Suite de ce RP

Sablier. Une ville morte, un champ de ruine où des visions d'un autre temps – des visions de la tragédie qui a pris place dans la capitale il y a cent ans de cela – hantaient chaque recoin. Un lieu empli de tristesse, mais celle de qui ? Des Baskerville ? De leurs victimes ? Ou bien des deux ? Après tout, rien n'était dit que les personnes vêtues de rouge avaient fait ça de gaieté de cœur, ce serait même surprenant. Que s'était-il vraiment passé ? Une excellente question à laquelle Heileen n'avait pas de réponse, malgré sa petite visite dans l'ancienne capitale. Elle n'avait rien récolté à part de nouvelles questions, concernant cet événement qui avait donné aux Baskerville une horrible réputation mais aussi sur ces légendes qui parlaient d'Abysse et de Chains – pour détruire une ville, il fallait forcément une immense puissance. Une puissance qui n'était pas de ce monde. Bref, la zone dégageait une aura de mort et de désolation, et pourtant on trouvait à proximité un établissement qui recueillait des enfants sans famille - une petite lueur de vie, des lumières qui chaque soir chassaient les ténèbres proches.

Tout à coup, la jeune femme revint à elle-même et regarda la personne présente à ses côtés. Il s'agissait de Raziel, un jeune noble dont elle avait fait la connaissance en plein milieu des restes de Sablier. Lui aussi était curieux quant aux événements qui y avaient pris place, ils avaient donc naturellement commencé à parler tout en continuant leur petite exploration, jusqu'à ce qu'une vision bien trop nette ne s'impose à la brunette, les forçant à faire demi-tour. Une fois arrivés près des calèches, le duo ne put que constater que les deux conducteurs ne s'inquiétaient pas - ou en tout cas pas encore - pour leurs clients et décidèrent donc de faire un petit tour. Rapidement l'adolescent proposa de visiter l'orphelinat Fianna, une idée qui paraissait bonne à notre petite sorcière. Les voici donc qui progressaient vers le bâtiment qui n'était plus si loin.

Une fois devant, l'hésitation gagna Heileen. Valait-il mieux se contenter d'observer les enfants de loin ou demander à rentrer ? Il n'était pas dit que n'importe qui pouvait approcher, peut-être avaient-ils besoin d'une autorisation spéciale. Alors qu'elle était plongée dans ses réflexions, la porte s'ouvrit : une petite fille d'environ huit ans, suivie de près par un petit garçon du même âge, se trouvaient dans l'encadrement. La première regardait les deux inconnus avec de grands yeux curieux, tandis que le petit semblait méfiant. La jeune femme, en voyant ces deux petites têtes blondes, eut un grand sourire chaleureux.

-Bonjour !

La jeune fille fut la première à réagir à cette chaleureuse salutation.

-Bonjour... Qui êtes-vous ? Vous êtes venus jouer ?

A cette question innocente, son jeune ami répondit vivement.

-Mais non bêta, ils sont venus pour nous cambrioler ! Allez, rentrons.

Cela amusa beaucoup l'occidentale qui s'accroupit pour être à leur niveau.

-Mais non, nous sommes effectivement ici pour jouer. On commence par quoi ? Au fait, je m'appelle Heileen et ce jeune homme s'appelle Raziel. Et vous ?

Le garçon se renfrogna tandis que la petite fille répondait pour eux deux.

-Je m'appelle Mathy, et voici Jasper.

La dénommée Mathy se rapprocha ensuite d'Heileen et la prit par la manche pour la traîner à l'intérieur.

-Entrez, on a plein de jeux à l'intérieur !

À voir cette petite aussi joyeuse, il était difficile de croire qu'elle était orpheline. Ils ne devaient pas voir beaucoup de monde pour être aussi heureux de voir de nouvelles têtes – enfin Jasper ne semblait pas si ravi. Avec un grand sourire, notre demoiselle aux yeux bleus se laissa traîner vers le bâtiment en lançant un regard amusé à Raziel. Rapidement, le petit quatuor se retrouva dans une grande pièce où se trouvaient quelques enfants qui devaient avoir entre cinq et douze ans et qui semblaient tous surpris de la visite. Mais certains avaient une expression bizarre, ce qui laissa Heileen penser qu'effectivement une autorisation était nécessaire pour rentrer. Enfin, les enfants semblaient tous contents, elle n'avait pas donc le cœur à repartir alors qu'ils venaient à peine d'arriver et ne parla pas de ses suppositions au jeune noble.

Pendant la petite balade vers l'orphelinat, Raziel réfléchit un peu. N'était-il pas un peu étrange de voir en plein milieu des ruines, dans un endroit plein de sang, de destruction, de visions, de mort, le plus près de cet "Abysse" si elle existait, un orphelinat où des enfants innocents qui n'ont rien connu de la vie, vivre aussi familièrement avec Sablier que si elle ne s'est jamais détruite il y a cent ans, ne savant pas encore la vérité de ces lieux. Cela faisait pitié au jeune homme. S'il avait le pouvoir, il bâtirait un manoir avec des servantes pour rendre un peu du plaisir d'une vie rose qu'il n'a jamais eu. Mais ce que le jeune homme retrouva au manoir dépassa toutes ses théories et réflexions les plus intenses.

Heileen et Raziel se retrouvèrent devant une porte. Le blondin hésita, timide. Si Heileen ne frappera pas à la porte, aura-t-il le pouvoir de le faire ? Peut-être qu'il sera assez timide pour ne pas avoir le pouvoir de lever la main et causer le moindre coup à la porte. Si un oiseau fou se cognera contre la porte ça sera mieux. Mais aucun signe de vie n'était à Sablier. Même les petits oiseaux fuyaient cet endroit à l'aura effrayante. La porte s'ouvrit. Au début, Raziel crut qu'un adulte ouvrira. Gardant les yeux levés, il fut surpris de ne voir personne. C'était hanté ou quoi ?! Le jeune noble entendit Heileen faire sortir un 'bonjour'. Mais à qui donc ? Il regarda la jeune fille qui avait le regard vers le bas. C'est à ce moment qu'il regarda un peu plus haut que ses pieds et fut rassuré de voir deux enfants, ce sont eux certainement qui ont ouvert la porte. Ils avaient l'air si innocent ! Le regard enfantin, plein de curiosité, les deux enfants ne semblaient avoir aucun air de tristesse. Mais au contraire, ils paraîssaient ravis et épanouis. Comment pouvaient-ils être si contents alors qu'ils étaient dépourvus de parents, et dans un endroit plein de mort et de tristesse ? La fille semblait à l'aise avec les deux adolescents. Mais le garçon était dérangé et ne semblait pas donner confiance. A la surprise du blondin, le petit dit avec de l'insolence à la petite fille qui avait eu une gentille conversation avec Heileen:

-Mais non bêta, ils sont venus pour nous cambrioler ! Allez, rentrons.

Cette réponse fit un large sourire à Raziel et lui rappela un seul avantage qu'il est un noble ; il avait plus que ses besoins de vie et n'avait pas besoin de cambrioler ou de voler quelque chose. Il était clair que le garçon n'était pas aussi intelligent pour réfléchir qu'un cambrioleur ne frappera pas à la porte avant d'entrer. Raziel aimait bien l'esprit simple d'un enfant et avait l'envie de serrer ce petit contre lui pour lui montrer qu'un garçon dans une tenue de noble n'avait pas un coeur de poubelle ou de pierres cassées. La jeune fille se présenta, donnant le nom du jeune garçon à ses côtés. Raziel regarda Heileen qui lui jeta un regard joyeux. Le blondin lui sourit amicalement. La petite fille les invita à entrer. Le jeune noble entra, balayant l'orphelinat des yeux. C'était un endroit tout en désordre, à cause de plein d'enfants qui jouaient, criant à tue-tête, n'ayant aucune idée de ce qu'il y avait au dehors. Assez grand et propre, l'orphelinat avait l'air d'une maison ordinaire. Raziel avança, un sourire aux lèvres. Il adorait le caractère innocent des enfants. Il regarda Heileen avec un air joyeux comme un pinson et lui dit positivement:

- Pourquoi ne pas jouer avec ce groupe joyeux là-bas ? Il semblent bien s'amuser !

Les enfants du groupe désigné jouaient tantôt à cache-cache, tantôt au jeu du "touche-moi" où il faut désigner une personne qui devra éviter les doigts et celui qui réussit à le toucher du doigt sera la personne à s'enfuir. Raziel eut un bref regard triste vers ces enfants. Même s'ils n'ont pas de parents, ils sont beaucoup plus heureux que Raziel n'était il y a plusieurs années. Il n'avait personne avec qui jouer comme ça. Et il n'avait jamais l'autorisation ni une chance de rire comme ça.
Raziel s'avança vers les enfants et leur proposa gentiment de jouer avec eux. Mathy les joigna et proposa à son tour de débuter à zéro pour que les deux adolescents puissent suivre avec le jeu. Raziel regarda Heileen pour s'assurer qu'elle allait jouer avec eux et alla se cacher dans un coin assez grand pour le supporter. Les enfants invitèrent Heileen à les joindre et commencèrent à applaudir et à chercher tout en lançant des cris de joie et des rires agréables à entendre.

L'enfance est une merveilleuse période d'innocence. Des rires purs et pleins de joie remplissaient la pièce dans laquelle Heileen et Raziel avaient échoués après avoir rencontré Mathy et Jasper. C'était vraiment étrange de se dire qu'à quelques mètres se trouvaient les ruines de Sablier quand on regardait les petits jouer comme si rien au monde n'allait mal, comme si les ténèbres n'existaient pas. Tout ce qu'ils voulaient et faisaient, c'est profiter de l'instant présent.
cette ambiance était vraiment rafraîchissante et revigorante, Heileen se sentait prête à jouer jusqu'à la nuit tombée !

A voir le sourire de Raziel, la demoiselle ne doutait pas que lui aussi se sentait plein d'entrain en voyant les petits courir partout. Il proposa de jouer avec un groupe qui faisait des cache-cache et des « touche-moi », une proposition qu'elle accepta avec joie. Mathy les suivit et fit en sorte que la partie recommence du début pour le duo d'invités et, rapidement, notre sorcière fut choisie pour chercher les autres. Avec un sourire malicieux, elle se mit face au mur
en se cachant les yeux avec ses mains et entama un décompte rapide pendant que ses petits camarades – dont le jeune noble qui semblait s'amuser comme un petit fou – partaient en courant trouver une bonne cachette. Une fois arrivée à trente, la brunette entreprit de partir à la recherche de toutes les têtes blondes qui participaient, s'amusant à leur faire peur quand elle les trouvait – Raziel n'y échappa pas. Elle rigolait bien en observant leurs réactions. Finalement il ne resta plus qu'une personne à trouver : Jasper, qui avait rejoint le jeu avec Mathy.

Quand Heileen le trouva, il était en train de regarder son torse sous sa chemise dont les premiers boutons étaient défaits, elle put donc voir le tatouage situé au niveau de son cœur. C'était le même que celui du meurtrier de sa sœur. Le voir sur un enfant de l'orphelinat la choqua, l'occidentale était donc immobile quand le garçon remarqua sa présence et reboutonna rapidement son haut.

-Ah ! Mince, tu m'as trouvé. Pourquoi tu as une tête d'ahurie ?

Cela la ramena sur Terre. Déglutissant légèrement, elle se demanda si interroger Jasper était une bonne idée, mais sa curiosité était trop grande pour résister. Est-ce que sa voix tremblait quand elle prit la parole ?

-Dis-moi... Il représente quoi, ce tatouage ?

Le petit prit un air boudeur.

-Tu as vu ?

Puis il soupira comme s'il était déjà grand.

-Ok je vais te répondre, mais tu dois promettre de ne pas dire que je t'en ai parlé. On n'a pas le droit.

La demoiselle aux yeux bleus acquiesça.

-En fait, je ne sais pas, les dames ne veulent pas me le dire. Il prit un air songeur. Parfois, il change. Ça fait mal, mais ça passe vite.

Voilà qui interloqua la jeune femme.

-Comment ça, il change ?

-Eh bien, l'aiguille bouge... Comme si c'était celle d'une horloge et qu'elle voulait faire le tour du cadran.

Puis Jasper se souvint qui était en face de lui et prit un air agacé.

-J'en sais pas plus et même si c'était le cas, je te le dirai pas ! Si tu veux tu peux demander aux dames ! C'est elles qui l'ont fait apparaître.

La petite sorcière accepta de le laisser tranquille – de toute façon il ne semblait effectivement pas en savoir plus – puis ils rejoignirent le reste du groupe, mais elle ne doutait pas que son expression devait être songeuse, voir troublée. Enfin, Heileen se força à chasser ses questions de son esprit pour se lancer dans une partie de « touche-moi » avec le même groupe que pour le cache-cache.

Raziel Whitehill avait maintenant la respiration rapide, les joues roses, le regard joyeux, le visage épanoui. Il n'avait jamais autant joué de toute sa vie de noble. Il s'amusait comme un petit fou ! Ah, l'enfance ! L'époque bénie ! Quand on ne connaît pas les dangers ! Quand on a le droit à un regard si plein de vie et d'épanouissement ! Quand on est si naïf ! Quand on rêvera toute la journée d'un "quand je serai grand" ! Quand on peut s'accrocher à la robe de sa mère et se sentir protégé de tout... Quand on peut croire que les enfants viennent de l'arbre des bébés à cueillir à tout moment... Quand on joue à une maison, et qu'on n'a aucun membre de famille, tandisque la mort et l'odeur de sang est au dehors pour 100 ans et que l'on ne le sait pas ... Quand on joue comme des fous alors que la tristesse se voit partout... Ah! l'enfance, l'époque bénie ! Ô enfance ! reviendrai-tu un jour ? Ô l'enfance, comment peux-tu être si magique ? Qu'un enfant rêve d'être adulte et que l'adulte rêve d'être un enfant ! Et à la fin, on ne réalise jamais que l'âge parfait a déjà passé. On ne sait même pas s'il y avait vraiment un âge parfait. Raziel se cachait derrière un banc, sous un lit, derrière une fausse plante en plastique, sous une grande chaise, sous la table. Puis se relevait, une fois trouvé, en riant, nettoyant son costume, rigolant comme un enfant de 8 ans. Regardant Heileen qui jouait joyeusement aussi, il sourit à lui-même devant la grande quantité d'amusement que représentait une partie de cache-cache. Mais le temps avançait à grands pas, et Raziel devrait bientôt retourner à la calèche. Sinon, il paiera cher pour ses moments d'amusement. S'arrêtant net, le blondin nettoya comme il pouvait son costume, se tenait bien debout, et dit gentiment à Mathy, encore un peu essouflé:

- Désolé, Mathy ! Je ne peux pas jouer encore plus davantage.

Mathy répondit, passant d'une joie folle à une tristesse légère:

- Pourquoi tu ne peux pas rester ?

Raziel s'attrista à la vue de ses yeux innocents se transformant en un regard triste. Il n'aimait pas attrister les enfants aussi gentils qu'elle, mais il fallait absolument partir. Les servantes de son manoir n'allaient pas s'absenter de la chambre de Raziel pour longtemps. Il aura une sacrée punition s'il prend le plaisir de jouer encore plus !

- Je suis vraiment désolé. Je dois rentrer à la maison moi aussi.

"Maison" ? Vraiment ? C'est comme ça que Raziel appelait son manoir ? Pas si sûr. Mais il ne savait pas comment expliquer à l'enfant où il allait retourner. S'il lui disait "chez mes parents" alors que Mathy en est dépourvue, ce sera cruel et bien méchant de sa part.

- Ah, je comprends. Dit Mathy en reprenant son sourire et son regard enfantin. Vas-tu revenir ?

Raziel souria à la jeune fille et la câlina amicalement:

- Absolument !

Raziel fit un "psst" à Heileen pour attirer son attention.

- Vas-tu rester encore plus ? C'est parce que je dois partir immédiatement. Sinon j'aurais une sacrée punition au manoir Whitehill !

-Tu m'as eue, sois maudite !

En s'exclamant sur un ton faussement outré et de détresse, Heileen avait fait une grimace qui nécessitait que sa langue soit légèrement tirée. C'était censé être une grimace de gros monstre qui vient de se faire capturer par le justicier – en l’occurrence c'était plutôt une justicière, puisqu'il s'agissait de Mathy, qui avait le rôle du chat dans le jeu -, et elle en était plutôt fière. Puis la demoiselle fit semblant de tomber à terre au ralenti avec une mimique de cri d'agonie, ce qui fit bien rire les bambins présents autour d'elle. Quand elle se releva enfin elle rigolait autant qu'eux. Vive comme un serpent, la demoiselle toucha le plus proche des enfants en débitant rapidement un « c'est toi le chat ! », avant de repartir de plus belle dans sa course au ralenti pour qu'ils aient une chance de l'attraper. Son souffle se faisait court sous l'effort qu'il lui fallait produire pour garder le même rythme que les petits : décidément, ils étaient plein d'énergie ! Mais notre brunette comptait bien démontrer qu'elle n'en manquait pas non plus, hors de question de se laisser faire.

A la voir s'amuser ainsi on pouvait difficilement croire qu'à peine une heure plus tôt, elle avait eu une conversation avec Jasper sur le tatouage qui ornait sa poitrine et qui ressemblait, autant dans la forme que dans l'emplacement, à celui qu'avait le meurtrier de sa sœur. Il faut dire que les jeux étaient tellement prenants et les orphelins si plein de joie, qu'il était difficile d'être de mauvaise humeur ici. D'ailleurs, à chaque fois qu'Heileen jetait un regard vers Raziel, elle pouvait constater les mêmes effets bénéfiques chez lui – il avait l'air de se plaire au milieu des enfants. A un moment le duo avait été séparé, mais l'occidentale jetait quand même un coup d’œil de temps en temps – bizarrement elle se sentait responsable de lui comme d'un petit frère - pour voir comment il s'en sortait, pour à chaque fois constater que le jeune homme se portait comme un charme. Les jeux s'enchaînaient rapidement, si bien qu'à un moment elle arrêta de les compter et perdit toute notion de temps. Ce fut le « psst » de Raziel qui la ramena un peu sur Terre, surtout qu'il fut suivi par une phrase qui sonnait comme la cloche de fin de récréation. Il est vrai que les Whitehill étaient une famille noble, leurs règles devaient être assez strictes.

- Vas-tu rester encore plus ? C'est parce que je dois partir immédiatement. Sinon j'aurais une sacrée punition au manoir Whitehill !

Voilà comment rappeler à la jeune femme qu'il ne fallait pas oublier de rentrer, et avant la tombée de la nuit de préférence, au risque d'inquiéter sa mère. Son premier réflexe fut de regarder par la fenêtre, elle put donc constater avec surprise mêlé à du dépit que le soleil avait déjà entamé sa descente. Le trajet jusqu'à Réveil était assez long, mieux valait ne pas l'oublier.

-Non, je crois qu'il est l'heure de partir pour moi aussi.

Impossible de cacher la déception dans son ton. Bah, au moins pouvait-elle se consoler en pensant que le trajet de retour ne se fera pas dans la solitude... Quoi que, pour l'instant elle n'avait pas la preuve. Se tournant avec le sourire vers l'adolescent, la petite sorcière reprit la parole joyeusement.

-Et si on faisait le trajet vers Réveil ensemble, dans la même calèche ? La deuxième devra voyager à vide, mais le conducteur touchera quand même son argent.

La proposition devait plaire au blond car il accepta rapidement. Cela dit, les deux jeunes gens firent le tour des têtes blondes pour leur dire au revoir en passant un peu plus de temps avec Mathy et Jasper qu'avec les autres, car ils semblaient tous les deux sur le point de pleurer – surtout la petite, mais voir Jasper qui n'avait pourtant pas semblé s'être attaché à eux bouder surprit la vétérinaire en herbe - et promettre de revenir, puis sortirent de l'orphelinat et marchèrent jusqu'aux calèches. Les deux conducteurs avaient emballé leur jeu de cartes et parlaient nerveusement, à voix assez haute pour que la zoophile comprenne qu'ils avaient quand même fini par s'inquiéter. Mais quand le conducteur de la calèche du jeune noble aperçut les deux clients par-dessus l'épaule de son collègue, il s'exclama vivement et tous deux furent soulagés. Une scène bien amusante, la demoiselle aux yeux bleus rit légèrement et de bon cœur. Rapidement, tout fut prêt pour le trajet inverse de celui qui les avait mené aux ruines remplies de mystère de Sablier. Heileen se souviendrait longtemps de cette journée pleine de rencontres et d'émotions.