur la suite des événements. Devrait-elle chercher à faire de nouvelles rencontres ou plutôt aller frapper à la porte de quelqu'un qu'elle connaissait bien, en espérant simplement que cette personne ne soit pas absente ? Dilemme, dilemme... Soudain, au détour d'une rue, un visage familier attira son regard et son attention. De longs cheveux blonds et des yeux vairons... Cela ne pouvait être qu'un seul homme. Quelle chance pour Ada de rencontrer ici son amoureux ! Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas vu, après tout, devant se contenter de quelques lettres aux étranges délais... Elle se mit donc à avancer aussi rapidement que possible dans sa direction, tout sourire, comme si elle allait littéralement se jeter à son cou. Pourtant... Lorsqu'elle arriva près du mur où il se trouvait deux secondes auparavant, il avait disparu... Avait-elle eu une hallucination ? Ce n'était pas Vincent qui se trouvait devant elle, mais bien la jeune femme qui accompagnait celui-ci presque partout. Comment s'appelait-elle déjà ... ? Echo, si elle se souvenait bien ... Mais pourquoi y avait-il une marque rouge qui barrait le visage de cette pauvre servante ?

« Echo-chan, c'est bien cela ... ? Que vous est-il donc arrivé ? » demanda tristement Ada en lui tendant un mouchoir, toujours affligée par la douleur des autres. Quoique sa grande curiosité avait également une part de responsabilité dans les actes de la blondinette, pour qu'elle ait posé cette question au lieu de se contenter de lui proposer un coup de main pour ensuite tenter de changer les idées à la petite demoiselle en bleu, tel que n'importe quelle autre personne ayant un cœur pur et bon l'aurait fait...

Mais qu'arriverait-il si elle apprenait la vérité, soit que son cher Vincent n'était pas exactement le prince charmant qu'il prétendait être ... ?

Echo envoyée aux devants d’Ada, Vincent entreprit de se mêler à la foule qui se pressait autour du magasin devant lequel ils s’étaient arrêtés. Autant pour garder un œil sur Echo que pour s’assurer qu’elle ne prendrait pas, disons, d’initiatives malheureuses, qui l’auraient contraint à la punir. Depuis qu’elle batifolait avec Oz Bezarius, le jeune Nightray se méfiait légèrement d’Echo, et la remplaçait par Zwei dès qu’il en avait l’occasion. Elle, au moins, ne posait pas de questions et s’exécutait dans l’espoir futile de lui faire plaisir.
Néanmoins, se promener dans Réveil avec une Baskerville sur ses talons n’aurait pas été le summum de la discrétion. Vincent se contentait donc de la présence d’Echo, qui évitait soigneusement son regard et restait résolument muette. Décidément, la journée promettait d’être longue.

Bref, trêve de lamentations. Il avait donc chargé Echo de distraire Ada, qui s’était rapprochée d’eux, et en avait profité pour s’éloigner un petit peu. Vincent fit donc semblant de s’extasier devant les pièces de tissus exposées en vitrine, prêtant une oreille attentive à ce qu’allait dire sa servante. Autant dire que cette dernière ne fit pas dans l’originalité, se contentant de saluer platement la jeune Bezarius. Bah, songea Vincent, quelle importance ? Du moment qu’elle tient sa langue.

Ada, quand à elle, semblait hésitante, jetant des regards intrigués aux alentours. Il ne faisait nul doute qu’elle l’avait aperçu. Et qu’elle ne tarderait pas non plus à le repérer une deuxième fois. Deux possibilités s’offraient alors à lui : se coller un sourire radieux sur le visage et discuter sur diverses mondanités qui l’intéressaient presque autant que les missions que lui confiait Pandora ; ou alors prendre la fuite en courant, ce qui ne manquerait pas d’éveiller la curiosité, voir de susciter l’inquiétude d’Ada. C’est d’ailleurs la voix attristée de cette dernière qui le tira de ses réflexions, lui rappelant brusquement dans quelle délicate situation il se trouvait.

- Echo-chan, c’est bien cela ? s’enquit Ada. Que vous est-il donc arrivé ?

Au début, Vincent ne comprit pas de quoi parlait la jeune Bezarius. Ce qui était arrivé à Echo ? Qu’est-ce qui lui était arrivé, à Echo ? Puis, risquant un coup d’œil aux deux jeunes femmes, il réalisa avec horreur qu’Ada parlait de la longue estafilade qu’il avait laissé sur la joue de sa servante, lors de sa dernière crise de nerfs, et qu’elle s’affairait à l’éponger avec un petit mouchoir en soie. Allons bon, il ne manquait plus que ça. Si Vincent voulait mettre la main sur la clé de la porte des Bezarius, il avait tout intérêt à ce qu’Ada continue à le voir comme un charmant jeune homme, bien sous tous rapports.
Vincent inspira donc un grand coup, s’efforça de prendre un air innocent et détaché, et s’avança vers les deux jeunes femmes. Arrivé à la hauteur d’Ada, il saisit sa main et y déposa un baiser, en parfait gentleman, coupant court à cette conversation qui prenait une tournure bien trop … déplaisante.

- Miss Ada, s’exclama-t-il d’un air enjoué ! Quel plaisir de vous croiser ici. Oh, et je vous en prie, ne vous en faites pas pour Echo-chan, ajouta-t-il, tout sourire. Elle est parfois maladroite, rien de plus. N’est-ce pas, ma petite Echo ?

Ce disant, il lança à Echo un regard appuyé, dans le genre « ne dis rien de stupide si tu ne veux pas que je te fasse sa jumelle sur l’autre joue ». Puis, se retournant vers Ada, pressé d’orienter la discussion vers un autre sujet, pourvu qu’il ne mette pas en danger sa crédibilité auprès de la jeune Bezarius, il fit mine de s’inquiéter.

- N’êtes-vous pas censée être à Lutwidge, en cette période de l’année ? Ne me dites pas, ajouta-t-il d’un air contrit, qu’il est arrivé quelque chose à messire Oscar, ou même à messire Oz ? Non, se reprit-il, Echo-chan me l'aurait dit, tout de même.

Intérieurement, Vincent était satisfait. Oz était un sujet à propos duquel Ada semblait intarissable. Maintenant qu’il l’avait évoqué, sa jeune sœur relèguerait bien vite les blessures d’Echo au second plan de ses préoccupations.
Il lança à cette dernière un regard furtif. Pitié qu’elle fasse un effort pour animer la conversation.

« Echo-chan, c’est bien cela ? s’enquit Ada. Que vous est-il donc arrivé ? »

Ce qui lui était arrivé ? Echo fronça les sourcils, tentant de se remémorer ce qui pouvait bien susciter l’inquiétude de la Bezarius. Puis un picotement sur sa joue la ramena à la réalité. Ah ça. Cette espèce de longue griffure qu’elle avait sur la joue ? Elle en avait tellement l’habitude qu’elle l’avait presque oubliée. Echo se demandait quoi répondre. D’un côté, elle aurait bien aimé se plaindre de son maître, lui dire qu’il la battait, et ainsi de suite… Cependant, ce dernier étant non loin des deux femmes – et cette foule autour d’eux pouvant contenir des gens qui n’hésiteraient pas à rapporter ses paroles – il serait tout de même plus prudent d’évoquer une quelconque maladresse pour s’en tirer. Cependant, au moment où la jeune fille s’apprêtait à répondre, son maître arriva, fit un baisemain à la jeune femme et entama la discussion avec elle.
Visiblement, il n’avait pas assez confiance en sa servante pour la laisser mener une conversation sur un terrain aussi glissant. Et il avait raison, car au fond d’elle, Echo rêvait de dénoncer tous ses faits et actes à Ada.

« Miss Ada, s’exclama-t-il d’un air enjoué ! Quel plaisir de vous croiser ici. Oh, et je vous en prie, ne vous en faites pas pour Echo-chan, ajouta-t-il, tout sourire. Elle est parfois maladroite, rien de plus. N’est-ce pas, ma petite Echo ? »

L’adolescente se retint de lever les yeux aux ciel devant ce discours mielleux, et sous le regard quasi meurtrier de son maître, elle acquiesça silencieusement à sa version. Mieux valait faire ça. Elle hésita également un instant à les corriger tous les deux – qu’est-ce qu’ils avaient tous, à l’appeler Echo-chan ?! – mais jugea pour sa santé qu’il valait mieux qu’elle laisse dire tant que le monstre des Nightray se trouvait à ses côtés. Sage décision, n’est-ce pas ?

« N’êtes-vous pas censée être à Lutwidge, en cette période de l’année ? Ne me dites qu’il est arrivé quelque chose à messire Oscar, ou même à messire Oz ? Non, Echo-chan me l'aurait dit, tout de même. »

Echo faillit s’étouffer en entendant le maître exposer ses prétendues inquiétudes. Bien sûr que non, elle ne lui aurait pas dit si Messire Oscar ou Messire Oz avaient eu un problème ! D’abord, comment aurait-elle pu le savoir, hein ? On discute pas de ce genre de chose avec une servante ! Quoi que la gentille Ada ne semblait pas se préoccuper du rang des gens… L’adolescente retint un léger soupir, évitant au maximum le regard de Vincent. Elle était persuadée que si elle le regardait dans les yeux, il trouverait un quelconque moyen de lui demander de parler à sa place, de manière à ce qu’il puisse s’esquiver discrètement ! Et ça, c’était hors de question !
Cependant, il y avait toujours le fait de la punition si elle ne lui filait pas un coup de main pour se débarrasser d’Ada…

Mais pour l’instant, elle ne pouvait rien faire, alors elle allait le laisser se débrouiller. C’est toujours amusant, de laisser son maître faire de son mieux pour se débarrasser d’Ada !!




[désolée pour le retard... et la piètre qualité T_T]

Vincent commençait à se souvenir pourquoi il évitait les rendez-vous mondains, quels qu’ils soient, comme la peste. Il était loin de craindre la foule, ou de détester la compagnie : là n’était pas le problème. Le problème était le même que celui qui se posait ici : Dans les salons, il fallait sourire, parce que c’était la moindre des politesses. Et surtout, les gens de la haute société se réunissaient, généralement, pour échanger des potins et ragots en tout genre, ou pour prendre des nouvelles les uns des autres, comme si la santé de telle ou telle personne haut-placée les intéressait pour autre chose que leurs propres intérêts. Bref, quand on croisait du monde, il fallait avoir de quoi animer la conversation. Et s’il y avait bien une chose dont Vincent n’était pas vraiment adepte, c’était des racontars sur la noblesse et des platitudes d’usage en général. Difficile, dans ces conditions, de tenir le débat.

Pourtant, s’il comptait se rapprocher d’Ada pour en apprendre davantage sur la Clé de la porte de l’Abysse des Bezarius, la moindre des choses aurait été d’être capable d’aligner trois mots en présence de celle-ci. S’il avait compté, au début, sur l’aide d’Echo, il lui était vite apparu que celle-ci ne remuerait pas le petit doigt pour alimenter la conversation. Ces derniers temps, Echo se montrait de moins en moins docile et se risquait à désapprouver, indirectement certes, la plupart de ses actions. Vincent songea, dans un coin de sa tête, qu’il faudrait peut-être qu’il lui donne une bonne correction un de ces jours, et même pourquoi pas tout à l’heure en rentrant. Il lui suffit d’y penser pour esquisser un sourire un brin plus convainquant que la grimace qu’il affichait depuis leur rencontre.
Heureusement pour Echo –quoiqu’il aurait tout le loisir d’y réfléchir plus tard-, Ada coupa court à ses réflexions et le rassura aussitôt.

- Non, non ! Rien de tout cela. Personne n'a de cours aujourd'hui, tout simplement. Si quelqu'un était blessé, on m'aurait prévenu et je serais à leur côté. Du moins, je l'espère... Croyez-vous qu'on puisse me cacher ce genre de chose ?!

Vincent se retint de soupirer. Il avait lancé la conversation dans le but de distraire la jeune femme et si possible, de la rassurer, et voila qu’il l’avait inquiétée encore plus. Peut-être qu’il n’était pas fait pour communiquer, après tout. Il promena son regard autour de lui, comme si la foule qui les entourait allait lui souffler une quelconque idée de conversation, et remarqua avec surprise que pas mal de gens les regardaient, étonnés et souriants à la fois. Il allait demander à Ada ce qui n’allait pas quand il se souvint qu’il était un Nightray –en théorie du moins- et qu’elle était une Bezarius, et que du fait de la rivalité des deux familles, ils devaient avoir l’air d’un couple plutôt atypique. Le jeune Nightray décida d’en tirer l’avantage et se rapprocha donc d’Ada, jouant avec une mèche de ses cheveux avant de la lui passer délicatement derrière l’oreille.

- Bien sur que non, voyons, lui dit-il d’un ton qui se voulait rassurant. Si on ne vous a rien dit, c’est donc qu’ils se portent à merveille. Au lieu de vous inquiéter pour eux, pourquoi ne pas profiter de votre temps libre pour passer l’après-midi ensemble ? suggéra-t-il, un grand sourire aux lèvres, comme si l’idée l’enchantait. [color:1c76=orangeIl fait un temps magnifique pour une promenade !

Ce disant, il jeta un coup d’œil aux alentours, comme pour illustrer ses propos, et réalisa alors que la foule semblait s’éloigner d’un endroit bien précis, à quelques pas de là. Etait-ce en rapport avec leur mission ? – Il l’avait presque oublié, cette mission, tout occupé qu’il était à recueillir les faveurs d’Ada-. Que faire ? Il ne pouvait décemment pas laisser la jeune Bezarius là sans l’inquiéter, et si la situation tournait mal alors qu’il était censé accomplir une mission, Pandora ne manquerait pas de lui remonter les bretelles. C’est donc tout naturellement qu’il se tourna vers Echo, l’air radieux.

- On dirait qu’il se passe quelque chose, par là-bas. Pourquoi n’irais-tu pas voir de quoi il s’agit, Echo-chan ? Si besoin est, nous te rejoindrons, acheva-t-il, sous-entendant par là qu’elle avait grand intérêt à se débrouiller seule. Bien qu’il se doutait qu’elle ne manquerait sans doute pas la moindre occasion de l’ennuyer en l’appelant en renfort.


{Pardon pour l'attente, surtout que mon post est carrément naze, j'suis désolée ;w; . Echo mp si quelque chose te va pas pour la suite. °^°}

Echo se retint de laisser échapper un soupir. Mais ne se retint que de justesse. Elle éprouvait un peu de peine pour Ada : pour elle, il était certain que son maître ne faisait que jouer avec la jeune noble. Il paraissait totalement improbable qu’il n’ait ne serait-ce qu’un semblant de sentiment pour la jeune femme. Pourtant, comme un petit agneau mignon et crédule, elle se laissait embobiner, rougissait, soupirait d’aise tout en tachant de rester droite et vertueuse, au moins en apparence. Après, ce qu’Ada pensait au fond d’elle, Echo s’en foutait, et totalement.
Si ça se trouve, la Bezarius, elle aussi, ne faisait que jouer avec le Nightray.
… Hum, cette hypothèse était tout de même moins probable. Elle paraissait bien trop candide pour penser à ce genre de chose, pour oser vouloir du mal à quelqu’un. Echo doutait même que la jeune femme irait tuer une araignée parce qu’elle avait peur. Sans doute était-elle trop faible pour faire cela. Aah, mais au fond, quelle importance ? Qu’Ada soit comme ci ou comme ça, que Vincent joue avec elle ou non, quelle importance ? Ce n’étaient pas les affaires d’Echo. La seule chose qui devait l’intéresser, c’était qu’Ada occupait l’esprit et le temps de Vincent. Mais l’adolescente ne pouvait tout de même pas s’empêcher de s’inquiéter – un peu – pour la gentille blondinette.
M’enfin. Echo, perdue dans ses pensées, ne réalisa qu’après quelques secondes que son gentil – ou pas – maître venait de lui demander quelque chose. Elle n’avait pas entendu – ou plutôt pas écouté – de quoi il retournait, mais le visage radieux – pas normal du tout – du Nightray et son regard insistant en direction d’une ruelle un peu plus loin d’où provenaient des gens effrayés lui fit rapidement réaliser la situation : c’est qui qui va se coller à la missiiiiiion ? C’est bibiiiiiii !!
Sans rien dire de peur de balancer un truc qui trahirait le fait qu’elle ne l’avait pas du tout écouté, Echo s’éloigna lentement, en jetant de temps en temps un coup d’œil derrière elle pour vérifier qu’elle faisait bien ce qu’il fallait faire. Au vu de Vince qui venait de retourner à son Ada, elle était sur la bonne voie.
Ah, franchement, que ça l’agaçait ! Autour d’elle, les gens courraient, certains avec un visage effrayé. Une femme qu’Echo apercevait de temps en temps à la boucherie, et qui ne cessait d’essayer de débuter la conversation, fonça vers elle et l’attrapa par le bras, comme pour la stopper dans son élan.

« Oh, Echo-chan! Ne vas pas par là-bas, il y a du grabuge ! »

L’adolescente esquissa un sourire qui se voulait rassurant – mais qui en fait, lui donnait un air encore plus fatigué que d’habitude – et lui tapota l’épaule, signifiant clairement à la vieille dame de ne pas s’en faire. Légèrement étonné mais toujours terrorisé, cette dernière repartit sans demander son reste. D’une petite rue adjacente provenait des cris. Des cris de femme, plutôt jeune, à entendre la tonalité aigüe.
Bon sang, mais qu’est-ce qu’il se passait encore ? Echo hésita à appeler Vincent. Et jugea que pour sa santé, il valait mieux qu’elle s’en occupe toute seule. C’était plus sage. Mais au fond d’elle, le désir d’embêter son maître persistait, et avant de s’élancer vers le monstre – qui, soit dit en passant, ressemblait à une espèce de gros ver de terre jaunâtre et gluant et tenait entre ses pattes de dinosaure une jeune femme – elle réfléchit quelques instants quant à la raison qui pourrait la pousser à l’appeler pour lui venir en aide.
La réponse lui vint vite : elle n’avait pas entendu ses ordres, et ne savait donc pas si elle devait dégommer le contractant, ou juste sa Chain, ou les deux, ou capturer le contractant, ou les deux, etc, etc. Elle allait donc neutraliser cette espèce de gros machin dégoûtant, et ensuite, elle l’appellerait. Moui, c’était bien comme ça. Et si ça se trouve, cette horrible Chain se révèlerait plus dangereuse que prévu, et Vince serait obligé de sortir le Loir… Qui, comme à son habitude, ne servirait pas à grand-chose. Ce pourrait être amusant aussi… M’enfin, pour l’instant, l’heure n’était pas à la réflexion : si elle ne voulait pas voir une innocente femme se faire massacrer – quoi que c’était bien parti pour ça, et qu’elle intervienne ou non risquait de ne rien y faire – il fallait qu’elle se bouge.
Sinon, ça allait lui retomber dessus.
Encore.

Vincent ne put retenir un petit rire lorsqu’Echo s’éloigna, hésitante, vers la rue d’où provenait le grabuge. Il ne se faisait pas d’illusions : elle n’avait sans doute pas écouté grand-chose, et allait vite se retrouver dans l’impasse. Mais, justement, c’était parfait : Il n’avait que quelques questions à poser à Ada, et absolument pas l’intention de passer l’après-midi entier avec elle s’il pouvait l’éviter. Au moment venu, il prétexterait vouloir s’assurer de la santé d’Echo – chose que la jeune Bezarius prendrait inévitablement pour une énième marque de sa galanterie – et leur petit tête-à-tête prendrait fin. La compagnie d’Ada n’était pas déplaisante au point qu’il faille la fuir, mais Vincent craignait de trahir ses arrière-pensées en restant trop longtemps seul avec elle. Un soupir d’agacement, un regard un brin trop victorieux si elle lui apprenait quelque chose d’utile, et il était foutu. Et ça, il ne pouvait décidément pas se le permettre. La jeune femme était, pour le moment, la seule carte qu’il avait entre les mains pour obtenir la Clé des Bezarius, et s’il échouait, la destruction des sceaux entreprise par le reste des Baskerville se révélerait totalement vaine. Il était loin d’avoir l’esprit d’équipe, mais il n’avait pas non plus envie de ruiner leurs efforts. D’autant plus que la réussite de leur projet était capitale à celle du sien. Bref, il devait rester discret.

Il fit glisser sa main le long du visage d’Ada, et lui adressa un grand sourire. A en juger par la façon dont elle le dévorait des yeux, elle ne soupçonnait pas l’once d’une manigance. Parfait. Une chance que la jeune femme soit aussi naïve, aussi crédule. Ca lui rendait la tâche bien plus facile.

- Ne vous en faites pas, Miss Ada, commença-t-il sur un ton qui se voulait rassurant. Je suis sûr qu’il ne se passe rien de très grave, il en faut si peu pour déclencher un mouvement de foule … Si vous me donniez plutôt des nouvelles de votre frère et de votre oncle ? lança-t-il, radieux. Ca fait bien longtemps que je n’ai pas croisé ce dernier dans un salon.

Pour être honnête, Vincent se foutait de la santé d’Oscar comme de son premier meurtre – c'est-à-dire complètement -. Que ce vieux naïf se porte bien ou non, ça ne l’importait guère. Non, ce qui l’intéressait, c’était de connaître l’état d’esprit des Grands Ducs face aux évènements survenus au manoir de Yura. Etaient-ils inquiets ? Suspicieux ? Préparaient-ils quelque chose ? Soupçonnaient-ils qui que ce soit ? Et si oui, qui ? Autant de question auxquelles il n’avait, pour l’instant, pas trouvé de réponse. Il se doutait bien que si Oscar les détenait, il n’irait pas tout raconter à sa nièce, mais cette dernière devait certainement savoir quelques petites choses. Choses qui l’intéressaient fortement, à priori.

- Les derniers évènements ont du semer la pagaille auprès des Grands Ducs, soupira-t-il, l’air faussement inquiet. J’espère que Messire Oscar ne se ronge pas trop les sangs, au moins ?

Question idiote, mais destinée à la faire parler. Evidement qu’il devait être inquiet, ce cher Oscar. Le fait qu’il soit le plus faible des quatre n’était un secret pour personne. Il n’était que le remplaçant de Zai, lequel avait « trahi », aux yeux de Pandora, pour se ranger du côté des Baskerville. Si Zai était un homme impitoyable, Oscar n’avait quand à lui en aucun cas l’étoffe d’un Duc. Il n’était pas le contractant du Gardien de la porte des Bezarius, le fameux Griffon. De plus, les trois autres familles ducales semblaient de plus en plus hostiles à celle de ce pauvre Oscar : les Nightray ne prenaient même plus la peine de masquer leur mépris à leur égard, le duc de Barma devait sans doute avoir des soupçons quand au jeune Oz et à Jack dont il avait hérité l’âme, et la vieille Rainsworth était bien trop dépendant de ce cher Rufus pour penser quoi que ce soit d’elle-même. En bref, Oscar était exposé et vulnérable, et Vincent n’attendait que le bon moment pour passer à l’action. Et pour déterminer le moment en question, il comptait sur la jeune Ada pour lui fournir, malgré elle, quelques indices.

Vincent nota, par ailleurs, que la jeune femme semblait préoccupée par le sort d’Echo. Peut-être que s’il faisait mine de s’en inquiéter, il lui prouverait une fois de plus quel homme galant et attentionné il était ? Il ricana intérieurement. C’était facile et, ma foi, ça pouvait toujours fonctionner.

- Vous semblez inquiète pour Echo, lui dit-il d’un ton doux. Voulez vous que j’aille m’assurer que tout va bien ? Si vous avez peur, vous pouvez simplement m’attendre ici, miss.

Il serait sans doute plus simple qu’elle vienne avec lui, mais que faire si la situation tournait mal ? Echo était au courant de son contrat illégal avec Demios et de quel genre de Chain il était, mais ce n’était pas le cas d’Ada. Or, si la situation tournait mal, il lui faudrait avoir recours à celui qu’on surnommait couramment la « Reine de Cœur », et nul doute qu’il éveillerait ainsi les soupçons de la jeune femme. Mais tant pis, maintenant qu’il lui avait posé la question, c’était à elle d’en décider. Et peut-être de décider, par la même occasion, de son sort et de celui des projets des Baskerville.


[Voila voila, désolé du retard encore une fois. °^°]

Sale bestiole !
Echo sauta de nouveau sur le côté, esquivant de nouveau l’énorme aiguille accroché à la queue de la Chain. Eh, mais en fait, c’était quoi la véritable nature de ce truc ?! On aurait dit le mélange entre un scorpion, un dinosaure et une énorme limace bleue… un machin bizarre, quoi. Obligeamment, la jeune fille regarda encore une fois aux alentours pour tenter d’apercevoir le contractant illégal. Où s’était planqué ce fou ? Franchement, il ne pouvait pas se planter au milieu de la rue, qu’elle puisse bien rapidement le maîtriser et neutraliser du même coup sa Chain ? Non, bien sûr que non, ça aurait été trop facile sinon. Franchement, de temps en temps, Echo avait envie de tout plaquer et de se casser loin de Réveil. Mais bon, on s’en doute, ça aurait été problématique. Zwei ne l’aurait pas laissée faire, et Vincent lui aurait mis la raclée de sa vie en la retrouvant. Autant dire qu’il n’y avait que des inconvénients.
Un éclat de lumière provenant d’une ruelle adjacente attira l’attention de la jeune fille. Deux policiers en uniformes tenaient le monstre en joue, puis sur un signe de l’un d’entre eux, les deux se mirent à tirer.

« Non, ne… ! »

Echo n’eut même pas le temps de finir sa phrase que déjà, un hurlement déchira l’atmosphère de la rue. La première et dernière chose qu’elle vit des deux policiers fut leurs pieds, qui disparurent… dans la gueule de la bestiole.

« Ne tirez pas. »

Mais bon, au moins, cela avait permis de dévoiler où se trouvait le contractant. Un cri de douleur lui avait effectivement échappé, signe que son aiguille avait déjà fait plus de la moitié de son sceau, et il s’était avancé dans la rue, comme pour quémander l’aide de sa Chain. Du sang coulait de sa bouche, et Echo pu apercevoir l’horloge sur sa poitrine. Heureusement, du moins, heureusement pour Pandora, l’aiguille n’avait pas encore atteint les trois quarts de la marque : l’organisation pourrait donc, si le contractant restait en vie, lui soutirer quelques informations par le biais de méthodes que l’adolescente préférait ne pas connaître en détail.
La position du vieil homme l’ayant mis à découvert, la jeune fille profita de cette occasion pour lui sauter dessus, et l’immobiliser au sol en tordant ses deux bras dans son dos. Sa Chain s’agita en criant, d’un cri inhumain.
Bon, et maintenant, elle faisait quoi … ?
…

Tous les évènements se succédaient d'une façon presque folle. Une minute, c'était la panique générale parmi la foule, la suivante, les cris s'étaient un peu atténués en de vagues échos par la distance et Vincent était là à parler de choses banales à la Bezarius tel que la santé de la famille de cette dernière... Mais c'était ainsi qu'était fait cet homme, il était quelqu'un de vraiment étonnant, pouvant passer du blanc au noir en moins d'une minute et ensuite retrouver un sourire amical. Bien sûr, cela pouvait être de l'hypocrisie, c'en était sûrement même, mais il fallait en douter un tant soit peu pour chercher des preuves et aux yeux d'Ada, son prétendant était blanc comme neige. C'était un homme charmant, aux manières impeccables. Tout de même, elle s'inquiétait pour Echo, plus davantage que le maître de cette petite, il semblerait. Malgré tout, le fait qu'on s'intéresse à sa petite personne et sa vie réchauffait le pauvre cœur d'Ada, alors elle ne pût s'empêcher de répondre aux questions qui lui avaient été posées.

« Tout le monde va bien à la maison. Du moins, je suppose. »

En effet, elle n'avait que peu de nouvelles. Parfois, elle recevait une lettre la mettant au courant des grands événements... Mais personne ne voudrait l'inquiéter au travers de quelques mots malhabiles. C'était une existence plutôt triste que celle de ne pas avoir de famille. Peut-être était-ce ce qui faisait d'elle une personne aussi sensible ? Qui sait. La gardienne de Lutwidge préférait réfléchir à autre chose. Par exemple, que faisait donc Echo ? Qu'est-ce qui la retenait aussi longtemps au loin ? Le regard d'Ada devait se faire pensif et lointain, car le sujet de la petite servante finit par être abordé à nouveau. Ah, ce cher Vincent. Il savait toujours trouver le mot juste pour réconforter quelqu'un. Rester dans ce lieu qui semblait plutôt épargné par les secousses semblait être une bonne idée. Seulement, quelque chose l'empêchait de répondre. Elle finit par comprendre, par se souvenir. Elle avait déjà ressenti des secousses semblables auparavant... Vivant un peu recluse à Lutwidge, elle avait toujours cru que c'était de simples tremblements de terre... Et si ce n'était pas le cas ? Ce secret avait été bien gardé... Était-ce vraiment surprenant, lorsqu'on savait que le directeur travaillait lui-même pour Pandora. Bien sûr, la plupart des étudiants l'ignoraient. C'était peut-être bien la raison qui avait poussé Oscar à accepter d'envoyer sa petite étoile dans ce lycée prestigieux, il la saurait à l'abri des Chains, du moins autant que possible... Cette douce Ada, pauvre petite innocente Ada qui ne connaîssait presque rien du monde et certainement pas sa cruauté. Elle soupira un peu, n'étant tout à coup plus certaine de sa réponse. Elle aussi voulait pouvoir vivre des aventures comme son grand frère.

« Je dois vous avouer, messire Nightray, que je préfère de loin nos discussions tranquilles à l'opéra ou autour d'une tasse de thé, mais... »

Elle s'interrompit un moment et releva la tête pour lui offrir son regard, franc et fort malgré les quelques larmes qui y restaient collées, le tout accompagné d'un sourire. Un petit sourire qui devait ressembler davantage à une grimace, à cause des larmes, mais ce n'était pas important. Vincent ne ferait tout de même pas un pareil commentaire à sa petite amie... N'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, Ada ne lui laissa pas l'occasion de le faire.

« Je n'ai pas peur. » répondit-elle rapidement après avoir relevé la tête.

Elle trouvait plutôt tout cela fascinant. Sûrement dangereux, au vu du bruit et des secousses, mais fascinant. C'était peut-être la preuve de l'existence de l'Abysse ! Ada voulait le voir de ses propres yeux et tenter de comprendre pourquoi lui avait-on caché, même Vincent qui connaissait sa passion. Et elle n'avait pas peur de lui non plus. Malgré toutes les rumeurs qui couraient sur le compte de Vincent Nightray, l'enfant illégitime adopté et  complètement fou, elle continuait de croire qu'il y avait une part de bon en lui. Toujours. Il la protégerait, si cela tournait mal ! Et puis, elle pourrait toujours couvrir ses yeux si c'était trop d'émotions... Voilà, c'était décidé. Elle voulait savoir la vérité d'une façon ou d'une autre.

Brûle, petite étoile...

[Désolé pour le retard...]

Echo immobilisait toujours le contractant. Malheureusement, la chain continuait de gigoter derrière elle, et la jeune fille aux courts cheveux blancs fut rapidement forcée de lâcher l’homme. Celui en profita pour s’esquiver sur le côté, attraper le bras d’une femme et la propulser en direction du monstre… qui l’avala d’un coup de langue bien placé. Message reçu, la bestiole avait fin. Son immense langue sortit de nouveau de sa bouche, et Echo dut s’écarter rapidement pour ne pas devenir le dessert du monstre.
Franchement, qui trouve que la jeune fille ressemble à un bon gros chou à la chantilly fourré aux fraises, hein ?! Pas moi.
A la limite, avec ses cheveux blancs, à de la crème patissière… mais non, même pas. Ou un onigiri, à la limite. Bref, passons, parce que parler de nourriture me donne faim ! Particulièrement de bouffe japonaise…
Hrm. Revenons à nos moutons. Ou plutôt à notre contractant et notre chain. Cette dernière lâcha un grognement qui fit comprendre à Echo qu’elle aurait mieux fait de se laisser avaler gentiment au lieu de se déplacer, parce que ç’avait mis l’autre bestiole dans une colère noire.
Echo soupira encore en voyant d’autres badauds s’attrouper dans la rue pour « admirer » le spectacle effrayant qu’offrait la chain. Elle avait envie de se retourner pour le gueuler de déguerpir et qu’on n’était pas au spectacle de guignol mais se retint, estimant que s’&nerver donnerait une mauvaise image de la famille Nightray. Ce qu’elle préfèrerait éviter au possible, à cause d’un certain aître assez… violent. Agaçant. Psychopathe. Cinglé. Schtarbé. Totalement frappadingue. Je ne citerai pas de nom, mais je suis sûre que vous avez bel et bien compris de qui je parle, pas vrai ? Enfin, enfin.
Echo continuait d’éviter les assauts incessants de la bestiole tout en protégeant les passants inconscients (y avait même des mômes qui jouaient avec un ballon ! J’vous jure, les parents sont vraiment pas inquiets parfois….), quand soudain, elle eut un mauvais pressentiment. Elle jeta un œil vers la ruelle de là où elle venait, mais ni Miss Ada ni maître Vincent n’arrivaient. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de penser que d’un moment à un autre, l’un ou l’autre allait débarquer et lui causer beaucoup de problèmes. Elle soupira tout en continuant à tenter de tuer la chain…

[Reprise en virant Vincent]